Spinoza et l'hédonisme

Questions touchant à la mise en pratique de la doctrine éthique de Spinoza : comment résoudre tel problème concret ? comment "parvenir" à la connaissance de notre félicité ? Témoignages de ce qui a été apporté par cette philosophie et difficultés rencontrées.
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marcello
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Messagepar marcello » 20 févr. 2012, 11:07

Merci pour vos réponses sincères. :)

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gnayoke
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Messagepar gnayoke » 20 févr. 2012, 14:26

Henrique
Merci pour ce long et riche résumé sur notre débat

Je trouve cependant quelques passages qui m'interpellent et sur lesquels j'aimerai réagir car il peuvent rendre inutilement compliqué la compréhension du spinozisme et que ça peut engendrer des conflits sur soi-meme, je parle ici de l'opposition récurrente corps et esprit, qui selon mon humble avis n'a pas lieu d'être.

Henrique dit
Comme nous avons une âme nutritive, nous avons du plaisir en mangeant mais cela ne nous rend pas heureux pour autant car ce n'est pas notre finalité spécifique et la plus complète. La fonction spécifique de l'homme est la raison, c'est donc dans l'exercice de la raison et la contemplation des vérités de la raison que nous pouvons être heureux


D'une part,je pense que l'être humain (comme tout être d'ailleurs) n'a pas de finalité spécifique autre que celle "imposée" par la nature. Autrement sa finalité est de vivre tout simplement, en termes spinoziste on dirait de persister dans son état. Ce qui rejoint encore une fois l'idée d'équilibre reformulée par Krishnamurti.

D'autre part , et de manière plus pragmatique, les fonctions intellectuelles sont toutes aussi importantes que les autres fonctions du corps. Satisfaire plus l'une par rapport à l'autre entraîne nécessairement un déséquilibre. Je pense également qu'il ne faut pas établir de hiérarchie entres les besoins du corps et ceux de l'esprit. D'ailleurs pour moi il n'y a qu'un corps qui agit et interagi de différentes manière avec son milieu.

Comme preuve qu'il ne faut pas privilégier l'un par rapport à l'autre, il m'est arrivé deux fois d'avoir eu une expérience inoubliable liée à la simple digestion d'un repas, la première fois avec une paella, la deuxième avec une soupe de poisson. dans les deux cas je m'étais senti traversé par une espèce d'énergie qui montait des mains et des pieds et qui submergeait tout le corps, puis je m'étais retrouvé dans un état soudain de méditation( qui n'avait pas été provoqué volontairement), immobile, je semblais communiquer avec je ne sais quoi. Pour donner un aperçu je me sentais dans un état de 9/10.
au courant de la même année j'eus deux autres expériences sensorielles intense liées cette fois-ci à la vision des couleurs. Une fois devant une peinture lors d'une exposition, l'autre fois en me promenant dans un endroit ensoleillé et avec une profusion de couleur. Ces quelques expériences ont complètement transformé ma vision du monde, ma compréhension des choses. Je compris d'une certaine manière que vivre de tout son être est possible et procure une inhabituelle impression de profondeur.

Tout ceci pour dire que les expériences les plus banales, sont toutes aussi intéressantes et font toutes aussi grandir et le "corps", et "l'esprit". Il suffira d'être disponible, ouvert, attentif à la moindre chose. Comprendre le monde commence par comprendre les choses les plus simples,
Malheureusement l'esprit humain cherche bien souvent à se compliquer les choses.

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Henrique
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Messagepar Henrique » 21 févr. 2012, 01:16

gnayoke a écrit :Je trouve cependant quelques passages qui m'interpellent et sur lesquels j'aimerai réagir car il peuvent rendre inutilement compliqué la compréhension du spinozisme et que ça peut engendrer des conflits sur soi-meme, je parle ici de l'opposition récurrente corps et esprit, qui selon mon humble avis n'a pas lieu d'être.

