être et devenir dans la pensée de Spinoza

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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Louisa
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Messagepar Louisa » 05 janv. 2011, 16:37

symbiose a écrit :Louisa, vous serez alors étonné d'apprendre que Spinoza en philosophant ait mis le corps et ses affections au centre de sa pensée.


Je pense qu'au contraire l'une des originalités du spinozisme c'est de rejetter le dualisme chrétien traditionnel entre animalité-émotions-"tripes" d'un côté et compréhension-intelligence-théorie d'un autre côté.

Chez Spinoza, l'idée vraie est avant tout une joie. Le problème n'est plus celui de l'intellect ou la volonté contre les instincts, le problème devient celui des joies actives contre les joies passives, ces joies qui ne nous rendent pas plus puissants de façon durable.

Pour moi, mai '68 a voulu renverser une certaine pensée chrétienne mais ne l'a en réalité jamais quitté, on a simplement pris le pied opposé. Si le christianisme dit que les instincts et la sexualité sont mauvais, c'est qu'il faut maintenant les célébrer comme ce qu'il existe de mieux.

Je pense que Spinoza offre une véritable "troisième voie". Aucune de nos "impulsions" n'est mauvaise en soi. Mais il existe quelque chose de mieux, qui se construit là-dessus: la joie active de la compréhension, joie qui n'est pas moins physique que celle des passions.

Vous pouvez bien sûr continuer à mépriser et ridiculiser, d'un point de vue spinoziste, mais justement, faire cela n'est plus considéré comme exprimant la vérité, sa véritable nature, sa véritable puissance etc. Le mépris, la ridiculisation, la Haine etc. ne deviennent que des idées inadéquates. On peut les considérer comme "impuissance" si l'on veut, mais comme le souligne Spinoza, l'impuissance n'est qu'une privation, elle ne dit rien de "réel" de la chose qu'on appelle "impuissante", puisque dire quelque chose de sa réalité à elle, c'est dire quelque chose de sa perfection ou puissance (les trois (réalité-perfection-puissance) étant équivalents, dans le spinozisme).

L'impuissance d'une chose finie est infinie, puisqu'il y a infiniment de choses qu'elle ne sait pas faire. Nommer ces choses, c'est parler de tout ce qu'elle n'est pas, ce n'est pas parler de ce qu'elle est, en réalité/vérité.

symbiose a écrit :La psychologie de l'impuissance est au centre de son dispositif théorique. Spinoza nous invite à le pratiquer et à comprendre pourquoi nous pouvons comme Hokousai mal l'interpréter.


Euh ... où plus précisément Spinoza nous dit-il que c'est Hokousai et non pas vous ou moi qui l'interprètons mal ... ? :wink:

symbiose a écrit :L'Ethique regorge de scolies expliquant pourquoi ses contradicteurs ne peuvent psychologiquement et affectivement le suivre. Lui reprocherez-vous d'avoir spéculé sur leur psychologie?


disons plutôt que je ne comprends pas trop comment vous pouvez vous déplacer dans la peau de Spinoza. Spinoza a écrit des livres, ses contradicteurs les ont lus et commentés, et Spinoza étant l'auteur de ces livres, il sait bien quand on l'a compris et quand non. Tout comme ce n'est que vous qui pourra me dire si je vous ai bien compris ou non.

Mais nous ne sommes pas Spinoza ... (désolée si cela vous choque ... :wink: ), nous ne sommes que des lecteurs des mêmes textes. Qui d'entre nous fera le juge et dira qui a bien compris Spinoza et qui non ... ? Sur base de quels critères ... ?

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Messagepar symbiose » 05 janv. 2011, 16:44

Hokousai, concernant le TRE, lisez ce qui suit, qui ne comprend aucune clairvoyance sur votre psychisme, ce qui vous rendra moins fuyant. Comme dit Spinoza on ne fuit, évite, ou méprise un interlocuteur que s'il dit vrai sur nous alors que ne voulons pas l'entendre. Mais, passons.

