un exercice philosophique

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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hokousai
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Messagepar hokousai » 07 juil. 2008, 14:48

à Tecti


et tous les autres attributs qui dépassent l'entendement humain sont une expression de Dieu.


Les autres attributs ( exactement dans le texte ; une infinité d’ attributs) sont posés dans la définition de Dieu et puis leur infinité est démontrée .
,L’idée d’une infinité des attributs ne dépasse pas l’entendement humain .

Spinoza parle des attributs sous deux registres explicatifs et cela a donné lieu à deux interprétations .
1)les attributs existent comme expression et ils ont une réalité ontologique (chacun exprime une essence éternelle et infinie ) .
2) les attributs sont ce comment nous concevons .
Ou bien on rejette l’une des options ou bien on essaie de rendre cohérent les deux .
………………………………………..

Il est bien évident quel que soit la thèse adoptée Dieu ne s’exprime pas de la même manière selon chaque attribut et c’est bien pour cela qu’on parle de (et distingue) deux attributs .
De modifications de la substances , nous n’ avons accès qu à deux sortes , si suffisamment différentes pour que nous distinguions deux attributs (nous avons accès à notre corps et à notre esprit .)
Quelque soit la thèse il nous faut distinguer l’ordre et enchaînement des affections du corps humain de l’enchaînement des idées .(scolie prop 18/2)
Donc parler d’ union est indispensable .Le corps humain existe tel que nous le sentons il ne faut pas que le corps humain ne soit pas senti . Les idées des affections du corps nous les avons si vous pensez que nous n’avons que des idées et qu’il n’existe que des idées c’est de l’idéalisme absolu mais ce n’est pas du spinozisme .( c’est Berkeley ou Hegel si vous voulez et alors il n y a plus lieu de parler d’une infinité d’attribut )

Je suis d’accord avec Faun La puissance d'exister et d'agir ne se limite pas au seul attribut étendue.
…………………………………………………

Je lis ce qu’on écrit si je n’ y réponds pas c’est que je suis globalement d’accord .
Par exemple avec ce que Durtal écrit 02/07/2008 15:41

Je réponds à des thèse précises et réitérées , avec lesquelles je ne suis pas d’accord .
Par exemple

Durtal écrit
Car dire que la substance est une notion commune, ne veut pas dire que la substance pensante "se réduit à une idée", (cette objection est purement et simplement un jeu de mot) mais que nous avons une idée adéquate de celle ci.
Le type d'idée adéquate que Spinoza appelle "notion commune".



Je l'ai déjà répondu à ShBj le concept de substance est absolument analytique , alors que les notions communes sont synthétiques ( elles sont produites pat l’expérience de l’affect ) sinon on tombe dans l’ apriorisme , ce que fait Durtal

Durtal écrit
. Or ces propriétés générales (au sens ou elles sont communes à chaque choses) se déduisent du concept que nous avons de la substance étendue, ce qui à tout le moins présuppose que nous ayons un tel concept, et qu'il fasse donc l'objet au sens défini d'une notion commune.


Spinoza ne déduit pas les idées communes du concept de substance étendue .Expressément il écrit contre cela dans les lettres à Tschirnhaus (lettre 81 et 83)
Il écrit de l’étendue telle que la conçoit Descartes il est complètement impossible de tirer par démonstration l existence des corps . » (existence qui me semble un réquisit pour parler de notions communes )

Ce qui signifie bien que toutes les idées communes concernant les corps sont tirée d’ailleurs .et la prop 39/2 explique par ce qui est commun au corps humain et à certains corps par lequel le corps est ordinairement affecté .
(il me semble évident qu’un pur esprit n’ aura aucune notion commune ni en acte ni en puissance )

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Messagepar tecti » 07 juil. 2008, 16:39

Je n'ai plus rien à dire...

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Messagepar hokousai » 07 juil. 2008, 23:21

à Tecti

Je ne suis pas en désaccord sur tout ce que vous écrivez .(vous, Durtal et ShBj)
Si je ne vous estimais pas perspicaces et cohérents dans votre point de vue je ne vous répondrais pas du tout .

( vous n'êtes pas obligés d'apprécier le compliment . )

hokousai

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Louisa
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Messagepar Louisa » 08 juil. 2008, 23:39

Durtal a écrit :j'ai lu ton message avec intérêt. Avant de poursuivre cependant, j'aimerais que tu répondes à la question que voici:

Supposons un individu ayant des notions communes. On peut aussi supposer je pense qu'il arrivera que cet individu dorme.

Ma question est alors de savoir ce que tu dirais en considérant les choses à ce point de vue. Que doit-on dire? Est-ce qu'il a encore ces notions communes durant le sommeil ou bien est-ce qu'il faut dire que chaque matin il doit recommencer à les former parce qu'elles ont disparu de son esprit durant le sommeil?


Cher Durtal,

une fois que l'on tient compte du fait qu'il faut bel et bien une affection avant de pouvoir avoir une idée adéquate quelconque (notion commune ou autre), la question que tu poses devient effectivement tout à fait pertinente et intéressante.

