- D'abord s'agissant des "notions communes", tout ce que j'ai pu trouver, (sur Aristote, Euclide, Epicure, les stoïciens, ...) les considère synonyme d'"axiomes", sous la conditions que ceux-ci sont universellement admis, pour tout et par tout le monde (autrement dit, pour reprendre une discussion précédente, des axiomes effectivement évidents pour tout le monde.) Ce sont elles les bases générales et généralement admises non démontrées du raisonnement.
S'agissant de Spinoza, E2P38 et suivantes sont trop générales pour trancher sur ce point, mais les deux endroits où à ma connaissance il appose "notion commune" à quelque chose d'autre de connu, c'est "axiome."
Spinoza, Lettre 04 à Oldenburg, a écrit :... Votre troisième objection est que mes axiomes ne doivent pas être mis au nombre des notions communes. ...
Spinoza, Ethique, a écrit :E1P8 : ... Si les hommes étaient attentifs à la nature de la substance, ils ne douteraient en aucune façon de la vérité de la Propos. 7 ; bien plus, elle serait pour tous un axiome, et on la compterait parmi les notions communes de la raison. ...
Chez Descartes, c'est aussi essentiellement le cas, et d'ailleurs repris par L. Meyer en Préface des Principes de la philosophie de Descartes :
http://www.spinozaetnous.org/wiki/Notions_communes
Toutefois, Descartes a utilisé le terme pour des "entités mentales évidentes" (dont au premier chef Dieu) :
Descartes, Principes, a écrit :Part I, 13 : ... Elle rencontre aussi quelques notions communes dont elle compose des démonstrations qui la persuadent si absolument qu’elle ne saurait douter de leur vérité pendant qu’elle s’y applique. Par exemple, elle a en soi les idées des nombres et des figures ; elle a aussi entre ses communes notions que, “ si on ajoute des quantités égales à d’autres quantités égales, les touts seront égaux ”, et beaucoup d’autres aussi évidentes que celle-ci, par lesquelles il est aisé de démontrer que les trois angles d’un triangle sont égaux à deux droits, etc. ...
Une analyse globale assez intéressante est donnée dans :
http://www.yesselman.com/elwesEbk.htm
Un extrait pour les anglicistes :
Letter 4:284 - Spinoza to Oldenburg.
L4[4]—Common Notions.
From Abraham Wolf, "The Correspondence of Spinoza", ISDN: 0714615730; Page 377. (Out of print.)
P. 82, l. 21. "Common Notions" (Notiones communes) is here used as the equivalent of what Oldenburg (Letter 3:279) called "indemonstrable Principles," that is, ultimate assumptions or axioms. It was the Stoics who first brought into vogue the idea of common notions (communes notiones). These were held to be ideas implanted in all human beings by the Universal Spirit, and therefore true. The argument from consensus gentium was based on this thought. In the seventeenth century the term was extensively used by Herbert of Cherbury (1585-1648) and by Descartes, among others. In his De Veritate, Herbert of Cherbury elaborated a theory of knowledge in which "common notions" (notitiae communes) occupied an important place as ideas which were innate, indisputable, and of divine origin. Descartes at first applied the term to such ultimate ideas as those of Existence, Duration, Equality (hence also the names primae notiones or notions primitives), but eventually identified them with "axioms" or "eternal truths" (such, e.g., as "things equal to the same thing are equal to one another "), on the ground presumably that they are conveyed to us along with "common notions" in the other sense of the term, namely, ultimate ideas like Equality, etc. Spinoza eventually used the term "adequate ideas" instead of the term "common notions," which he also employed sometimes. It is worth noting that Plato seems to have applied the term "adequate" to an assumption or postulate, which was admitted by, or common to, all the parties to a discussion. So that Spinoza had to some extent an historical precedent for substituting "adequate" for "common" notions.
Donc "notions communes" recouvre les axiomes ou propositions évidents pour tout le monde. Et, éventuellement (mais c'est assez logique dans une démarche logique...), tous les mots non définis et clairs pour tout le monde (car encore une fois, comme une démonstration requiert des prémisses, une définition - et un axiome - requiert des mots de sens déjà perçu.) Un exercice dans ce cadre est de voir quels sont ces mots dans l'Ethique. Ce n'est pas facile, car Spinoza reprend par la suite des définitions de mots apparaissant eux-mêmes dans les premières définitions (essence, par exemple.) Mais on trouve "chose" dans E1D2, alors que Spinoza dit dans E2P40S1 que c'est un transcendantal... (... transcendantaux, comme être [étant], chose, quelque chose.)
Dans ces conditions, la discussion pour savoir si une notion générale serait une notion commune me semble passablement surfaite. Si elle est communément admise comme symbolisant une propriété commune à certains étants clairement identifiés, je ne vois pas de problème (celui-ci ne survient que si l'on prend cet auxiliaire de Raison pour un étant.)
- S'agissant des Pensées Métaphysiques je ne vois rien là qui me gêne : Spinoza dit que les êtres de Raison sont des auxiliaires permettant de mieux manipuler des choses déjà connues ; je ne dis pas autre chose...
- S'agissant de Platon, j'aimerais bien voir des extraits, car je dis qu'il n'y a pas de différence entre les Formes platoniciennes et les Essences spinoziennes (si ce n'est que dans les premières se trouvent au premier chef les valeurs comme le Vrai, le Bien, etc. et que ce sont chez Spinoza plutôt des Etres de Raison..., lesquels n'en reflètent pas moins une réalité.)
En passant, Béatitude est-elle - si tant est que Spinoza y mette autre chose que les axiomes universellement évidents - une notion commune ?
Amicalement
Serge