L'Entendement

Questions et débats touchant à la nature et aux limites de la connaissance (gnoséologie et épistémologie) dans le cadre de la philosophie spinoziste.
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Messagepar alcore » 01 juin 2009, 00:11

hokousai a écrit :Vous avez un sorte de position para-kantienne qui nous placerait dans les attributs, mais inconsciemment .

.


Je ne vois pas ce que vous voulez dire. Mais de fait, notre expérience consciente de l'unité âme corps, qui est expérience de la durée, et non du temps, nous révèle immédiatement l'épaisseur ontologique du corps et de l'âme et donc aussi leur inscription dans leurs attributs.

Quand nous prenons conscience de nous meme et de notre corps, nous sommes déjà dans les attributs; la coupure qualitative s'est déjà accomplie et nous vivons. Il me semble que le fait primitif soit celui de la vie et que la vie même si elle est notre, nous précède. LA vie est une actualité paradoxale: on ne sent que l'on vit que dans l'instant actuel; et en même temps, cette actualité du présent nous révèle l'antériorité de la vie surnotre vie.
De même que l'expérience de notre corps nous révèle l'épaisseur ontologique de la corporéité qui s'étend à tout l univers.

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Messagepar alcore » 01 juin 2009, 00:25

hokousai a écrit : Je sais (par expérience maintenant très ancienne ) que mes premières réflexions philosophiques ne portaient ni sur l’ étendue ni sur la pensée, mais sur le temps ( ce qui n’a pas vraiment changé d’ailleurs )
Cela pour vous dire que la question de l’étendue et de la pensée comme attribut me semble des questions construites.

La pensée de l’étendue infinie n’est pas si évidente à tout le monde, et souvent par force puisque penser l’infini n’est pas véritablement possible bien des humains pris de vertige lui supposent des bornes .(cf la première antinomie de la raison pure )

L’ idée d’une infinité de la pensée est encore moins évidente, en général les hommes estiment la pensée limitée à la leur et en coexistence avec des pensées (déduites ) chez autrui , voire chez Dieu s’ils sont croyant .

Voila l’état des lieux .


Le temps ? sans l'espace ?
A tout prendre, penser le temps sans l'espace me semble pour le coup une question factice. Le temps c'est toujours la temporalisation de quelque chose: le monde, moi, etc.

Je ne vois pour ma part aucune difficulté à penser l'infini, seulement à l'imaginer.
La définition mathématique de l'infini: l'ensemble dont la puissance est équipotente à une de ses parties vraies, ne me pose aucune difficulté et est susceptible de nombreuses applications.
Il ne s'agit pas alors d'étendue. Même certains nombres sont infinis, contrairement à ce que pensait SPinoza.

Pour accéder au sens de l'infinité spinoziste, point n'est besoin de détour mathématique. L'inifnité de l'étendue c'est ce qui dans l'expérience du corps soustrait cette expérience au psychologisme. Le corps qui est mien est plus consistant qu'une apparence, qu'une représentation. Une représentation suppose toujours un présenté; mais l'unité ame corps est justemnet le donné présenté, dont on ne peut par définition se faire aucune représentation. On ne peut que vivre cette unité et en concevoir le fondement dans la substance.
Ce qui échappe à la représentation aussi bien c'est la durée, l'éternité, bref beaucoup de choses.

Par contre le temps tel que Spinoza le définit est fonction de la représentation. Il n'y a de temporalité que liée à des rencontres et à une façon de lier les rencontres par rapport à une durée vécue qui échappe à tout système de mesure. La durée ne peut être mesurée, représentée, ni en ce sens objectivée. Le temps par contre concerne la façon dont l'imagination relie la durée de l'essence aux affections extérieures. Mais l'espace aussi bien; le temps n'a pas de privilège.
Espace et temps sont idéaux, éléments de la perception; rien de réel. Espace et temps déplient et articulent la distinction de l'âme et du corps alors que la durée insiste dans leur unité. PAr l'espace et le temps nous avons rapport à quelque chose dans ce qui nous affecte qui ne peut être récupéré par l'essence.

Spinoza pense que nous pouvons intégrer quelque chose des rapports à notre essence; mais il y a toute une part de ces rapports qui est inintégrable, qui reste à jamais dans l'extériorité. Espace et temps donnent de l'extension à cette extériorité, extériorité dans laquelle le physicien pense la matière brute livrée à elle meme, ou le psychologue pense la démence des âmes qui se sont perdues.