Or il me semble qu'entre-temps Hokousai a déjà donné la clef de la réponse à cette question. Comme tu n'as pas encore réfuté l'idée qu'il défend, je suppose que la façon dont il l'a formulée ne te parlait pas vraiment. Voici donc une tentative de la reformuler autrement.

D'abord, sommes-nous d'accord pour dire que ta question se pose en fait pour toute idée adéquate, et non seulement pour les notions communes? Sinon: les idées adéquates sont en principe éternelles (car elles constituent la partie éternelle de notre Esprit). Par conséquent, leur vérité ne peut dépendre d'une éventuelle "variation temporelle", au sens où elles ne peuvent pas apparaître puis disparaître à des moments précis dans le temps, puisque par définition, elles ont une existence éternelle c'est-à-dire "hors temps". La vérité d'une idée adéquate ne peut donc "disparaître" la nuit, lorsque l'individu qui la possède dort.

Si j'ai bien compris ce que toi-même et Tecti disent, pour vous cette éternité fait que l'idée adéquate n'a nullement besoin d'être "reconnue" par tel ou tel homme singulier pour être une idée adéquate. Elle est de toute éternité en Dieu, et c'est en cela que consiste sa vérité.

Si c'est effectivement cela ce que vous voulez dire: nous sommes tout à fait d'accord là-dessus.

Or, comme la façon dont tu formules ta question le suggère déjà: cela n'est le cas QUE d'un certain point de vue, qui est le point de vue de l'éternité. Ta question, en revanche, exige d'aborder le problème d'un tout autre point de vue: celui de la durée. Autrement dit: elle demande de considèrer les notions communes "abstraitement", prenant comme critère une "certaine espèce de quantité" (voir, pour la distinction entre les deux types d'existence, notamment l'E2P45 sc).

Or dès qu'on aborde une notion commune ainsi, je crois que nous sommes obligés de tenir compte de sa définition complète, qui mentionne bel et bien comme condition nécessaire d'être affecté par les autres corps avant de pouvoir avoir une idée adéquate des propriétés communes entre ces corps et mon Corps. Et ainsi, du point de vue de la durée, n'existe effectivement que ce qui est présent à l'Esprit. L'inconscient n'a aucune consistance, du point de vue de la durée (autrement dit: le spinozisme n'est pas une espèce de psychanalyse). Qu'une propriété soit commune à deux corps n'est pas encore ce qui constitue une notion commune; encore faut-il que les deux corps s'affectent mutuellement, afin que leur Esprit puisse former une idée de cette propriété.

Conclusion: l'éternité d'une idée adéquate (et a fortiori d'une notion commune) n'existe QUE "en Dieu", et non pas dans la durée. Autrement dit: l'éternité n'est PAS une "sempiternité"! Elle n'a rien à voir avec une durée prolongée.

Par conséquent, quand Spinoza dit que l'idée de l'essence de Dieu SERAIT une notion commune, il faut prendre au sérieux le conditionnel, et accepter le fait qu'elle ne l'est pas, non?
L.

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Messagepar Louisa » 09 juil. 2008, 00:34

Durtal a écrit :Et ainsi les vérités éternelles qu'enveloppent les notions communes varieront au gré des états de conscience des uns et des autres, et ce sera donc "chacun son opinion". Vous les présentez sur le modèle de ces choses que nous concevons "comme présente" par l'imagination de la nature des choses singulières qui affectent notre corps. Premièrement vous vous contredisez ainsi dans la même phrase (...)


c'est ce que longtemps je pensais aussi. Or voici ce que Spinoza dit dans l'E5P7 démo, et ce qu'à mon avis il faudrait que nous analysions plus en détail pour pouvoir mieux répondre à la question qui nous occupe ici (= qu'en est-il des notions communes chez Spinoza?):

"Or un affect qui naît de la raison se rapport nécessairement aux propriétés communes des choses (voir la Défin. de la raison dans le Scol. 2 Prop. 40 p.é), lesquelles nous contemplons toujours comme présentes (car il ne peut rien y avoir qui exclue leur existence présente) et imaginons toujours de la même manière (par la Prop. 38 p. 2)".

à mon sens, ceci implique que finalement, imagination et raison ne s'opposent pas du tout. La raison ne "détruit" pas l'imagination ou le "rendre présent". Elle s'y ajoute. Car les idées de la raison se rapportent toujours aux propriétés communes, ET contemplent ces propriétés comme étant présentes. C'est précisément cette dimension de présence qui manque, à mon avis, dans la façon dont toi-même, Tecti et ShBJ envisagent les notions communes spinozistes.
L.

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Messagepar Durtal » 09 juil. 2008, 21:20

Dear Louisa,

Louisa a écrit :Si j'ai bien compris ce que toi-même et Tecti disent, pour vous cette éternité fait que l'idée adéquate n'a nullement besoin d'être "reconnue" par tel ou tel homme singulier pour être une idée adéquate. Elle est de toute éternité en Dieu, et c'est en cela que consiste sa vérité.

