Le concept de Temps chez Spinoza

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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Bruno31415
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Le concept de Temps chez Spinoza

Messagepar Bruno31415 » 28 sept. 2012, 03:25

Bonjour,

Spinoza passe -dans les manuels que j'ai consultés- pour être un penseur Parménidien. Pour Spinoza, réalité et être coïncident et, d'après ce que je pense avoir compris, pour lui le "néant", ou tout ce qui se rapporte à un moindre être, est tout simplement un défaut d'être relatif, un peu comme, par exemple, lorsque nous observons des taches solaires, celles-ci ne sont pas dues à une absence de lumière à la surface du soleil mais à des différences de températures surfaciques qui, par contraste, nous font apparaître certaines zones comme relativement moins claires que celles qui les entourent.

Or, dans une philosophie où seul l'être existe, comment rendre compte du devenir ? Spinoza semble pourtant accepter le devenir dans sa philosophie : il écrit, si je ne me trompe, quelque chose comme ceci : à savoir que la substance se "déploie" par sa libre nécessité, acquérant ainsi de la puissance (ou réalité, ces deux termes étant synonymes pour lui).

Or, le verbe déployer implique la notion de temps. Et, d'un autre côté, au début de l'éthique, la substance nous est présentée comme éternelle (hors du temps).

Comment donc quelque chose d'éternel (hors du temps) peut se transformer dans le temps, en se "déployant" par exemple ?

Est-ce que le temps constitue un mode de la susbtance, une manière, pour elle, d'être affectée ?

Bref, est-ce que dans les écrits de Spinoza on trouve trace d'une définition du temps de sa part ?

Merci d'avance pour vos réponses.

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LARRY
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Messagepar LARRY » 30 sept. 2012, 10:14

Je ne suis encore qu’un béotien en philosophie, on l’aura remarqué, mais Je me hasarde à vous faire quelques remarques :

Si je ne me trompe, l’éternité n’et pas pour Spinoza hors du temps, comme vous dites.
Le temps, où ce que vous appelez le devenir, s’inscrit dans l’éternité.

"la substance se déploie par sa libre nécessité" mais ça ne veut pas dire qu’il y a un commencement et une fin à ce déploiement

Comme pour Parménide ( le non-être n’est pas), il n'y a pas de néant pour Spinoza... L'être est, Il n'y a que de l’être, et des variations de perception de notre part, comme dans l’exemple que vous donnez de la luminosité du soleil.

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sescho
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Messagepar sescho » 30 sept. 2012, 20:16

Pour Spinoza, l'éternité se conçoit sans faire référence au temps : c'est l'existence même de ce qui ne peut pas ne pas exister (autrement dit, la substance unique, conçue par soi, en soi, cause de soi ; ce qui implique par ailleurs, rien ne venant de rien, et le néant n'étant rien, que sa nature est immuable.) Toutefois, si l'on se place - de façon imparfaite pour parler de cela, donc - dans une perspective temporelle, alors ce qui est éternel est sempiternel, et réciproquement (le Mouvement étant donné.)

Comme dit Arnaud Desjardins : ce qui ne change pas... c'est le changement. Le Mouvement, mode infini découlant immédiatement / absolument de l'attribut / la substance en reçoit éternité et immutabilité. Le changement est dans la Nature, mais la Nature ne change pas. La Matière et les Lois du Mouvement sont éternelles, et en même temps se manifestent dans le mouvement (évidemment), la vie, que nous qualifions éventuellement de "devenir ;" tout ce qui nous semble "changer."

Le temps est donc une "facette" du Mouvement, lequel n'y est pour autant pas soumis (puisqu'il s'agit en fait d'une "manifestation" - au travers de perceptions, relatives - de sa nature.)

Spinoza utilise le terme de "temps" de façon particulière : il admet sans discussion particulière la perception de la durée, mais considère la métrique de la durée (comme celle de l'espace) - ce qu'il appelle précisément "Temps" - comme un mode d'imaginer, issu d'une comparaison de mouvements entre eux.

Spinoza aborde le sujet en particulier dans E2P44S, à la marge dans E5P23, 29, et le plus précisément dans la lettre 12 à Meyer.
Connais-toi toi-même.


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