Qu'en est-il de l'âme des enfants morts ?

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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milena
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Qu'en est-il de l'âme des enfants morts ?

Messagepar milena » 26 nov. 2007, 19:35

:?: Bonsoir, je me permets de vous contacter, vous qui connaissez mieux que moi l'oeuvre du philosophe Spinoza car je suis à la recherche d'un thème précis qu'il a dû ou pu aborder au cours de son travail, mais dont je n'ai pas la moindre idée de où et quand il l'aurait fait.
Je voudrais savoir si Spinoza a écrit sur la mort des enfants, nouveaux-nés, êtres qui n'auraient pas eu le temps d'accomplir ce qu'ils avaient à faire sur terre avant de mourir, qu'en est-il alors de leur âme ?

Si vous avez déjà lu un texte de lui à ce propos, pourriez vous me renseigner sa notice bibliographique ?

Un grand merci,

Miléna.

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Joie Naturelle
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Re: Qu'en est-il de l'âme des enfants morts ?

Messagepar Joie Naturelle » 26 nov. 2007, 20:56

milena a écrit ::?: Bonsoir, je me permets de vous contacter, vous qui connaissez mieux que moi l'oeuvre du philosophe Spinoza car je suis à la recherche d'un thème précis qu'il a dû ou pu aborder au cours de son travail, mais dont je n'ai pas la moindre idée de où et quand il l'aurait fait.
Je voudrais savoir si Spinoza a écrit sur la mort des enfants, nouveaux-nés, êtres qui n'auraient pas eu le temps d'accomplir ce qu'ils avaient à faire sur terre avant de mourir, qu'en est-il alors de leur âme ?

Si vous avez déjà lu un texte de lui à ce propos, pourriez vous me renseigner sa notice bibliographique ?

Un grand merci,

Miléna.


Bonsoir,

Je suppose que pour Spinoza, l'âme des enfants meurt en même temps que leur corps, puisque âme et corps ne font qu'un. L'enfant meurt comme l'adulte meurt : il rejoint l'éternité divine, rompant ainsi avec le temps, puisque l'éternité ne peut s'exprimer en termes de durée.

Que l'enfant n'ait pas eu le temps d'accomplir quoi que ce soit n'a aucune importance, puisque Dieu-nature n'agit pas en vue d'une fin mais selon sa propre nécessité. En d'autres termes, l'homme ne naît pas pour accomplir quoi que ce soit sur Terre. La vie n'a point de finalité. Elle se contente d'être, puis de cesser d'être. Peu importe qu'elle s'arrête au bout d'un jour ou au bout de cent ans. Le résultat est le même.

Enegoid
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Messagepar Enegoid » 26 nov. 2007, 21:53

Oui, c'est un peu triste quand même.
Cela pose la question du critère d'une vie accomplie, si la notion de vie accomplie a un sens...pour Spinoza, elle n'a pas de sens.

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hokousai
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Messagepar hokousai » 26 nov. 2007, 23:46

comment ça !

Le spinozisme est saturé de sens
Tout renvoie à tout
C'est ça le sens, c'est le renvoi .
Rien n' y apparait sans causes ni n'est cause d' aucun effet , tout est lié . Les liaisons tissent un réseau infini .

Il n 'y a pas de création ex nihilo ( ce dont on ne voit pas la provenance donc le sens )
Ce qui est accompli l'est par nécessité et a donc le sens de cette nécéssité .

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Faun
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Messagepar Faun » 27 nov. 2007, 05:57

L'intellect des enfants est éternel comme celui des adultes, seulement il n'a pas pu, dans cette vie d'homme, croître et se développer. Mais il en va de même des hommes qui meurent vieux sans avoir jamais exercé leur intelligence, et dont la part éternelle de leur esprit est minuscule comparée à la part de leur imagination et de leur mémoire, qui périt avec leur corps. J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de contresens sur ce forum concernant la vie éternelle des intellects singuliers, pas suite je citerais quelques textes de Spinoza qui nient absolument que les esprits, et particulièrement les parties éternelles des esprits qui sont les intellects, meurent avec les corps :

"d'où il appert, ainsi que de la prop. 21 p. 1 et d'autres, que notre Esprit, en tant qu'il comprend, est une manière de penser éternelle, qui est déterminée par une autre manière de penser éternelle, et celle-ci à son tour par une autre, et ainsi à l'infini ; en sorte qu'elles constituent toutes ensemble l'intellect éternel et infini de Dieu."
scolie de la proposition 40 de la cinquième partie.

"De là suit que la part de l'Esprit qui subsiste, quelle que soit sa grandeur, est plus parfaite que l'autre. Car la part éternelle de l'Esprit (par les prop. 23 et 29 de la 5eme partie) est l'intellect, par lequel seul nous sommes dit agir (par la prop. 3 p. 3)"
corollaire de la proposition 40 de la cinquième partie.

"Qui a un Corps apte à un très grand nombre de choses, a un Esprit dont la plus grande part est éternelle."
proposition 39 de la cinquième partie.

"(...) de là suit que l'Esprit humain peut être de nature telle que ce qui, de lui, périt avec le Corps (voir la proposition 21 de la 5eme partie) soit insignifiant au regard de ce qui subsiste de lui."
scolie de la proposition 38 de la cinquième partie.