Si c'est effectivement cela ce que vous voulez dire: nous sommes tout à fait d'accord là-dessus.


Oui c'est à peu près ça. Dont acte. Mais la suite de ce que tu écris selon moi manque toujours de clarté.

Louisa a écrit :Or, comme la façon dont tu formules ta question le suggère déjà: cela n'est le cas QUE d'un certain point de vue, qui est le point de vue de l'éternité. Ta question, en revanche, exige d'aborder le problème d'un tout autre point de vue: celui de la durée. Autrement dit: elle demande de considèrer les notions communes "abstraitement", prenant comme critère une "certaine espèce de quantité" (voir, pour la distinction entre les deux types d'existence, notamment l'E2P45 sc).


Mais pour Spinoza le point de vue de l'éternité est le point de vue de la réalité, ce n'est pas une "vue de l'esprit" ou une abstraction. Quand tu écris ainsi

Louisa a écrit :Conclusion: l'éternité d'une idée adéquate (et a fortiori d'une notion commune) n'existe QUE "en Dieu", et non pas dans la durée. Autrement dit: l'éternité n'est PAS une "sempiternité"! Elle n'a rien à voir avec une durée prolongée.


Tu sembles ne pas faire attention au fait que notre esprit est une partie de l'entendement divin en tant qu'il a des idées adéquates. Evidemment l'éternité n'est pas la sempiternité, mais l'éternité caractérise un mode d'exister (au sens plein de ce mot, c'est même la forme supérieure de l'existence) les notions communes sont des structures de notre esprit et elles existent en tant que notre esprit existe (et à vrai dire en tant que tout esprit existe pas seulement le nôtre ou celui du voisin).

Louisa a écrit :Par conséquent, quand Spinoza dit que l'idée de l'essence de Dieu SERAIT une notion commune, il faut prendre au sérieux le conditionnel, et accepter le fait qu'elle ne l'est pas, non?
L.


Non je ne crois pas. Evidemment qu'il faut prendre au sérieux l'usage du conditionnel. Encore faut-il comprendre ce qu'il veut réellement dire.
Il y a ainsi une chose que Spinoza ne peut pas, mais vraiment pas, vouloir dire par là et c'est que les notions communes ou les axiomes dépendent de que ce les hommes jugent être une notion commune ou un axiome.

Reprenons ainsi le Scolie de E1p8. Je pense que j'ai à peine besoin de t'expliquer que si Spinoza disait vraiment que la proposition 7, elle même "devrait être" un axiome, alors il dirait une chose absurde: car ou une proposition est une vérité première ou elle ne l'est pas (soit parce qu'elle est fausse soit parce que l'on peut la déduire d'une autre). Donc si on dit de cette proposition 7 qu'elle "devrait être" un axiome on reconnaît par là même qu'elle ne l'est pas et donc on suppose que "le faux peut devenir le vrai"ce qui est le comble de l'absurdité chez Spinoza (pour lequel vrai= nécessaire, donc pour lequel la notion de monde possible n'a pas de sens rationnel).

Il ne reste donc qu'une seule interprétation possible de telles déclarations. C'est que les axiomes et les notions communes ne dépendent pas de ce que les hommes jugent être un axiome ou une notion commune (contrairement à ce que tu soutiens depuis le départ) et c'est là le sens du conditionnel: les hommes ne reconnaissent pas, ne se "rendent pas compte", que la proposition 7 est un axiome, une vérité évidente, parce qu'ils pensent à "mode" chaque fois qu'on leur dit "substance" (et c'est cela qu'explique Spinoza ce n'est pas moi qui interprète). Ce qui signifie bien à l'inverse que Spinoza suppose la possibilité "de jure" de reconnaître la proposition 7 comme un axiome ou de "s'en rendre compte".

Et c'est l'explication qu'avait donné dés le départ ShBJ à savoir qu'il y a des notions communes qui ne sont reconnues comme telles que pour ceux qui sont libres de préjugés c'est à dire par exemple pour ceux qui peuvent réellement penser le concept de substance quand on leur dit "substance" et non pas "mode". Et nécessairement ce raisonnement de Spinoza présuppose que le concept de substance chaque homme l'a.

Ce n'est pas à cause d'une chose qui manquerait -le concept de substance en l'occurence- que nous ne pouvons pas facilement reconnaître la vérité de la proposition 7 mais c'est parce qu'il y a, en quelque sorte, "un trop plein" de choses: les affections de l'imagination qui nous font rapporter systématiquement les mots du langage aux choses singulières, qui font intervenir donc des modèles ou des paradigmes de signification qui ne conviennent pas. Mais c'est un problème, pour ainsi dire, accidentel et contingent qui ne signifie pas que la notion de substance n'a pas le statut d'une vérité première.

