Enegoid a écrit :Pour ce qui me concerne, c'est cette explication par la communauté des corps (dont vous dites à juste raison, qu'elle n'est pas développée par Spinoza) qui m'intrigue, et qui m'intéresse...
Je pense avoir perçu "en gros" la logique que suit Spinoza (qui apparaît au clair dans la deuxième moitié de la deuxième partie de l'
Ethique.) Succinctement, comme je l'ai déjà écrit : les sensations (idées d'affections du Corps) sont "à cheval" entre deux étants : le Corps et un corps extérieur. Quoique le Mental ne puisse avoir conscience du Corps et des corps extérieurs que par ces sensations, elles ne lui donnent directement une idée adéquate, c'est-à-dire "entière" en lui-même (le Mental), ni du Corps, ni du corps extérieur, ni de lui-même (ce à quoi on ajoute : ni des parties constituant le corps humain.) De quoi viennent alors les idées adéquates ? : du fait que DANS les sensations ce qui est commun au Corps et au corps extérieur est, lui, entier dans le Mental (et ne constitue l'essence d'aucune chose singulière), autrement dit adéquat. Sans établir précisément la nature du lien, il en ressort que, les notions communes étant adéquates, elles résultent nécessairement de cette communauté entre le Corps et les corps extérieurs.
La démarche de Spinoza étant, comme le dit Hokousai, fortement rationaliste, au moins dans son principe affiché (car je ne crois pas une seconde que Spinoza n'ait pas fait appel à son intuition des faits pour guider là où il faut sa démarche logique), on peut dire que tout tient dans les axiomes ou notions communes, tout le reste s'en déduisant logiquement (tout se qui découle d'une idée adéquate est lui-même adéquat ; autrement dit, les notions communes étant fixées, tout le reste en découle.) Reste à découvrir en quoi "rien ne vient de rien", par exemple, résulte de la communauté des corps. Mais je ne vois pas là matière à objection. La communauté fondamentale reste Dieu-la substance-la Nature, et là c'est bien clairement la communauté d'être que contient la sensation qui en est à l'origine.
Serge
P.S. Encore une fois, je pense qu'on mécomprend Spinoza en forçant grassement le trait sur ses distinctions. Il ne saurait nier l'"intérêt" de l'expérimentation, lui qui affirme que toute connaissance de base est contenue DANS la sensation (mais pas simplement PAR la sensation) et que plus on se confronte aux choses naturelles, plus on connaît Dieu. Simplement, ce n'est pas dans la sensation brute, ni dans la mémoire, ni dans l'imagination (directe comme dans la sensation, ou dérivée de la mémoire) que la connaissance adéquate - puissance ultime de l'Homme quand elle est vue intuitivement en action, c'est-à-dire dans le troisième genre - se trouve.
Connais-toi toi-même.