Les échos discordants

Questions touchant à la mise en pratique de la doctrine éthique de Spinoza : comment résoudre tel problème concret ? comment "parvenir" à la connaissance de notre félicité ? Témoignages de ce qui a été apporté par cette philosophie et difficultés rencontrées.
Avatar du membre
Shub-Niggurath
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 197
Enregistré le : 31 août 2010, 00:00

Les échos discordants

Messagepar Shub-Niggurath » 27 mars 2012, 20:51

Existe-t-il dans l'Univers une essence qui puisse s'accorder avec une autre essence ? Ou bien toutes les essences sont-elles condamnés à discorder entre elles ?

Que toutes les essences singulières puisse s'accorder avec l'essence éternelle et infinie de Dieu, c'est une évidence, mais en ce cas, pourquoi dans l'existence les essences ne peuvent-elles s'accorder les unes avec les autres ?

A chacun son essence singulière, à chacun sa compréhension de la Nature, mais jamais il ne semble possible que les essences singulières entre elles puissent s'harmoniser.

Est-ce là un effet de la puissance infinie de Dieu, qui produit en elle l'infinité des essences, et qui les condamne dans l'existence à discorder en nature ?

Chaque essence s'exprime dans l'existence, et chacune discorde avec toutes les autres, selon le jeu infini des passions. Chacune exprime une tonalité particulière précise, qui diffère en nature de toutes les autres tonalités essentielles.

Il n'y a pas, dans la Nature, d'écho parfait, mais seulement des échos discordants, autant que l'essence d'un homme diffère de l'essence d'un autre. Par suite aucun amour n'est parfait et éternel, sauf l'amour que chaque essence éprouve pour Dieu, seule cause de son existence.

De là l'absurdité complète des idées de couple, de mariage, d'union entre les êtres. Ce ne peut être que de pures conventions hypocrites. De là aussi l'absurdité totale des notions de sociétés, d'Etats, d'empires. Ce ne peut être que les lieux des plus grandes violences faites aux essences singulières.

Seule la solitude convient avec l'essence, et seul le silence répond convenablement à l'écho de chaque existence. Comment sortir de ces oppositions entre chaque essence singulière, de ces luttes et de ces combats permanents, sinon dans la troisième genre de connaissance selon Spinoza, qui rapporte tout à l'essence éternelle et infinie de Dieu ?

Mais la béatitude peut-elle être le lieu d'un accord unanime entre les existants ? Ou bien n'est-elle que le chant solitaire de tous, dans la désunion la plus totale ? Spinoza lui-même n'était-il pas un solitaire ? Comment se serait-il accordé avec ses contemporains, sinon en paroles seulement, s'il avait été hypocrite, ce qu'il n'était pas ?

En bref, la concorde et l'amitié sont-elles de pures inventions d'une âme idéaliste, ou bien peuvent-elles exister réellement ?

Avatar du membre
bardamu
participe à l'administration du forum.
participe à l'administration du forum.
Messages : 1024
Enregistré le : 22 sept. 2002, 00:00

Re: Les échos discordants

Messagepar bardamu » 28 mars 2012, 03:19

Shub-Niggurath a écrit :(...)
En bref, la concorde et l'amitié sont-elles de pures inventions d'une âme idéaliste, ou bien peuvent-elles exister réellement ?

Oui, elles existent réellement.

Mais en fait, est-il si difficile de concevoir une notion de singularité qui ne soit pas "atomiste" c'est-à-dire qui n'implique pas de séparation entre les choses ?
Par exemple, est-ce que l'idée est claire si je dis que le sommet d'une courbe n'est sommet que par sa relation avec tous les autres points de la courbe, que sa singularité n'a de sens que du fait de l'existence de tous les autres points ?