J'ajoute une remarque d'ordre positive cette fois ci: Je suis parfaitement d'accord avec ce que tu dis sur le passage de E5 qui concerne la raison, passage que je connais bien. Naturellement l'opposition de la raison et de l'imagination est tout à fait superficielle et scolaire car certainement Spinoza ne procède pas ainsi (la raison c'est de l'imagination réglée, "disciplinée" et suivant des règles constantes). Cependant il faut bien prendre garde ici qu'il n'est pas question d'imaginer comme présente des "choses singulières". Et c'est cela que je vous reproche à toi et à hokusai. Les notions communes ne sont pas des concepts de choses singulières, que nous formons à l'occasion de rencontres (avec des choses singulières) mais des structures éternelles de l'expérience et donc en tant que telles, qui se rapportent à la nature de n'importe quel corps et de n'importe quel esprit (qu'il dorme, qu'il soit ivre ect... et même passé et à venir) et surtout: quelques soient les rencontres qu'il fait.

La raison pour laquelle elles ne dépendent pas de rencontres singulières est que les propriétés qui sont communes aux autres corps et au nôtre sont "déjà" dans le corps propre (elle n'est pas acquise en ce sens). Par définition de ce qu'est une notion commune, en effet, (une propriété que tous les corps possèdent en commun) notre corps "en porte" nécessairement un exemplaire et c'est parce que notre esprit est l'idée de notre corps qu'il a nécessairement une idée de ces propriétés et non parce qu'il la conçoit (ou l'acquiert) au cours de rencontres avec les autres corps.

Il est exact cependant qu'il y a une complexification de cette théorie au sens où notre corps se transforme dans l'expérience à mesure que nous rencontrons plus de corps, plus de situations corporelles différenciées, ce qui permet à l'esprit d'établir de plus en plus de différences et d'identités pertinentes et donc d'agir et de raisonner de plus en plus sous la règle des notions communes. Il serait donc faux de dire que l'expérience ne joue aucun rôle, mais je crois que ce rôle est en quelque sorte celui d'un révélateur, (au sens du produit dont on se sert pour les photographies), parce que le croisement des expériences et leur multiplication conduit à la sélection automatique des traits pertinents.

Cependant faire des notions communes des notions synthétiques, ou des notions empiriques comme je l'ai lu chez Hokusai me paraît une absurdité pure et simple (un axiome n'est pas une notion empirique).

Enfin sur "l'inconscient" c'est tout de même incroyable... Comme si la seule notion d'inconscient qui soit pensable était celle de Freud. Je ne vois aucune raison de ne pas admettre des structures inconscientes chez Spinoza, bien sur, il ne s'agira pas de "l'inconscient dynamique" de Freud mais j'ai même du mal à comprendre comment on peut se poser un problème pareil.
Je pense pas que Spinoza admette par exemple que la maîtrise du langage présuppose de la part de chaque individu qu'il ait "en acte" dans la tête toutes les phrases possibles de la langue et qu'il parle en sélectionnant consciemment chacune des phrases qu'il emploie. Cela présuppose que Spinoza a une conception dispositionnelle de l'esprit qu'il admet des automatismes, des habitudes etc... (pensons au terme qu'il utilise très souvent "d'aptitude" ou à l'expression "d'être apte à ")

Bref un peu comme tout le monde à vrai dire je suppose que Spinoza admet certaines structures et fonctions mentales pré-réflexives dont à mon sens ce qu'il appelle les notions communes font partie. Ce qui passe à la conscience ou "à l'attention" ce sont les effets de ces notions communes (les raisonnements, les conduites rationnelles. Par exemple le moment où nous percevons la nécessité de l'existence de l'espace, est ce que j'appelle un "effet" de la notion adéquate de l'espace qui est nous , et cela ne veut pas dire que nous sommes toujours, jour et nuit, obligés d'avoir cette perception particulière à l'esprit) et ces effets peuvent être produits ou ne pas l'être en fonction de l'état plus ou moins assujetti de l'esprit, en fonction d'habitudes mentales défavorables etc.

Désolé j'ai encore été trop long.

N.

A bientôt.
Modifié en dernier par Durtal le 10 juil. 2008, 04:04, modifié 2 fois.

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Messagepar hokousai » 09 juil. 2008, 23:47

A Durtal

vous écrivez
notre corps "en porte" un exemplaire et c'est parce que notre esprit est l'idée de notre corps qu'il a nécessairement une idée de ces propriétés et non parce qu'il la conçoit au cours de rencontre avec les autres corps
.

Je ne dis pas que cette vision des choses est incohérente après tout elle est partagée par bien des philosophes

Mais si je lis la prop 38/2

Comment Spinoza en arrive-t-il à écrire « de là , suit qu’il y a certaines idées ou notions communes à tous les hommes « . ?
Si on lit ce qui précède :
Soit A quelque chose de commun à tous les corps……. donc l’esprit perçoit A adéquatement , et cela en tant qu’il se perçoit lui même, qu’en tant qu’il perçoit son propre corps ,ou n’importe quel corps extérieur et A ne peut se concevoir d aucune autre manière .

