un exercice philosophique

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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Louisa
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Messagepar Louisa » 27 juin 2008, 21:48

Durtal a écrit :Je te dirais concernant la fin de ta réponse qu'elle pourrait passer pour une illustration typique de ce que Spinoza explique ici. Il te paraît aberrant de dire que les hommes puissent avoir une notion commune de Dieu ou de la substance parce que tu surdétermines ce que tu entends sous ce mot (et aussi sans aucun doute parce que tu penses que Dieu est une objet de représentation et que tu ne comprends que chez Spinoza, faire de la géométrie par exemple c'est connaître Dieu en acte.


je n'ai pas du tout donné mon opinion personnelle sur Dieu. Je t'ai uniquement rappelé le fait que pour des millions de gens, l'idée de Dieu proposée par Spinoza était une abérration. Spinoza non seulement ne nie pas ce fait, il en donne même une explication, et montre pourquoi c'est nécessairement ainsi.

Puis chez Spinoza, faire de la géométrie c'est s'occuper d'êtres abstraits (voir le passage du TIE que je viens de citer en réponse à Phiphilo, ci-dessus). Dieu n'est pas un être abstrait, ens abstractum, Dieu est pour Spinoza un ens physicum realissimum.

Durtal a écrit :Je ne dis pas que Dieu "devrait être une notion commune" je dis qu'elle en est réellement une.


d'accord, mais Spinoza dit qu'elle devrait en être une, et souligne dans le scolie dont nous discutons qu'elle n'en est pas une. Après, chacun pense ce qu'il veut, bien sûr. Si pour toi l'idée de Dieu telle que Spinoza l'a inventée est une évidence, j'en conclus que la démonstration de Spinoza apparemment a réussi à te convaincre entièrement. Aurais-tu pensé Dieu d'une telle façon SANS jamais avoir lu l'Ethique? Cela me semble personnellement être peu probable, et Spinoza est là pour nous rappeler que dans la pratique, peu de gens le pensent ainsi, tandis que les réactions historiques au spinozisme lui ont à cet égard donné raison.

Durtal a écrit : Le passage en question concerne non pas les conceptions des hommes à l'égard de Dieu mais ce "qu'ils appellent" Dieu.

Ce que Spinoza explique ici à mon avis est que si les hommes nommaient correctement Dieu, ce serait là le nom de la notion commune qu'ils en ont par ailleurs.


en effet. SI tous les gens appellaient "Dieu" ce que Spinoza appelle Dieu, alors cette idée serait une notion commune. Mais tu vois bien que tu utilises, à raison, le conditionnel.

Durtal a écrit :Je me règle pour ceci sur l'exemple que Spinoza donne ensuite de l'homme qui s'écrie que "sa maison s'est envolée sur la poule du voisin".

L'erreur ici n'est pas une erreur de conception, mais simplement d'identification nominale des concepts.


oui, on peut le dire. Mais dans ce cas-ci, contrairement à l'exemple de la poule, il ne suffit pas de juste voir ce qui se passe pour déjà comprendre que l'autre se trompe quand il parle. Il a fallu toute la première partie de l'Ethique et une démonstration more geometrico avant qu'on puisse voir Dieu tel que le veut Spinoza. C'est pourquoi ses propositions 1-9 font tout sauf "ne rien dire", comme le propose ShBJ. Elle sont tout à fait nécessaires pour "développer" une toute nouvelle conception de Dieu. Que cette idée est selon Spinoza "enveloppée" dans toute idée, ne rend ce développement pas moins nécessaire.
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à Louisa

Messagepar tecti » 27 juin 2008, 23:31

Je crois bien que tu t'obstines Louisa... Cela fait plusieurs messages où tu n'apportes pas de nouveaux arguments... On dirait que les explications de Durtal et de ShBJ ne te touchent pas... Pour ce qui est du conditionnel, ShBJ a répondu, pour ce qui est de la notion commune de Dieu (de la substance) les deux me semblent tout à fait satisfaisants, bien que la réponse globale ne doive se trouver éparpillée dans les trois dernières pages et dans diverses réponses. Je n'ai pas le temps d'essayer de faire un regroupement...

