Faun a écrit :Louisa, j'ai déjà répondu à vos objections concernant les passions plus haut.
euh ... oui. Dans le message qui suit immédiatement après cette réponse, j'ai expliqué pourquoi à mon sens elle n'est pas valide. Tout commentaire des objections formulées dans ce deuxième message est le bienvenue.
Faun a écrit :Que l'imagination soit une illusion que Spinoza rejette dans le premier genre de connaissance n'empêche pas qu'elle soit en effet une puissance. Des affects bien réels peuvent en effet naître d'idées illusoires.
chez Spinoza, c'est plutôt l'inverse qui est vrai:
- le premier genre de connaissance ne contient en tant que tel AUCUNE erreur ou fausseté.
- l'imagination n'est pas une illusion, mais une faculté de connaissance.
- l'imagination n'est pas rejetée DANS le premier genre de connaissance, elle EST le premier genre de connaissance, elle consiste à rendre présent à notre Esprit des corps extérieurs qui affectent notre Corps.
- les erreurs ou illusions NAISSENT des idées produites par le premier genre de connaissance, ont dans ces idées leur source, leur cause, comme le dit Spinoza. Les idées inadéquates elles-mêmes, encore une fois, ne contiennent aucune erreur. Elles produisent des erreurs. C'est différent.
Enfin, que serait une "idée illusoire"? S'il faut comprendre par là une "idée inadéquate", alors il s'agit d'une idée qui pose l'existence de quelque chose qui en réalité n'existe pas. Mais on ne peut pas du tout conclure de cela que cette idée (idée inadéquate) elle-même n'existe pas! Sinon comment expliquer qu'elle pourrait être CAUSE d'un "affect bien réel"?
Faun a écrit :L'art des prêtres a d'ailleurs toujours consisté à exercer un pouvoir via la puissance de l'imagination, qui est très forte chez les ignorants comme le dit Spinoza.
L'art des philosophes consiste principalement à dissiper ces mauvais rêves.
ah! les philosophes comme "ghostbusters"! Wittgenstein et pas mal de philosophes analytiques seraient à mon sens tout à fait d'accord avec cela ... . C'est pourquoi selon Wittgenstein le mieux serait de ne plus devoir philosopher du tout. Conclusion logique, somme toute.
Or le philosophe spinoziste fait a mes yeux bel et bien autre chose: il invente, il produit, il crée une NOUVELLE façon de penser, de nouvelles idées. Il ne suffit pas de juste chasser celles qui sont inadéquates. La philosophie n'est pas une entreprise de "nettoyage" conceptuel. Elle ajoute des idées au monde. Qui plus est: cette pratique de production de nouvelles idées est une source de Joie profonde pour celui qui s'y livre. Pour Spinoza, plus on philosophe, mieux c'est, et cela non pas parce qu'il y aurait toujours des idées inadéquates à combattre, mais plutôt parce que l'augmentation de la puissance de penser, du nombre des idées adéquates, est un bien en soi.
L.