Spinoza : vos citations.

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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Spinoza : vos citations.

Messagepar recherche » 07 mai 2012, 18:15

Chers amis spino-philes,

Je vous propose de partager ici les citations dont vous auriez pris note, phrases dont la lecture vous a particulièrement interpellé.

À moins que cela n'ait déjà été fait (?).

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cess
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Messagepar cess » 07 mai 2012, 18:57

Sans hésiter..... Recherche....

"C'est encore un caractère de l'amour, que nous ne voulons jamais nous affranchir de cette passion absolument (comme nous pouvons le faire pour l'admiration et pour les autres passions) : 1° parce que cela est impossible ; 2° parce qu'il est nécessaire de ne pas nous en affranchir. 1° Impossible ; car cela ne dépend pas seulement de nous, mais encore de l'objet ; et, pour que puissions ne pas vouloir aimer et ne pas aimer en effet un objet, il faudrait que cet objet ne nous fût pas préalablement connu. 2° Il est nécessaire de ne pas nous affranchir tout à fait de l'amour, parce que, à cause de notre faiblesse, nous ne pourrions exister sans la jouissance de quelque bien auquel nous sommes unis et par lequel nous sommes fortifiés."

CT-Deuxième partie- chapitre V- De l'amour

Et j'ajouterai que par ce texte, il définit aussi selon moi notre relation à la Beauté...

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Messagepar recherche » 09 mai 2012, 18:52

Merci beaucoup !

Aux suivantes s'il vous plaît. :D

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Messagepar LARRY » 14 mai 2012, 18:04

Impossible de nous affranchir de l‘amour puisque «  cela ne dépend pas seulement de nous, mais encore de l'objet »
Oui, certes, et je crois comme vous, cess, que ce texte définit aussi bien notre relation à la Beauté...
L’oeuvre d’art authentique s’impose à nous et, même ancrée dans son temps, continue toujours de fasciner… Nous n’en pouvons mais, comme on dit…
Et cela renforce mon opinion de la fausseté des paroles de Marcel Duchamp selon lesquelles c’est le " regardeur " qui "fait" le tableau… comme si l’œuvre n’y était pour rien.
Paroles qui ont encouragé, depuis, nombre de faiseurs d’art pour qui importe peu que leur production soit de vraies créations… Si vous n’aimez pas, disent-ils, c’est de votre faute, alors que vous vous affranchissez simplement de l’amour de quelque chose qui n’existe pas, en l’occurrence, c’est-à-dire une de ces pseudo créations, dites contemporaines…
Car, à un public non averti on veut faire aimer ce label plutôt que de le confronter à des créations originales…
Bien sûr, il y a toujours un effort à faire pour apprécier une œuvre, mais au moins faut-il qu’elle existe vraiment…

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Messagepar cess » 14 mai 2012, 19:26

Et cela renforce mon opinion de la fausseté des paroles de Marcel Duchamp selon lesquelles c’est le " regardeur " qui "fait" le tableau… comme si l’œuvre n’y était pour rien.



On trouve beau ce que l'on aime, et ceci ,pour moi, vaut autant pour une oeuvre d'art que les choses singulières..de la vie....
Un exemple encore récent: j'avance vers ma voiture et à chaque fois que je regarde "ma totoyette de 12 ans d'âge", je la trouve sublime...
Je crois cette image a l'instant T où je la perçois, vient s'intégrer au sein d'une cohérence invisible profilant l' horizon: celle de l'Harmonie à venir..
Elle sous-entend d'abord les voyages hallucinants que nous avons fait ensemble, l'accident auquel j'ai échappé, les contrôles techniques que nous remportons avec brio à chaque fois(cela doit paraitre incongru et pourtant c'est vrai)), elle est symbole et promesse aussi du mouvement,du faire ou du vivre ensuite.

