Une interview de Bonnefoy sur France Culture

Questions touchant à la mise en pratique de la doctrine éthique de Spinoza : comment résoudre tel problème concret ? comment "parvenir" à la connaissance de notre félicité ? Témoignages de ce qui a été apporté par cette philosophie et difficultés rencontrées.
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Louisa
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Messagepar Louisa » 21 janv. 2011, 03:47

Cher Bergeret,

j'adore Bonnefoy (surtout ses livres sur Rimbaud), mais qu'est-ce qui vous (ou lui) fait penser que le spinozisme serait un système "refermé sur lui-même"?

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DGsu
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Messagepar DGsu » 22 janv. 2011, 10:23

Louisa a écrit :Cher Bergeret,

j'adore Bonnefoy (surtout ses livres sur Rimbaud), mais qu'est-ce qui vous (ou lui) fait penser que le spinozisme serait un système "refermé sur lui-même"?

J'appuie: il ne m'a jamais paru que l'Ethique de Spinoza était un système fermé contrairement à Kant. C'est plutôt tout à fait le contraire. Cordialement.
"Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes." Rosa Luxemburg

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Bergeret
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Messagepar Bergeret » 09 févr. 2011, 23:33

Bonjour à tous,

Pardonnez mon silence.

J'ai l'esprit lent et n'écris pas rapidement. Un changement à venir dans ma vie professionnelle m'a de plus beaucoup pris ces derniers temps. Bref, les excuses ne manquant pas aux procrastineurs me voici, après le message quelque peu alcoolisé de janvier et le long silence qui l'a suivi, bien confus face à mes piteuses justifications.

Je reprends ce soir le clavier, espérant être plus clair.

Mon but n'est pas d'avoir un discours tranché et définitif : clamer l'Ethique comme oeuvre foncièrement close, refermée sur elle-même, et fièrement auto-suffisante serait bien évidemment absurde. Je voulais plus attirer l'attention sur le charme peut-être dangereux recelé dans tout système conceptuel. Souvenons-nous de nos rencontres. Que ce soit le spinozisme, le communisme ou le catholicisme des dynamiques similaires émergent. Nous découvrons un nouveau continent, une affinité intellectuelle, avec ses flux et ses reflux, prend place, puis, nous inscrivant d'une part dans une longue tradition (ici le spinozisme, mais ce n'est qu'un exemple) et, d'autre part, nous liant avec un système qu'on peut voir atemporel, et donc flirtant de là avec un certain sentiment immortalité (qui d'ailleurs n'a rien à voir avec l'immortalité telle que la conçoit Spinoza) nous sommes de plus en plus séduits jusqu'à adopter une tournure d'esprit proprement cohérente avec la vision du monde adoptée.

Comment remettre en cause un système quand nos réflexes cognitifs sont eux-même issus de ce système ? Comment critiquer le communisme quand le trope de la lutte des classes est devenu notre unique grille de lecture ? Comment ne pas s'enferrer dans le spinozisme quand nous ne réfléchissons plus qu'en terme d'idées adéquates ou inadéquates ?

La richesse et l'utilité des systèmes sont bien évidents : une analyse poussée serait sans eux bien ardues. Malheureusement, le clapet se referme parfois, et nous voilà rapidement prisonniers de nos réflexes, de nos vérités. Du moins est-ce ma crainte...

Oui, mais le communisme, ou le catholicisme, ou le spinozisme est un bon système, dira Marchais, ou Jean-Paul II, ou Compte-Sponville ! (Excusez cet amalgame filé depuis le début de ce mail : il est maladroit, voyez plutôt dans ces rapprochements hasardeux une béquille nécessaire à l'exposition de ma pensée plutôt qu'un quelconque énoncé dont je targuerai la justesse : il m'est désagréable de mettre toutes ces notions sur le même plan, là n'est pas l'important).

Si je n'ai jamais voté communiste (où alors une seule fois lors de cantonales le jour de mes 18 ans) et si je n'éprouve aucune attirance pour la sainte trinité (là encore, je confesse une exception : il m'a dû arriver de prier une ou deux fois à l'école primaire), j'ai par contre eu un grand sentiment d'admiration à ma découverte de l'Ethique. Spinoza m'a profondément marqué (comme je pense la plupart des personnes sur ce forum) et son entretien fut et demeure un important jalon dans mon parcours intellectuel.

Seulement, voilà... Parfois, cela fait un peu peur. Personne n'a ici la foi du charbonnier et nous sommes loin d'être ces fameux hommes d'un seul livre, mais des fois, j'ai l'impression que le clapet s'est refermé. Que je resterai spinoziste comme mon grand-père était communiste et ma grand-mère catholique (ça y est, on y est arrivé :) )

La poésie est, en ce sens, un apport d'air frais. Tout n'est pas forcément vrai tout le temps. La philosophie (disons la philosophie classique) retranscrit les réponses de l'esprit et ambitionne d'établir des vérités absolues, la poésie délivre les mouvements du coeur, et n'est vraie, la plupart du temps, qu'un instant... Mais, à ce moment-là, quelle sincérité et quelle justesse !

Alors ? Alors je ne sais pas. J'avoue avoir trouvé beaucoup de réconfort chez Spinoza, mais, finalement, je suis maintenant plus à l'aise avec des vérités moins figées. Je pense qu'il s'agit là plus d'un trait de personnalité (ou de l'évolution de ma personnalité -et pas forcément vers le meilleur) qu'un passage, pour parler en terme spinoziste, à une plus grande perfection de mon esprit et de mes idées !

Ce soir d'insomnie, où j'ai entendu Bonnefoy sur france culture, j'ai eu l'envie de connaître le sentiment de Louisa et des autres sur le charme dangereux des concepts. Mais tout s'est perdu dans un embrouillamini poétique, embrouillamini que j'ai moi-même provoqué (et que je continue à d'ailleurs à nourrir : comme quoi, ce téléscopage m'est entièrement dû)

Que conclure de cette logorrhée ? Que tout varie, mais que l'important reste d'être heureux !

Bien à vous,
Alexandre

PS : A Augustin : oui, j'ai déjà lu Héraclite. J'avoue avoir été un peu décontenancé par ces maigres fragments : pas beaucoup choses mais des choses qui partent dans tous les sens. Qu'en tirer ? Je n'ai pas vraiment été séduit. Si on parle de scepticisme, c'est plutôt Montaigne qui recueille toutes mes louanges.


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