Vous ne pourrez que constater votre erreur à supposer des idées d'essences des choses singulières différentes des essences des choses singulières. Car le TRE ne dit rien de tel



En TRE 34 Spinoza écrit:

"pour connaître l’essence de Pierre, il n’est pas nécessaire que l’entendement connaisse l’idée même de Pierre", "C’est le contraire qui a lieu dans ces idées : pour savoir que je sais, il est nécessaire que je sache d’abord."TRE34 Arguments anti-cartésiens au possible.

Et ces idées se rapportent à quoi au final? Je laisse Spinoza parler:


"Deux idées, poursuivrons-nous, soutenant le même rapport que les essences formelles qui en sont les objets, il s’ensuit que la connaissance réflexive s’appliquant à l’idée de l’Être le plus parfait l’emporte sur la connaissance réflexive des autres idées ; la méthode la plus parfaite sera donc celle qui montre selon la norme de l’idée donnée de l’Être le plus parfait, comment l’esprit doit être dirigé." TRE38

"Comme il va de soi, d’autre part, que l’esprit se connaît d’autant mieux que sa connaissance de la nature est plus étendue,il est constant que cette première partie de la méthode sera d’autant plus parfaite que l’esprit connaîtra plus de choses et qu’elle sera parfaite au plus haut point quand l’esprit s’applique attentivement ou réfléchit à la connaissance de l’Être le plus parfait." TRE39

D'après vous, Hokousai, l'Être le plus parfait, la Nature, c'est quoi pour Spinoza: DIEU tout simplement. La cause de toute chose est Dieu dans le TRE comme dans l'Ethique, contrairement à ce que vous suggérez.

"Pour poursuivre enfin, de ce que nous avons dit en dernier, à savoir que l’idée doit s’accorder entièrement avec l’essence formelle correspondante, il suit clairement que, d’une manière générale, pour présenter un tableau de la Nature, notre esprit doit faire sortir toutes ses idées de celle qui représente la source et l’origine de la Nature entière, de façon que cette idée soit aussi la source des autres idées." TRE42

Dieu est dans le TRE de Spinoza ontologiquement cause prochaine de chaque chose, ce qui relève du quatrième mode de perception (et vous restez au troisième Hokousai).
Il n'y a rien de platonicien dans ces propos. C'est du spinozisme immanent pur et dur.

"Notons cette conséquence que nous ne pouvons rien connaître de la Nature sans rendre en même temps plus étendue notre connaissance de la première cause, c’est-à-dire de Dieu." TRE92/Note

"puisque les essences des choses singulières soumises au changement ne doivent pas être tirées de cette succession, c’est-à-dire de leur ordre d’existence, lequel ne nous offre rien d’autre que des dénominations extrinsèques, des relations ou, au plus, des circonstances, toutes choses bien éloignées de l’essence intime des choses" TRE101
Donc l'essence intime des choses singulières (et non leur idée) est éternelle, car même soumises au mouvement elles ne peuvent être définies par celui-ci.

"en vérité, ces choses singulières soumises au changement dépendent si intimement et si essentiellement (pour ainsi dire) des choses fixes, qu’elles ne pourraient sans ces dernières ni être ni être conçues."TRE101
L'essence des choses singulières dépend des attributs de Dieu

"Ces choses fixes et éternelles, bien qu’elles soient singulières, seront donc pour nous, à cause de leur présence partout et de leur puissance qui s’étend au plus loin, comme des universaux ou des genres à l’égard des définitions des choses singulières et comme les causes prochaines de toutes choses" TRE101
Les attributs de Dieu sont cause prochaine de toute chose

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Messagepar symbiose » 05 janv. 2011, 16:58

Louisa, je n'ai jamais fait de différence entre corps et esprit, donc attention aux interprétations folles. Je dis comme Spinoza, que les deux sont liés, et tout le chapitre "de la servitude humain" cherche à comprendre les affections sur lesquelles doit se construire notre pensée. Il faut donc faire l'état des lieux de nos motivations, et non juste s'en tenir aux liens logiques du texte comme vous le faites.