Désolé de ne pouvoir poursuivre je pars en vacances
Bon courage
Hokousai

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Messagepar Durtal » 10 juil. 2008, 01:32

Soupir....




Bonnes vacances, tout de même.

D.

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Messagepar Louisa » 11 juil. 2008, 01:49

Dear Durtal,

pour commencer par la fin de ton message: la longueur de ta réponse ... . Il n'y a vraiment aucun problème, je suis plutôt soulagée de reconnaître un "partner in crime" ... :)

Louisa a écrit:
Or, comme la façon dont tu formules ta question le suggère déjà: cela n'est le cas QUE d'un certain point de vue, qui est le point de vue de l'éternité. Ta question, en revanche, exige d'aborder le problème d'un tout autre point de vue: celui de la durée. Autrement dit: elle demande de considèrer les notions communes "abstraitement", prenant comme critère une "certaine espèce de quantité" (voir, pour la distinction entre les deux types d'existence, notamment l'E2P45 sc).

Durtal:
Mais pour Spinoza le point de vue de l'éternité est le point de vue de la réalité, ce n'est pas une "vue de l'esprit" ou une abstraction.


oui d'accord. Mais souviens-toi de ta question: qu'arrive-t-il à l'idée adéquate quand on dort? Là, tu poses bel et bien la question d'un point de vue de la durée et plus du tout du point de vue de l'éternité. Tu passes donc de la réalité à un point de vue purement abstrait!

La question est de savoir dans quelle mesure la notion commune dépend de cette présence dans la durée. A mon sens, elle dépend de la durée, sinon elle ne se distinguerait en rien de n'importe quelle autre idée adéquate (c'est-à-dire, elle pourrait s'en distinguer du fait qu'elle est une idée d'une affection du corps par une propriété commune à d'autres corps, et non pas une déduction rationnelle à partir d'une autre notion comlmune; mais hormis cette distinction, je crois que le conditionnel utilisé par Spinoza nous oblige à admettre également une distinction du point de vue de la durée).

Durtal a écrit : Quand tu écris ainsi

Louisa a écrit:
Conclusion: l'éternité d'une idée adéquate (et a fortiori d'une notion commune) n'existe QUE "en Dieu", et non pas dans la durée. Autrement dit: l'éternité n'est PAS une "sempiternité"! Elle n'a rien à voir avec une durée prolongée.

Tu sembles ne pas faire attention au fait que notre esprit est une partie de l'entendement divin en tant qu'il a des idées adéquates.


si si, mais justement, cette même idée adéquate, on peut la considérer d'un point de vue de l'éternité, mais aussi d'un point de vue de la durée, comme tu l'avais demandé en posant la question de ce qui se passe avec les idées adéquates quand on dort. Là, il FAUT répondre qu'elles ne sont plus présentes à notre Esprit, non?

Durtal a écrit : Evidemment l'éternité n'est pas la sempiternité, mais l'éternité caractérise un mode d'exister (au sens plein de ce mot, c'est même la forme supérieure de l'existence)


jamais Spinoza ne s'exprime d'une telle façon. Jamais on trouvera chez lui une indication qui permettrait d'affirmer que l'existence en Dieu est "supérieur" à l'existence "dans un temps et un lieu précis". La seule chose qu'il dit, c'est qu'il vaut mieux prendre un bien "éternel" pour objet de son Amour que d'un bien périssable. Mais là on parle du point de vue éthique, et non plus du point de vue ontologique. Il est donc important de bien distinguer les deux. Si tu demandes ce qui se passe avec une idée vraie quand on dort, tu poses une question du point du vue de la durée. A partir de ce moment-là, toute réponse du point de vue de l'éternité est à côté de la plaque.

Durtal a écrit : les notions communes sont des structures de notre esprit et elles existent en tant que notre esprit existe (et à vrai dire en tant que tout esprit existe pas seulement le nôtre ou celui du voisin).


c'est là toute la difficulté des notions communes, il me semble: elles constituent, ensemble avec n'importe quelle idée adéquate qu'a notre Esprit, la partie éternelle de notre Esprit et donc de nous. Or il se fait que vivant dans la durée, cette partie n'est pas "fixe": demain nous aurons peut-être, avec un peu de chance, davantage d'idées adéquates qu'aujourd'hui. Alors quid de la partie éternelle de notre Esprit? Change-t-il aussi? Si oui, s'agit-il d'un changement d'essence? Comment articuler un processus qui se déroule dans la durée avec une éternité immuable? C'est cela le problème, je pense.

Louisa a écrit:
Par conséquent, quand Spinoza dit que l'idée de l'essence de Dieu SERAIT une notion commune, il faut prendre au sérieux le conditionnel, et accepter le fait qu'elle ne l'est pas, non?

Durtal:
Non je ne crois pas. Evidemment qu'il faut prendre au sérieux l'usage du conditionnel. Encore faut-il comprendre ce qu'il veut réellement dire.
Il y a ainsi une chose que Spinoza ne peut pas, mais vraiment pas, vouloir dire par là et c'est que les notions communes ou les axiomes dépendent de que ce les hommes jugent être une notion commune ou un axiome.


