L'erreur philosophique

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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LaPhilosophieAuMarteau
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L'erreur philosophique

Messagepar LaPhilosophieAuMarteau » 08 juin 2008, 04:43

L'unique erreur philosophique est de considérer les philosophes pour des philosophes.

Un "philosophe", c'est à dire la personne devant laquelle chacun d'entre-NOUS se prosterne pour des raisons diverses (réconfort, masochisme, névrose et absence de volonté de puissance en fait...) n'est simplement qu'une personne qui a clairement exprimé une interprétation très personnelle de la réalité qu'il percevait, à un moment déterminé, en fonction de ses caractéristiques physico-chimiques et de son intéraction avec l'environnement dans lequel elle évoluait.

Dès lors, la philosophie de Spinoza est elle-même le produit de l'intéraction de Baruch Spinoza et de l'environnement dans lequel il vécut.
Si vous acquiessez à 100% à ce qu'il dit, c'est que votre constitution physico-chimique et l'intéraction que vous avez avec votre environnement PRODUIT UNE INTERPRETATION SIMILAIRE A LA SIENNE.

J'espère que personne ne songera à faire un trou dans mon manteau pour de tels propos :)

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Alexandre_VI
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Messagepar Alexandre_VI » 08 juin 2008, 05:05

:roll:

Et pourquoi TOI tu devrais être pris au sérieux, dans ces conditions?

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Réponse pour Alexander

Messagepar LaPhilosophieAuMarteau » 08 juin 2008, 05:43

Pas prendre au sérieux Alexander, car personne ne songe, selon moi, à se prendre au sérieux sur ce forum...

Néanmoins, je pense que tu voulais dire: pourquoi voudrais-tu que quelqu'un partage ton "opinion" (connaissance du 1er genre, sache que je suis humble vis à vis du savoir) compte tenu de ce que tu affirmes?

C'est parfaitement vrai Alexander: tu ne peux partager mon "opinion" uniquement si tu as une constitution physico-chimique assez proche de la mienne interagissant dans un environnement tel que tu es une INTERPRETATION du réel identique ou très proche de la mienne.

Nice to read you Alexander, tu es mon premier correspondant.

thibautt
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Re: L'erreur philosophique

Messagepar thibautt » 08 juin 2008, 11:19

LaPhilosophieAuMarteau a écrit :Si vous acquiessez à 100% à ce qu'il dit, c'est que votre constitution physico-chimique et l'intéraction que vous avez avec votre environnement PRODUIT UNE INTERPRETATION SIMILAIRE A LA SIENNE.

C'est ce que Spinoza (et tous les autres philosophes je pense) veulent.
Mais cette interprétation ne doit dépendre que des éléments partagés par tous les hommes de toutes les époques en terme de constitution physico-chimique et d'environnement : c'est ce qu'on appelle la raison.
Tous les hommes ont a peu pres une constituton physico-chimique semblable et un environnement semblable (qui produira les mêmes effets si une modification physico-chimique a lieu : donc en fait qui nous permet d'émettre des idées et un raisonnement qui ne dépendent pas ou très peu de l'environnement). Les philosophes s'appuient donc sur cette universalité de la raison pour faire partager leur idées et leur interprétation du réel.

Mais c'est vrai que vous (tu) posez (poses) une question intéressante : la "vérité universelle" sous-entendue d'après moi dans toutes les philosophies, et qui constitue LE hic du truc (et un gros frein à mes premières lectures de pholosophie) : on peut continuer comme ca pendant longtemps à patauger dans la semoule pour obtenir une vision du réel satisfaisante à nos yeux, et en fait on est même pas sûrs que c'est bon.
Mais le but c'est d'être heureux, pas de comprendre le monde, donc on s'en fout.

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Messagepar LaPhilosophieAuMarteau » 08 juin 2008, 19:45

Tu peux me tutoyer Thibautt.

