L'enterrement de l'idée de nature par les institutions

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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bardamu
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Messagepar bardamu » 27 sept. 2006, 15:42

Miam a écrit :(...) cela le principe de précaution je crois.

Salut,
pour moi, le "principe de précaution", est en fait une question de pragmatique et pas de principe. Il vaut mieux être prudent pour vivre vieux, mais quand on en appelle au "principe" de précaution, c'est parfois simplement pour faire appel à la peur. La crainte et l'espérance, les 2 modes favoris des religions pour gérer l'humain.
Miam a écrit :(...)
Enfin, je ne vois pas pourquoi tu réagis autant au terme "néo-libéral". C'est pourtant cela que tu défendais lors de la discussion sur la constitution européenne. Si tu as peur du mot, trouves-en un autre. La signification demeurera la même.

Je pense que tu sais ce qu'il en est des mots et des catégories (à la Aristote ?), et donc quand on me met dans une catégorie sans me demander ce que j'en pense, j'essaie au moins de savoir ce qu'on entend par là.
En attendant de développer ma culture politique, ce dont je me sens proche, et que tu appelles peut-être du néo-libéralisme :
En conséquence de son opposition au profit, au travail salarié, à l'exploitation des travailleurs, à la propriété de la terre et du capital ainsi qu'à la propriété publique, Proudhon rejette à la fois capitalisme et communisme. Il adopte le terme de mutualisme pour son genre d’anarchisme, qui implique le contrôle des moyens de production par les travailleurs. Dans sa vision, des artisans indépendants, des paysans, et des coopératives échangeraient leurs produits sur un marché. Pour Proudhon, les usines et autre larges lieux de travail seraient dirigés par des syndicats fonctionnant par démocratie directe. L'Etat serait aboli; à la place la société devrait être organisée par une fédération de « communes libres ». Proudhon se fait théoricien du fédéralisme.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Joseph_Proudhon

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Messagepar Miam » 27 sept. 2006, 17:08

Bon et bien : c'est que tu as évolué. Proudhon aurait voté pour la constitution européenne ?

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bardamu
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Messagepar bardamu » 27 sept. 2006, 19:43

Miam a écrit :Bon et bien : c'est que tu as évolué. Proudhon aurait voté pour la constitution européenne ?

Salut,
je suis allé voir ce que je disais, et apparemment, il y a une certaine constance dans mes propos, et j'ai été étonné de voir que je cite le même passage de l'Ethique que plus haut. Par contre, je n'avais pas mis le nom "Proudhon" sur mes "idées".
C'est intéressant les forums, on voit ce qui persévère dans son être.
Pour Proudhon, cf le lien plus haut sur son idée d'Europe.
Mais bon, stop au hors-sujet, faudrait faire une autre discussion, du genre : Politique spinozienne : social-démocratie, communisme, anarchie ?

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Messagepar Miam » 27 sept. 2006, 21:05

A mon avis user de ces termes seraient par trop anachroniques. Mais cela n'empêche pas les textes spinoziens de pouvoir nous donner quelques indications, quitte à ce qu'elles ne cadrent pas avec les étiquettes politiques modernes. Puisque le terrain est aujourd'hui miraculeusement pacifié en matière politique, ce serait en effet une bonne idée d'y revenir. Je pense que cela intéresserait aussi beaucoup Benbarka qui est plus immédiatement "philosophie politique" que moi car je suis plus attentif aux effets politiques de l'épistémologie spinozienne qu'à la philosophie politique de Spinoza proprement dite.

PS Bonne fête à tous les francophones de Belgique !

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Louisa
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Messagepar Louisa » 28 sept. 2006, 03:06

Bonsoir à tous,

Miam a écrit : C'est une première chose. Une deuxième est le constat de l'effet désastreux de l'usage des OGM en Amérique du sud. Et je ne parle même pas là des effets sur les plantations voisines, mais sur les planteurs d'OGM eux-mêmes dans la mesure ou ça ne marche pas, ou du moins pas partout. Il leur faut toujours user de pesticides alors qu'en principe ils auraient pu s'en passer. Ils achètent donc plus cher des OGM en espérant pouvoir éviter d'acheter des pesticides. Mais cela ne marche pas (du moins là). Résultat ils doivent acheter les deux et s'appauvrissent encore plus qu'auparavant. Encore une fois il s'agit là d'une expérimentation (par procuration) au détriment d'autres.