Avoir la connaisance du contenu de l'Ethique ou avoir conscience des notions qu'elle apporte (ce qui revient au même), sans l'avoir lue me semble aussi peu probable que toi. Cependant on peut prendre conscience des notions communes à la lecture du livre. Tu peux passer ta vie par exemple sans jamais connaître le Dieu de Spinoza et pour autant le connaître. Le lecteur libre de préjugés reconnaîtra cette notion commune à la lecture du livre. Tandis que le lecteur ayant ses idées déjà faites mésentendera les mots de Spinoza et le lira sous ses propres mots mal appropriés et confus. Il confond. Et du coup n'a pas d'idée claire et distincte. Autrement dit, un lecteur libre de préjugés est un lecteur qui prendra ce qui est pour ce qui est vraiment et pas pour autre chose. L'Ethique servirait alors comme une révélation.

Peu de gens ont pensé comme Spinoza parce que peu de gens sont libres de préjugés. Personne je crois bien. Alors il a beau écrire des livres, s'ils ne sont pas compris... Et on voit là pourquoi Spinoza a employé du conditionnel : ça devrait être une notion commune si les gens étaient libres de préjugés. Les gens ne sont pas libres de préjugés, ils ne reconnaissent pas la notion commune.

Je ne sais pas si je suis claire ou si ça aide...

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Messagepar Durtal » 28 juin 2008, 00:03

Louisa,

En parlant du caractère assez typique de ta réaction concernant l'affirmation selon laquelle l'essence de Dieu et son éternité sont connus de tous, je ne voulais bien évidemment pas parler de tes "opinions personnelles" sur Dieu, dont, en effet je n'ai cure. Et encore bien moins de "l'opinion (soit disant) personnelle"qu'ont de Dieu "des millions de gens".

Je parlais de toi en tant que "philosophe". Car lorsque Spinoza dit par exemple dans le scolie 2 de E1prop7 (à propos de l'existence nécessaire de la substance) que, avec un peu plus d'attention au sens des termes ( Attention au fait que par "substance" on veut bel et bien dire "substance" et non pas "mode") "Cette proposition serait pour tous un axiome et on la rangerait au nombre des notions communes" je me faisais la réflexion qu'elle pourrait très bien être appliquée à ton cas. Puisque à l'évidence tu refuses d'y voir toi même un axiome (une proposition évidente par soi), choses (les axiomes) qui font partie de celles qu'on range, d'après Spinoza, parmi les notions communes.

Dans le scolie que tu as jeté en pâture un peu plus haut, tu parais (ou tu fais semblant de) ne pas comprendre un raisonnement qu'il n'est pourtant pas si difficile de comprendre. Lorsque Spinoza dit que tous les hommes connaissent Dieu, je ne crois pas qu'il veuille dire; "tous les hommes connaissent Dieu- mais à condition d'avoir lu mon propre livre-" Car dans ce cas Socrate par exemple n'aurait pu connaître dieu, et donc la proposition serait fausse. Car on sait en effet de science certaine que Socrate était un homme et donc de ce fait, j'en ai bien peur, mortel...En revanche ce qui est vrai est qu'il faut sans doute lire l'Ethique pour apprendre à nommer correctement Dieu. En d'autres termes on peut avoir une notion commune de Dieu, qui certes ne présuppose pas la lecture de l'Ethique, sans pour autant être au clair avec la signification réelle du mot ( et seulement du mot) "Dieu". Or je te répète que c'est de cela qu'il est question dans ce scolie.