Je suis bien d'accord avec toi: mais c'est bien celà qu'il faut vraiment questionner: existe-elle vraiment cette raison universelle? Et puis, s'abstraire des interactions avec ton environnement, c'est finalement nier sa propre existence. Car tout être est un processus physico-chimique, évoluant dans un environnement physco-chimique avec lequel il rentre en interaction.

Si, comme tu le soulignes, tous les hommes ont une constitution physico-chimique très proches et vivent dans des environnements similaires, comment se fait-il que il existe autant de divergences dans l'interprétation que font les individus du monde dans lequel ils vivent.

Ne serait-ce qu'en France: les divergences d'intérêt et de représentation du monde sont largement majoritaires.

Je pose donc deux questions:

1) Y-a-t'il vraiment quelquechose d'universel?

2) si tant est que quelquechose puisse être universel, est-ce la raison qui s'avère être cette chose? Parce que la raison, c'est finalement le mécanisme qui, lorsque nous voulons aller d'un point A à un point B, permet de définir le meilleur chemin. Or l'interprétation du monde, elle, s'effectue au travers de nos sens! Donc est conditionnée par la constitution physico-chimique de chaque individu et de ses intéractions avec l'environnement dans lequel il évolue.

Bon dimanche à tous.
[/quote]

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Messagepar hokousai » 08 juin 2008, 23:51

à LaPhilosophieAuMarteau(LPAM)


Vous avez une interprétation en terme de constitution physico-chimique …..pas si proche de la mienne .
Ou bien nous n’avons pas la même constitution physico chimique
ou bien il faut chercher ailleurs la raison de la différence d’interprétations .

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Messagepar LaPhilosophieAuMarteau » 09 juin 2008, 00:38

Bonjour hokousai, heureux de faire ta connaissance. Tutoyons nous...

Peux-tu developper ton mail?

1) Quelle est ton interprétation?
2) Quelle raison explique selon toi notre différence d'interprétation.

NB: Serge me faisait remarquer que le terme "constitution" s'accompagne d'une idée d'un état statique alors que tout est dynamique. C'est pourquoi je propose d'utiliser le mot "processus" physico-chimique.

Dans l'attente de ta réponse.

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Messagepar Alexandre_VI » 09 juin 2008, 00:54

Bonjour Laphilosophieaumarteau,

Au fond tu poses une question très importante: si le déterminisme est vrai et que la volonté ne transcende pas les pressions de l'intérieur et de l'extérieur, qu'est-ce qui garantit la valeur de nos connaissances? Si tout n'est que processus naturel, comment savoir si ce processus engendre la certitude ou non?

Je me suis déjà un peu penché sur ce problème, et j'en ai conclu que la sélection naturelle aurait favorisé les esprits qui raisonnent selon des règles (innées) qui sont intrinsèquement valables. Par exemple si j'entends un bruit, je me demande tout de suite quelle en est la cause. Ce genre de règles est profitable dans notre monde: elle facilite la survie et la reproduction, donc elle a été sélectionnée.

Par ailleurs, la philosophie est une entreprise collective et auto-correctrice. S'il n'y avait qu'un seul philosophe dans le monde, ce qu'il dirait ne serait pas très profond, et sûrement éloigné de la vérité. Voyez les théories bizarres des présocratiques. Mais ce que dit un philosophe est contesté par les autres, ce qui amène le premier à perfectionner sa position, puis à la soumettre de nouveau au test des autres philosophes, et ainsi de suite. De cette manière, les théories philosophiques sont en développement constant. Les arguments deviennent de moins en moins naïfs, de plus en plus sophistiqués. L'accord ne se réalise toujours pas, mais au moins chaque position est devenue individuellement plus forte en se confrontant au jugement des autres. Dans ce sens, on peut considérer qu'on est de plus en plus proches de la vérité.

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Messagepar LaPhilosophieAuMarteau » 09 juin 2008, 02:25

Bonsoir Alexandre,

Ton premier paragraphe: qu'est-ce qu'avoir la certitude d'une chose, est-ce que la "certitude" existe et quelle en est la valeur ajouté pour la vie d'un Etre Humain?