Je n'ai aucun mépris pour Hokousai, encore moins de haine, et je ne me moque pas de lui, je ris de ses impasses. S'il voulait bien rire de ses âneries, il verrait bien que mon humour est amical. Il n'y a que l'orgueilleux qui n'accepte pas que l'on rit de lui. D'ailleurs, depuis, il me fait la tête! Plus de nouvelles, alors qu'il ne cesse de vous parler. L'orgueilleux ne répond pas aux taquineries, il se replie sur sa fierté. Et vous cherchez à protéger la vôtre en défendant Hokousai.

Je ne me mets pas dans la peau de Spinoza, je pense et je vis avec Spinoza. Je fais mon autocritique avec lui, et je questionne les autres avec lui.

Votre relativisme n'est là que pour valider la piètre estime que vous avez de vous-même et de vos capacités de jugement. Votre humilité est anti-spinoziste! Et ce n'est pas de l'entretenir qui fera grandir votre puissance de penser, tout au contraire.

La scolie de la proposition X de la partie V est très enrichissante dans le tableau qu'elle dresse des humbles et des orgueilleux. Vous voulez paraitre sâge, Louisa, en vous présentant comme une modeste lectrice, mais vous cachez votre impuissance.

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Messagepar Louisa » 05 janv. 2011, 17:12

symbiose a écrit :Je n'ai aucun mépris pour Hokousai, encore moins de haine, et je ne me moque pas de lui, je ris de ses impasses. S'il voulait bien rire de ses âneries, il verrait bien que mon humour est amical. Il n'y a que l'orgueilleux qui n'accepte pas que l'on rit de lui. D'ailleurs, depuis, il me fait la tête! Plus de nouvelles, alors qu'il ne cesse de vous parler. L'orgueilleux ne répond pas aux taquineries, il se replie sur sa fierté.


Vous pouvez bien sûr croire tout cela. Mais je pense que Spinoza propose autre chose. Sa définition de l'orgueil et du mépris:

E3P26 scolie:

Spinoza a écrit :L'Orgueil est donc une Joie née de ce qu'un homme fait de soi plus d'état qu'il n'est juste. Ensuite, la Joie (...) qui naît de ce qu'il fait d'un autre moins d'état qu'il n'est juste, s'appelle le Mépris.


Si vous pensez qu'un interlocuteur est orgueilleux, vous pensez donc (si l'on applique la définition spinoziste) qu'il fait plus d'état de lui-même qu'il n'est juste.

Or sur quoi est-ce que vous vous basez pour penser qu'il est orgueilleux?

C'est clair: sur le fait qu'il interprète Spinoza différemment que vous (et que certains de vos/nos arguments ne lui parlent pas ou ne le convaincent pas).

Ce que vous semblez faire ainsi, c'est supposer que, lorsque dans une discussion qui porte sur l'interprétation d'un texte philosophique, un interlocuteur adopte une autre interprétation que vous, alors il doit faire de lui-même plus d'état qu'il n'est juste.

C'est dire que vous évacuez d'office la possibilité que c'est vous, et non pas l'autre, qui se trompe.

A mon sens, c'est comme si l'on voulait se déclarer vainqueur d'un combat avant s'être engagé dans le combat .. :wink:

Cela ne va tout simplement pas, je veux dire, cela ne marche pas, la chance que votre interlocuteur/adversaire vous prendra au sérieux et aura envie d'entamer le combat dans ces circonstances est à peu près nihil. On ne se bat qu'avec quelqu'un qui s'engage pour de vrai, non avec quelqu'un qui décide à l'avance que c'est lui qui a raison, vous voyez .. ?

