Conditions et conséquences de la joie d'être

Questions touchant à la mise en pratique de la doctrine éthique de Spinoza : comment résoudre tel problème concret ? comment "parvenir" à la connaissance de notre félicité ? Témoignages de ce qui a été apporté par cette philosophie et difficultés rencontrées.
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marcello
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Conditions et conséquences de la joie d'être

Messagepar marcello » 03 mars 2012, 12:58

Extrait du cours de Deleuze
Les affects de joie, c’est comme si c’était un tremplin, ils vous font passer à travers quelque chose qu’on aurait jamais pu passer s’il n’y avait que des tristesses. Il nous sollicite de former l’idée de ce qui est commun au corps affectant et au corps affecté. Ça peut rater, mais ça peut réussir et je deviens intelligent. Quelqu’un qui devient bon en latin en même temps qu’il devient amoureux… ça s’est vu dans les séminaires. C’est lié en quoi ? Comment quelqu’un fait des progrès ? On ne fait jamais des progrès sur une ligne homogène, c’est un truc ici qui nous fait faire des progrès là-bas, comme si une petite joie là avait déclenché un déclic.

Pourquoi un forum qui s'appelle "Spinoza et nous" passe-t-il si peu de temps sur ce qui nous concerne au plus haut point : la joie d'être ?
Modifié en dernier par marcello le 03 mars 2012, 18:51, modifié 1 fois.

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Messagepar hokousai » 03 mars 2012, 13:57

Je sens comme un reproche qui ne veut pas désigner son motif.

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Messagepar Henrique » 03 mars 2012, 16:05

Il ne faut pas exagérer, on en parle. Mais si on en parle sommes toutes assez peu, c'est probablement parce qu'il s'agit plutôt de quelque chose à vivre qu'à expliquer. Les discussions sur l'ontologie, l'épistémologie, l'éthique et la politique sont surtout là pour permettre de réfléchir aux conditions de cette expérience et ainsi pour s'en rapprocher.

Cela dit, parle nous donc de ce qui nous concerne au plus haut point tel que tu l'envisages, présente nous tes interrogations, tes intuitions, tes raisonnements. On ne trouve jamais sur un forum que ce qu'on y apporte d'abord, à titre de semence.

Et s'il te plaît, dans le bon forum, avec un titre plus explicite sur l'objet de ton questionnement : je déplace donc ce sujet d'ontologie à "spinozisme pratique" et je t'invite à revoir le titre en éditant ton premier message. Si je comprends bien ta demande, cela pourrait être quelque chose comme "Conditions et conséquences de la joie d'être" ? Enfin, tu vois.

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Messagepar Lemarinel » 03 mars 2012, 16:43

La joie est en effet centrale dans le spinozisme, et personnellement je m'efforce de la cultiver dans ma vie et dans mon mode de vie. Mais ce thème se déploie de multiples manières : joie de connaitre, joie d'agir, joie de vivre et d'exister. La joie de connaitre est ce qui explique probablement qu'on en parle relativement peu dans ce forum : c'est que tout ce qui se rapporte à la vérité nourrit la joie, avec l'idée adéquate qui l'accompagne : donc on peut trouver sa joie dans l'ontologie, dans la métaphysique, dans la politique, etc (pour spinoza en tout cas, car tout cela, y compris la métaphysique, est objet de connaissance pour l'homme).
Personnellement je trouve beaucoup de plaisir dans ma vie à faire ce que je fais au moment où j'estime devoir le faire, même s'il s'agit d'un petit rien ou de quelque chose sans grande importance. Exemple : je suis un adepte du tri sélectif non par obéissance au diktat de la littérature écologiste mais parce que j'ai conscience que recycler ce qui est recyclable c'est épargner des ressources naturelles.. de même pour le chauffage j'ai de petites astuces pour payer moins cher ou pour consommer moins : tout cela c'est de la joie (que du bonheur, comme dirait Sébastien revu par Gerra!). Sur ce sujet, chacun se connait et doit éviter ce qui lui procure de la tristesse et faire ou permettre ce qui lui cause de la joie. Relativisme des natures singulières, donc, mais qui se juxtapose chez spinoza à une définition universelle de la joie "comme ce qui augmente notre puissance d'être et d'agir" et dont nous avons conscience comme d'un état accompagnant notre idée. Donc la joie est un sujet spinoziste important tant au point de vue théorique qu'existentiel, personnellement j'attends que vous en parliez marcello : car là vous critiquez mais ne proposez pas. J'essaie ici d'aborder le sujet mais remarquez au passage que le thème du site est "spinoza et nous", non spinoza et la joie ! je vous invite donc comme henrique le fait à nous parler de la joie, et à votre manière, et avec vos mots et votre expérience de vie. Qu'est-ce qui vous cause de la joie, comment cela se manifeste-t-il...? Etes-vous d'accord avec la définition spinoziste de la joie? Comment la définiriez-vous avec vos mots ?