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Messagepar hokousai » 01 juin 2009, 01:08

à Alcore

Mais de fait, notre expérience consciente de l'unité âme corps, qui est expérience de la durée, et non du temps, nous révèle immédiatement l'épaisseur ontologique du corps et de l'âme et donc aussi leur inscription dans leurs attributs.


de fait .... non, je ne pense pas qu'immédiatement nous ayons tout ce que vous dites et même pas l 'expérience de la durée avant celle du temps . Une éducation nous donnera sans doute une intellection de tout cela et selon l' éducation une intellection particulière .

Vous me décrivez comme étant de l'immédiat ce qu 'on vous a appris à reconnaitre médiatement .

On m'expliqua enfant le temps avant la durée et je crois bien avoir eu conscience du temps (des horloges) avant celle de la durée .

IL y a un auteur qu' hélas je n'ai pas lu mais dont j'ai entendu parler et qui explique les choses dans leur généalogie ( Piaget )

Je parle d' une sorte de position para-kantienne parcr que (selon vous ) nous entrons d d'emblée dans la conscience des attributs ,comme si leur aprioricité (donc la nécessité ) nous était donnée .
En quelque sorte nous ne pourrions pas être autre que spinozistes .

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Messagepar alcore » 01 juin 2009, 10:20

hokousai a écrit :En quelque sorte nous ne pourrions pas être autre que spinozistes .


Oui, c'est exactement ce que Spinoza veut dire.
La question de savoir s'il fautcroire en Dieu ou non, s'il faut le chercher, le trouver, etc. n' a aucun sens pour Spinoza.
De fait, votre existence tient à Dieu par le plus petit des vaisseaux qui parcourt votre corps, comme par la plus petite des pensées.
Il ne s'agit que d'expliquer les conditions de cette expérience.
C'est pourquoi il ny a pas à être spinoziste, comme si l'on choisissait une profession de foi, une secte...

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Messagepar alcore » 01 juin 2009, 10:33

hokousai a écrit :
de fait .... non, je ne pense pas qu'immédiatement nous ayons tout ce que vous dites et même pas l 'expérience de la durée avant celle du temps . Une éducation nous donnera sans doute une intellection de tout cela et selon l' éducation une intellection particulière .

Vous me décrivez comme étant de l'immédiat ce qu 'on vous a appris à reconnaitre médiatement .

On m'expliqua enfant le temps avant la durée et je crois bien avoir eu conscience du temps (des horloges) avant celle de la durée .

.


Si telle est votre conviction !

Je me permettrais toutefois les remarques suivantes en reprenant votre exemple des horloges.

Les horloges sont des ARTEFACTS à la fois humains et naturels, comme tout ce qui est artificiel.
Le rapport que nous avons à ces artefacts est complexe puisqu'il suppose

a) l'idée de quelque chose à mesurer: le temps, donc la supposition que le temps est mesurable, donc aussi l'idée de mesure en général

b) un dispositif symbolique: les chiffres marquant des heures, des minutes, bref tout un ensemble de conventions plus ou moins arbitraires (question difficile que je laisse en suspens)

c) des ouvriers pour les fabriquer, donc toute une organisation sociale de la production

d) un apprentissage de la lecture de l'heure.

Tout ceci, vous me dites, que c'est une expérience immédiate antérieure à l'expérience de votre propre corps.
Il me semble qu'il faut combiner de nombreuses idées pour apprendre à lire l'heure.
Je me souviens pour mapart avoir mis plusieurs mois à lire une montre.

Bref, rien d'immédiat.
La notion du temps est liée justement à une façon d'organiser nos perceptions selon l'avant et l'après qui ne va pas de soi, qui dépend du mouvement des astres symboliquement contemplés. LEs animaux n'ont pour cette raison aucune conscience du temps: leur vie se passe entièrement dans le présent, même s'ils sont pourvus de mémoire.

Par contre, les animaux tout comme nous ont le sentiment de leur durée, sans convention, sans artifice, sans méthode.
La durée c'est l'expérience même du corps propre.
Bien sur, cette expérience impliquant une coupure dans le flux des variations, on peut avec Piaget, si vous voulez, faire la genèse de la distinction moi-objet. Car la coupure qualtiative doit s'installer dans le flux une premiere fois, ce qui s'appelle naître, une deuxième fois, ce qui s'appelle percevoir, ensuite connaître et enfin mourir.
Il arrive même que certains ne parviennent plus à se maitenir comme sujet dans le flux, ce sont les déments.