Tous les hommes, ont par exemple, une idée adéquate de l'étendue et sont capables d'en déduire certaines choses. Sans certaines aptitudes minimales de ce genre ils passeraient probablement leur temps à se casser la figure, à rentrer dans les murs, et ils pourraient encore moins bricoler des étagères le dimanche. Je t'accorde que c'est très minimal et que, tout de même, la plupart d'entre eux sont capables de faire un peu mieux que cela. (voire pour certains beaucoup mieux)

Bien entendu, ils ne leur viendraient pas à l'idée, que ces modestes connaissances sont autant de façon de connaître Dieu en tant qu'il est substance étendue. Car Dieu- comme chacun sait- est une sorte de Roi qui trône dans l'infini, surveille tout, et se met très en colère, en déclenchant au besoin des tremblements de terre, lorsque l'on ne fait pas ce que les prêtres (qui sont plus ou moins ses confidents) nous disent de faire. Et parler de "connaissance de Dieu" quand on bricole le dimanche, mériterait assurément l'excommunication si ce n'était si ridicule...

Et pourtant...Si on lit Spinoza, nous sommes censé admettre que Dieu n'est pas un roi, mais l'essence de toute réalité et qu'il a donc malgré tout aussi, quelque chose à voir avec le bricoleur du dimanche (modeste réalité mais réalité tout de même!), tout comme l'âme dudit bricoleur, lorsqu'il bricole, a affaire en quelque manière à Lui. Le lecteur de Spinoza apprend donc tout ébahi, tel Monsieur Jourdain, qu'il connaissait en quelque sorte Dieu "sans le savoir".... Et cela parce que le mot "Dieu" qu'on lui a mis en tête est un excellent instrument de domination politique, un 'signifiant' (comme on-dit maintenant) tout chargé de passions et de représentations confuses, qui permet à défaut de soulever réellement des montagnes, d'aller du moins mettre à terre quelque gratte ciel populeux.

Est ce que c'est si compliqué à comprendre que cela Louisa ?
Modifié en dernier par Durtal le 28 juin 2008, 00:21, modifié 1 fois.

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Messagepar Durtal » 28 juin 2008, 00:09

le message de Tecti rend le mien inutile.

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Messagepar Louisa » 28 juin 2008, 00:11

Tecti a écrit :Je crois bien que tu t'obstines Louisa... Cela fait plusieurs messages où tu n'apportes pas de nouveaux arguments... On dirait que les explications de Durtal et de ShBJ ne te touchent pas... Pour ce qui est du conditionnel, ShBJ a répondu, pour ce qui est de la notion commune de Dieu (de la substance) les deux me semblent tout à fait satisfaisants, bien que la réponse globale ne doive se trouver éparpillée dans les trois dernières pages et dans diverses réponses. Je n'ai pas le temps d'essayer de faire un regroupement...


Bonjour Tecti,

merci de ton commentaire.
En effet, j'ai moi-même également l'impression de devoir répéter les arguments déjà donnés. Si je les répète, c'est précisément parce qu'il me semble qu'ils n'ont pas encore été entièrement compris par mes interlocuteurs (ce dont je peux me tromper, bien sûr). Si pour l'instant, je n'aborde pas leurs autres arguments, c'est qu'il me semble que tout dépend de ce point crucial que j'essaie depuis quelques messages de proposer. Mais si quelqu'un peut regrouper l'essentiel de l'argumentation de Durtal et ShBJ, ce serait effectivement intéressant.

Tecti a écrit :Avoir la connaisance du contenu de l'Ethique ou avoir conscience des notions qu'elle apporte (ce qui revient au même), sans l'avoir lue me semble aussi peu probable que toi. Cependant on peut prendre conscience des notions communes à la lecture du livre. Tu peux passer ta vie par exemple sans jamais connaître le Dieu de Spinoza et pour autant le connaître. Le lecteur libre de préjugés reconnaîtra cette notion commune à la lecture du livre. Tandis que le lecteur ayant ses idées déjà faites mésentendera les mots de Spinoza et le lira sous ses propres mots mal appropriés et confus. Il confond. Et du coup n'a pas d'idée claire et distincte. Autrement dit, un lecteur libre de préjugés est un lecteur qui prendra ce qui est pour ce qui est vraiment et pas pour autre chose. L'Ethique servirait alors comme une révélation.

