L'Entendement

Questions et débats touchant à la nature et aux limites de la connaissance (gnoséologie et épistémologie) dans le cadre de la philosophie spinoziste.
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Messagepar alcore » 21 mai 2009, 19:02

votre question est trop laconique.
Je ne vois pas que la notion d'apparition ait un sens chez Spinoza (au sens de phénomène)

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Messagepar hokousai » 21 mai 2009, 22:36

à Alcore

je vais essayer d'être moins laconique

Ce que Spinoza appelle l'ordre commun de la nature je ne l 'évacue pas comme problème philologique . Spinoza est sceptique sur les réponses possibles à la question de la ""rencontre fortuite des choses"", ce sous prétexte d' inadéquation (connaissance mutilée et confuse )
A chaque fois que Spinoza rencontre l'instable il va s' en détourner pour rechercher le stable .
Il suit la voie Platonicienne de recherche d' immuables , option reconduite depuis Aristote à travers la scolastique .

Or à Spinoza comme à tout un chacun la totalité ( si cela est pensable )des choses n'apparait pas tout d'une fois .
Et pourquoi donc ?
le spinozisme peut-il donner une réponse à la question ?

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Messagepar alcore » 21 mai 2009, 23:19

à Hokusai

J'essaie de comprendre votre question et le point de vue dont elle provient.

Vous pensez que Spinoza en somme n'est pas capable de penser l'apparaître même, dans la dispersion et la fugacité qui le lie au temps.
Spinoza serait un penseur de la substance et de l'Eternel, bien juif en cela, ou Grec si vous préférez (le judaïsme est à mon avis bien plus fondamental)

votre question est alors: pourquoi tout n'est il pas déjà donné ? comment comprendre la nouveauté, l'apparaître de ce qui n'est pas encore ?

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Messagepar hokousai » 22 mai 2009, 00:18

""""""votre question est alors: pourquoi tout n'est il pas déjà donné ? """""""""
C'est bien la question .

Mais la question porte autant sur le disparaitre que sur l'apparaitre .
Je ne dis pas que Spinoza ne propose pas quelques pistes , j'aimerais que vous me disiez si vous en voyez .

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Messagepar alcore » 30 mai 2009, 10:56

hokousai a écrit :""""""votre question est alors: pourquoi tout n'est il pas déjà donné ? """""""""
C'est bien la question .

Mais la question porte autant sur le disparaitre que sur l'apparaitre .
Je ne dis pas que Spinoza ne propose pas quelques pistes , j'aimerais que vous me disiez si vous en voyez .


On peut peut-être relier cette question à un problème évoqué par le CT et qui me semble très intéressant.

Comment, demande le CT, Dieu peut il produire des effets qui n'existaient pas antérerieurement à leur production, effets qui sont en Dieu, et qui donc devraient étendre, ajouter quelque chose à l'essence de Dieu.

Le problème est donc: comment quelque chose de nouveau est possible qui soit déjà compris dans la substance divine ?

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Messagepar alcore » 30 mai 2009, 11:27

Une des réponses de Spinoza revient à affirmer l'équivalence de l'analyse et de la synthèse.
La série des causes extérieures, productrices de nouveautés, d'apparitions et de disparitions n'est pas autre chose que la causalité immanente par laquelle Dieu produit ou peut produire immédiatement toutes choses dans et par ses attributs.

Ce point est développé dans une note fort instructive du CT.
Cette note établit une distinction entre deux types de production:
la production directe dans laquelle le produit est un effet réel
une production qui ne nécessite aucune action causale mais simplement la destruction d'un obstacle à la manifestation d'une chose déjà existante.
L'exemple qui illustre ce deuxieme type est le suivant:
pour faire entrer de la lumière dans une pièce je peux ouvrir une fenêtre et ainsi laisser la lumière pénétrer dans la chambre. Dans ce cas je ne produis pas réellement la lumière, je la laisse se manifester elle meme par elle même.
Ainsi pour que l'âme forme l'idée de Dieu il n'est pas nécessaire ni qu'elle produise l'objet de cette idée, ni que l'idée soit produite réellement par une chose réelle l'affectant réellement (Dieu). Non.
Il faut et il suffit que l'âme soit l'idée d'un corps, unie à lui si intimement qu'elle EST cette idée. Cette idée que l'âme EST manifeste immédiatement la corporéité et la penséité comme attributs de Dieu.

En d'autres termes, ce corps qui est nôtre est bien un mode, produit de circonstances extérieures; idem pour notre âme; mais le fait que ce corps soit l'objet de cette âme introduit un nouveau type de rapport de l'un à l'autre; ce rapport et cette union sont la sensation, et ce que Spinoza appelera l'affection.
Sentir, c'est éprouver à la fois la dualité de la pensée et de l'étendue et leur union indivisible.

