entre amateurs de Spinoza

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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cess
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entre amateurs de Spinoza

Messagepar cess » 05 sept. 2012, 20:54

Question déjà posée sûrement, mais toujours cette envie d'ancrer les choses face à la virtualité de nos échanges!!

Comment vous arrive-t-il d'appliquer Spinoza au quotidien? Est-ce que sa lecture a changé quelque chose dans vos vies??

Bien à vous
Cécile
Modifié en dernier par cess le 05 sept. 2012, 21:25, modifié 2 fois.

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Messagepar cess » 05 sept. 2012, 20:55

J'observe chaque jour pour ma part une recrudescence de l'intolérance religieuse ou sociale à travers mon milieu professionnel (orientation, formation ).Spinoza est venu armer une posture qui peut composer avec les éventuelles références spirituelles -et parfois radicales- de mes bénéficiaires; tout en laissant une place significative à leur expression personnelle.

Il ne s'agit pas de provoquer des débats , je songe simplement aux a priori qui auraient pu venir de ma part comme il fut un temps et qui se sont dissous dans cet espèce de "calme actif".

C'est devenu un peu plus simple, plus compréhensif de part et d'autre.....

Qu'en est-il pour vous?
Modifié en dernier par cess le 08 sept. 2012, 02:11, modifié 1 fois.

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Messagepar QueSaitOn » 07 sept. 2012, 14:55

"J'utilise" Spinoza pour désamorcer tout sentiment qui susciterait de la haine ou de l'agressivité (soit en moi soit chez les autres). Cela dit pas forcément besoin de Spinoza pour cela :)

Spinoza m'est utile pour tenter de déployer un point de vue écologiste, puisqu'il s'agit d'une pensée globale. Sa pensée est compatible avec l'écologie.

Il m'est utile dans le champ économique pour comprendre (et "expliquer" sans vouloir convaincre) le comportement apparamment "illogique" de nos "responsables" qui persévèrent dans la voie du suicide économique. C'est la partie illustrée par Lordon, la "persévérance à être" de la structure. Pas plus tard qu'aujourd'hui j'ai parlé de cette notion avec des collègues du boulot lorsqu'on évoquait l'irationnalité des marchés.

Il m'est également très utile du point de vue des affects et du désir pour combattre des addictions, même si de la théorie à la pratique, le chemin n'est pas aisé.

Il m'aide à percevoir le quotidien comme baigné par les affects collectifs et individuels.

Il m'a appris à reconsidérer le point de vue du corps, à lui faire toute sa place.

Il permet de vivre et construire une spiritualité au quotidien.

Et partager tout cela avec une amoureuse ;-)

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Messagepar Krishnamurti » 07 sept. 2012, 22:39

Spinoza est un miroir où l'on peut se reconnaitre. il permet de se défaire des couches succesives de conditionnement, tel un verre que l'on polit. Aucune recette au quotidien mais une leçon d'intégrité pour la vie : toujours choisir l'intelligence envers et contre tous.

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Messagepar LARRY » 03 oct. 2012, 10:39

Je lui suis reconnaissant d’avoir supprimé en moi définitivement une inquiétude religieuse latente en mettant fin à toutes mes tergiversations concernant la foi au Dieu de la Bible… Ce dieu transcendant qui hors de notre monde nous regarderait d’en haut pour nous juger.

En un instant, j’ai abandonné la position inconfortable de l’agnostique, celui qui ne sait pas, pour l’adhésion, de cœur autant que de raison, aux idées et convictions de Spinoza… Maintenant je sais que je sais.
Je sais notamment que le dualisme religieux est une idée fausse.

Avec Spinoza il n’y a plus distinction entre théologie et philosophie, il y a cette fusion des deux en l’Ethique qui me parait très naturelle et se passe très bien de ces mots.

Je pourrais regretter de n’avoir découvert Spinoza que tardivement car je ne suis plus très jeune… Mais les regrêts sont des passions tristes, et vaines…

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Messagepar hokousai » 04 oct. 2012, 00:15

à Larry
Je pourrais regretter de n’avoir découvert Spinoza que tardivement car je ne suis plus très jeune…

Plus jeune ( avant disons l 'âge de 5O ans ) je ne comprenais pas Spinoza. Il m'était étranger. Il ne me parlait pas. Comme actuellement Hegel ou Heidegger ne me parlent pas du tout. Ce fut ainsi.
Je dois avouer qu'il ne me semble avoir compris l' idée essentielle de Spinoza que très récemment. Mais peut -être que ce n'en est l'idée essentielle que pour moi.

