Spinoza et la trivialité de la vie

Questions touchant à la mise en pratique de la doctrine éthique de Spinoza : comment résoudre tel problème concret ? comment "parvenir" à la connaissance de notre félicité ? Témoignages de ce qui a été apporté par cette philosophie et difficultés rencontrées.
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AUgustindercrois
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A propos du choix de Spinoza

Messagepar AUgustindercrois » 10 mars 2006, 13:35

Un salut amical à tous les spinozistes, les anciens, et les plus récents.

A FabriceZ:

Le refus de Spinoza d'enseigner la philosophie est dû aussi aux circonstances et à ses interlocuteurs: ce sont de grands seigneurs libertins versatiloes et dangereux; la chaire qui lui a été proposée, d'ailleurs, a été supprimée assez rapidement, il aurait été soumis à une critique intense d'une part, d'autre part contraint à faire des concessions quant à son système.

Et puis, quoi ensiegner? Descartes? Mais Descartes lui- même n'était pas en odeur de sainteté. Et puis les cartésiens se déchainaient sur Spinoza pour trouver droit de cité dans l'université, face aux théologiens pur sucre....

Donc c'était un choix par défaut, à mon avis. Je pense que Spinoza, si'l vivait aujourd'hui, enseignerait à la fac sans problème, parce que la liberté d'expression y est respectée. (Cf Deleuze, par exemple, qui a enseigné à Vincennes).

Au fait, tu as vu le Palettes de Jaubert sur Vermeer? On en parlait cet été... Tu vis toujours à l'étranger? Ou tu es revenu à Paris?

A Henrique: ce texte d'Henrique est un très beau texte. Décidément, Henrique est en bonne forme en ce moment.

Je vais décrire dans mon bouquin l'extase matérielle du héros spinoziste. Vous m'avez donné une idée. merci les copains!

Amicalement

Augustin

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FabriceZ
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Messagepar FabriceZ » 13 mars 2006, 00:59

Bonjour Augustin,

Pour ceux qui ne connaissent pas cette lettre et pour illustrer tes propos, voici la lettre de Spinoza à Fabricius.

J'aime beaucoup les passages où Spinoza se trouve dans un état d'incertitude pour ensuite prendre une décision bien déterminée. Au début du Traité de l'amendement de l'intellect il doit décider entre le certain et l'incertain et dans cette lettre ci-dessous il avoue : "bien que j’aie longtemps hésité".

Amicalement,
Fabrice

À MONSIEUR LOUIS FABRICIUS,
PROFESSEUR À L’ACADÉMIE D’HEIDELBERG ET CONSEILLER DE L’ÉLECTEUR PALATIN,
B. DE SPINOZA.


Si j’avais désiré jamais entrer dans l’enseignement des facultés, il m’eût été impossible de ne pas préférer à toute autre position celle que veut bien m’offrir par votre intermédiaire le sérénissime électeur palatin, surtout quand je songe à la liberté de philosopher que ce très-excellent prince eût daigné m’accorder. Et je ne parle point ici du désir que j’éprouve depuis longtemps de vivre sous le gouvernement d’un prince dont la sagesse fait l’objet de l’admiration universelle ; mais n’ayant jamais eu dessein d’enseigner en public, je ne puis consentir à profiter de l’occasion si honorable qui m’est offerte, bien que j’aie longtemps hésité, je l’avoue, à prendre ce parti. Mon premier motif, c’est que les soins que je donnerais à l’instruction de la jeunesse m’empêcheraient d’avancer moi-même en philosophie. Je considère, en second lieu, que j’ignore en quelles limites il faudrait enfermer cette liberté de philosopher qu’on veut bien me donner sous la condition que je ne troublerai pas la religion établie ; car la cause des schismes, ce n’est pas tant l’ardeur du zèle religieux que la diversité des passions humaines et cet esprit de contradiction qui fait condamner et envenimer les choses les plus innocentes. Or comme j’ai déjà fait l’épreuve de ces travers des hommes, moi simple particulier, qui vis dans la solitude, il est hors de doute que j’aurais à les redouter bien plus encore, si je m’élevais à une si grande dignité. Vous voyez, Monsieur, que ce n’est point l’espoir d’un sort plus brillant qui détermine mon refus, mais l’amour de la tranquillité, ce bien précieux dont je ne crois pouvoir me flatter de jouir qu’à condition de renoncer à toute espèce de leçons publiques. Je vous demande donc avec instance de prier le sérénissime électeur qu’il me laisse du temps pour délibérer encore ; veuillez aussi me maintenir dans les bonnes grâces de ce très-excellent prince, et vous redoublerez ainsi les sentiments de gratitude de celui qui se dit,
Monsieur,
Votre tout dévoué.

B. D. S.


La Haye, 30 mars 1673.
bene agere et lætari (EIV73 scholium)

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Shantyananda
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vivre le spinozisme

Messagepar Shantyananda » 12 avr. 2006, 09:12

Henrique a écrit :Le salut spinoziste, c'est de vivre dès à présent un état de plénitude propre à satisfaire le désir fondamental d'être de l'humain plutôt que les désirs multiples et épuisants, ce qui suppose une conversion du regard et de la façon même de vivre les événements quotidiens.


C'est plus ou moins ca... si ce n'est que il n'y a pas à désirer Etre, tout au contraire, ni à penser que l'on est, puisque nous Sommes. Je Suis ce Je Suis, si je pense que je suis alors je phantasme dans l'imaginaire, je continue à créer ma réalité au détriment du Réel et cela c'est le contraire de la philosophie justement qui n'est qu'un art d'appréhender le Vrai débarrassé de l'entrave de l'automaticité des sens et de leur illusion, de l'automaticité des jugements et de leurs erreurs et de l'automaticité de l'âme et de ses affects trompeurs, bon, mauvais, bon mauvais, bon mauvais.

Mais trêve de blabla, venez le VIVRE, http://www.french.dhamma.org/

Kevin.


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