bardamu a écrit :comment la logique du tout et de la partie pourrait-elle s'appliquer à l'organisme humain et pas à une entité à laquelle appartiendrait l'humain ? L'espèce en tant que classification taxonomique peut être abstraite mais l'espèce en tant que succession de générations humaines l'est-elle ? Qu'y a-t-il d'abstrait dans une population de néanderthaliens ?
C'est toute l'histoire de l'Evolution qui nous montre comment des populations se reproduisent, s'étendent, évoluent et se séparent.
La Nature crée des espèces (E3p57 scolie) : "Le cheval et l'homme obéissent tous deux à l'appétit de la génération, mais chez celui-là, l'appétit est tout animal ; chez celui-ci, il a le caractère d'un penchant humain. De même, il doit y avoir de la différence entre les penchants et les appétits des insectes, et ceux des poissons, des oiseaux".
N'y a-t-il pas une espèce équine et une espèce humaine, chacune mue par des affects liés à la nature de leur corps (herbivore-omnivore, galopant-marchant etc.) ?
Je crée un nouveau fil afin de ne pas faire un hors sujet dans le fil sur la vieillesse.
Non la Nature ne crée pas des espèces, elle produit des individualités vivantes qui ne cessent d'interagir les unes avec les autres. Tous ces préjugés au sujet de la Nature viennent, dans notre culture, de la Bible, qui n'a évidemment pas été écrite par des biologistes :
1.11
Puis Dieu dit: Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi.
1.12
La terre) produisit de la verdure, de l'herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.
1.21
Dieu créa les grands poissons et tous les animaux vivants qui se meuvent, et que les eaux produisirent en abondance selon leur espèce; il créa aussi tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon.
1.24
Dieu dit: Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce. Et cela fut ainsi.
1.25
Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.
La Nature produit des individualités vivantes qui ne cessent de se modifier (et non d'évoluer, car le terme d'évolution semble impliquer une finalité) et qui, particulièrement chez les plantes, se fécondent les unes les autres sans tenir aucun compte des recommandations du Dieu de la Genèse. On voit même certaines plantes utiliser des insectes afin de produire des individualités nouvelles (j'évite d'employer le terme de reproduction qui est évidemment faux, la Nature n'étant pas une photocopieuse). Et il en va de même chez la plupart des animaux qui, pourvu que leur taille le permette, n'hésitent pas non plus à forniquer avec ce qu'ils peuvent trouver, sans tenir compte de nos classifications bornées.
Cette vision d'une Nature ordonnée en catégorie n'est qu'une manière d'imaginer et ne correspond à aucune réalité, puisque la Nature n'a aucun plan prédéfini pour agir, ni n'agit en vue d'aucune fin. Elle vient, semble-t-il, de la courte durée de la vie humaine, qui voit le monde comme une photographie figeant le réel en une image fixe (comme dans le texte de la Genèse cité plus haut), alors que la vie sur notre planète aurait besoin, pour être véritablement comprise, d'être filmée sur toute sa durée. On verrait alors les modifications, mutations et interactions des êtres vivants d'une façon qui ferait exploser toute cette classification illusoire.
Cette prodigieuse liberté du vivant est d'ailleurs mise en lumière par les travaux des généticiens actuels, qui n'ont plus aucune peine à créer des hybrides artificiellement entre des animaux que nous croyions jusqu'à il y a peu figés dans leurs espèces. Et cela n'est qu'une accélération, volontaire et consciente, de ce qui se produit aléatoirement sur la Terre depuis les origines.