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Messagepar hokousai » 05 janv. 2011, 19:22

A mon sens, le fait qu'il utilise, déjà dans le TRE, les mot "universel" et "genre" avec une telle prudence, sans vraiment les affirmer clairement, indique qu'il sent déjà que la solution ne se trouvera pas de ce côté-là, qu'il va falloir mieux faire.


chère Louisa

Je suis bien d'accord la tendance antiplatoniciemne l' a emporté et il fait mieux dans l'Éthique .
Enfin mieux ! disons que la singularité des choses est plus affirmée .

Cela dit il ne répond pas à la question
Pourquoi Pierre ressemble- t -il plus à Paul qu 'au chien de Paul ?
...................................................................

Moi là je joue les noirs( le critique ) contre les blancs ( c'est à dire contre vous supporter d' un spinozisme dit non tronqué )
Vous avez bien vous que je joue .

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Messagepar sescho » 05 janv. 2011, 22:48

hokousai a écrit :Partir de Dieu ou partir des choses singulières ? Spinoza nous dit que tout est donné d'un coup dans une connaissance intuitive .
Ce n'est pas une illumination mystique .C'est un regard intellectuel porté sur les choses singulières .
Car sur quoi d'autres voulez -vous porter le regard ?

conscient de soi ET de Dieu ET des choses avec une certaine nécessité éternelle

Je n'ai pas de problème avec la dernière phrase, si ce n'est son ordre. La nécessité éternelle ne vient en fait QUE de la connaissance de Dieu, lequel est cause de tout (tout est en lui) - et donc de moi et des choses - et éternel. Cette connaissance est nécessairement - dans le vrai -antérieure aux deux autres. Sinon, de quel "soi" s'agit-il pour ce qui n'a pas d'en-soi ? C'est en les voyant clairement et distinctement causés par Dieu que je suis véritablement conscient de moi et des choses (et peu importe leur détails, et presque leur forme même.) Je suis conscient de moi quand je suis pleinement conscient de Dieu comme cause de tout. Et alors seulement je suis "éternel en acte." Sinon, c'est confondre le plan humain avec le plan divin, et plaquer la perfection divine sur de l'égocentrisme, qui est la négation même de la connaissance de Dieu et donc de Spinoza (évidemment Spinoza est loin de concilier l'Orgueil avec la Béatitude : il n'y a rien de plus opposé, ceci étant dit de façon on ne peut plus explicite) ; autrement dit, pour parler crûment, plaquer de la fausse dorure sur de la bouse (parfaite comme tout en Dieu), en termes de conscience vraie... et en réalité - et non selon l'intellectualisme stérile ou en prétention - n'avoir rien compris à Spinoza...

L'essence (toute essence) c'est la nature même de Dieu (Nature naturante ET naturée), tout simplement. Comme tout est contenu dans la nature de Dieu et que Dieu est éternel, l'essence de quoi que ce soit est éternelle. C'est simple comme bonjour. Il n'y a pas d'arrière-monde, il y a Dieu, point. Dieu étant éternel et donc non soumis au temps, il faut donc que TOUT être (en dehors duquel il n'y a aucun être de quelque nature que ce soit, donc) soit conçu "en un seul bloc", sans aucune référence au temps.

Dieu n'a aucun devenir. L'éternité n'est que de la (véritable) conscience de Dieu. Toute considération de devenir n'a donc aucun rapport à l'éternité.

La compréhension du Monde implique de s'extraire de la simple sensation de base. Spinoza dit que la connaissance de Dieu est comprise dans la sensation de base par ce qui est commun au percevant et au perçu (et qui n'est l'essence d'aucune chose singulière), pas que la sensation de base est l'alpha et l'oméga de la connaissance même, en l'état. Il dit très explicitement le contraire (E2P19-29 de mémoire.) Et il est dans le vrai...

Si, une nouvelle fois, je reprends la sensation du nouveau-né (que nous supposerons non contaminé par la mémoire), je trouve :

1 - (Je) suis (pensant.)
2 - Il y a des corps à l'extérieur de Je.
3 - Je et ces corps appartenons à un même monde (c'est contenu dans la perception même, qui implique une communauté de nature, puisqu'il y a relation.)

