panthéisme et panenthéisme

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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hokousai
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Messagepar hokousai » 03 avr. 2005, 15:59

à Henrique

Vous dîtes qu’il est évident que nous pouvons sortir de notre point de vue mais duquel ? Du point de vue de la connaissance spontanée relativement à une connaissance plus élaborée ,mieux construite ,précisée qui sera un point de vue plus élaborée mais un point de vue toujours ,.et finalement qu’importe qu’il soit humain ou plus qu humain ou surhumain ce sera toujours un point de vue .
Je n’ai pas utilisé l’argument sceptique qui dit que nous ne connaissons pas le réel lui-même mais …peut-être plutôt un argument du genre nous connaissons un réel mais pourrions en connaître un autre qui ne serait pas le réel lui même mais un autre .Ce n’est pas moi mais vous ,vous qui faites référence à un être réel existant hors de notre pensée .

Hobbes n’argumente pas : il prétend avoir des doutes sur la clarté du concept de substance . Mais puisqu il suffit de comprendre ce que veux dire infini et que la signification tombe sous le simple bon sens , exit de toute la métaphysique . Et remettons aux mains des psychiatres ceux qui ne se rendent pas .
Allusions que je ne me serais jamais permis de faire , mais vous êtes jeune et confondez encore le débat courtois et le combat des cervidés .Sachez que je mesure la pertinence de mes textes au niveau d’énervement induit .
Bref ..

Continuons .

En quoi varierais -je ? Je ne varie pas sur le fond ,vous me reconnaissez vous même une constance ..mais dans l'insaisissable .
Je donnais une définition classique du concept de substance , n’ayant jamais affirmé que cette idée était vide de sens , le sens commun de substance restant toujours disponible .Aucun des mots de la langue française connus de moi n’est privé de sens . Sil en est j’en cherche le sens , on me l’explique ou bien un dictionnaire me l’explique, ou bien le contexte me l’explique .Mais iI n’est pas dit que tout mot employé dans un texte philosophique soit compréhensible d’emblée et certains restent incompréhensibles aux lecteurs ( voire à l’auteur lui- même ).

Qu’en est- il du concept de néant par exemple , supposé ne pouvoir être pensée .Voilà donc un mot dans la langue qui est proprement extraordinaire puis qu’il ne peut être pensé .
Votre affirmation est catégorique, il ne peut être pensé . Moi je vous dis qu’il le peut ,confusément , mais qu’il en est de même de tous les concepts de la métaphysique ,de tout ceux de la physique ,de tout ceux de la philosophie naturelle et finalement tout ceux du langage ordinaire . Et cela par nature. Il n’y a pas d’étalon de mesure de l’idée claire .
Quand il fait clair que le jour s’est levé il peut faire plus ou moins clair, mais pas clair absolument, après tout pendant la nuit il y avait une certaine clarté .

Je ne me reconnais pas dans le scepticisme et m y reconnaîtrais- je cela ne justifierai pas le silence . On peut intimer le silence au supposé sceptique ,cela au nom de la logique et les thomistes sont des maîtres dans ce genre de sophistique , il reste que le sceptique supposé continue de parler .Non qu'il s'acharne mais plutôt quil soit toujours vivant . Le préférerait -on mort ?
Alors on se fâche tout rouge en hurlant qu on ne discutera plus jamais avec de telles contradictions vivantes et puis on y revient quand même .
Pour divers motifs qui ne tiennent pas de la logique .

J’avouerais donc sans cesse mon incompétence ,ou mon incapacité à raisonner , citez moi donc avec précision .Le ferai –je, cela serait de la plus élémentaire humilité face à certaines questions difficiles .



Hokousai

PS « vous dîtes : l'idée de substance n'est pas relative à celle de l'être, elle en est l'expression immanente. La substance, c'est seulement l'idée d'étantité plus précisément déterminée. » » » » » »

Ce que je comprends me semble t –il .

Mais l’idée de néant est elle aussi l’ expression immanente de la non étantité .Je veux bien que vous affirmiez l’ affirmation, mais une affirmation apparaît- elle mieux quand elle est affirmée que quand elle est niée .
Non, réaffirmer une infinité de fois ce qui est affirmé n’ ajoute rien en affirmation . En revanche la négation fait apparaître par contraste ( par contradiction ) l’affirmation ( Hegel que vous n'aimez guère en a usé et abusé ).
Et il en va de l’essence de l’affirmation qu ‘elle n’ a de signification que par la négation .Que la négaton soit une affirmation certes , mais en renversant les rôle l’ affirmation nie implicitement ce qui n’est pas elle.