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Messagepar LARRY » 04 oct. 2012, 16:37

Y a-t-il un âge privilégié, Hokousai, pour comprendre Spinoza ? Sûrement pas, mais il faut dire que la moindre empreinte religieuse dualiste en chacun de nous, (et l’influence de l’opinion commune ?) retarde sans doute, à proportion de sa profondeur, une approche naïve de notre philosophe.
Quant à moi, si je ne l’ai découvert qu’à 65 ans, c’est que je n’en avais pas lu une seule ligne auparavant…

Et, ce qui m’a vraiment impressionné, touché même, c’est d’abord l’assimilation de l’Esprit, (ce qu’il est convenu d’appeler Dieu), à la Nature… Ben, oui, notre  bonne  Nature, c’était Lui !
J’avais besoin de sentir cette immanence, et n’étais-je pas moi-même partie prenante en devenant un mode de la Substance suprême !
Un mode fini parmi d’autres, mais singulier…

Autre motif d’intérêt, la recherche de la Joie, objectif principal de la connaissance rationnelle du 2ième genre, qui venait contrecarrer heureusement le dolorisme cher à certaines religions…
Enfin, dans E5, le primat de la connaissance intuitive est ce que j’ai trouvé de plus émouvant chez un philosophe : Le dépassement de la découverte purement rationnelle, l’intuition, qui couronne la raison…

Une intuition ne peut être que personnelle alors qu’une raison se partage.
A chacun sa vérité, semble nous dire Spinoza !

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Messagepar hokousai » 04 oct. 2012, 23:24

à Larry

Le fil oblige à des considérations personnelles … mais bref.

Je ne pense pas que ( pour moi ) le dualisme religieux ait été un obstacle. Bien au contraire, c'est une certaine apparence de dualisme chez Spinoza qui pouvait être un obstacle.
Je n'étais pas platonicien et Spinoza me paraissait encore l'être trop. Et puis j' avais j'avais lu et fort apprécié un autre philosophe ( Nietzsche ) qui faisait barrage.

Je ne peux pas dire que j' ai eu une approche naïve. Je n'ai pas apprivoisé Spinoza intuitivement, certainement pas. Il m'a fallu un long travail de lecture et de relectures et la mise en relation/opposition avec la scolastique . A vrai dire avant de connaitre la scolastique médiévale ( qui ne m'a intéressé que tardivement) je ne voyais pas bien à quoi Spinoza s' opposait et je ne comprenais pas pourquoi il développait tels et tels arguments.
Etre imprégné de philosophie moderne ne désservait

Quant à l'intuition, certes. Mais alors de l'ordre de l 'illumination .
Cela me fait furieusement penser à l'intuition de l'éternel retour chez Nietzsche.
Mais c'est ce qui est le moins dicible.

Savoir si nous pouvons comprendre intégralement Spinoza ? Supposons que nous l'ayons compris intégralement, savoir si nous admettons tout ce qu' il dit du moins dans l Ethique .
Spinoza laisse-t-il une latitude à l 'adhésion? Peut être, mais repérer où demande encore un travail.
Quand Spinoza parle est -ce vraiment Dieu qui parle ?

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Messagepar LARRY » 10 oct. 2012, 18:27

"Quand Spinoza parle est -ce vraiment Dieu qui parle ?"

Pourquoi donc cette question, hokousai ? La fin de votre post me laisse tout à fait perplexe…

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Messagepar hokousai » 10 oct. 2012, 23:14

cher Larry

Je faisais référence à ce texte de Laurent Martinet http://martinetl.free.fr/spinoza/zourabichvili.htm

(entre autres passages)
""Ce qui nous aura perturbé à la lecture de l’Ethique, c’est l’écart entre ce que nous croyions lire et ce que nous lisions. Alors que nous croyions lire un livre, alors que nous croyions lire un philosophe, nous lisions Dieu. ...

La difficulté écrasante du spinozisme relevée par Zourabichvili, c’est que l’Ethique est le projet d’une prosopopée de Dieu (sive, de l’entendement infini, sive, de la Raison). Elle est d’autant plus écrasante que nous autres, lecteurs contemporains, sommes plus ou moins éloignés de toute conception divine."""( je cite )
..........................

Les distinctions de régime d 'expressions (de langage) relevées justement par Zourabichvili sont intéressantes mais ce n'est pas ce qui m'a frappé dans ce texte ( texte commentant Zourabichvili ).
Ce qui m' a frappé c'est qu'effectivement je retrouve dans ce commentaire un ressenti personnel très fort.
Un ressenti qui pour le coup échappe au lento gradu mecum.

Et ce que dit Laurent Martinet est très juste :""car le langage profond de l’Ethique n’est tout simplement pas un langage de communication. Il ne sera même pas suffisant d’en faire un langage de l’affirmation pure. C’est un langage d’exposition et d’oblitération, un langage aveuglant.""

Je veux dire que
1) on peut, lisant le livre, rester en dehors de l 'Ethique, en faire une lecture même très savante, mais rester en dehors ( J 'aurai à cet effet un texte sur les leçons d'Alquié à vous proposer ).

2) on peut (même avec des lectures moins savantes ) entrer dans l ''Ethique y entrer corps et âme , y entrer par le haut c'est à dire par l 'infini .

Alors se pose le problème des questions qui ne sont pas vue sous une espèce d éternité . Celles qui sont vues dans le temps et la durée . Est -ce encore Dieu qui parle alors ?


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