Voilà ce qui seul est immédiat (et qui correspond parfaitement à votre phrase ci-dessus.)

Le 3, c'est l'idée de Dieu, et elle rassemble les deux autres.


Serge

P.S. Je crois que si je devais lister les symptômes de base de grosse vanité exprimée dans le cadre philosophique, je mettrais la critique ultra-négative et péremptoire (et donc consolidée par aucune lecture de fond, voire aucune lecture tout court) de Platon. Un sport associé, on dirait... "Totalement opposé à Platon", "rien à voir avec Platon", comme marque de minimale hauteur de vue... La version locale du "meurtre du père" ? Grotesque ! Et encore plus en considérant que Platon reste très généralement ouvert à l'interrogation, à la contradiction... Outre que ses Idées ou Formes ou Essences sont en fait très proches des essences et êtres de Raison de Spinoza, Platon c'est aussi le gars qui a dit, entre une infinité d'autres choses manifestement sensées :

Platon a écrit : Cratyle : ... on ne peut même pas dire, Cratyle, qu’il y ait connaissance, si tout change et si rien ne demeure fixe ; car, si cette chose même que nous appelons connaissance ne cesse pas d’être connaissance, alors la connaissance peut subsister toujours et il y a connaissance. Mais si la forme même de la connaissance vient à changer, elle se change en une autre forme que la connaissance et, du coup, il n’y a plus de connaissance ; et, si elle change toujours, il n’y aura jamais connaissance, et pour la même raison il n’y aura ni sujet qui connaisse ni objet à connaître. Si au contraire le sujet connaissant subsiste toujours, si l’objet connu subsiste, si le beau, si le bien, si chacun des êtres subsiste, je ne vois pas que les choses dont nous parlons en ce moment aient aucune ressemblance avec le flux et le mouvement. ...

République : [Les] divisions [appliquées aux] quatre opérations de l'âme [sont] : l'intelligence à la plus haute, la connaissance discursive à la seconde, à la troisième la foi, à la dernière l'imagination, ... en ordre ... selon que leurs objets participent plus ou moins de la vérité. …

... cette puissance d'apprendre est présente dans l'âme de chacun, avec aussi l'organe grâce auquel chacun peut apprendre : comme si on avait affaire à un œil qui ne serait pas capable de se détourner de l'obscur pour aller vers ce qui est lumineux autrement qu'avec l'ensemble du corps, ainsi c'est avec l'ensemble de l'âme qu'il faut retourner cet organe pour l'écarter de ce qui est soumis au devenir, jusqu'à ce qu'elle devienne capable de soutenir la contemplation de ce qui est, et de la région la plus lumineuse de ce qui est. Or cela, c'est ce que nous affirmons être le bien.

Sophiste : Je dis que ce qui possède naturellement une puissance quelconque, soit d'agir sur n'importe quelle autre chose, soit de subir l'action, si petite qu'elle soit, de l'agent le plus insignifiant, et ne fût-ce qu'une seule fois, tout ce qui la possède est un être réel; car je pose comme une définition qui définit les êtres, qu'ils ne sont autre chose que puissance.

Lois : ... Mes amis, le dieu qui, selon l'antique parole, a dans ses mains le commencement, la fin et le milieu de toutes choses, va droit à son but tout en accomplissant les révolutions conformes à la nature ...
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Messagepar symbiose » 05 janv. 2011, 23:33

Louisa, réfléchissez un peu...

Pensez-vous que Spinoza ait réussi à persuader un quelconque rabbin ou prêtre de sa conception de la genèse, du jardin d'Eden, et du fruit défendu. Cela ne l'a pas empêcher de penser son interprétation bonne. Il n'a pas attendu de persuader ses détracteurs pour savoir qu'il avait raison.