Peu de gens ont pensé comme Spinoza parce que peu de gens sont libres de préjugés. Personne je crois bien. Alors il a beau écrire des livres, s'ils ne sont pas compris... Et on voit là pourquoi Spinoza a employé du conditionnel : ça devrait être une notion commune si les gens étaient libres de préjugés. Les gens ne sont pas libres de préjugés, ils ne reconnaissent pas la notion commune.


c'est en effet ce que dit aussi Durtal. Si tu le répètes, je supposes que ce que j'essaie de dire n'était pas tout à fait clair. Tentative de le formuler autrement.

1. On sait que dans le spinozisme tout est déterminé. Cela implique notamment que cela n'a pas de sens de croire que les choses auraient pu se produire autrement qu'elles ne se sont produites.

2. Nous ne disposons que de deux endroits où Spinoza met en rapport la Substance/Dieu et l'expression "notion commune": E1P8 et E2P47. Dans le premier, Spinoza identifie la notion commune à un axiome (ce qui est l'habitude à l'époque où il écrit; rappelons qu'un axiome est une vérité évidente, vérité que l'on accepte sans démonstration). Dans le deuxième, Spinoza dit que l'idée adéquate de l'essence de Dieu est commun à tous, mais pas de façon aussi clairement connue que ce qui est le cas pour les notions communes.

3. Dans les deux cas, Spinoza dit que de fait, ce qu'il vient de démontrer n'EST pas une notion commune, mais DEVRAIT l'être si le monde n'était pas tel qu'il est. Dans l'E2P47 il y ajoute que les hommes ne peuvent guère éviter le fait qu'ils ne le conçoivent pas comme une notion commune. Il est donc nécessaire que cette idée n'a pas la clarté propre aux notions communes.

4. Ma conclusion: si elle n'a pas la clarté propre aux notions communes, et si elle devrait être une notion commune mais ne l'est pas, le spinozisme dit et prétend qu'elle n'EST pas une notion commune, puisque ce monde idéal où les hommes ne seraient pas affectés par les choses extérieures n'existe tout simplement pas, en vertu du point 1.

5. Votre conclusion: le fait que Spinoza dit qu'elle DEVRAIT être une notion commune suffit pour dire qu'elle l'EST. Vous passez donc du normatif au descriptif. Ma question est depuis quelque temps: qu'est-ce qui vous permet d'opérer ce passage? Sachant que le normatif n'a aucun poids, chez Spinoza?

Plus profondément, il s'agit de se demander si dans le spinozisme on peut parler d'une "notion commune" si un seul homme la possède. Mon avis: non, pas du tout. Dans ce cas il s'agit d'une idée vraie, mais pas d'une notion commune. La communauté d'une idée désigne dans le spinozisme le fait d'avoir comme objet un ideatum qui est présent chez au moins deux hommes, et de préférence chez tous ces hommes qui se sont prononcés sur la question (les notions communes mentionnées par Euclide par exemple sont réellement communes (ou plutôt, l'étaient longtemps) à tous les mathématiciens).

Ce que tu réponds à cela - apportant ce faisant un nouvel élément, intéressant, dans la discussion, même si je crois qu'il est implicitement présent chez Durtal et ShBJ - c'est qu'une notion commune se caractérise par le fait de pouvoir être "reconnue" ou non. Or jamais Spinoza ne parle de la possibilité/nécessité de "reconnaître" les notions communes. Les notions communes sont chez lui toujours des idées adéquates, donc claires et distinctes, réellement communes. Ce qui n'est pas le cas de l'idée adéquate de l'essence de Dieu, qui quant à elle est "enveloppée" dans toute idée, ce qui signifie qu'elle est commune mais sans être claire et distincte. C'est ce qui a fait que Miam sur ce site a pu conclure de la non identité entre "adéquate" et "claire et distincte". Je n'étais pas encore convaincue de son argumentation (que je n'avais compris qu'à moitié), mais ce passage me semble effectivement très explicitement distinguer les deux: une idée adéquate peut être moins claire qu'une notion commune.

