j'ai l'impression que ce que tu désignes comme "réalité" est ce que Spinoza considère comme l'imagination.
En fait, il y a quelque chose qui ne me semble pas clair dans la prop XVII partie 2 et ses suites. Si j'en crois le lexique de deleuze avec lequel j'essaie de traduire spinoza en français, effectivement, toute idée produite par l'affection d'un corps extérieur est imagination.
Pourtant, en poursuivant la propositon dans son corrolaire et sa scolie, il me semble que spinoza fait une gradation entre ces affections immédiates (qui relèvent sans doute de la connaissance du premier genre, donc de la raison, et par là son inadéquates) et le prolongement de ces idées sur des corps extérieurs qui n'existent pas et ne sont pas présent (corrolaire). Et il poursuit dans la scolie, employant là clairement le mot d'imagination : "Si en effet l'Ame, durant qu'elle imagine comme lui étant présente des choses n'existant pas, savait en même temps que ces choses n'existent pas en réalité etc..." et aussi "Nous appellerons images des choses les affection du corps humain dont les idées nous représentent les choses extérieures comme nous étant présentes, même si elles ne reproduisent pas les figures des choses."
Au contaire, même si je retiens l'interprétation de bardamu : "Les idées qui naissent des affections du corps constituent l'imagination, le plus bas niveau de la connaissance" le fait qu'à travers elles ont ait conscience que quelque chose existe en fait la condition de possibilité de la connaissance du second genre (on replace l'impression sensible dans la chaine de causalité).
Donc il me semble que dans la connaissance du premier comme du second genre, on reste tributaire d'une existence des choses, qui doit s'entendre par rapport à nous, en temps que nous sommes le produit d'une suite de causalités parallèles aux leurs.
Ce qui ne serait pas le cas de l'intellect de Dieu, conçu en définitive comme une imagination sans entraves (à la manière de la fin de la scolie de la prop 17) dans laquelle toutes les idées seraient vraies. Il n'en reste pas moins que cette imagination sans entrave n'a de sens que du point de vue du fait que Dieu est un être infini, donc dépourvu d'existence.