Où avez-vous lu dans les écrits de Spinoza que la Vérité s'éclairait à la lumière de convaincre un contradicteur?????
Bien au contraire, pour Spinoza, la Vérité se présente de façon lumineuse et sans aucun doute dans un rapport réflexif individuel. Votre conception de la vérité est anti-spinoziste et d'autant plus absurde qu'elle nécessite un accord universel impossible.

Spinoza n'a jamais convaincu ses opposants, et il ne s'est pas pour autant empêché de dresser des tableaux psychologiques sans appels de ces derniers.

Vous avez une drôle de conception de la Vérité, et vous ne risquez pas de la trouver un jour ainsi. Heureusement, Spinoza, comme tout autre penseur lucide, n'attend pas de relier à sa cause ses opposants, et son interprétation se veut libre de ceux qui ne seraient pas convaincus.

Pensez-vous que beaucoup de monde à son époque se ralliait à son interprétation du cartésianisme dans la préface de la cinquième partie de l'Ethique????

Vous m'amusez Louisa. Vous désespérez de trouver dans l'aval d'autrui le miroir d'une vérité qui ne viendra jamais. Soit vous savez que vous avez raison, soit vous n'avez pas raison. Et ceci parce que vous aurez été assez exigeante envers vous-même pour être la pire ennemie de votre bêtise.

Finalement, vous me demandez:"Or sur quoi est-ce que vous vous basez pour penser qu'il est orgueilleux? "
Eh bien, relisez-moi, correctement donc entièrement, en respectant ainsi une méthode et un principe d'analyse propre à vous conduire vers la Vérité, plutôt que de sélectionner selon ce qui vous touche ou vous rebute, histoire de dominer vos affects plutôt que de les rendre maîtres de votre pensée, car je n'ai cessé de justifier mes points de vue.

Je n'évacue pas la possibilité d'avoir tort, je me donne juste les moyens de ne pas me tromper. Démarche que propose Spinoza dans le traité de la réforme de l'entendement et l'Ethique. Et je me suis évertué ces derniers jours à en exposer quelques règles de base. Je ne m'amuse pas à penser avoir raison, je cherche à comprendre la singularité et la complexité de ce que je lis. Alors, entendre parler de platonicisme et d'idée des essences singulières infinies différentes de ces mêmes essences singulières finies, ça me fait marrer. Mon exposé sur le TRE est en ce sens éclairant sur les erreurs de lecture d'Hokousai. Il suffit juste de comprendre des phrases simples et de ne pas les sortir de leur contexte.

Si Spinoza, ou quiconque, devait attendre d'autrui qu'il lui confirme la vérité de son point de vue, on tomberait dans la même relativité que la vôtre, et personne n'écrirait rien, et surtout n'affirmerait rien, du fait d'avoir irrémédiablement des contradicteurs. Votre méthode n'invite qu'à une vie de petit commentateur planqué en manque de confiance en soi.

Spinoza avait deux cultures contre lui, la judaïque et la chrétienne, il leur a tenu tête sans relâche, a critiqué leurs interprétations de la Bible et de Dieu, et s'est permis d'expliquer leurs erreurs par des traits psychologiques dévalorisants tel que l'emprise des passions tristes. Sans jamais les convaincre deux secondes de ses dires.

On pourrait lui demander en quoi il se permettait de se croire dans sa Vérité, et en quoi il pouvait prétendre trouver en autrui des traits psychologiques cachés. Allez trouver, Louisa, un prêtre qui se retrouvera dans ce qu'il affirme d'eux! Il n'a jamais attendu de convaincre ses opposants pour dire qu'il savait la Vérité, et qu'il leur trouvait des psychologies morbides, car il avait une rigueur et n'a fait que la détailler dans tous ses ouvrages. Spinoza ne s'est jamais justifié d'autre chose que de lui-même. Apprenez à le faire, plutôt que de rester immature sur ce point.