Quand le sens de chaque chose singulière est redevable de tout, être tranquille dans son coin à polir des lentilles n'est pas un enfermement, c'est une solitude ouverte à tout. Dans cet état d'esprit, la difficulté est plutôt d'accepter les relations exclusives, d'accepter qu'entrer dans un couple, une religion, un poste de professeur, un peuple, une nation, signifie se couper plus ou moins du reste.
Spinoza a surtout eu des problèmes avec les sectaires et il semblait redouter de se laisser enfermer dans un rôle ou une fonction. Pour le reste, son tempérament semble lui avoir permis bien des amitiés et il ne se cloîtrait pas dans la solitude.

Pour faire de l'imagerie à la Nietzsche, la solitude des sommets n'est pas celle des grottes.

Avatar du membre
hokousai
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 4105
Enregistré le : 04 nov. 2003, 00:00
Localisation : Hauts de Seine sud

Messagepar hokousai » 28 mars 2012, 10:27

à Shub

Comment une essence singulière peut elle s'accorder avec elle même?

Vous écriviez il ya peu

le 25/03/2012 23:52
<i>Autrement dit il n'y a point de salut sans l'Amour, et sans l'Amour point de salut, et c'est uniquement dans cet amour pour les hommes, c'est-à-dire pour des parties de la puissance infinie de Dieu, que réside pour l'homme le salut.</i>( je pensais que vous partagiez le point de vue de Spinoza )

et ici

<i>De là l'absurdité complète des idées de couple, de mariage, d'union entre les êtres. Ce ne peut être que de pures conventions hypocrites. De là aussi l'absurdité totale des notions de sociétés, d'Etats, d'empires. Ce ne peut être que les lieux des plus grandes violences faites aux essences singulières.</i>

Avatar du membre
Shub-Niggurath
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 197
Enregistré le : 31 août 2010, 00:00

Messagepar Shub-Niggurath » 28 mars 2012, 16:04

Cher Hokousai,

Il n'y a aucune contradiction, puisque l'amour intellectuel de Dieu est la liberté même, tandis que les unions sociales sont des esclavages. Disons qu'entre les amours qui relèvent du premier genre de connaissance et l'amour du troisième genre, il n'y a aucune commune mesure. D'ailleurs, pour Spinoza lui-même, l'amour pour l'épouse et l'amour pour la patrie sont des affections éphémères, qui ne durent que ce que dure le corps, tandis que l'amour pour Dieu est un affect éternel, qui durent éternellement, qui n'a jamais pris naissance et qui ne sera jamais détruit.
Or ceux qui éprouve l'amour intellectuel de Dieu sont bien rares, donc il est logique d'affirmer une discordance de nature entre toutes les essences.

Cher Bardamu,

J'avoue en effet qu'il n'existe pas réellement de séparation entre les choses, mais qu'elles sont toutes comme des différences d'intensité dans une seule et même substance. Si nous sommes en quelque sorte atomisés, c'est je crois dû à la nature de nos sociétés capitalistes, qui ne conçoivent que des individus isolés les uns des autres, et qui répugne à tout ce qui pourrait réunir réellement les humains entre eux. De là ces notions de couples et d'Etats qui ne sont là que pour affaiblir les humains en les séparant le plus possible les uns des autres, et en les réunissant par des liens abstraits et purement conventionnels. Les notions de familles et de patries, celles-ci s'appuyant sur celles-là, sont les grandes défigurations des véritables liens qui peuvent unir les humains, car elles se fondent sur des passions et non sur des actions de l'esprit. Vous avez raison de dire qu'accepter ces conventions sociales et ces amours éphémères nous coupe de l'amour que nous pourrions éprouver pour le tout en tant qu'infini. Mais cet amour ne saurait être qu'intellectuel, c'est-à-dire non passionné, et ne doit en effet ne faire qu'un avec l'amitié. Mais peut-on dire que le philosophe est l'ami de Dieu, en tant que celui-ci s'exprime en une infinité de modes divers ? Rares sont les humains honnêtes et raisonnables, et ils sont presque tous gouvernés par leurs passions aveugles. La prudence est donc nécessaire, et la solitude et le silence sont des conséquences de l'inadéquation qui existe entre les existants.

