maymay a écrit :Une essence est toujours essence de quelque chose, d'un aliquid; or cela existe. D'autre part, une existence peut je pense, se concevoir aisément sans essence, par exemple un néant de détermination. Ainsi, quelque chose, mais abstraction faite de la détermination.
Hum ! Personnellement je suis volontiers Spinoza : un néant n’est rien, « quelque chose » est une notion générale et pas un être réel, l’Être est Dieu, Dieu a une essence. Je ne conçoit rien de tel aisément, c’est peu dire…
Cela va avec les définitions de Spinoza affirmant forcément une essence réelle : toute définition acceptable (exemple : cheval ayant des ailes) n’est pas du tout pour autant supposée traduire une essence (étant entendu par-là : la nature d’un être réel.)
Sinon, oui, une essence est intimement liée à une chose (E2D2 et E2P10S ne disent rien d'autre, sinon pour E2P10S que l'essence de Dieu n'appartient pas à l'essence des modes ; la définition de l’essence indique que la chose et la nature de cette chose se correspondent...) Mais il n’y a ici
aucune référence à l’existence.
Spinoza a écrit : E2P10S : … si l’on écoute la plupart des philosophes, ce qui appartient à l’essence d’une chose, c’est ce sans quoi elle ne peut exister ni être conçue ; ils pensent donc de deux choses l’une, ou bien que la nature de Dieu appartient à l’essence des choses créées, au bien que les choses créées peuvent exister ou être conçues sans Dieu ; mais ce qui est plus certain, c’est qu’ils ne sont pas suffisamment d’accord avec eux-mêmes…
Mais je n’insiste pas, mon dessein n’ayant été ici que d’expliquer pourquoi je n’ai pas dit que l’essence d’une chose, c’est ce sans quoi elle ne peut exister ni être conçue. [Parce que] Les choses particulières, en effet, ne peuvent exister ni être conçues sans Dieu ; et cependant Dieu n’appartient point à leur essence. En conséquence, j’ai dit : ce qui constitue l’essence d’une chose, c’est ce dont l’existence emporte celle de la chose, et la destruction sa destruction, en d’autres termes, ce qui est tel que la chose ne peut exister sans lui, ni lui sans la chose.
En général, la chose peut ne pas exister (et n’existe généralement pas en acte.) Autrement dit, sans même une référence au temps : elle se conçoit très bien comme n’existant pas. Autrement dit encore :
l’existence n’appartient pas à son essence. Donc son essence se conçoit parfaitement sans l’existence (quand bien même il est admis que la chose viendra forcément à l’existence à un instant ou un autre.) Seule une substance ne peut être conçue comme n’existant pas. Ainsi le seul être qui peut être considéré comme « possédant » l’existence est Dieu. L’existence en acte d’un mode est juste une manière d’être de Dieu (qui, lui n’est pas soumis au temps.) En revanche, exister en tant que rien n’a pas de sens.
Mais, je suis intéressé alors de savoir ce qui vous fait dire que « le prédicat existentiel est un prédicat du second ordre. »
maymay a écrit :Cela, si je ne me trompe pas, revient en quelque sorte au principe d'identité. Ainsi "p est p" par exemple. Cela parait évident et clair; quelque chose est défini par soi même, quelque chose est quelque chose... Mais méfiez vous tout de même. Aussi évident que cela puisse paraître, c'est dans un certain sens trop dire. Que signifie ce "p est p"? Et en vertu de quoi pourrions nous l'affirmer?
Je ne vois pas trop de quoi il s’agit… L’identité « p est p » est très générale et toujours valable en Logique ; ce n’est pas pour autant qu’elle définit une substance… Elle ne définit rien, d’ailleurs.
La définition (et il ne peut y en avoir d’autre) d’une substance dit indirectement qu’elle est cause première, qui n’a donc elle-même pas de cause, et est donc « cause de soi. » Corrélativement, elle ne se définit par rien d’autre qu’elle-même, puisque sans antériorité ontologique. Son concept s’impose de lui-même sans référence à rien (c’est pourquoi sa connaissance doit forcément être immédiate, puisqu’elle ne dépend de rien d’autre.) Elle n’est contenue dans rien.
Puisque vous parlez de Dieu : pouvez-vous donner une définition de Dieu ? Dans quel univers Dieu existe-t-il ? Qui / quoi a créé Dieu ?
maymay a écrit :… dans toutes les religions monothéistes; il y a un Dieu unique qui est autre que ce qu'il a créé, il y a transcendance, des arrières mondes, etc.
C’est aussi le cas chez Spinoza, et d’autres grandes traditions : bien que tout soit en Dieu, Dieu transcende les modes. La transcendance est dans l’immanence même. Rien ne peut être conçu sans Dieu ni être extérieur à Dieu, mais pour autant il n’est pas Dieu. L’essence de Dieu ne fait pas partie de l’essence des modes, alors même que l’essence des modes fait partie de celle de Dieu.
Mais la « création » n’est pas hors Dieu mais en Dieu.
Panthéisme :
« Le Fini dépendant de l'Infini, en d'autres termes, les phénomènes dépendant de l'Être, les Substances contingentes de la Substance absolue; le Monde et la Nature dépendant de Dieu, comme l'effet dépend de sa cause, en vertu de la toute puissance qui les a créés, et qui les conserve, on s'explique parfaitement que le Fini coexiste avec l'Infini, et en reste distinct sans le limiter en quoi que ce soit. »
Début du Prologue de l’Évangile de Jean (en suivant Paul Diel,
Le symbolisme dans l’évangile de Jean, dans le redressement logique d’interpolations ajoutées
a posteriori par déplacement de versets) :
Note : je prend pour signification de « Verbe » les lois de Dieu / Nature, en particulier les lois de la béatitude (qui est véritable connaissance de Dieu.)
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement en Dieu.
Tout par lui a été fait, et sans lui n’a été fait rien de ce qui existe.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes,
Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.
Il (le Verbe) était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l’a pas connu.
Il vint chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.
Mais quant à tous ceux qui l’ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom,
Qui non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu sont nés.
Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, (et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle qu’un fils unique tient de son Père) tout plein de grâce et de vérité.
et c’est de sa plénitude, que nous avons tous reçu, et grâce sur grâce ;
parce que la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.
Dieu, personne ne le vit jamais : le Fils unique, qui est dans le sein du Père c’est lui qui l’a fait connaître.
http://livres-mystiques.com/partieTEXTE ... istia.html :
« Cependant, selon l'enseignement chrétien, Dieu est partout, Il est donc aussi bien dans chacune des parties et dans chacun des êtres de notre univers. »
http://smokerlezard.perso.infonie.fr/rt ... ristia.rtf :
« Si, enfin, le panthéisme affirme que Dieu est en tout, qu'il pénètre, comme une force mystérieuse, chaque goutte, chaque atome du système de l'univers, le christianisme est d'accord avec cela aussi, bien qu'il ne réduise pas l'action de Dieu à cette omniprésence panthéiste. »
Connais-toi toi-même.