Je ne sais pas. Prenons les notions communes d'Euclides. Sont-elles si bizarres qu'il y aurait des hommes qui les nierait? Je ne le crois pas. Dire que "les grandeurs qui sont les moitiés d'une même grandeur, sont égales entre elles" (notion commune 7, premier livre des Eléments) ... qui le niera? Puis n'oublie pas que la démo des notions communes se base sur le fait qu'il s'agit d'idées de propriétés communes, idées que TOUS les hommes ont.

Durtal a écrit :Reprenons ainsi le Scolie de E1p8. Je pense que j'ai à peine besoin de t'expliquer que si Spinoza disait vraiment que la proposition 7, elle même "devrait être" un axiome, alors il dirait une chose absurde: car ou une proposition est une vérité première ou elle ne l'est pas (soit parce qu'elle est fausse soit parce que l'on peut la déduire d'une autre).


tu sais, à mon avis tu dis cela parce que tu as, comme la majorité d'entre nous, hommes et femmes appartenant au début du XXIe siècle occidental, une idée REPRESENTATIVE de la vérité. Une idée vraie correspond à une chose réellement là, indépendamment de toute idée. Or RIEN ne garantit que c'est ainsi que Spinoza conçoit la vérité. La vérité est bien plutôt norme d'elle-même. Avons-nous déjà réussi à comprendre ce que cela veut dire? A mon sens: non. Par conséquent, il faut prendre au sérieux le fait que la proposition 1.7 est une proposition dans le spinozisme, et non pas un axiome.

Durtal a écrit : Donc si on dit de cette proposition 7 qu'elle "devrait être" un axiome on reconnaît par là même qu'elle ne l'est pas et donc on suppose que "le faux peut devenir le vrai"ce qui est le comble de l'absurdité chez Spinoza (pour lequel vrai= nécessaire, donc pour lequel la notion de monde possible n'a pas de sens rationnel).


non non, il reste une autre possibilité, précisément celle mentionnée par Spinoza dans l'E2P47: c'est qu'une idée vraie est ENVELOPPEE dans l'Esprit humain, et cela de manière pas très claire. alors elle n'est pas du tout un axiome, une vérité commune à tous, même si en tant que telle elle est adéquate. Elle fait plutôt partie d'un "bruit de fond", que seule la puissance de penser de tel ou tel homme pourra faire surgir pour être réellement présent à son Esprit.

Durtal a écrit :Il ne reste donc qu'une seule interprétation possible de telles déclarations. C'est que les axiomes et les notions communes ne dépendent pas de ce que les hommes jugent être un axiome ou une notion commune (contrairement à ce que tu soutiens depuis le départ) et c'est là le sens du conditionnel: les hommes ne reconnaissent pas, ne se "rendent pas compte", que la proposition 7 est un axiome, une vérité évidente, parce qu'ils pensent à "mode" chaque fois qu'on leur dit "substance" (et c'est cela qu'explique Spinoza ce n'est pas moi qui interprète). Ce qui signifie bien à l'inverse que Spinoza suppose la possibilité "de jure" de reconnaître la proposition 7 comme un axiome ou de "s'en rendre compte".


ce n'est pas ce que dit Spinoza. Il ne dit pas que l'idée de Dieu EST une notion commune, mais n'est pas reconnue comme telle par la majorité des hommes. Il dit qu'elle SERAIT une notion commune, si les gens étaient sans préjugés. Encore une fois: cela veut dire qu'elle ne l'est PAS, non? Les notions communes n'appartiennent pas à un de iure mais à un de facto, comme le dit la définition (TOUS les hommes conviennent en ceci que ...).

Durtal a écrit :Et c'est l'explication qu'avait donné dés le départ ShBJ à savoir qu'il y a des notions communes qui ne sont reconnues comme telles que pour ceux qui sont libres de préjugés c'est à dire par exemple pour ceux qui peuvent réellement penser le concept de substance quand on leur dit "substance" et non pas "mode".


ce qu'il faut dire à mon sens, c'est qu'il s'agit d'une idée adéquate, comme pour n'importe quelle autre proposition spinoziste, et non pas d'une notion commune, sinon elle figurerait parmi les axiomes de l'Ethique, et non pas parmi les propositions à démontrer. Un axiome ne se démontre pas, il est évident.

Durtal a écrit :Et nécessairement ce raisonnement de Spinoza présuppose que le concept de substance chaque homme l'a.