Avatar du membre
hokousai
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 4105
Enregistré le : 04 nov. 2003, 00:00
Localisation : Hauts de Seine sud

Messagepar hokousai » 28 mars 2012, 22:22

tandis que l'amour pour Dieu est un affect éternel, qui durent éternellement, qui n'a jamais pris naissance et qui ne sera jamais détruit.


oui et pus surtout c'est moins fatiguant .

Krishnamurti
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 403
Enregistré le : 22 juin 2002, 00:00

Messagepar Krishnamurti » 28 mars 2012, 23:49

hokousai a écrit :
tandis que l'amour pour Dieu est un affect éternel, qui durent éternellement, qui n'a jamais pris naissance et qui ne sera jamais détruit.


oui et puis surtout c'est moins fatiguant .


Oui, effectivement être intelligent ensemble demande beaucoup d'efforts. Tout le monde est intéressé, mais les conditionnements sont toujours rampants et la tentation de trouver sa place dans une société corrompue est forte et n'encourage pas le dialogue. Mais il reste toujours un espace à travailler.

En ce qui concerne le mariage, il est certain qu'il s'accorde avec la Raison si le Désir de l'union charnelle est engendré non pas seulement par la beauté, mais encore par l'amour de procréer puis d'éduquer les enfants selon la sagesse ; et si en outre l'Amour de chacun, c'est-à-dire et de l'homme et de la femme, a pour cause principale non pas la seule beauté, mais la liberté de l'âme. Etique IV, chapitre XX

Avatar du membre
bardamu
participe à l'administration du forum.
participe à l'administration du forum.
Messages : 1024
Enregistré le : 22 sept. 2002, 00:00

Messagepar bardamu » 29 mars 2012, 03:20

Shub-Niggurath a écrit :(...) Vous avez raison de dire qu'accepter ces conventions sociales et ces amours éphémères nous coupe de l'amour que nous pourrions éprouver pour le tout en tant qu'infini.

Ce n'est pas trop l'idée que je voulais faire passer...

L'amour du "tout en tant qu'infini", c'est très bien, mais pour moi, ce qu'il faut obtenir par l'infini c'est l'amour de toute chose autant que notre nature le comporte. Il faut redescendre sur Terre après être monté à l'infini, il faut que ce soit dans la vie concrète que notre idée se manifeste. Dans la douleur, la maladie, confronté à la haine d'autrui, face à la mort, dans tout ce que l'on subit, garder un petit quelque chose d'"amour" (ou d'humour...) qui nous laisse en joie.
Shub-Niggurath a écrit : Mais cet amour ne saurait être qu'intellectuel, c'est-à-dire non passionné, et ne doit en effet ne faire qu'un avec l'amitié.

Mais l'un n'exclut pas l'autre...
Il serait certainement idiot de se refuser un amour "romantique" voire bêtement charnel parce que ce serait une passion. L'"amour intellectuel de Dieu" est quelque chose en plus, quelque chose qui n'enlève rien aux passions positives.

Ce dont je parlais est tout à fait trivial, des choses de la vie de tous les jours, la demoiselle qui vous dit "faudra choisir entre moi et tes amis", une administration qui vous dit "vous devez punir les signes ostensibles de religion", une entreprise qui vous dit "vous ne devrez pas travailler avec la concurrence", toutes ces situations où à l'engagement est associé l'obligation de s'interdire certaines relations, ou on entend presque vous imposer de vous faire des "ennemis".
Shub-Niggurath a écrit :La prudence est donc nécessaire, et la solitude et le silence sont des conséquences de l'inadéquation qui existe entre les existants.

La prudence, certainement, mais à chacun de faire selon sa puissance et les circonstances.
La vertu de l'homme libre se montre aussi grande à éviter les périls qu'à en triompher (E4p69), et Spinoza devait être réservé dans son commerce avec les "ignorants", une attitude compréhensible vu la brutalité des moeurs de l'époque, mais il me semble difficile de tirer des conséquences aussi tranchées que les tiennes.
On peut très bien parler et s'engager et même refuser poliment les "bienfaits des ignorants" (argent, titres, gloire..., cf E4p70) sans trop perdre de sa liberté.
Quelle évolution des moeurs de l'humanité pourrait-on espérer si les plus sages se réduisent eux-mêmes au silence et à la solitude ?
Il ne faudrait pas que la quête de la sagesse soit associé à une démission face aux folies des "ignorants".

