Bonsoir à tous,
Miam a écrit : C'est une première chose. Une deuxième est le constat de l'effet désastreux de l'usage des OGM en Amérique du sud. Et je ne parle même pas là des effets sur les plantations voisines, mais sur les planteurs d'OGM eux-mêmes dans la mesure ou ça ne marche pas, ou du moins pas partout. Il leur faut toujours user de pesticides alors qu'en principe ils auraient pu s'en passer. Ils achètent donc plus cher des OGM en espérant pouvoir éviter d'acheter des pesticides. Mais cela ne marche pas (du moins là). Résultat ils doivent acheter les deux et s'appauvrissent encore plus qu'auparavant. Encore une fois il s'agit là d'une expérimentation (par procuration) au détriment d'autres.
En général, il me semble que Miam et Bardamu défendent une position beaucoup plus 'spinoziste' qu'Aurélien. Position que je partage d'ailleurs. Seulement en ce qui concerne les pesticides, j'étais dans l'idée que le but de ces OGMs n'étaient pas du tout d'éviter les pesticides. Au contraire même, pour autant que je sache ce sont souvent les mêmes sociétés qui vendent les OGMs et les pesticides spécifiques qui vont avec. Et comme l'ensemble est d'office (vu les éxpériences coûteuses etc) plus cher que de simplement semer de façon traditionnelle (à Aurélien: façon qui implique déjà des croisements induits uniquement par l'homme, seulement à une échelle plus petite/lente que ceux créés par les OGMs, raison pour laquelle je ne vois pas de différence essentielle (de nature) entre les pratiques anciennes et les OGMs mais seulement une différence quantitative), l'avantage dont se vantent les sociétés qui vendent ces combinaisons semences-pesticides serait d'avoir des plantes beaucoup plus résistants que celles qui résultent d'un procédé traditionnel (et qui peuvent être la proie d'une panoplie de problèmes différents, contrairement aux plantes OGMs qui seraient seulement vulnérables par rapport à ces 'ennemis' que les pesticides en question peuvent éliminer de façon efficace). Ce qui aurait comme conséquence que le planteur paie plus à la base (semences génétiquement modifiées + pesticides) mais est censé récupérer le surplus dépensé en pouvant vendre par après une plus grande quantité de plantes (ou leurs fruits). Je ne sais pas dans quelle mesure les choses se passent réellement comme ça, mais pour autant que j'ai compris, le problème résiderait essentiellement dans le fait que les clients de ces sociétés OGMs-pesticides seraient obligés (par ces sociétés, par le FMI et la BM?) d'acheter chaque année leurs semences auprès de ces sociétés, tandis que normalement, on réutilise une partie des plantes de l'année passée et on combine cela avec des semences achetés sur le marché local etc. Ce serait cette deuxième étape qui ferait que les marchés locaux du coup ne peuvent plus que s'effondre, avec des conséquences assez désastreuses pour l'économie locale. Mais bon, tout cela n'est que de la connaissance par ouï-dire donc de premier genre ... .
En tout cas, dans le cas où cette info serait correcte: c'est pour ça que justement, comme le dit Bardamu (et l'affirme Miam), la question des OGMs est actuellement avant tout une question politique. Est-ce que nous voulons imposer ces méthodes plus chères aux pays pauvres? Si oui pourquoi? Qui va en profiter le plus? Cela, c'est une question qui ne se pose qu'entre humains. Le reste de la nature (le non humain) n'a rien à voir avec cela.
A part cela, il y a une deuxième question, qui elle aussi est politique: sachant qu'il y ait plein d'incertitudes quant à la nocivité éventuelle des OGMs sur le long terme, faut-il tout de même déjà les lancer à grande échelle? Nocivité pour la survie de l'espèce humaine, je veux dire. Là-dessus, aucun scientifique peut actuellement nous donner une réponse définitive. Il n'y a pas de consensus parmi les scientifiques. Et donc pas de réponse scientifique à la question. La décision doit donc être prise au niveau politique, c'est-à-dire au niveau de la société dans son ensemble.
Ce n'est qu'en troisième lieu que se pose la question qui concerne notre rapport à la nature non-humaine. Pouvons nous détruire ce que bon nous semble? Ou faut-il protéger la diversité en tant que telle? Est-elle une valeur en soi? Pour Spinoza c'est clair: pas de valeur sans instance valorisante. Pas de valeurs en soi donc. Qu'il dit cela n'est pas une question de morale: pour lui ce type de valeurs n'existe tout simplement pas. On ne le retrouve pas dans la nature.
Personnellement, je préfère garder le plus longtemps possible la plus grande diversité possible. Mais cela pour la simple raison que plus que nous détruisons des êtres naturels, plus que nous perdons une partie de la connaissance potentielle du monde. Or notre bonheur est précisément liée à cette connaissance, pour Spinoza. Et donc il vaut mieux essayer de préserver maximalement une diversité d'espèces naturelles. Mais cela est effectivement, comme le disent Miam et Bardamu, une question pragmatique, pas une question morale. C'est peut-être une question éthique, dans le sens où elle dépend de la conception du bonheur à laquelle on adhère. Sinon on sait qu'éthique et morale ne s'identifient pas.
Louisa