"(...) plus l'Esprit connaît de choses par les deuxième et troisième genres de connaissance, plus grande est la part de lui qui subsiste (...)
démonstration de la proposition 38 de la cinquième partie.

"L'ignorant, en effet, outre que les causes extérieures l'agitent de bien des manières, et que jamais il ne possède la vraie satisfaction de l'âme, vit en outre presque inconscient et de soi, et de Dieu, et des choses, et, dès qu'il cesse de pâtir, aussitôt il cesse aussi d'être. Alors que le sage, au contraire, considéré en tant que tel, a l'âme difficile à émouvoir ; mais conscient et de soi, et de Dieu, et des choses avec une certaine nécessité éternelle, jamais il ne cesse d'être ;"
scolie de la proposition 42 de la cinquième partie.

"Quoique donc nous ne nous souvenions pas d'avoir existé avant le corps, nous sentons pourtant que notre Esprit, en tant qu'il enveloppe l'essence du Corps sous l'aspect de l'éternité, est éternel (..)"
scolie de la proposition 23 de la cinquième partie.

"L'Esprit humain ne peut pas être absolument détruit en même temps que le corps ; mais il en reste quelque chose, qui est éternel."
proposition 23 de la cinquième partie.

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Messagepar Joie Naturelle » 27 nov. 2007, 07:56

Faun a écrit :"L'Esprit humain ne peut pas être absolument détruit en même temps que le corps ; mais il en reste quelque chose, qui est éternel."
proposition 23 de la cinquième partie.


Je veux bien admettre que je n'ai pas compris. Mais je voudrais comprendre : comment se peut-il que, si le corps et l'esprit ne sont qu'une seule et même chose (ce que Spinoza affirme), l'esprit puisse survivre au corps ?

Si l'esprit est éternel, pourquoi le corps ne le serait-il pas lui aussi, hors de l'étendue ?
Modifié en dernier par Joie Naturelle le 27 nov. 2007, 13:12, modifié 1 fois.

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Ulis
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Messagepar Ulis » 27 nov. 2007, 11:55

La nature est éternelle. Comme partie de la nature je suis éternel ! Cette certitude peut suffir au sage.
Ulis

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Messagepar Joie Naturelle » 27 nov. 2007, 13:07

Ulis a écrit :La nature est éternelle. Comme partie de la nature je suis éternel ! Cette certitude peut suffir au sage.
Ulis


Certes, mais l'âme de chacun, disparaît, se dissout dans la nature. Elle n'est plus l'âme qu'on a connue sous la forme de la pensée. Comme le corps dont elle fait partie, elle rejoint la nature sous une autre forme, pas sous la forme de la pensée ni sous la forme de l'étendue non plus d'ailleurs.

On parle là d'une nature hors temps et hors espace, puisqu'éternelle. Quelque chose d'éternel ne peut se mesurer ni dans le temps, ni dans l'espace. C'est du moins ce que je comprends.
Modifié en dernier par Joie Naturelle le 27 nov. 2007, 13:25, modifié 1 fois.

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Messagepar Joie Naturelle » 27 nov. 2007, 13:22

Enegoid a écrit :Oui, c'est un peu triste quand même.
Cela pose la question du critère d'une vie accomplie, si la notion de vie accomplie a un sens...pour Spinoza, elle n'a pas de sens.


Le critère d'une vie accomplie ne prend un sens qu'à l'échelle de l'être humain, qui veut toujours absolument chercher un sens aux choses. Il suffit d'oser regarder lucidement la réalité pour se convaincre que l'existence humaine n'a pas de sens pour Dieu, c'est à dire pour la nature. Nous pouvons mourir à tout moment, parfois même avant de naître, dans le ventre maternel. Tout nous montre que la nature n'accorde pas de sens aux choses, et que la recherche de sens n'est qu'une caractéristique de l'homme et de sa vision limitée du monde.

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hokousai
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Messagepar hokousai » 27 nov. 2007, 17:18

Tout nous montre que la nature n'accorde pas de sens aux choses,



Plus exactement elle n'accorde pas le sens que vous aimeriez qu 'elle accorde .

La nature dit que le corps de l' homme est mortel , l homme aimerait qu'elle dise autre choses .
A cet effet il s'est fabriqué une révélation supposée divine , donc un Dieu qui révèle un sens lequel convient à l 'homme .
Voila comment l' homme s'arrange quand le sens ne lui convient pas .

L homme a donc cru en la résurrection des corps puis devant les difficultés opposées par la raison il a cru que l'âme survivait éternellement .
Quand la raison fit douter que l'âme individuelle existe donc qu'elle puisse perdurer , l homme réprouva la raison et lui préfèra la foi .

L homme en question qui est le croyant des religions voit son EGO et le péril de son Ego mais ne voit pas Dieu .

Dieu il en a plein la bouche mais son esprit est vide de Dieu et rempli des soucis de son EGO .

Quand le croyant est confronté à Spinoza il le taxe d' athéisme .

Ces vieux croyants narcissiques devraient balayer devant leur porte .
Balayer un bon paquet de superstitions et de magie qui encombrent la question du sens .

hokousai


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