C'est sans doute une question de tempérament, et pour ma part, les textes que j'ai mentionné (E4p69, E4p70) m'apparaissent comme une auto-justification par Spinoza de son propre tempérament, l'explication de sa réserve par rapport à un engagement public qui était au-dessus de ses forces. Il n'y a certainement pas obligation de se perdre dans les affaires d'un monde de fous mais enfin, quand par exemple un Gandhi se manifeste, c'est plutôt un bien.

Avatar du membre
Henrique
participe à l'administration du forum.
participe à l'administration du forum.
Messages : 1184
Enregistré le : 06 juin 2002, 00:00
Localisation : France
Contact :

Messagepar Henrique » 29 mars 2012, 09:45

Shub-Niggurath a écrit :Les notions de familles et de patries, celles-ci s'appuyant sur celles-là, sont les grandes défigurations des véritables liens qui peuvent unir les humains, car elles se fondent sur des passions et non sur des actions de l'esprit.

Krishnam a déjà cité le chap. 20 d'Ethique IV sur le mariage et la famille. On pourrait citer aussi la proposition 73 : "L'homme qui se dirige d'après la raison est plus libre dans la cité où il vit sous la loi commune, que dans la solitude où il n'obéit qu'à lui-même." et encore que l'homme est un dieu pour l'homme (scol. prop. 35). Spinoza n'est donc vraiment pas le philosophe qu'il faut choisir si l'on veut se donner une vie d'anachorète.

Bardamu aussi a dit quelque chose de très juste :
"Il serait certainement idiot de se refuser un amour "romantique" voire bêtement charnel parce que ce serait une passion. L'amour intellectuel de Dieu est quelque chose en plus, quelque chose qui n'enlève rien aux passions positives. " Je dirais juste plutôt "l'amour intellectuel n'enlève rien de ce qu'il y a de positif dans les passions". En effet, "Rien de ce qu'une idée fausse contient de positif n'est détruit par la présence du vrai, en tant que vrai." (E4P1) et en conséquence rien de ce qu'une passion (qui est un affect fondé sur des idées inadéquates) contient de positif n'est détruit par la présence de l'affect actif que peut être l'amour intellectuel ou encore la générosité. Aussi, "un affect qui est une passion cesse d'être une passion aussitôt que nous nous en formons une idée claire et distincte." (E5P3)

Enfin, à toute la morne mélancolie qui semble ressortir des messages de Shub-Niggurath, qui nous parle de ce monde perdu dominé par les valeurs matérialistes et l'hypocrisie, je voudrais suggérer la méditation de ce petit passage de Spinoza :
E4P73S a écrit :L'homme fort médite sans cesse ce principe, que toutes choses résultent de la nécessité de la nature divine, et en conséquence, que tout ce qu'il juge mauvais et désagréable, tout ce qui lui semble impie, horrible, injuste et infâme, tout cela vient de ce qu'il conçoit les choses avec trouble et confusion, et par des idées mutilées ; et dans cette conviction, il s'efforce par-dessus tout de comprendre les choses telles qu'elles sont en elles-mêmes, et d'écarter les obstacles qui nuisent à la vraie connaissance, comme la haine, la colère, l'envie, la moquerie, l'orgueil, et autres affects mauvais que nous avons expliqués plus haut.

Avatar du membre
Shub-Niggurath
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 197
Enregistré le : 31 août 2010, 00:00

Messagepar Shub-Niggurath » 29 mars 2012, 16:28

Cher Bardamu,

Je suis d'accord avec le fait que certains individus, comme Gandhi, soient utiles à l'humanité, néanmoins on ne peut pas oublier qu'il fut lâchement assassiné en raison de ses opinions. Comme du reste furent assassinés, john Lennon, Giordano Bruno, et tant d'autres, sur l'autel de la vraie "foi". On ne peut imaginer de discordance plus totalement exprimée que l'assassinat de ceux que nous jugeons aller contre nos opinions. Le meurtre est la discordance poussée à l'extrême. C'est pour cette raison que le silence et la solitude me paraissent préférables à l'engagement et à la lutte, car quelles que soient les iniquités du monde, tout est gouverné par les lois de la nécessité qui déterminent tous les êtres à exister et à agir.