Henrique dit
Comme nous avons une âme nutritive, nous avons du plaisir en mangeant mais cela ne nous rend pas heureux pour autant car ce n'est pas notre finalité spécifique et la plus complète. La fonction spécifique de l'homme est la raison, c'est donc dans l'exercice de la raison et la contemplation des vérités de la raison que nous pouvons être heureux


D'une part,je pense que l'être humain (comme tout être d'ailleurs) n'a pas de finalité spécifique autre que celle "imposée" par la nature. Autrement sa finalité est de vivre tout simplement, en termes spinoziste on dirait de persister dans son état. Ce qui rejoint encore une fois l'idée d'équilibre reformulée par Krishnamurti.

Bien sûr, je faisais référence dans le passage que vous avez cité à ce que pouvait signifier l'eudémonisme chez Aristote pour faire apparaître ensuite la différence avec Spinoza qui n'est pas finaliste.

Comme preuve qu'il ne faut pas privilégier l'un par rapport à l'autre, il m'est arrivé deux fois d'avoir eu une expérience inoubliable liée à la simple digestion d'un repas, la première fois avec une paella, la deuxième avec une soupe de poisson. dans les deux cas je m'étais senti traversé par une espèce d'énergie qui montait des mains et des pieds et qui submergeait tout le corps, puis je m'étais retrouvé dans un état soudain de méditation (qui n'avait pas été provoqué volontairement), immobile, je semblais communiquer avec je ne sais quoi. Pour donner un aperçu je me sentais dans un état de 9/10.


Ah oui pour le coup c'est étonnant comme expérience, mais vous ne pensez quand même pas que c'est la soupe de poisson qui l'a induite ? Il peut y avoir aussi des moments d'extase où quelque chose doit se débloquer dans notre cerveau, qui s'est constitué, comme le pensait Bergson, par l'évolution comme outil de centralisation des informations utiles à la survie de l'individu et non à la connaissance de la réalité nue. L'artiste, le mystique et parfois le philosophe privilégient quant à eux l'intuition sur l'intelligence pragmatique. Quelque chose qui se débloque et nous fait ressentir une unité concrète avec tout ce que nous pouvons percevoir, ce qui est en principe très agréable. Mais l'extase peut certainement être distinguée de la béatitude spinozienne, sans pour autant être radicalement opposée, car si on en croit les récits qu'on peut trouver sur ce genre d'expérience, il s'y mêle souvent plus d'imagination que d'intuition intellectuelle. L'extase se caractérise aussi il me semble par une sorte de débordement de l'intellect par l'affectivité.


au courant de la même année j'eus deux autres expériences sensorielles intense liées cette fois-ci à la vision des couleurs. Une fois devant une peinture lors d'une exposition, l'autre fois en me promenant dans un endroit ensoleillé et avec une profusion de couleur. Ces quelques expériences ont complètement transformé ma vision du monde, ma compréhension des choses. Je compris d'une certaine manière que vivre de tout son être est possible et procure une inhabituelle impression de profondeur.


Je suis d'accord pour dire que la béatitude est autant une expérience sensorielle que mentale. La béatitude à mon sens, c'est principalement percevoir les choses et soi-même avec une intensité et une profondeur qu'on peut qualifier d'inhabituelle par rapport à des objets habituels. La réalité devient infiniment plus réelle.
Je suis donc tout à fait d'accord avec ce qui suit :
Tout ceci pour dire que les expériences les plus banales, sont toutes aussi intéressantes et font toutes aussi grandir et le "corps", et "l'esprit". Il suffira d'être disponible, ouvert, attentif à la moindre chose. Comprendre le monde commence par comprendre les choses les plus simples,
Malheureusement l'esprit humain cherche bien souvent à se compliquer les choses.

... sauf la fin, je ne pense pas que l'esprit cherche cela, mais qu'habituellement il ne peut faire autrement parce qu'il ne connaît le monde que de façon pragmatique, comme Spinoza l'évoque entre autre dans la lettre XII sur l'infini et comme à mon sens Bergson l'explique plus amplement.


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