Donc, un nouveau mode surgit, apparaît en vertu du système des causes.
Mais aussi bien, nous sentons ce mode, et cette sensation nous révèle immédiatement, directement la liaison de notre âme et de notre corps aux attributs, et par là même à Dieu.
Il n'est donc pas nécessaire de raisonner causalement pour arriver à Dieu.
On n'arrive pas à Dieu, on n'a pas à le chercher: il est exactement au point où nous sommes, sans que nous soyons Dieu, bien entendu.

Donc, dans la nature surgissent des effets qui, dans la mesure où ils sont sentis sont sensibles, cad qu'ils sont pris dans le creuset de l'union âme-corps. LA sensibilisation du mode se fait dans et par l'union ame-corps. Cette sensibilisation n'est pas l'effet d'une cause, mais simplement la position du factum de l'union.
L'union posée, c'est la sensation et le sensible.

De tout ce qui arrive de nouveau dans la nature il est possible de le rapporter directement à Dieu.
Ce qui revient à dire: tout ce qui est produit en vertu d'une causalité transitive (synthétiquement) peut aussi être compris comme une manifestation immédiate de Dieu, dès lors que nous le sentons, le percevons, et le comprenons (selon des degrés qui vont du 1er au 3eme genre de connaissance).

Au fond, la causalité transitive, nécessaire à laproductrion de nouveautés, est identique à la causalité immanente: Dieu a une idée de tout ce qui se produit de nouveau dans la nature, non pas avant ni après qu'elle se produise, mais dans le moment où elle se produit.

Ce qu'on appelle production ou apparition relève donc deux registres:
a) celui de la production transitive, extérieure: il faut une infinité de modes pour expliquer l'existence de ce mode; il n'est pas "créé" immédiatement par Dieu, sinon il ne serait pas CECI.
b) le même mode peut être rapporté à Dieu dès lors qu'il apparaît dans l'union âme corps; dans ce cas, il devient mode sensible, senti et Dieu se révèle immédiatement avec ses attrbuts comme comprenant l'essence de ce qui arrive.

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Messagepar hokousai » 30 mai 2009, 16:57

Le problème est donc: comment quelque chose de nouveau est possible qui soit déjà compris dans la substance divine ?


Voulez-vous dire que ce qui est compris n'est pas encore produit ?
Si c'est le cas alors de tout ce qui arrive de nouveau dans la nature il est impossible de le rapporter directement à Dieu mais seulement médiatement .

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Messagepar alcore » 30 mai 2009, 17:24

hokousai a écrit :
Le problème est donc: comment quelque chose de nouveau est possible qui soit déjà compris dans la substance divine ?


Voulez-vous dire que ce qui est compris n'est pas encore produit ?
Si c'est le cas alors de tout ce qui arrive de nouveau dans la nature il est impossible de le rapporter directement à Dieu mais seulement médiatement .


Oui, il y a une multitude d'essences qui existent virtuellement et qui ne sont pas encore produites.
Leur existence est effectivement médiatisée par la série des causes extérieures.
Mais la causalité immanente comprend également cette causalité indirecte, ce que j'ai essayé d'établir avec le CT.
Quand une chose commence à "vivre", cad à sentir et à être sensible, elle fait l'expérience de l'union d'une certaine âme et d'un certain corps; c'est dans ce creuset de l'union que Dieu se révèle IMMEDIATEMENT, sans qu'il soit besoin d'une "chose" extérieure dont on se demanderait quelles causes l'ont produite etc.
Spinoza ne dit pas que nous concluons Dieu de l'existence des choses hors de nous, mais que le fait primitif de l'union âme-corps nous révèle immédiatement deux attrbuts, et leur union indivisible.
DAns ce creuset de l'union, le mode se sensibilise immédiatement, sans que cette sensibilisation soit l'effet de causes extérieures: cette sensibilisation rapporte immédiatement le mode (corps et âme) à l'attribut dont il est le mode.
C'est comme cela que nous formons l'idée de Dieu, au plus près de la sensation de vivre.
Le corps qui est le nôtre est bien l'effet de causes extérieures, mais ce n'est pas en tant que "chose" qu'il exprime directement Dieu, mais seulement en tant qu'il est uni étroitement à une idée et réciproquement.

D'où la critique de la voie cartésienne: Dieu n'est pas une chose qui produirait en nous son idée. Le Dieu de SPinoza est indissociable d'une expérience ultra sensible de lavie. Il n'y a pas à chercher Dieu, ni à le déduire, catr nous sommes d'ores et déjà en lui.

