L'absorption annihilante.

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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L'absorption annihilante.

Messagepar Avinash » 10 janv. 2014, 19:29

Bonjour Henrique,
Je viens de lire ta réponse à Aurobindo:
´J'ai la première fois fait cette expérience peu après avoir lu l'article de Misrahi sur Immanence et Transcendance dans l'encyclopaedia universalis, quand j'avais 19 ans, c'était à la bibliothèque municipale de Limoges . Tout d'un coup sentir l'illimité, être illimité. Mais pas pour autant de perte de l'individualité, pas d'absorption annihilante dans le grand Tout : saisie que tout est un, ce qui n'exclut pas le moi mais l'englobe, l'enveloppe en tant qu'expression éternelle. La joie venant de la conscience de ne plus y être réduit. La vague n'est pas séparée de l'océan, elle n'est rien en elle-même, mais elle n'est pas rien pour autant : elle est façon d'être de l'océan.´

Je lis J. Krisnamurti depuis 40 ans et je suis allé l'écouter quand il venait à Saanen. Familier de ses échanges avec le physicien David Bhom, j'ai perçu qu'ils partageaient tout les deux le même niveau de rationalité .
Krisnamurti évoquait un état d'attention sans motif , de conscience lucide sans choix. J'aimerai bien savoir comment tu perçois les textes ou encore mieux les vidéos de K car ce que tu dis plus haut par rapport à ton vécu est tout à fait pertinent pour moi.
Je ne veux pas écrire un pavé car je crois en avoir compris l'inutilité .
Merci .

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Re: L'absorption annihilante.

Messagepar Henrique » 20 janv. 2014, 01:36

Je me suis toujours senti proche de ce que pouvait écrire Krishnamurti, mais cela fait quelques années que je ne l'ai pas fréquenté cependant. Il y a tout un courant d'auteurs, d'inspiration hindouiste et plus souvent encore bouddhistes, qui font de l'ego voire du corps une pure illusion qu'il faudrait détruire pour accéder à la libération. Il me semble que Krishnamurti est avec Spinoza de ceux qui savent être beaucoup plus nuancés : l'égo n'est certes qu'une image, mais ce n'est pas rien et il a son intérêt, même s'il faut être capable de le remettre à sa place en élargissant sa conscience à tout ce qui est au delà des limites de cette image. Car ce que je peux sentir très clairement, c'est qu'au delà de l'image de mon corps qui est étendue, il y a encore de l'étendue. La conscience sans attente ni jugement de cette étendue, telle qu'elle s'exprime et vibre à travers chaque corps, est intuition de la plénitude de l'être.

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Re: L'absorption annihilante.

Messagepar Avinash » 20 janv. 2014, 21:35

"La conscience sans attente ni jugement" . Cela me semble juste car qui juge, sinon l'observateur ? Mais cet observateur n'a pas de réalité, pas de substance. Peut- être peut-on dire dans un langage spinoziste que l'observateur n'est pas cause de soi ?
L'observateur est l'observé.Il n'est pas différent des phénomènes qu'il observe. Logiquement, si je vous ai bien compris, la conscience sans attente et jugement de l'étendue que vous évoquez est apte à comprendre par la raison et également par l'intuition. En fait il y a plus de disponibilité à être dans un regard objectif car moins d'énergie dilapidée dans des jugements et des projections.

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Re: L'absorption annihilante.

Messagepar Henrique » 23 janv. 2014, 11:13

J'aurais tendance à dire que la conscience sans attente ni jugement est la pensée qui voit la vue que représente le mental comme idée du corps. Et ce qui pense la pensée des idées est la substance même. C'est comme ce qui meut le mouvement des corps ou encore ce qui affirme l'affirmation que représente chaque étant.

Cette pensée est intuitive. La raison quant à elle reste un mode de pensée médiat attaché à l'idée de mon corps et des autres. Mais il n'y a pas de pensée discursive sans fond intuitif : pour comprendre un enchaînement d'idées il faut avoir l'intuition de l'unité que forme cet enchaînement : ainsi, à mon sens, en partant de Dieu, le troisième genre de connaissance est le premier, et le premier genre, l'imagination, est le dernier, simple conséquence des limites du second, la raison. Mais en partant de ce qui est le plus facile à saisir pour l'homme, l'ordre est inversé.

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Re: L'absorption annihilante.

Messagepar Avinash » 28 janv. 2014, 21:02

Bonjour,
Je viens de lire cette réflexion de Vanleers qui a un fort écho en moi:
"Je tiens que la connaissance du 3ième genre est la connaissance intuitive de l’insertion du fini dans l’infini, qu’elle est très simple et immédiate.
Elle tient plus du chant d’allégresse que d’une connaissance logico ou physico-mathématique.
Cette allégresse, ou plutôt cette béatitude, est vécue sans faire appel à la connaissance du 2ième genre, c’est-à-dire la connaissance rationnelle, par les causes, du réel. Une connaissance, de toutes façons, très limitée car s’il y a une chose que les sciences nous ont apprise, c’est notre ignorance : un océan qui croît au fur et à mesure que s’étend l’île de nos connaissances."
Je l'ai relue plusieurs fois tant cette formulation me semble pertinente.


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