Pluralité des substances?

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
Règles du forum
Cette partie du forum traite d''ontologie c'est-à-dire des questions fondamentales sur la nature de l'être ou tout ce qui existe. Si votre question ou remarque porte sur un autre sujet merci de poster dans le bon forum. Merci aussi de traiter une question à la fois et d'éviter les digressions.
Avatar du membre
Morsay
passe par là...
passe par là...
Messages : 2
Enregistré le : 02 févr. 2013, 00:00

Pluralité des substances?

Messagepar Morsay » 02 févr. 2013, 19:07

Bonjour,

je débute dans la lecture de Spinoza et donc il est possible que beaucoup de mes questions vous semblent triviales mais il y a énormément de choses que je n'arrive pas à comprendre.

D'abord, j'ai du mal à comprendre si on doit parler d'une ou de plusieurs substances. Dans les premières propositions de l'éthique, Spinoza laisse entendre qu'il y a plusieurs substances. Pourtant la substance possède l'infinité des attributs qui expriment son essence, et un attribut ne peux pas être attribut de deux substances différentes. A partir de là, je ne comprend pas comment il peut y avoir plusieurs substances!
Et c'est quoi le rapport entre Dieu et la substance? J'ai cru comprendre que c'était la même chose mais alors l je comprend encore moins qu'il puisse y avoir plusieurs substances...
Merci d'éclairer ma lanterne! :D

Avatar du membre
Henrique
participe à l'administration du forum.
participe à l'administration du forum.
Messages : 1184
Enregistré le : 06 juin 2002, 00:00
Localisation : France
Contact :

Messagepar Henrique » 03 févr. 2013, 00:32

Bonjour !
Il y a de l'intelligence dans votre incompréhension !
En effet, il n'y a qu'une seule substance et c'est Dieu.
Ce n'est qu'à la prop. 14 que Spinoza va clairement l'affirmer. Auparavant, il envisage l'hypothèse d'une pluralité de substance comme une concession à la tradition aristotélicienne et scolastique qui admet une telle pluralité.

Pour Aristote (en gros) une substance est ce qui n'est pas en autre chose, contrairement par exemple à la blancheur qui est dans le lait ou le mouton (jeune) et n'a aucune existence réelle en dehors de ces êtres. La blancheur serait un attribut du mouton tandis que la saleté sur sa laine est un accident. Mais l'attribut comme l'accident sont en autre chose. Pour Aristote, un mouton individuel est une substance, il n'est pas lui-même accident ou attribut d'autre chose. C'est pourquoi on ne s'étonnera pas que Spinoza envisage la possibilité qu'il existe une pluralité de substance.

Mais comme vous l'avez bien vu, la prop. 5 qui dit qu'il ne peut y avoir de substance ayant même attribut (comme on pouvait penser que la blancheur appartient à Jacques, le mouton aussi bien qu'à ce verre de lait), amorce le fait qu'il n'y aura qu'une seule substance dans la nature, c'est-à-dire Dieu ou encore la nature naturante, elle-même inséparable de la nature naturée (l'infinité des modes).

Quant au terme de substance pour désigner Dieu, il est employé en toute logique dès la sixième définition de l'Ethique : la substance étant ce qui est en soi et se conçoit par soi, par opposition aux modes, qui sont conçus à partir de la substance, il est évident que l'étant absolument infini ne peut être mode mais doit être substance. Les attributs ne sont rien d'autre que la substance elle-même conçue dans ce qu'elle a d'essentiel par un entendement.

En espérant avoir éclairé votre lanterne...

Avatar du membre
Morsay
passe par là...
passe par là...
Messages : 2
Enregistré le : 02 févr. 2013, 00:00

Messagepar Morsay » 04 févr. 2013, 10:53

Merci beaucoup, ça va grandement m'aider dans la compréhension des textes de Spinoza!


Retourner vers « L'ontologie spinoziste »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 13 invités