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Messagepar hokousai » 31 mai 2009, 00:19

à Alcore

tout cela ( qui est bien dit) n’ explique pas pourquoi il y a

1) actualisation ( de l’essence si vous voulez les garder comme virtuelles )
2) pourquoi l’actualisation est précisément celle- ci ou celle là et pas n’importe laquelle .

Pour tout dire et la remarque va vous paraître saugrenue ; je ne m’explique pas pourquoi je suis dans ce maintenant là plutôt que dans un autre .
Pourquoi Dieu doit il passer sous les fourches caudines de ce présent là ?

Je veux bien que cela suive nécessairement de la nature de Dieu , mais alors cette nature est puissamment déterminée à s’actualiser de telle ou telle manières et chronologiquement dans tel ordre .

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Messagepar alcore » 31 mai 2009, 08:29

hokousai a écrit :à Alcore

tout cela ( qui est bien dit) n’ explique pas pourquoi il y a

1) actualisation ( de l’essence si vous voulez les garder comme virtuelles )
2) pourquoi l’actualisation est précisément celle- ci ou celle là et pas n’importe laquelle .

Pour tout dire et la remarque va vous paraître saugrenue ; je ne m’explique pas pourquoi je suis dans ce maintenant là plutôt que dans un autre .
Pourquoi Dieu doit il passer sous les fourches caudines de ce présent là ?

Je veux bien que cela suive nécessairement de la nature de Dieu , mais alors cette nature est puissamment déterminée à s’actualiser de telle ou telle manières et chronologiquement dans tel ordre .


Les essences sont réelles sont être toutes actuelles; et même dans leur virtualité réelle elles sont comprises dans la substance qui, elle, est actuelle.
Si certaines n'existent pas, il y a une cause à ce fait. Voir la 2eme démonstration de l'existence de Dieu. Etre inactuel cela signifie pour Spinoza qu'il existe certaines causes qui, actuellement, empêchent cette essence d'être actuelle. Pourquoi ? PArce que toutes choses tendent à l'actualité. Mais alors pourquoi toutes choses ne sont elles pas toutes actuelles ?
Parce que "être actuel" pour le fini implique le système total des corps et que la déduction des corps, à la différence des idées, prend du temps.
C'est un point difficle dans le spinozisme : la déduction des essences est atemporelle, la déduction des corps est temporelle.

comment s'articulent les 2 ?

Il me semble que l'actualité d'une essence a deux versants
un versant "extérieur" relatif aux continua, aux variations quantitatives qui affectent un mode de l'extérieur
un versant "intérieur" relatif à l'attribut qui produit l'essence capable de subir ces variations d'une part et d'autre part capable d'intégrer,non les choses extérieures, mais les rapports aux choses extérieures dans la définition de son essence.

Pour comprendre cette notion d'essence, on peut avoir recours à la notion mathématique de coupure.
En gros, soit l'ensemble des rationnels; c'est un ensemble dense cad tel qu'aucun de ses éléments n'a un successeur net dans lequel il "passe". Le mathématicien crée le nombre irrationnel par une coupure entre deux ensembles rationnels que pourtant rien ne sépare. Là où les ensembles semblaient ne manquer de rien, le nombre irrationnel surgit de nulle part, du vide que la coupure elle meme introduit dans les 2 ensembles denses.

De même, une essence est une coupure au sein des affections quantitatives. Je dirai que l'attribut INTERVIENT dans le flux des continua poour poser une essence qui sera l'âme de CE corps.

Mais cela ne signifie pas que les rapports de causalité soient touchés par cette coupure. DAns l'ex mathématique, l'ensemble des irrationnels définit unenouvelle espèce de nombres complètement indétectables au plan des rationnels et qui pourtant sont tous compris dans la droite (représentation du continu).

Il y a le mode que je suis en tant qu'exposé à des affections extérieures et en ce sens je suis le produit des circonstances, et du temps: c'est ma constitution.
Mais je suis, plus fondamentalement, une affection qui rend possible ces affections extérieures, je suis une essence, en ce sens, je ne suis pas le produit des circonstances: le déroulement continu des circonstances ne peut produire que des variations au sein de l'être, et non produire l'essenc elle meme qui supporte ces variations.