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Messagepar critiano » 02 janv. 2013, 18:36

hokousai a écrit :Je sens comme un reproche qui ne veut pas désigner son motif.

Je le croyais aussi, un reproche.

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Messagepar Explorer » 05 janv. 2013, 19:09

La joie est le sens du vecteur de la matrice que Spinoza nous a offert avec l'Ethique. Ce qu'elle peut nous apporter, si on la cultive en soi, c'est cette forme de liberté qui consiste à nous comprendre comme le fruit de déterminations, à comprendre la Nature entière comme le fruit de déterminations. En suivant les petits cailloux de joie, nous allons conquérir notre puissance d'agir, peu à peu, et lorsque nous la posséderons, nous serons libre, enfin. En attendant, nous sommes le plus souvent esclaves de tout ce qui nous détermine, et que nous ne connaissons ou ne comprenons pas, mais un esclave averti en vaut deux...
Dans mon ouvrage (Spinoza, la matrice, chez L'Harmattan, 2012), je développe l'idée de l'Ethique comme d'une matrice vecteur joie, décrivant pas à pas le cheminement de l'esprit vers ce qui très concrètement, au quotidien, peut nous y conduire.
JPC

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Messagepar Krishnamurti » 06 janv. 2013, 01:44

Avec cette joie et cette nature humaine plus exigeante, l'homme éprouve le désir de partager avec ses pairs qui eux sont nuls pour la plupart ... Et c’est comme ça qu’en partant de la béatitude on se retrouve avec des emmerdes, rien que pour faire avancer les nuls. Mais bon, si on les laissait tous nuls notre joie s’en trouverait considérablement réduite.

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Messagepar Explorer » 06 janv. 2013, 10:26

"...si on les laissait tous nuls notre joie s’en trouverait considérablement réduite."
C'est bien là tout le problème, car autrement pourquoi Spinoza se serait-il fait... à formuler l'Ethique ? Pour lui seul ? Chacun sait que non.

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Messagepar cess » 06 janv. 2013, 13:12

Peut-être faut-il simplement être heureux sois-même sans chercher à influer sur autrui?

Un mot, une attitude, un sourire au cours d'un échange peuvent faire énormément sans qu'on le sache et contribuent à leur échelle à l'élan positif de ce monde. La joie qu'on parvient à entretenir en sois rayonne d'elle-même.

En fait, cette attitude, à terme, est aussi un bon moyen pour intriguer l'autre(s'il s'agit "de nuls"= 0 sur l'échelle de la joie pour moi) et le mettre en demande: cette demande qui doit venir de lui , uniquement de lui seul et initie l'apprentissage...

bref, patience , patience....;-)

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Messagepar Explorer » 06 janv. 2013, 13:59

Oui, patience et longueur de temps font plus que force ni que rage... C'est dans la même fable qu'on a aussi toujours besoin d'un plus petit que soi...


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