Je vous accorde tous les droit d’ être dans une théologie affirmative ou kataphatique , je suis dans une théologie négative ou apophatique . Bref ce n’est pas une question d’ incompétence . Ce serait plutôt refuser de reconnaître ces deux manières de penser qui en relèverait .

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Lemarinel
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Un mode n'est pas Dieu !

Messagepar Lemarinel » 17 févr. 2012, 22:22

Je me félicite d'avoir lancé un sujet qui intéresse sur ce forum : celui de savoir si le spinozisme est oui ou non un panthéisme. Historiquement, comme quelqu'un le rappelle plus bas, le néologisme panenthéisme fut inventé en effet par Krause et repris ensuite dans le commentaire du De Deo de Guéroult. Contrairement à Henrique qui opte pour la thèse du panthéisme, je pense que le spinozisme n'est pas autre chose qu'un panenthéisme. L'argumentation de Henrique ne me satisfait pas, et je crois même y relever un contre-sens quant il écrit : "le mode n'est pas dieu donc il est dieu".

Pour Henrique, il y aurait bien un panthéisme spinoziste car identité ontologique entre les deux natures et seulement différence gnoséologique. Concernant celle-ci, je ne peux laisser dire que le mode ne pouvant se concevoir sans Dieu, le mode est Dieu. Il y a différence de nature, et point seulement de degré entre la substance et ses affections. La substance se conçoit par soi seule, et non par ses modes : j'en veux pour preuve la déf.3 de la substance Eth.I. Quant au mode, il n'est ni n'est concevable sans la substance dont il dépend : cf. la déf.5 du mode. Alors que Dieu est en soi et se conçoit par soi, les modes ne peuvent être, persévérer dans l'être, ni se concevoir sans Dieu. Pour défendre la thèse du panthéisme, Henrique s'appuie sur la démonstration de la prop.16 Eth.I qui dit que la propriété d'une chose ne peut se concevoir sans la définition de la chose, ceci afin de prouver que Dieu produit une infinité de modes. Si cette prop. établit qu'un mode n'est ni n'est conçu sans la substance, elle ne dit pas que de ce fait le mode est la substance même ! Prenons l'exemple du triangle que ns pouvons définir comme la figure géométrique ayant 3 côtés, et dont une propriété parmi d'autres est d'avoir 3 angles. Il est clair que cette propriété ne peut être conçue ni démontrée sans le recours à la définition. Par contre, la définition du triangle se suffit à elle-même et n'a pas besoin de la propriété concernant les angles pour être conçue ou comprise. Si Dieu est en soi et se conçoit par soi, ses modes ne peuvent être ni être conçus sans Dieu : il y a donc différence de nature qui interdit d'identifier gnoséologiquement Dieu et ses modes.

Bien sûr, Henrique semble échapper à la difficulté en disant qu'il y a identité ontologique entre Dieu et ses modes malgré une différence gnoséologique. Je ne crois pas qu'on puisse dire cela, car la propriété n'est pas la figure, ni la figure ses propriétés. La figure l'est par définition (per se), alors que la propriété est conçue per alio. Il ne peut pas y avoir d'identité ontologique là où il y a différence de nature, or il y a différence de nature. Je suis de ceux qui pensent qu'il y a antériorité logique, gnoséologique et ontologique de la substance par rapport aux modes. Conclusion : la célèbre formule spinoziste "Deus sive Natura"(de Eth.IV,4 et préface) est un raccourci sémantique qui concerne la Nature naturante, pas la Nature naturée. Voici donc pourquoi le spinozisme est un panenthéisme plutôt qu'un panthéisme. J'entreprends bientôt la lecture des Lettres de Spinoza où il a dû s'expliquer sur cette question à l'un de ses interlocuteurs. Je reviendrai après cette lecture pour dire si les explications de Spinoza confirment ou infirment ma thèse d'une différence ontologique Dieu / modes. En attendant je remercie Henrique Diaz pour son site excellent, documenté et ineractif qui me stimule dans mes lectures spinozistes. Un regret, au passage: vous ne reproduisez pas les définitions, axiomes et postulats, ce qui est illogique car les propositions ne peuvent être comprises ou démontrées sans les définitions, axiomes ou postulats auxquels elles se réfèrent souvent.


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