Qu'est ce que la causalité immanente ?

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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Messagepar alcore » 15 juin 2009, 16:39

PhiPhilo a écrit :
Je ne vois pas cette nécessité.
Oui ... évidemment ... vous pouvez toujours nommer "triangle" un polygone à quatre côtés ! C'est bien ça le problème : vous ne voyez pas la nécessité d'un minimum de rigueur formelle dans l'argumentation.[/quote]

C'est sûr, surtout si vous confondez le multiple avec le "produit" comme précédemment.
L'usage du terme "multiplicité" est tout à fait reçu des mathématiciens, sauf par vous, apparemment.

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Messagepar PhiPhilo » 15 juin 2009, 16:54

...
Modifié en dernier par PhiPhilo le 13 oct. 2009, 07:39, modifié 1 fois.

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Messagepar alcore » 15 juin 2009, 17:59

PhiPhilo a écrit :
alcore a écrit : La multiplicité est la propriété de ce qui est multiple. Ce qui n'a de sens que dans le cas d'une quantité discrète et dénombrable, donc dans le cas d'une application de l'ensemble des cardinaux dans l'ensemble N.



??? si vous voulez dire que le terme de "multiple" est inapplicable ou qu'il n'existe aucun ordinal infini, dans les 2 cas, c'est faux.

Il existe bien entendu des ordinaux infinis, ceux de Von Neumann par ex.

Ces ordinaux ont 2 propriétés:

- Ils sont totalement ordonnés par la relation d'appartenance (étant donné 2 ordinaux soit l'un appartient à l'autre, soit l'autre à l'un, soit ils sont identiques
- ils obéissent à un principe de minimalité.

Commentaire de Badiou : "pensés dans leur être, deux multiples naturels, donc deux ordinaux, ne peuvent être indépendants. Ou bien l'un est la présentation de l'autre, ou c'est l'inverse."
et " Il y a toujours un multiple naturel qui est le support minimal d'une propriété, dès lors que cette propriété convient à quelque multiple naturel."(Le nombre et les nombres, 91)

La notion de multiplicité n'est donc pas réservée aux cardinaux.

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Messagepar hokousai » 15 juin 2009, 19:03

à Alcore

Je précise que l'opération mentale* est celle du mathématicien une manière de dire qu'il pense pas avec ses pieds .
* relevé par un autre participant

Les mathématiques relèveraient dans le spinozisme de ce que Spinoza appelle mode de penser par lequel nous expliquons les choses .

Les modes de penser eux mêmes sont des êtres réels mais les modes de penser ne sont pas des idées des choses .
Les modes de penser dont nous usons pour expliquer les choses ( le temps le nombre la mesure et peut être il y en t-il d autres ) ne sont pas des idées des choses

On pourrait dire que les mathématiciens jugent les choses par les noms et non les noms par les choses .

.................................................................

D' une manière genérale je n'extrapoe pas plus que vous même ( et à mon avis beaucoup moins ) ce, pour ma part ,à partir de textes que vous devriez avoir lu ( et relu maintes fois )
Par ex les pensées métaphysique chapitre 1 et la lettre 12 ( dont je m'inspire depuis que vous développez des vues très personnelles sur la mathématisation du spinozisme )

Nous avions ici l' habitude de nous référer à des textes précis, ce n'était pas un mauvaise habitude .

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Messagepar alcore » 15 juin 2009, 19:41

hokousai a écrit :Les modes de penser dont nous usons pour expliquer les choses ( le temps le nombre la mesure et peut être il y en t-il d autres ) ne sont pas des idées des choses

On pourrait dire que les mathématiciens jugent les choses par les noms et non les noms par les choses .

.


Expliquez moi alors pourquoi Spinoza invoque un exemple d'arithmétique pour illustrer la connaissance du 3ème genre.
Heureux ceux qui sont intègres dans leur voie. (Ps.119)

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Messagepar alcore » 15 juin 2009, 19:58

A Hokusai

Comment concevez-vous l'infinité des attributs dont Dieu est constitué ?
S'agit-il d'une multiplicité ? Sinon de quoi s'agit-il ?
Heureux ceux qui sont intègres dans leur voie. (Ps.119)

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Messagepar Enegoid » 15 juin 2009, 22:02

Les modes de Dieu ?
Dieu modifié en Allemands a tué Dieu modifié en dix mille Turcs...

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Messagepar hokousai » 15 juin 2009, 22:19

à Alcore

Comment concevez-vous l'infinité des attributs dont Dieu est constitué
?

1 je ne pense pas que Dieu soit constitué d'une infinité d'attribut mais qu'on lui en attribue ( excusez la redondance ) une infinité

2) je ne suis pas certain du tout que Spinoza le pensait

En revanche je crois que Spinoza pensait que les modes existent réellement .

S'il faut passer des modes à la substance indivisible alors ma solution c 'est l'infinité (au sens d'indéfini ) et l'indivisibilité de chaque mode mais ( à l'évidence pas leur éternité )

sur l'indivisibilité de chaque mode et sur leur durée ( non éternité) Spinoza est explicite .

Sur l'infinité( ou l'indéfinité) il faut se reporter à l'indivisibilité de la substance laquelle ne peut être divisée en modes, donc les modes n' ont pas de limite par lesquels ils seraient divisés de la substance .

J'extrapole peut être sur l' infinitude des modifications parce que j'ai l'intuition de l'absence de limites ( et des chose et des manières de faire les choses ).Je ne vois donc pas de multiples .

