parallélisme et pensée classique

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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lupink
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Messagepar lupink » 07 sept. 2002, 22:03

Je m'excuse de revenir encore sur ce sujet, d'autant plus que mes idées sont encore confuses quant à celui-ci. Vous assistez en quelque sorte à un work in progress.
Il se fait que le parallèlisme de S est emprunté à Leibniz, mais il traite la question de manière bien différente. Pour S l'âme et le corps sont une seule et même chose mais vues sous l'angle de deux attributs différents. Aussi l'âme est-elle la pensée (l'idée) du corps. Chez Leibniz et chez Descartes, en revanche, la pensée consciente doit dominer, corriger l'imagination issue de l'influence du corps. Chez Leibniz, ceci est évident puisque même l'existence peut-être traduite en calcul infinétésimal. Tandis que chez Descartes ce qui est action dans le corps est passion dans l'âme. Il n'y a point de parallèlisme entre les processus psychiques et physiques (il y a deux substances dont une seule est divine). C'est par le recours aux représentations - qui elles sont subordonnées au parallèlisme - que la pensée peut corriger l'imagination. Chez S le parallélisme est total entre l'âme et le corps et ces deux sont dès lors mis sur un pied d'égalité. C pourquoi, je pense, il existe chez lui un espace pour l'imagination malgré la réduction rationnelle aux idées adéquates. Comme dit Henrique, les trois genres de connaissance coexistent. Par suite Spinoza n'exclut pas le domaine onirique. Chez Leibniz, le parallèlisme est aussi total mais joue en faveur d'une réduction rationnelle par le calcul divin (ormis un "fiat" divin qui crée le meilleur des mondes compossibles). Chez Descartes, le parallèlisme est réduit au primat de la représentation dont le siège est l'âme. C'est la volonté située dans l'âme qui est seule active. D'où l'exclusion de la folie (mais non des chimères qui sont encore des représentations mal agencées et corrigibles). Donc S, en quelque manière, ne parle pas du même parallèlisme. Or le parallèlisme est un paradigme de la pensée classique. Donc (peut-être ?) S dépasse-t-il en cela la pensée classique.
Tout cela demande à être préciser. Je ne peux développer en ce moment. Cela demanderait presque un article et manquerait de place dans ce forum. Par ailleurs, comme je l'ai dit, c'est encore confus. Mais si cette idée intéresse quelqu'un, qu'il soit invité à me faire savoir son avis (même confus). <IMG SRC="images/forum/smilies/icon_rolleyes.gif"> [size=50][ Edité par lupink Le 07 September 2002 ][/size]

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Henrique
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Messagepar Henrique » 08 sept. 2002, 12:01

Salut,
Je ne crois pas qu'on puisse appliquer le terme de parallélisme à Leibniz et Descartes. Ce terme, c'est Leibniz qui l'a inventé pour définir la philosophie de Spinoza, qu'il entendait critiquer, mais je ne pense pas qu'il se l'applique à lui-même.

Chez Leibniz, le corps exécute les ordres de l'âme quand elle a des perceptions distinctes et l'âme se laisse incliner par les passions qui naissent des représentations corporelles : l'âme est l'unité du corps. Contrairement à Descartes, âme et corps ne sont pas séparés, mais réellement distincts et solidaires : pouvant donc intéragir. Donc pas de parallélisme psycho-physique, puisque le propre des lignes parallèles, si elles se reflètent, c'est de ne jamais se rencontrer.

De même chez Descartes. L'étendue et la pensée sont réellement séparés et ont chacune leur mode de fonctionnement propre, mais peuvent se rencontrer en l'homme par la médiation de la glande pinéale. L'action de la volonté sur le corps ou celle des mouvements des esprits animaux sur l'âme font qu'il n'y a chez Descartes, pas de parallélisme.

Vous parlez de parallélisme partiel chez Descartes et Leibniz. On peut comprendre cela à partir du moment où tous deux reconnaissent une autonomie de la pensée et de l'étendue. Mais chez Descartes, la pensée peut n'avoir strictement rien à voir avec l'étendue, de même que l'étendue avec la pensée, je ne vois dès lors guère comment on peut reprendre l'image de deux lignes parallèles.

Henrique

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Messagepar lupink » 08 sept. 2002, 20:24

Salut,
Je ne voulais pas parler du parallèlisme entre l'âme et le corps. En ce sens, nous sommes d'accord, seul Spinoza mérite qu'on lui attribue un parallèlisme. Je voulais parler de l'ordre des représentations qui est le même que l'ordre des choses. Sans doute ai-je employé un mauvais terme. Le parallèlisme. Je le voyais entre les représentations et les choses, pas entre l'âme et le corps. Et c'était précisément à mon sens l'originalité de Spinoza d'avoir transporté cette notion au rapport âme-corps. <IMG SRC="images/forum/smilies/icon_biggrin.gif"> [size=50][ Edité par lupink Le 08 September 2002 ][/size]

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Messagepar lupink » 11 sept. 2002, 21:48

Voilà : Vous m'apprenez que c'est Leibniz qui a qualifié la pensée de S de parallèlisme. Or celle-ci n'est pas un parallèlisme en ce sens que l'identité de l'ordre et des connections des idées et des choses n'implique pas qu'il y ai connection terme à terme entre ces idées et ces choses. Primo, chose ne veut pas dire seulement corps. Secondo, il n'y a qu'une substance dont l'ordre est simultané et total puisque les attributs ne sont que des points de vue sur cette seule substance. Tertio, ce serait faire de Spinoza un atomiste. Pour qu'il y ait une connection terme à terme, il faudrait encore qu'il y ait une sorte de médiation. Chez Descartes, bien que seule la substance pensée soit divine, elle possède cette médiation qui lui permet d'avoir, via la volonté, quelque science innée sur la substance étendue : cette médiation, c'est le verbe, comme on le voit dans le cogito cartésien je pense, je suis = je suis pensant = je pense donc je suis - tout cela en accord avec la grammaire de Port-Royal (Chez Leibniz également, bien que de façon fort différente. Je préciserai plus tard avec la notion d'automate systémique que votre feu (?) et regretté compatriote A. Robinet a inventé). Bref, il s'agit de mettre en ordre l'obscurité du réel afin de faire voir, par le verbe (ou le calcul), l'ordre des choses voulue par Dieu (chez S pas de volonté, Dieu n'est même pas sujet). Chez Spinoza, précisément, ce statut du verbe comme pivot de la représentation manque. L'ordre y est établi au départ. Dès lors la représentation perd de son importance. Qu'il commence par Dieu et la preuve ontologique est déjà un indice de cela. Il y s'agit plutôt de signification ou de sens (par la notion de puissance, et peut-être d'affect, j'y reviendrai). Toute ma démarche consiste à faire sortir Spinoza du primat de la représentation comme condition de possibilité d'une comparaison avec Nietzsche, sinon cela ne vaut pas la peine de continuer. D'où toutes mes questions jusqu'à présent sur l'imagination, le langage, le statut de l'idée etc... Comme je l'ai dit par ailleurs, mes messages suivants seront d'abord élaborés sur papier car je fais tout de mémoire lorsque j'ai accès à un ordinateur. Je commencerai donc par les différents traitements du cogito chez Descartes, Leibniz et Spinoza. NB Ne me laissez pas seul. En matière intellectuelle je le suis assez comme cela.
Amicalement. Lupink[size=50][ Edité par lupink Le 11 September 2002 ][/size]


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