Ce n'est pas à cause d'une chose qui manquerait -le concept de substance en l'occurence- que nous ne pouvons pas facilement reconnaître la vérité de la proposition 7 mais c'est parce qu'il y a, en quelque sorte, "un trop plein" de choses: les affections de l'imagination qui nous font rapporter systématiquement les mots du langage aux choses singulières, qui font intervenir donc des modèles ou des paradigmes de signification qui ne conviennent pas. Mais c'est un problème, pour ainsi dire, accidentel et contingent qui ne signifie pas que la notion de substance n'a pas le statut d'une vérité première.


la notion de Dieu comme substance n'a PAS, dans le spinozisme, le statut d'une vérité première. Comme le dit le TIE, il faut partir d'une idée vraie QUELCONQUE, pour passer par après le plus vite possible à l'idée de Dieu. Ainsi on pourra déduire dans l'ordre dû toutes les idées adéquates. La vérité première, c'est l'idée adéquate quelconque. Arriver à l'existence de Dieu demande déjà toute un raisonnement déductif.

Durtal a écrit :J'ajoute une remarque d'ordre positive cette fois ci: Je suis parfaitement d'accord avec ce que tu dis sur le passage de E5 qui concerne la raison, passage que je connais bien. Naturellement l'opposition de la raison et de l'imagination est tout à fait superficielle et scolaire car certainement Spinoza ne procède pas ainsi (la raison c'est de l'imagination réglée, "disciplinée" et suivant des règles constantes). Cependant il faut bien prendre garde ici qu'il n'est pas question d'imaginer comme présente des "choses singulières". Et c'est cela que je vous reproche à toi et à hokusai.


si si, c'est bien ce qu'il dit dans la proposition de l'E5 que j'ai mentionné. La raison, à mon sens, n'est pas tellement une imagination réglée, c'est un autre ordre d'enchaînement des idées, mais qui pour être "présent" à l'esprit, a besoin de l'imagination en tant que faculté temporalisante, faculté de "rendre présent".

Durtal a écrit :Les notions communes ne sont pas des concepts de choses singulières, que nous formons à l'occasion de rencontres (avec des choses singulières) mais des structures éternelles de l'expérience et donc en tant que telles, qui se rapportent à la nature de n'importe quel corps et de n'importe quel esprit (qu'il dorme, qu'il soit ivre ect... et même passé et à venir) et surtout: quelques soient les rencontres qu'il fait.


là-dessus je suis en désaccord avec Hokousai. Comme sa citation le montre bien: on peut effectivement avoir une notion commune SANS être affecté par un autre corps. Mais on ne peut pas, comme tu le suggères, avoir une notion commune sans percevoir le Corps, donc sans avoir l'idée présente d'une affection du Corps. Qui plus est: il faut en avoir une idée claire et distincte, ce qui n'est certainement pas le cas en dormant ou en étant ivre.

Durtal a écrit :La raison pour laquelle elles ne dépendent pas de rencontres singulières est que les propriétés qui sont communes aux autres corps et au nôtre sont "déjà" dans le corps propre (elle n'est pas acquise en ce sens).


oui, là-dessus nous sommes d'accord, tandis qu'il me semble que Hokousai ne le serait pas.

Durtal a écrit :Par définition de ce qu'est une notion commune, en effet, (une propriété que tous les corps possèdent en commun) notre corps "en porte" nécessairement un exemplaire et c'est parce que notre esprit est l'idée de notre corps qu'il a nécessairement une idée de ces propriétés et non parce qu'il la conçoit (ou l'acquiert) au cours de rencontres avec les autres corps.


tu oublies que notre Esprit n'a qu'une idée de notre Corps QUE en tant que notre Corps est affecté. Bien sûr, on peut nous-mêmes affecter notre Corps, et en ce sens on ne dépend pas des rencontres avec les autres corps. Mais il faut bel et bien passer par cette affection, sinon aucun "rendre présent" ne s'effectue!!

Durtal a écrit :Il est exact cependant qu'il y a une complexification de cette théorie au sens où notre corps se transforme dans l'expérience à mesure que nous rencontrons plus de corps, plus de situations corporelles différenciées, ce qui permet à l'esprit d'établir de plus en plus de différences et d'identités pertinentes et donc d'agir et de raisonner de plus en plus sous la règle des notions communes. Il serait donc faux de dire que l'expérience ne joue aucun rôle, mais je crois que ce rôle est en quelque sorte celui d'un révélateur, (au sens du produit dont on se sert pour les photographies), parce que le croisement des expériences et leur multiplication conduit à la sélection automatique des traits pertinents.


oui en effet, mais toute la question est justement de savoir quel rôle accorder à cet effet "révélateur" ...?

Durtal a écrit :Cependant faire des notions communes des notions synthétiques, ou des notions empiriques comme je l'ai lu chez Hokusai me paraît une absurdité pure et simple (un axiome n'est pas une notion empirique).


puisqu'il s'agit d'une propriété commune, et puisque l'Esprit n'a aucune idée du Corps si ce n'est qu'à travers les affections du Corps, je ne vois pas en quoi une notion commune, dans le spinozisme, ne serait pas synthétique?

