Messagepar Vanleers » 14 nov. 2013, 13:43
A aldum
J’ai essayé de réfléchir à la notion de « distinction réelle non numérique » à propos de l’attribut.
Voici ce que je comprends et qui vous éclairera peut-être.
Parler de distinction réelle non numérique ne signifie pas que l’on ne compte pas.
Au contraire, je compte les attributs de Dieu : un la Pensée, deux l’Etendue, trois… ?
Là, je suis obligé de m’arrêter car je ne sais même pas si je peux dire trois.
M’arrêtant à deux, cela, toutefois, ne me conduit pas à des questions du genre :
Si l’être humain n’avait pas un entendement aussi limité, continuerait-il à compter ? Et si oui, compterait-il indéfiniment ? Et si oui, de quelle nature serait cet infini : dénombrable, non dénombrable ?
Questions évidemment sans réponses et donc inutiles.
Parler de distinction réelle non numérique à propos de l’attribut, c’est, à mon point de vue, soutenir qu’une pluralité d’attributs n’implique pas nécessairement une pluralité de substances.
Autrement dit, qu’il n’est pas « absurde d’attribuer plusieurs attributs à une seule substance », ce qu’écrit Spinoza dans le scolie d’E I 10.
Essayons de le comprendre en examinant d’abord le cas des choses finies qui font l’objet de la définition 2 et définissons l’attribut2 comme :
« Par attribut2, j’entends ce que l’intellect perçoit d’une chose finie comme constituant son essence »
Considérons deux attribut2s réellement distincts.
Il me paraît clair que ces deux attribut2s ne peuvent être attribués à une même chose finie. La distinction réelle des attribut2s entraîne nécessairement qu’il y ait DEUX choses finies auxquelles chacun des attribut2s sera attribué. On dira, ici, que la distinction réelle est numérique.
Mais les substances, définies, après les choses finies, par la définition 3, sont infinies.
Elles ne sont pas bornées, délimitées, définies par quelque chose d’extérieur à elles car, par définition, elles sont « ce qui est en soi et se conçoit par soi »
La question de substances à plusieurs attributs réellement distincts reste donc ouverte, c’est-à-dire la question d’attributs réellement distincts et non numériques.
Pour démontrer que ceci est absurde, il faudrait démontrer que, compte tenu des définitions de la substance et de l’attribut (définitions 3 et 4), une substance est nécessairement à un seul attribut.
Bienvenue à celui qui apportera la démonstration.
Soit une substance à plusieurs attributs réellement distincts.
Pour signifier que ces attributs réellement distincts sont attribués à la même substance, on pourra dire que cette distinction réelle entre attributs est une distinction « formelle ».
Cela ne change rien mais permet de se raccrocher à Duns Scot, l’inventeur de la notion.
Bien entendu, Spinoza ayant démontré que la substance est unique (E I 14), il s’avère, en définitive, que toutes les distinctions réelles entre attributs sont nécessairement non numériques, au sens indiqué ci-dessus.
Voilà ce que je comprends.
Bien à vous