C'est donc en prenant conscience de nous meme comme passivité fondamentale, préalable à toute variation extérieure, que nous prenons conscience du temps et qu'il a fallu du temps pour que ce corps soit engendré.
Mais nous en prenons conscience parce que nous sommes déjà une essence et cette essence n'est pas produite par les causes, même si sa manifestation suppose le déroulement continu de ces causes.
Ainsi, notre essence est elle hors du temps et nous assistons aux événements, d'apparition et disparition depuis ce poste.
Je dirai en termes non spinozistes que la temporalité est la condition de l'opération de la coupure qualitative. Le temps apparaît avec vous. Le temps est une production de l'imagination, rien de réel en soi.
C'est parce que je suis, ici et maintenant, une coupure qualitative au sein d'un flux quantitatif que je prends conscience en même temps d'un temps des choses hors de moi, d'une durée essentielle, et de mon éternité.

Le temps c'est ce qui nous sert à mesurer la durée des choses que nous ne sommes pas. Sur ce point Bergson a bien compris Spinoza. La durée c'est la façon dont l'union âme corps existe "hors" de l'attribut, mais aussi "hors" des rapports de causalité extérieure. La durée c'est un effet de l'éternité au plan des modes. En droit, rien n'interdit que chacun vive sempiternellement; mais il y a des causes extérieures qui font varier les rapports de composition au point que la coupure qui me définit, ici et maintenant, ne peut plus me définir.

Temps: ordre des variations quantitatives
Durée: mon essence en tant qu'elle procède de l'attribut par coupure au sein du continu du temps
Eternité: ce à quoi mon essence se rapporte et rapporte tous les rapports de composition avec les autres essences qu'elle a réussi à établir.

Vous pouvez marquer le maintenant où vous êtes dans le temps de l'univers. Mais c'est une illusion, car ce marquage est impossible. D'abord parce que les variations sont continues, fluentes et que tout marquage suppose une essence.
Justement, ce qui permet le marquage "instant t" c'est l'existence actuelle d'une essence qualitative qui essaie de comprendre son existence en la rapportant à des causes antérieures, extérieures.

Il faudrait peut être ici introduire l"hypothèse que cette antériorité des causes prétendues de notre essence n'est au fond qu'une antériorité fictionnelle: nous "imaginons" l'extériorité et la continuité des causes sous la forme d'un avant-après qui ne peut avoir sens que parce que je suis déjà advenu et que je peux mesurer depuis l'essence que je suis.

La mesure se fait depuis notre essence qui dure. En fait, l'extériorité des causes n 'est peut être pas synonyme d'antériorité. Ce que j'essaie de m'expliquer avec le temps c'est quelque chose que je ne suis pas. Le temps n'affecte que les choses que je ne suis pas: on peut mesurer la vie du soleil, par ex, justement parce que je ne suis pas la durée du soleil.

Par contre, je dure avec mon corps. La durée est au croisement de l'union (âme-corps) et de l'éternité. De fait, nous insistons dans l'existence et ce n'est que relativement (aux autres) que nous vieillissons. vieillir n'est pas l'oeuvre de la durée, mais du rapport de notre corps à d'autres corps (temps) dans l'espace ouvert par l'imagination.

Je dirais donc que le temps n'est ni de l'ordre d'une pure intériorité, ni pure objectivité, ni de l'ordre de l'union.
La pure intériorité est éternelle
l'union est duréée
la pure extériorité est pure variation quantitative, mais sans connotation temporelle, du moins avant le surgissement d'une essence qui la mesure à l'aune de sa durée.
Le temps est relatif à la part d'extériorité du corps (et de l'âme) qui dans l'union expose le corps à des rapports de variation.
Le corps propre est hors du temps, dans la durée.
Mais ce qui arrive dans ce corps, ou à ce corps enveloppe des rapports avec les choses extérieures (qui ne sont telles que par rapport à mon essence) qui sont de composition ou de décomposition.

Cela vous explique pourquoi Dieu n'a pas à passer par les fourches caudines de ce présent là. CAr Dieu n'est jamais présent; ce qui est présent c'est ce qui se rencontre. Ce qui se rencontre ne peut l'être que sous la condition d'être une essence singulière en rapport avec d'autres (corps et âmes). Mais Dieu étant absolument infini ne rencontre rien ni personne. La présence, le temps, l'espace, tout cela n'existe que du point de vue fini (je ne dis pas humain).

La question: pourquoi j existe ici et maintenant ? n'a donc pas de sens, parce qu'elle suppose pour être posé la rupture avec l'extériorité, l'existence, l'affirmation d'une essence au sein du continu. C'est depuis cet événement fondateur que vous êtes quelque chose et que votre vie se passe dans une durée atemporelle, et que vous faites dans le temps des rencontres.
On ne rencontre pas Dieu
on ne rencontre pas son corps, ni son âme
mais on rencontre des choses et d'autres hommes.
Si donc on cherche une raison explicative du maintenant, il n'y en a pas ! on se perd nécessairment dans une rêverie indéfinie, car le temps n'a pas de fin n'étant rien en soi.


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