Ce qui est selon moi important, c'est de connaître les intéractions (les affects je crois que Spinoza dit) de manière à ce que le processus physico-chimique que tu es, rentre dans une intéraction physico-chimique avec son environnement, lui même physico-chimique, intéraction qui lui soit source de joie. La connaissance naissant de l'expérience.

Comme la connaissance de toutes les intéractions possibles est impossible pour un processus humain, et compte tenu de la complexité des des multiples intéractions possibles, il n'ya jamais place pour la certitude, cette source de confort que beaucoup recherchent. En d'autres termes, la "vie" d'un processus humain est une perpétuelle prise de risques.

Ton deuxième paragraphe: je n'ai pas compris où tu veux en venir.

Ton troisième paragraphe:je vois ce que tu veux dire. c'est grâce au LOGOS, c'est à dire à la confrontation des interprétations de l'ensemble des participants que l'on peut au final "isoler" la vérité: celle-ci est ce qui a survécu au questionnement de tous et ce que tous ont au final déclaré comme appartenir à leur interprétation personnelle.

Dès lors, si je comprends bien ce que tu dis, la vérité ultime sera révéler à la fin de l'humanité car tous les points de vue possible, les interprétations du réel de chaque individu auront été confrontées. Mais quelle en est la valeur ajutée pour la joie du genre humain? Trouver la vérité n'a selon moi pas de sens.

Je pense plutôt que la vie d'un processus humain consiste à trouver SA vérité et d'entrer dans un rapport de force qui lui permettra d'ériger SON INTERPRETATION comme règle de fondement de la société dans laquelle il vit. On appelle cela la tyrannie d'un seule. Mais au passage, et cela est très important , LE processus humain en question peut être remplacé par UN GROUPE de processus humains, c'est à dire des individus qui partage de manière quasi-totale une INTERPRETATION COMMUNE du réel et qui l'impose comme fondement des règles de la société. Dans ce cas là, on appelle plus ce sytème Tyrannie d'une seule, mais Tyrannie d'un groupe ou encore Démocratie lorsque ce groupe représente la majorité de la population...

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Messagepar Alexandre_VI » 09 juin 2008, 02:40

à Laphilosophieaumarteau,

Et d'abord pourquoi ce réductionnisme extrême, d'interactions physico-chimiques? Pour moi il est clair que les phénomènes psychiques sont en un certain sens irréductibles au physico-chimique. Ils sont d'un autre genre, ils sont d'un autre ordre. Les roches n'ont pas conscience d'elles-mêmes. Nous, oui. Et d'ailleurs, on peut embrasser l'univers par la pensée, alors des objets purement «physico-chimiques» ne peuvent qu'exercer des actions limitées dans l'espace et le temps. Oui, la pensée est un phénomène étrange. Je ne défends pas l'indéfendable dualisme cartésien­. Mais je ne défends pas non plus le matérialisme-identité. La pensée vient du cerveau, mais la pensée se distingue du cerveau.

Par ailleurs, l'homme a échappé partiellement à la logique de l'évolution, en choisissant de dissocier sexualité et reproduction, et quelquefois en poursuivant d'autres finalités que la reproduction (cf: moines). L'homme est aussi capable de formes d'altruisme extrême, se sacrifiant pour des inconnus, voire pour des représentations abstraites (cf: la Patrie). Juste l'idée de maintenir en vie des individus biologiquement inutiles (cf: handicapés lourds), c'est dépasser la loi de la nature.

Enfin, bien que je sois déterministe, il me semble que ce déterminisme ne s'explique pas entièrement par les lois physico-chimiques, comme si l'homme n'était qu'une grande machine. Le déterminisme émane aussi du mode de fonctionnement de l'esprit, qui penche nécessairement vers le motif le plus attrayant que lui présentent les sens et le jugement.


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