Durtal a écrit :Enfin sur "l'inconscient" c'est tout de même incroyable... Comme si la seule notion d'inconscient qui soit pensable était celle de Freud. Je ne vois aucune raison de ne pas admettre des structures inconscientes chez Spinoza, bien sur, il ne s'agira pas de "l'inconscient dynamique" de Freud mais j'ai même du mal à comprendre comment on peut se poser un problème pareil.
Je pense pas que Spinoza admette par exemple que la maîtrise du langage présuppose de la part de chaque individu qu'il ait "en acte" dans la tête toutes les phrases possibles de la langue et qu'il parle en sélectionnant consciemment chacune des phrases qu'il emploie. Cela présuppose que Spinoza a une conception dispositionnelle de l'esprit qu'il admet des automatismes, des habitudes etc... (pensons au terme qu'il utilise très souvent "d'aptitude" ou à l'expression "d'être apte à ")

Bref un peu comme tout le monde à vrai dire je suppose que Spinoza admet certaines structures et fonctions mentales pré-réflexives dont à mon sens ce qu'il appelle les notions communes font partie. Ce qui passe à la conscience ou "à l'attention" ce sont les effets de ces notions communes (les raisonnements, les conduites rationnelles.


je ne crois pas que c'est le cas. Certes, il ne faut pas admettre un inconscient freudien pour déjà pouvoir admettre un inconscient. Mais ce qui n'est pas conscient, chez Spinoza, ce sont toutes nos idées inadéquates. Jamais une idée adéquate pourrait être "inconsciente". Elle peut être enveloppée dans une autre idée, mais peut-on en conclure qu'elle est "inconsciente" ... ? Je ne le crois pas. Toutefois, il est évident qu'il faudrait pouvoir argumenter davantage cette hypothèse. J'y réfléchis.
A bientôt!
L.

PS: et désolée de la longueur de ce message, bien sûr ... :)

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Messagepar Durtal » 11 juil. 2008, 02:50

Louisa,

en lisant ton message j'ai l'impression que tu n'as en fait tout simplement pas compris le sens de la question que je t'adressais à propos du sommeil.

Ce n'est pas moi qui ais un problème (étant donné la thèse que je soutiens sur la question) mais toi...Faudrait voir à pas renverser les rôles...


Ton idée est que: il n'y a de notion commune qu'à partir du moment où il y a idée adéquate. La question que je t'adresse ( avec le sommeil ou l'ivresse) revient donc en somme à de te demander: qu'entends tu par l'expression "avoir une idée adéquate".

Il ressort de tout ce que tu dis que avoir une "idée adéquate" veut dire pour toi "vivre un épisode conscient d'un certain type. Le type d'épisode correspondant aux idées claires et distinctes" d'accord? (erratum j'ai corrigé ce passage qui n'était pas clair au cours d'une édition ultérieure)

La question est alors: lorsque dans le sommeil ( ou dans l'ivresse) nous n'avons pas d'idées claires et distinctes de quoi que ce soit, est-ce que nous n'avons plus de notions communes ou bien est ce que tu admets que nous pouvons "avoir" des notions communes même quand nous n'avons pas ces fameux épisodes conscients d'un certain genre que tu appelles "avoir une idée claire et distincte"?

Si tu admets que oui, donc si tu admets que nous pouvons dire, même quand on dort ou quand on est ivre, que nous avons encore dans ces cas là les notions communes, que nous avions avant de dormir ou avant de nous saouler, alors tu admets du même coup la possibilité de principe qu'il puisse se faire que la présence d'une notion commune n'entraîne pas toujours ces épisodes conscients ect... que tu appelles avoir "une idée claire et distincte"

Si tu ne l'admets pas et bien je te le dis: RIEN dans ce cas ne sera susceptible de constituer une "notion commune". Car ton critère d'admission serait alors tellement exigeant que même les notions communes les moins problématiques ( dans le cadre de notre discussion s'entend), ainsi les axiomes et les postulats d'Euclide par exemple, ne pourraient selon tes critères être admis parmi les notions communes. Tout simplement parce qu'il faudrait que nous ayons en permanence par exemple, la proposition d'Euclide que tu cites "à l'esprit", pour être dit "avoir" cette notion commune. Ce qui est une idée franchement stupide.

Nécessairement, à moins que tu ne veuilles réellement soutenir la position que je viens de décrire, ce que tu veux dire par "avoir une idée adéquate" doit s'entendre en un sens dispositionel ou au sens, si tu préfères, "d'une aptitude à l'avoir", mais si tu m'accordes cela, tu m'accordes tout le reste. Et tout ce fatras de faux problème sur l'usage du conditionnel part au diable...

ps: les notions synthétiques sont contingentes et pour cette raison n'expriment certainement pas "une sorte d'éternité". Ce que tu dis aussi sur mon argument concernant l'impossibilité pour "le faux de devenir le vrai"est totalement indigent... et il y aurait encore des choses à relever mais je m'en fous: la seule chose qui m'importe est de connaître ta position sur le problème ci dessus exposé et seulement celui là.

D.

D.
Modifié en dernier par Durtal le 14 juil. 2008, 17:42, modifié 1 fois.


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