les causes finales

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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YvesMichaud
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les causes finales

Messagepar YvesMichaud » 14 juil. 2004, 19:03

On sait que Spinoza méprise les causes finales.

Mais a-t-il compris ce que le thomisme voulait dire par là?

Un être, en tant qu'être, n'a pas de cause finale. Un être, en tant que changeant, en a une. Demander la cause finale d'un arbre, par exemple, ça n'aurait aucun sens.

La cause finale n'est rien d'autre que le terme défini vers lequel un changement est orienté. Un changement se fait toujours dans une certaine direction, un certain terme. Ce terme final du changement, je l'appelle cause finale.

La cause finale est dite cause parce qu'elle influe réellement sur le changement présent en déterminant son orientation, et son influence complète celle de la cause efficiente pour rendre compte adéquatement d'un changement. Mais puisque le terme du changement est dans l'avenir, donc qu'il n'existe pas encore réellement, on suppose qu'il préexiste à l'état idéal dans l'intelligence de la cause efficiente. C'est donc en tant que représentée mentalement dans l'intelligence de la cause efficiente que la cause finale influe présentement sur le changement. Voilà pourquoi finalité implique intelligence. Dire qu'un changement ne nécessite qu'une cause efficiente, c'est mal connaître le changement.

Les lois de la nature sont l'expression même de la finalité, car elles disent vers quel terme tel changement est de fait orienté.
« Dieu, modifié en Allemands, a tué Dieu, modifié en dix mille Turcs. »
- Bayle

« L'idée, hors de Dieu et hors de nous, est chose; la chose, en nous et en Dieu, est idée. »
- Sertillanges

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Messagepar Miam » 16 juil. 2004, 22:28

:?: Et quelle est, selon vous, la "finalité des lois de la nature"?

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Messagepar YvesMichaud » 16 juil. 2004, 22:54

J'ai du mal à comprendre la question. Signifie-t-elle: dans quel but tels changements sont de fait orientés vers tels termes? Je n'ai pas de réponse.

Le principe de finalité dit que tout changement a une fin, autrement dit: tout changement est orienté vers un terme défini.

Le principe de finalité ne dit pas quelque chose comme: tout est fait pour quelque chose, tout est fait pour l'homme.

La découverte de lois de la nature est l'application du principe de finalité.

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Messagepar Miam » 16 juil. 2004, 23:41

:?: Mais les lois de la nature sont nécessaires tandis que les étants auxquels elles s'appliquent demeurent contingents quant à leur finalité. Même pour un Lagrange ou un Laplace, les lois de la nature peuvent nous faire connaître ce qui sera au temps t plus 1 étant donnée une situation au temps t, mais elles ne disent rien de la finalité des étants auxquels s'appliquent ces lois ni du supposé état de repos auquel devrait, selon vous, aboutir l'univers.

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Messagepar YvesMichaud » 17 juil. 2004, 00:55

Que veux-tu dire par «contingents quant à leur finalité»? Es-tu en désaccord avec le déterminisme?

Si les lois peuvent prédire l'état des êtres dans un futur proche, ne peuvent-elles pas le faire dans un futur lointain, jusqu'à la mort par entropie maximale?

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Messagepar Miam » 17 juil. 2004, 03:54

:roll: Vous connaissez le principe d'inertie? Il semble que non. Aristote allèguait les causes finales parce qu'il ne le connaissait pas non plus. Il était persuadé que pour se mouvoir, un corps nécessite un coup de pouce à chaque instant et qu'il tend vers son lieu propre où le mène ce coup de pouce. Les scolastiques ont tout simplement assimilé le coup de pouce à la Providence. Ce n'est plus le cas depuis Gallilée, et c'est pourquoi on a exclu les causes finales (sauf en biologie, à ses débuts, pour des raisons que je n'exposerai pas ici).

Par "contingent quant à sa finalité", j'entend a contrario que tout est nécessaire et dépourvu de finalité. J'emploie simplement le vocabulaire de l'Ecole. La contingence et la finalité sont de l'ordre du théologico-politique (crainte et espoir sont filles de l'institution signitive de la contingence). Ce qui répond à votre question.

Questions :

Qu'est-ce qu'un "être en tant qu'être"? Je connais "l'être en tant qu'être" mais non "UN être en tant qu'être". Sinon on ne dit pas "être" mais "étant". C'est de cette confusion, sans doute, qu'est issue votre déclaration selon laquelle UN arbre n'est pas changeant. L'essence de l'arbre, au sens le plus scolastique, n'est en effet pas changeant. Encore, Thomas distingue-t-il lui-même l'être de l'essence et, selon lui, "être" ne s'applique proprement qu'à Dieu (théorie de l'analogie). Mais un arbre n'est-il pas changeant? Je devrais accepter cette absurdité?

Enfin que veut dire "expriment" dans "les lois de la nature expriment la finalité..."? Si c'est juste pour employer un terme spinoziste, il ne s'agit plus même de scolastique mais de jésuitisme. A moins que l'on trouve ce terme chez St Thomas? Soyez plus explicite.

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Messagepar YvesMichaud » 17 juil. 2004, 18:04

Salut,

Tu critiques ton interprétation du finalisme d'Aristote au nom du principe d'inertie. Si c'est vraiment ce que pensait Aristote, alors il faut dire que je ne suis pas aristotélicien et que j'emploie dans un autre sens le concept de cause finale. Au sens où je l'emploie, le concept de cause finale est nécessaire, et ne s'oppose en rien au principe d'inertie. Le principe d'inertie s'oppose-t-il à cette vérité: tout changement est orienté vers un terme défini?

D'ailleurs, le principe d'inertie a-t-il une portée métaphysique? Signifie-t-il la mort du Premier Moteur? Même Newton était conscient que le principe d'inertie n'avait pas de portée métaphysique. C'est un principe qui est né de l'observation des phénomènes, et non d'un raisonnement sur le changement en général. Il ne saurait assurer: un changement se poursuit sans cause, visible ou invisible. Il se limite à dire: un changement se poursuit sans cause visible. Ce qui est visible coïncide-t-il avec ce qui est?

Que les choses soient nécessaires ou non, elles ne peuvent être dépourvues de finalité, au sens où je l'entends, car tout changement est orienté vers un terme défini. La finalité n'est rien d'autre que le fait pour un changement d'être orienté dans un certain sens, vers un certain terme.

Demander quelle est la cause finale d'un arbre tout court n'a pas de sens. Demander quelle est la cause finale d'un changement ou de l'activité d'un arbre aurait un sens.

Les lois de la nature connues peuvent illustrer et rendre concrète cette doctrine sur la finalité.

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Messagepar infernus » 17 juil. 2004, 18:14

yves,
pourriez-vous me donner la cause finale d'un changement ( celui que vous voulez)?

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Messagepar YvesMichaud » 17 juil. 2004, 23:02

Ma doctrine est simple, mais la réalité concrète est complexe...

Prenons un changement simple: la croissance d'un enfant.

La cause finale en est la forme adulte.

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Messagepar infernus » 18 juil. 2004, 19:33

La "croissance", à supposer qu'elle ne soit qu'un changement, contient en elle même sa finalité, la vie croît pour croître, pour ainsi dire.
Et que faites vous de la vieillesse puis de la mort? Sont-ce ou ont elles des causes finales?


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