Enfin, je ne crois pas que les notions communes spinozistes flottent quelque part dans un ciel platoniste, attendant d'être "reconnues". Les notions communes sont des idées adéquates, claires, qui se trouvent réellement dans l'Esprit d'au moins deux choses, et nulle part ailleurs. Elles se trouvent certes en Dieu, mais cela seulement en tant que celui-ci s'explique par ces deux choses.

Or tout votre raisonnement (de toi-même, Durtal et ShBJ) semble se baser sur cela: qu'il est possible qu'une idée adéquate ait le statut d'une notion commune tout en n'étant pas du tout clairement commune. Je ne pourrai accepter cette thèse (et tout ce qui selon vous en découle) que si vous trouvez des arguments qui prouvent que cela est réellement le cas dans le spinozisme. En attendant, il me semble que vous identifiez tout simplement "notion commune" et "idée adéquate", et que vous faites des idées adéquates des choses qui existent "en soi", et qui attendant d'etre "reçues" par un Esprit humain. C'est oublier que les idées adéquates n'ont comme cause QUE l'Esprit humain, et donc jamais ne se trouvent ailleurs que dans tel ou tel Esprit singulier. Elles ne désignent pas des vérités "toutes prêtes", que l'homme peut "voir" comme il sait voir des choses extérieures à lui, ou non. Elles constituent l'Esprit humain dans sa singularité. Tandis que voir la vérité d'une chose extérieur, c'est voir son essence singulière, qui n'a rien en commun avec mon essence à moi. Je ne pourrai donc saisir la vérité d'une chose extérieure à moi par le biais d'une notion commune. Pour y parvenir, il me faut une "intuition", c'est-à-dire une idée relevant du troisième genre de connaissance, et non pas du deuxième, comme c'est le cas des notions communes.

Tecti a écrit :Je ne sais pas si je suis claire ou si ça aide...


cela aide certainement, et toute aide est plus que bienvenue! :D
L.

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Messagepar Louisa » 28 juin 2008, 00:23

A Durtal,

en effet, ce que tu dis est très proche de ce que vient de dire Durtal, donc j'espère que ma réponse à lui te servira également à quelque chose.

Sinon bien sûr que nous sommes d'accord pour dire que du point de vue spinoziste, le bricoleur du dimanche a une idée adéquate de l'essence de Dieu! Encore une fois, le problème n'est pas là. Le problème c'est que Spinoza dit qu'il s'agirait d'une notion commune SI chaque homme avait de cette idée une idée claire, de la même manière qu'il a une idée claire de tout ce qui est notion commune. Or de fait, toujours selon Spinoza, il ne l'a pas, pas du tout même.

En attendant tes arguments contre cette thèse (et non pas contre l'idée que l'idée adéquate de l'essence de Dieu est commune à tous, comme tu le fais jusqu'à présent, car là-dessus nous sommes d'accord),
L.

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Messagepar hokousai » 28 juin 2008, 00:39

à Durtal
d'abord gardez vos nerfs , merci .

ne s'agit pas d'une définition de l'étendue il s'agit d'un fait! Ou encore de ce qui résulte du fait qu'il y a une substance étendue dont tous les corps sont des modifications.
Et je vois très mal à moins d'être irrémédiablement bouché comment nier pareil fait.
Tout compte fait cela pourrait être amusant. Niez le donc.


Pour Spinoza il n 'y pas de substance étendue , pas comme un fait objectif , c’est à dire indépendant de ce que l’intellect/corps perçoit.

il appert que encore que l'on conçoive deux attributs réellement distincts nous ne pouvons en conclure qu'ils constituent deux étants autrement dit deux substances différentes

Il n'y a pas de substance étendue , il y a la chose étendue ET la chose pensante ( et les choses expressions d'une infinité d’attributs.)
Par attribut j’entends ce que l’intellect perçoit d’une substance constituant son essence .

A ce que l'intellect humain perçoit son objet est un certain degré de réalité . Il n'y a pas de substance étendue au sens où il n y a pas de substance étendue seulement .