La vraie joie est sans joie disent les taoïstes, qui s'y connaissaient eux aussi en barbarie, qu'elle provienne des particuliers ou de l'Etat. Je suis bien tenté moi aussi de dire, contre Spinoza et sa doctrine, qu'il vaut mieux demeurer dans cet entre-deux de la joie et de la tristesse, plutôt que de tenter de modifier le monde qui nous entoure. Cet espèce de sentiment de vide qui est la sérénité même s'oppose à la fois à la joie et à la tristesse, en ce que celle-ci est un égarement dans la lumière, et celle-là un égarement dans les ténèbres. Car la joie incite à l'envie, et la tristesse à la haine, donc il vaut mieux chercher le juste milieu entre ces deux affects.

La béatitude ne consiste pas en une augmentation de la puissance, mais dans la connaissance pure et simple de cette puissance limitée qui nous est conférée par l'être absolument infini. C'est cette forme savante de l'humilité qu'il nous faut rechercher, non pas l'humilité vicieuse, qui consiste à s'affliger de nos fautes et de nos erreurs, et à contempler tristement notre impuissance, mais au contraire un affect né de l'intelligence, qui consiste à se connaître vraiment comme une puissance limitée de la Nature, et à tirer de cette connaissance une satisfaction pérenne et durable.

Quant à ce que vous dites des passions qui ne sont pas à négliger, je pense au contraire que toute passion est néfaste, et qu'il vaut bien mieux consacrer toute notre faible énergie à tenter de satisfaire nos désirs issus de notre seule intelligence, qui veut connaître toutes les choses du monde, et à renoncer à la tentation de l'action modificatrice du monde. Car tout est gouverné par les lois et les règles de la Nature entière.

Si je suis né dans un monde qui s'oppose à ma nature, c'est le destin, et il convient de l'accueillir avec bienveillance, sans chercher à changer le monde qui m'entoure et ne me convient aucunement. Qu'est-ce qu'une vie humaine en effet, sinon quelques tours sur cet astre obscur qui se meut dans le vide infini de l'Univers ? Quel orgueil serait-ce là que de vouloir modifier cet ensemble incompréhensible pour une intelligence limitée d'êtres divers et toujours changeants ? Spinoza lui-même n'a pas échappé à cet orgueil.

Avatar du membre
bardamu
participe à l'administration du forum.
participe à l'administration du forum.
Messages : 1024
Enregistré le : 22 sept. 2002, 00:00

Messagepar bardamu » 29 mars 2012, 18:56

Shub-Niggurath a écrit :(...)

Si je suis né dans un monde qui s'oppose à ma nature, c'est le destin, et il convient de l'accueillir avec bienveillance, sans chercher à changer le monde qui m'entoure et ne me convient aucunement. Qu'est-ce qu'une vie humaine en effet, sinon quelques tours sur cet astre obscur qui se meut dans le vide infini de l'Univers ? Quel orgueil serait-ce là que de vouloir modifier cet ensemble incompréhensible pour une intelligence limitée d'êtres divers et toujours changeants ? Spinoza lui-même n'a pas échappé à cet orgueil.

Le non-agir pour un "contemplatif", c'est de rester assis. Le non-agir pour un "actif", c'est de faire bouger les choses. L'un et l'autre expriment leur nature, et l'"actif" se sent aussi mal dans la simple contemplation que le "contemplatif" peut être mal à l'aise dans l'agitation du monde.
Vanité des vanités, tout est vanité, y compris de considérer que tout est vanité. Du caractère auto-contradictoire de "tout est vain"...


Retourner vers « Spinozisme pratique »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 31 invités