Ceci est la force d'âme, qu'il vous manque Louisa. Ne pas l'avoir ne doit pas vous laisser penser que tout le monde en est dénué, ni vous faire penser que vos impuissances puissent être une méthode de réflexion correcte. La Vérité s'obtient pas l'accomplissement d'une méthode exigeante qui une fois maîtrisée vous rend plus clairvoyant. Cela vous offre une Liberté dont vous ne pouvez pas douter, comme le dit Spinoza. Vous, Louisa, vous êtes esclave de vos peurs et de vos doutes entretenus par une méthode d'accès à la Vérité erronée qui ne portera jamais ses fruits, car basée sur des principes absurdes et infertiles.
Modifié en dernier par symbiose le 05 janv. 2011, 23:48, modifié 1 fois.

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Messagepar Louisa » 05 janv. 2011, 23:46

Petite remarque sans importance en passant ... on dirait que ce fil commence à devenir de plus en plus hilarant ... :D

Ainsi, après avoir été taxé d'"orgueilleux" par quelqu'un qui trouve que Spinoza est moins "platonisant" que ne le pense Hokousai, notre cher ami se voit maintenant taxé d'être "vaniteux" lorsqu'il suggère que dans l'Ethique la tendance antiplatonisante l'a emportée et que cela ne semble pas vraiment résonner, pour ainsi dire, avec l'interprétation d'un autre intervenant ... .

Hokousai a écrit :Moi là je joue les noirs( le critique ) contre les blancs


C'est certainement ce qui pimente la discussion, mais apparemment, cela signifie aussi que vous risquez d'être toujours la "bête noire" de quelqu'un ... lol.

Au plaisir de vous lire donc...

Mais retournons au "sérieux" du débat ... 8-)

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Messagepar hokousai » 05 janv. 2011, 23:47

écoutez Serge si vous commencez en inversant l'ordre des phrases de Spinoza
Qu' est ce que je peux faire ?

La nécessité éternelle ne vient en fait QUE de ce que les choses ne peuvent aller autrement qu'elles ne vont .
Sinon elles iraient autrement .
Les choses ne le peuvent pas parce quelle n 'ont pas de volonté .

Conscient des choses avec une certaine nécessité éternelle ce n'est pas évident pour tout le monde
On peut être conscient de Dieu ( un étant absolument infini ) et ne pas partager l'idée de nécessité éternelle des choses .
On peut avoir l'idée de nécessité éternelle des choses et ne pas voir une idée de Dieu.
les philosophes chrétiens dans le premier cas
les philosophes bouddhistes dans le second cas .
.........................................................................................

Je suis conscient de moi quand je suis pleinement conscient de Dieu comme cause de tout.
Tous les chrétiens vous dirons la même chose.
Et ils vous dirons qu'il ne faut surtout pas confondre le plan humain avec le plan divin, et plaquer la perfection divine sur de l'égocentrisme.

Dieu n'a aucun devenir.
j 'en entends surtout dire que Dieu n' a aucun avenir .

Moi je ne prends parti ni pour les uns ni pour les autres
conscient de moi ET de Dieu ET des choses avec une certaine nécessité éternelle
dans l 'ordre du

et qui plus est dans la joie et la bonne humeur .

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Messagepar symbiose » 05 janv. 2011, 23:53

Louisa, votre dernier post est l'expression d'un gaminerie sans appel. Quand vous vous mettez à aborder les comportements des autres, vos propos perdent toute complexité et profondeur.

Comme quoi vous manquez singulièrement d'intelligence et de connaissances en psychologie.

Ce que vous appelez les choses sérieuses, sont les seules choses dans lesquelles vous arrivez à paraitre sérieuse. Pour le reste, votre immaturité est flagrante.

Et j'ose vous dire que vous devenez de plus en plus méprisante, en vous donnant des airs supérieurs que vous n'avez en rien justifiés par une quelconque rigueur.

Les affirmations péremptoires et assassines sont des fins de non recevoir qui expriment une claire envie de dévaloriser l'opposant sans aucune argumentation digne de ce nom afin de prendre le dessus sans justification. Votre orgueil n'en est que plus éclatant.


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