Mais quand Spinoza dit que"" tous les corps varient varient d'une infinité de manières sans que change l"individu tout entier"" je ne suis pas loin de penser que la variabilité infinie efface toute idée de{b] limite[/b] des modification des " parties " de l'individu tout entier .

hokousai

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Messagepar alcore » 15 juin 2009, 23:33

hokousai a écrit :à Alcore

[quoteComment concevez-vous l'infinité des attributs dont Dieu est constitué
?

1 je ne pense pas que Dieu soit constitué d'une infinité d'attribut mais qu'on lui en attribue ( excusez la redondance ) une infinité

2) je ne suis pas certain du tout que Spinoza le pensait

ai[/quote]

Spinoza dit pourtant que

Dieu est un être absolument infini, cad une substance consistant en une infinité d'attributs, dont chacun exprime (une ou l') essence éternelle et infinie.

En outre, en Ethique II,1 Spinoza que "la pensée est UN attribut de Dieu..", et Spinoza précise dans la démonstration "un des attributs INFINIS de Dieu"

Spinoza accuse ici une différence qui était déjà présente dans les deux parties de la définition de Dieu:
une infinité de...
essence infinie

En français il ne fait aucun doute que l'expression "une infinité de.." enveloppe l'affirmation d'une multiplicité, contrairement à l'expression "attributs infinis" qui ne l'enveloppe pas.

Même en admettant qu'un attribut, considéré en lui même, soit infini sans former de multiplicité, il est difficile de difficile de rejeter que les attributs pris ensemble forment une multiplicité.

Dans le raisonnement de ETHII, ce qui importe à Spinoza ce n'est pas de démontrer que les attributs sont infinis, mais que la pensée et l'étendue font partie des attributs de Dieu, que ce sont des attributs PARMI d'autres.
Certes la démonstration établit l'infinité de l'attribut par un saut qualitatif à partir de la considération de certains modes finis (telles pensées, tels corps), mais il ne semble pas que cette infinité joue un rôle dans la démonstration. Le point en question est plutôt d'établir que, étant admis qu'existe une infinité d'attributs (infinis), la pensée et l'étendue en font partie.

Dans la lettre 12, Spinoza évoque un infini quantitatif qui ne serait pas déterminable par le nombre:

"les mathématiciens...connaissent aussi des GRANDEURS qui ne peuvent être égalées à aucun nombre, mais dépassent tout nombre assignable"

Et Spinoza de préciser que ce qui rend impossible cette assignation, c'est l'impossibilité d'obtenir l'infini par un processus d'accroissement "à l'infini", à partir d'une multitude de parties. L'infini est alors " ce dont nous ne pouvons nous représenter ni expliquer les parties par aucun nombre, bien que nous en connaissions le maximum et le minimum"

Un saut qualitatif seul permet de penser l'infini comme donné, hors toute détermination numérique. Mais, une fois ce saut accompli, Spinoza ne se prive pas de traiter l'infini comme une grandeur multiple.

Dans le scolie de EthII,1, Spinoza renversant le principe de la démonstration précédente, écrit :
"un être qui peut penser une infinité de choses en une infinité de modes, est nécessairement infini par la vertu du penser"

Spinoza établit donc une continuité entre l'idée selon laquelle un attribut, considéré en lui même, serait infini en vertu de sa nature, et l'idée selon laquelle la puissance une infnité DE choses en une infinité de modes.
Cette continuité ne va d'ailleurs pas de soi, car de ce qu'une chose est un attribut on peut légitiment conclure qu'elle est infinie, mais de ce qu'une chose est infinie, on ne peut en déduire qu'elle est un attribut. La capacité indéfinie de penser une "infinité de" choses singulières n'autorise pas à rapporter cette puissance à un attribut.

Mais Spinoza ne voit aucun problème à passer ainsi de l'indéfinité de la puissance de penser à l'affirmation de l'infinité de l'attribut (scolie) et inversement (démonstrationII,1)

Il semble donc que Spinoza soit, dans certains cas, surtout préoccupés de distinguer l'infini positif de l'indéfini, la quantité infinie de toute multiplicité numérique.
Mais à d'autres moments, son souci est plutôt d'articuler l'infinité extranumérique avec a) la multiplicité des attributs b) la multiplicité des modes (indéfini).
Tout simplement parce qu'il faut bien penser l'articulation de l'infini et du fini, ce dont EthII,1 donne une illustration.
Heureux ceux qui sont intègres dans leur voie. (Ps.119)

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Messagepar alcore » 24 juin 2009, 10:10

Cher Alcore

Si j'ai bien compris votre propos vous tentez de distinguer plusieurs façons d'être "dans" quelque chose afin d'éclairer cette étrange notion de causalité immanente, selon laquelle tous les effets demeurent dans leur cause. Vous distinguez l'inclusion de parties dans un tout, des accidents dans un sujet et des effets dans leur cause, et vous dites que le mode de l'inclusion ou de l'intégration n'est pas identique.

Seulement, Spinoza dans le CT est très clair: nous "trouvons" en nous l'idée d'un Etre parfait, idée qui nous oblige à affirmer de lui tous les attributs (toutes les réalités) et c'est seulement à ce titre qu'il est Tout et par voie de conséquence cause immanente de toutes choses. Il semble donc bien que le rapport tout-parties soit maintenu au niveau de l'action causale. Or, dans le même temps, Spinoza reprenant une vue traditionnelle, déréalise le rapport tout-parties et le rabaisse au rang des relations qui n'ont pas de réalité hors de l'entendement.

Comment concilier ces deux points de vue ?


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