Le plus beau tableau de Degas , pour moi, c'est Berthe Morizot au bouquet de violette", je n'ai jamais rencontré quiconque qui soit bouleversé par ce tableau autant que moi:20 cm sur 20 cm, un simple portrait tenant des fleurs inélégantes ....Et pourtant, peut-on m'expliquer pourquoi il m'émeut à ce point? Quels sont donc ces liens aveugles spontanément tissés avec cette toile? Je ne le comprends pas moi-même...
Je suis la "regardeuse" et il est pour moi le plus beau tableau du monde mais peut-être ne seriez-vous pas d'accord avec moi...

cécile

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Messagepar LARRY » 16 mai 2012, 17:45

Nous sommes tous très sensibles aux objets en adéquation avec notre personne, notre passé, nos aspirations, et sans doute ce portrait de Berthe Morizot se rapporte-t-il directement à la femme que vous êtes, cécile, pour vous émouvoir si particulièrement… Qu’un modeste bouquet de violettes suffise à son bonheur, peut-être.
Pourquoi, suis-je moi-même si ému d’entendre le " Prélude à l’après midi d’un faune " de Debussy , parmi tant d’autres œuvres que j’aime beaucoup ?
Me rappellerait-il de façon immédiate un moment de mon adolescence et la personne, en même temps, qui me le fit connaître ?
Notre appréciation est toute " chargée " de nous-même et c’est la mesure que je veux bien accorder à Duchamp parlant d’œuvres d’art, mais le tableau révèle le peintre tout autant qu’il révèle le "regardeur", le peintre qui lorsque des contemporains ont montré leur inaptitude à l’apprécier ( Gauguin, par exemple ou Van Gog) peut ressurgir après coup et séduire par son œuvre d’autres générations.
Le tableau, donc, ne se réduit, ni ne s’augmente, de l'estime du spectateur… Il est-ce qu’il est ! Avant tout, c’est le peintre qui le « fait » ; c'est à lui qu'il doit "parler" avant de parler à d'autres… Et sa valeur, ce qui « fera » le tableau, finalement, tiendra dans l'intérêt qu'il peut toujours susciter hors du temps de sa création…

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Messagepar cess » 19 mai 2012, 14:03

"Le tableau, donc, ne se réduit, ni ne s’augmente, de l'estime du spectateur… Il est-ce qu’il est ! Avant tout, c’est le peintre qui le « fait » ; c'est à lui qu'il doit "parler" avant de parler à d'autres… Et sa valeur, ce qui « fera » le tableau, finalement, tiendra dans l'intérêt qu'il peut toujours susciter hors du temps de sa création…"

J'entends votre point de vue, et il va de sois que le respect , l'importance que vous accordez à l'artiste se conçoit aisément
.Certains artistes authentiques sont souvent malmenés par un marchand d'art intéressé, un public non réceptif. Soit alors ils cherchent à répondre à une demande , soit il reste fidèle à lui même au risque de l'impopularité et de la pauvreté.C'est une question de courage ou comme le dit Spinoza, ce désir par lequel tout être humain entend conserver son être par le seul commandement de sa raison...Et j'espère bien que l'artiste sera courageux...Cela dépend de lui avant tout.

Il n'empêche qu'un tableau demeure une chose singulière,qui s'inscrit, je crois comme toute chose singulière dans un rapport de cause à effet.Il participe de fait de son existence,à la nourriture de cette variation continue de l'affectus comme dit Deleuze .
D'un point de vue spinoziste, j'envisage un tableau, comme une rencontre (ou non) La beauté que je percevrai va m'affecter positivement, au même titre qu'une personne, au même titre qu'un livre, qu'un paysage, qu'une musique...

je sais juste, que dans ce que j'essaie de cultiver chaque jour les affects de joie ont la primeur.., c'est peut-être la base de l' Ethique: voir ce qui est beau, constructif, positif sans pour autant pouvoir absolument éviter le laid, le mauvais, ce qui diminue ma puissance d'agir ..
(Mais fort heureusement, , la raison aide à dissoudre certains malaises intérieurs vécus au quotidien, pour peu qu'on se penche sur lui afin d'en approcher l'idée adéquate, il peut alors vite s'évanouir chassé par un affect positif plus grand, ou bien concrètement, on peut mettre en place une stratégie de l'action future destinée à éviter un obstacle clairement identifié . etc..
j'imagine que d'autres sur ce forum ont développé d'autres expériences...Cela m’intéresserait beaucoup un jour d'avoir des exemples concrets de la vie d'un spinoziste!

Bien à vous


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