Durtal a écrit :Tu recules. La question n'est pas de savoir si un sac poubelle "existe" (oui bien sur: cela existe) la question est de savoir si un sac poubelle est un individu au lieu d'être simplement un agrégat (d'autres individus).
non je ne recule pas. Mon raisonnement était le suivant: rien ne peut exister, dans le spinozisme, sans produire un effet. Or ce qui produit un effet, est par définition une chose singulière. Et puisqu'il faut une certaine "puissance" pour pouvoir produire un effet, ce qui définit une chose singulière est une certaine essence, un certain degré de puissance, donc quelque chose qui effectue le rapport de mouvement et de repos caractéristique pour cette chose. Par conséquent, la chose en question doit être capable aussi d'être affectée, c'est-à-dire de conserver le rapport qui la caractérise quand elle est affectée. Et c'est ainsi qu'on définit l'individu spinoziste. Conclusion: tout ce qui existe et qui n'est pas un corps simple, est un individu.
Durtal a écrit :Et non je ne crois pas que Spinoza dise que tout ce qui existe est un "individu" (rappelles toi la remarque de vie ordinaire sur le martini: il est possible de prendre n'importe quelle paire (ou ensemble) d'objet et de penser leur "unité". On fabriquera alors un individu auquel on donnera le nom que l'on voudra, cela n'en fera pas pour autant un "individu"). Le concept d'individu impliquant une détermination supplémentaire, précisément d'être à un degré quelconque (y compris minime) cause adéquate des effets qu'ils produit (à comparer avec la def. de "chose singulière")
ce n'est pas ainsi que Spinoza définit l'individu (voir sa défintion dans les lemmes E2). Il ne faut pas être cause adéquate des effets produits pour être un individu, il faut simplement conserver le rapport caractéristique quand on est affecté, et c'est tout.
Sinon en effet, je ne me souviens pas non plus d'un endroit où Spinoza dit littéralement que tout ce qui existe est un individu. Ce qui existe, dans l'attribut de l'étendue, est ou bien un corps simple, ou bien un corps composé. Seuls ces corps composés qui conservent le rapport qui les caractérise sont appelés "individus". Or tout ce qui produit un effet est un tel corps composé (puisqu'en tant que chose singulière il a une essence singulière), c'est pourquoi il faut à mon sens nécessairement conclure que dans le spinozisme, tout corps composé est un individu. Des "agrégats" qui ne produiraient pas d'effets n'existent pas (ou n'existent que dans notre Esprit).
Louisa a écrit:
c'est ce que tu penses toi-même, ou c'est ce que selon toi on peut déduire de l'Ethique?
Durtal:
Disons l'un et l'autre. Je ne fais pas grand cas de mes "opinions personnelles" en ces matières (ie en matière de problèmes conceptuels). Mais je te dirais peut être de quoi je dérive ceci. Si tu es sage.
"être sage" n'a jamais été mon point fort ...
L.