L’intellect humain est contraint implacablement par l’union , son degré de réalité est celui de l’union esprit /coprs , il est dans l’impossibilité absolue de pénétrer un autre degré de réalité.
Il est bien évident que si comme je vous l’ai vu dire vous niez l’ union ou en faites un flatus voci , vous ne pouvez comprendre Spinoza .

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Messagepar Durtal » 28 juin 2008, 00:59

Louisa a écrit :
5. Votre conclusion: le fait que Spinoza dit qu'elle DEVRAIT être une notion commune suffit pour dire qu'elle l'EST. Vous passez donc du normatif au descriptif. Ma question est depuis quelque temps: qu'est-ce qui vous permet d'opérer ce passage? Sachant que le normatif n'a aucun poids, chez Spinoza?


le fond de ton argument est juste Louisa ( je veux dire sur le fait que Spinoza ne saurait parler d'un monde idéal) mais tu refuses en effet assez obstinément comme le dit Tecti, de voir que le "passage" que tu demandes est fourni par Spinoza, quand il traite de la question des noms et des catégorisations nominales. C'est cela que veut dire Tecti et moi aussi, et certainement aussi ShBJ dans une version plus sophistiquée.

Et non cela ne rend pas le travail de l'éthique vain au sens où il s'agirait simplement de renommer ce que "tout le monde connaît déjà".

Il y a en effet un exemple très célèbre et qui a une valeur tout à fait générale, qui montre incontestablement que la nomination, ou le fait de renommer quelque chose peut avoir une valeur synthétique, cognitive, c'est le fameux exemple de Frege qui inaugure l'article "sens et dénotation": lorsque l'on est en mesure de dire que "Espherus est phosphorus", lorsque l'on ramène donc l'un des noms à l'autre on fait une découverte astronomique très importante. On s'aperçoit que deux "étoiles" sont en réalité une planète (venus). Dans ce cas une simple opération d'identification entre des noms n'exprime pas à une simple stipulation linguistique mais une connaissance nouvelle.

Or si tu mets en parallèle ce que je viens de dire avec en particulier mes allusions quant à l'usage politique du mot Dieu, outre l'intérêt spéculatif de la chose qui n'est tout de même pas petit, il est évident que l'identification "du nom de dieu" avec, par exemple celui de "substance étendue", est rien moins qu'une opération triviale.

Conformément par ailleurs à ce que pressentait ShBJ, il semble que tu fasses vraiment un amalgame entre "notion commune" et "sens commun"
Modifié en dernier par Durtal le 28 juin 2008, 14:44, modifié 2 fois.

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Messagepar Durtal » 28 juin 2008, 01:07

hokousai a écrit :
Pour Spinoza il n 'y pas de substance étendue



Il est impossible de "garder ses nerfs" avec vous.

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Messagepar hokousai » 28 juin 2008, 01:13

A Durtal

je ne lis certainement pas tout de la conversation profuse en cours ici .Je peux donc faire des erreurs d’estimation sur le fond de votre pensée ..
Si le message m’est adressé je lis tout .(en plus ce n'est pas long à lire excusez moi )
Sinon je pioche et par exemple ceci

Ce que Spinoza explique ici à mon avis est que si les hommes nommaient correctement Dieu, ce serait là le nom de la notion commune qu'ils en ont par ailleurs.


Je ne sais si vous fréquentez des croyants ( des monothéismes ) mais ils ne nomment pas Dieu tel que vous semblez le nommer à tout le moins ils le nomment bien pareillement à vous mais ''l 'idée commune'' qu’ils en ont n’est pas du tout la votre .
Je veux bien qu’ils ne le nomme par correctement mais allez leur faire comprendre .

J 'ai peut être tort de penser, après de longues années d études, que cette pensée( Spinoza ) n’est pas d’un accès aisé donc qu à défaut d’ exigences on la manque .
C’est donc une appréciation risquée de la question de l’interprétation , elle peut me mener à des impasses , je prends le risque .

Sauf à être génial ou d’une perspicacité hors du commun ce qui hélas ne m’est pas échu, il faut travailler .

Sed omnia praeclara tam difficilia , quam rara funt .


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