En général, il me semble que Miam et Bardamu défendent une position beaucoup plus 'spinoziste' qu'Aurélien. Position que je partage d'ailleurs. Seulement en ce qui concerne les pesticides, j'étais dans l'idée que le but de ces OGMs n'étaient pas du tout d'éviter les pesticides. Au contraire même, pour autant que je sache ce sont souvent les mêmes sociétés qui vendent les OGMs et les pesticides spécifiques qui vont avec. Et comme l'ensemble est d'office (vu les éxpériences coûteuses etc) plus cher que de simplement semer de façon traditionnelle (à Aurélien: façon qui implique déjà des croisements induits uniquement par l'homme, seulement à une échelle plus petite/lente que ceux créés par les OGMs, raison pour laquelle je ne vois pas de différence essentielle (de nature) entre les pratiques anciennes et les OGMs mais seulement une différence quantitative), l'avantage dont se vantent les sociétés qui vendent ces combinaisons semences-pesticides serait d'avoir des plantes beaucoup plus résistants que celles qui résultent d'un procédé traditionnel (et qui peuvent être la proie d'une panoplie de problèmes différents, contrairement aux plantes OGMs qui seraient seulement vulnérables par rapport à ces 'ennemis' que les pesticides en question peuvent éliminer de façon efficace). Ce qui aurait comme conséquence que le planteur paie plus à la base (semences génétiquement modifiées + pesticides) mais est censé récupérer le surplus dépensé en pouvant vendre par après une plus grande quantité de plantes (ou leurs fruits). Je ne sais pas dans quelle mesure les choses se passent réellement comme ça, mais pour autant que j'ai compris, le problème résiderait essentiellement dans le fait que les clients de ces sociétés OGMs-pesticides seraient obligés (par ces sociétés, par le FMI et la BM?) d'acheter chaque année leurs semences auprès de ces sociétés, tandis que normalement, on réutilise une partie des plantes de l'année passée et on combine cela avec des semences achetés sur le marché local etc. Ce serait cette deuxième étape qui ferait que les marchés locaux du coup ne peuvent plus que s'effondre, avec des conséquences assez désastreuses pour l'économie locale. Mais bon, tout cela n'est que de la connaissance par ouï-dire donc de premier genre ... .

En tout cas, dans le cas où cette info serait correcte: c'est pour ça que justement, comme le dit Bardamu (et l'affirme Miam), la question des OGMs est actuellement avant tout une question politique. Est-ce que nous voulons imposer ces méthodes plus chères aux pays pauvres? Si oui pourquoi? Qui va en profiter le plus? Cela, c'est une question qui ne se pose qu'entre humains. Le reste de la nature (le non humain) n'a rien à voir avec cela.

A part cela, il y a une deuxième question, qui elle aussi est politique: sachant qu'il y ait plein d'incertitudes quant à la nocivité éventuelle des OGMs sur le long terme, faut-il tout de même déjà les lancer à grande échelle? Nocivité pour la survie de l'espèce humaine, je veux dire. Là-dessus, aucun scientifique peut actuellement nous donner une réponse définitive. Il n'y a pas de consensus parmi les scientifiques. Et donc pas de réponse scientifique à la question. La décision doit donc être prise au niveau politique, c'est-à-dire au niveau de la société dans son ensemble.

Ce n'est qu'en troisième lieu que se pose la question qui concerne notre rapport à la nature non-humaine. Pouvons nous détruire ce que bon nous semble? Ou faut-il protéger la diversité en tant que telle? Est-elle une valeur en soi? Pour Spinoza c'est clair: pas de valeur sans instance valorisante. Pas de valeurs en soi donc. Qu'il dit cela n'est pas une question de morale: pour lui ce type de valeurs n'existe tout simplement pas. On ne le retrouve pas dans la nature.
Personnellement, je préfère garder le plus longtemps possible la plus grande diversité possible. Mais cela pour la simple raison que plus que nous détruisons des êtres naturels, plus que nous perdons une partie de la connaissance potentielle du monde. Or notre bonheur est précisément liée à cette connaissance, pour Spinoza. Et donc il vaut mieux essayer de préserver maximalement une diversité d'espèces naturelles. Mais cela est effectivement, comme le disent Miam et Bardamu, une question pragmatique, pas une question morale. C'est peut-être une question éthique, dans le sens où elle dépend de la conception du bonheur à laquelle on adhère. Sinon on sait qu'éthique et morale ne s'identifient pas.
Louisa

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Messagepar hokousai » 01 oct. 2006, 13:51

Aurélien ne considère pas les OGM comme partie de la nature .
C’est sa légitime considération jusqu à plus ample informé sur l’ ajustement .

cf lettre 32 à Oldenburg

En tant que les mouvements des particules des OGM et des non modifiés s’ ajustent les unes aux autres de telles sorte qu’il y ait entre ces particules accord et quelles forment un même milieu (la nature ) les OGM et les non-modifiés seront considérés comme des parties de la nature .

Mais en tant qu’ Aurélien concoit les particules des OGM comme ne s’ ajustant pas eu égard à la figure de leur mouvement aux particules des non modifiés il les considérera ( les OGM ) comme un tout (étranger à la nature ) et non comme partie (de la nature ).

hks


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