Messagepar zzzz » 19 janv. 2013, 20:32
à Shub-Niggurath
Vous écrivez :
"Mais précisément, vous partez du postulat que l'existence ne peut être que simple, ce qui est tout à fait arbitraire, ..."
Non justement, je le prouve. Revoici :
Une pure existence ne peut être composée. En effet, si elle avait plusieurs parties, toutes ces parties auraient en commun une chose au moins : l'existence. Mais il faudrait aussi qu'en chacune de ces parties il y ait quelque chose d'autre que l'existence, qui la distingue des autres parties. Ainsi, une pure existence serait composée d'existence plus d'autre chose, ce qui est absurde. Une existence ne peut donc être qu'absolument simple.
à NaOh
Dans votre première remarque vous me dites que ma preuve est défaillante car une existence est de toute façon simple. C'est à dire que l'existence d'une pierre est aussi simple que celle de Dieu. Mais ce qui fait tout l'intérêt de ma preuve, c'est que je prouve, non seulement qu'une existence est simple, mais aussi que Dieu est pure existence. Il ne peut donc être que simple. Les autres êtres ne sont pas des existences. Ils "ont" seulement l'existence. La preuve c'est qu'ils sont composés. Ainsi, il y a l'Existence (=Dieu), et les autres êtres qui sont des essences n'enveloppant pas l'existence, et qui existent uniquement parce qu'ils sont d'une certaine manière unis à l'Existence unique. La preuve qu'il ne peut y avoir qu'une seule Existence se tire de sa simplicité. En effet, s'il y avait plusieurs existences (plusieurs dieux), chacune devrait être composée d'au moins deux éléments : un qui fasse qu'elle est existence, et l'autre qui la distingue des autres existences. Ce qui est impossible, puisqu'une existence est simple. Il n'y a donc qu'un Dieu unique, qui ne peut être composé.
Dans la seconde remarque vous écrivez:
"Vous me direz sans doute qu'il présuppose que l'étendue est une substance. Ce à quoi je vous répondrai: qu'est-elle donc d'autre selon vous? Un mode? ce n'est pas satisfaisant car un mode présuppose une substance dont il est le mode. Une créature? oui mais à condition de considérer cette créature comme une substance finie. Or c'est là tout le point du débat."
Spinoza en effet s'attache à démontrer que l'étendue est infinie, et non que c'est un attribut de la substance. Le problème c'est qu'il démontre qu'elle est infinie en partant du présupposé que c'est un attribut.
vous me direz peut-être :
"Que l'étendue soit une substance (ou un conglomérat de substances) est une chose qui depuis Descartes au moins va de soi,..."
Mais non, car Descartes n'entendez ni le mot substance, ni le mot étendue comme Spinoza. Spinoza est le premier à dire que l'étendue est un attribut de "ce qui est par soi et se conçoit par soi", mais ne le prouve pas.
Cependant, si Spinoza entendait l'étendue attribut, comme le dit Vanleers, comme " Dieu en tant que l’entendement le conçoit comme produisant les choses matérielles", alors je suis d'accord. Mais il est inutile de séparer Dieu en "l'attribut qui produit la matière (ou étendue)" et "l'attribut qui produit la pensée", car Dieu étant simple, c'est le même être qui produit les deux, la matière et la pensée humaine.
à Vanleers
"entre la substance et ses attributs il n’y a qu’une distinction de raison"
D'accord
"entre les attributs il y a des distinctions réelles puisque nous pouvons concevoir clairement et distinctement chacun d’eux sans penser à aucun autre"
Puisque Dieu est absolument simple, si nous concevons chacun des attributs sans penser à aucun autre, c'est que nous les concevons mal. Car Dieu étant simple, tous ses attributs ne peuvent être qu'un seul et même être, et si nous en distinguons plusieurs, ils ne peuvent être distincts que dans notre pensée.
"l’Étendue, c’est Dieu en tant que l’entendement le conçoit comme produisant les choses matérielles."
D'accord, mais alors le mot étendue est très impropre car, à part dans le langage spinoziste, il signifie l'étendue des géomètres, qui est infiniment divisible (en effet, on peut toujours concevoir, d'une portion d'étendue donnée, une portion plus petite), ce qui ne convient pas à Dieu, qui est simple.