Mais, ce que je vois très clairement, c'est que personne n'assiste à sa propre naissance; nul n'a la moindre idée de sa naissance (en tout cas pas moi).
Ce qui signifie que la coupure a toujours déjà eu lieu et que nous sommes conscients exactement dans la mesure où nous connaissons le corps auquel nous sommes lié. D'abord très confusément, ensuite moins.
Notre âme, notre corps, leur unité, tout cela nous le recevons, et je ne vois pas trop quelle éducation pourrait m'apprendre que j'ai un corps et que je pense.
L'"ducation peut au mieux nous apprendre à nommer, désigner des expériences.

On peut mettre l'accent sur tel détail de l'expérience, par ex, pour vous le temps. Ce n'est qu'un aspect, indissociable de l'espace, comme votre ex des horloges le suggère déjà.

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Messagepar alcore » 01 juin 2009, 10:41

hokousai a écrit :

Je parle d' une sorte de position para-kantienne parcr que (selon vous ) nous entrons d d'emblée dans la conscience des attributs ,comme si leur aprioricité (donc la nécessité ) nous était donnée .
En quelque sorte nous ne pourrions pas être autre que spinozistes .


Selon moi ?
Il n'est question ici que de Spinoza.

La nécessité des attributs coïncide absolument avec le fait que notre corps et notre âme soient donnés.
oui, les attributs sont principes de la synthèse de la production du donné comme donné corporel et comme idée, tout comme l'unité de la substance est principe de la synthèse absolue du corps propre.
cela ne signifie rien d'autre que: il y a une dimension ontologique de la sensation.

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Messagepar hokousai » 01 juin 2009, 16:13

à Alcore

Le temps ? sans l'espace ?
je vous ai dit au contraire le temps des horloges ( c’est à dire par l’espace) avant la durée .

Vous êtes bien le seul à ne pas avoir de difficultés à penser l'infini,à moins que penser l’absence de finitude ou à l’indéfini ou à l’idée de divisibilité à l’infini d’une grandeur homogène …. ce soit cela pour vous penser l’infini .

La difficulté c’est le manque et l’infini parce qu’il manque toujours et est toujours l’au-delà du pensé est ce qui n’est jamais adéquatement pensé .. L esprit sait que s’il n’y a plus difficulté alors ce n’est pas l’infini qui est pensé .
Ce que vous signifiez très bien en parlant d échappement à la représentation .

Je vois de ce que vous appelez l’union de l’âme et du corps un continuum .C’est pourquoi j’ estime que la distinction des attributs ( telle que la fait Spinoza ) est de raison , elle peut donc être penser par la raison comme un continuum et non comme une union ( fut-elle très intime )

Dans ce cas la philosophie se recentre sur le point de vue privilégié du philosophe lequel est sa pensée. Ce qui ne conduit pas à un idéalisme mais à un perspectivisme. La perspective ou le point de vue d’ où parle le philosophe c’est ce qu’il considère comme le centre du monde c’est la conscience de soi de penser .
La perspective s’organise autour de ce centre .(pour le dire crûment mon pied gauche ne fait pas de philosophie )

( j’essaie de vous répondre concisément non pour suivre un fil qui toujours se perd , mais pour ne pas accentuer l’effet de dilution dans le système en général )

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Messagepar alcore » 01 juin 2009, 16:27

hokousai a écrit :Vous êtes bien le seul à ne pas avoir de difficultés à penser l'infini,à moins que penser l’absence de finitude ou à l’indéfini ou à l’idée de divisibilité à l’infini d’une grandeur homogène …. ce soit cela pour vous penser l’infini .

l )


Je vous conseille la lecture de Badiou, le nombre et les nombres, dans lequel il explique que la difficulté c'est de penser le fini, non l'infini qui est parfaitement banal.

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Messagepar alcore » 01 juin 2009, 16:29

hokousai a écrit :Je vois de ce que vous appelez l’union de l’âme et du corps un continuum .C’est pourquoi j’ estime que la distinction des attributs ( telle que la fait Spinoza ) est de raison , elle peut donc être penser par la raison comme un continuum et non comme une union ( fut-elle très intime )

)


Il y a méprise. je parlais de continuité des variations au niveau des corps, non au niveau de l'unité; l'unité ame corps au contraire enveloppe la pensée d'une coupure au sein du continu, coupure qui fait surgir l'essence et l"inscrit dans l'attribut.

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Messagepar alcore » 01 juin 2009, 16:31

hokousai a écrit :Dans ce cas la philosophie se recentre sur le point de vue privilégié du philosophe lequel est sa pensée. Ce qui ne conduit pas à un idéalisme mais à un perspectivisme. La perspective ou le point de vue d’ où parle le philosophe c’est ce qu’il considère comme le centre du monde c’est la conscience de soi de penser .
La perspective s’organise autour de ce centre .(pour le dire crûment mon pied gauche ne fait pas de philosophie )

( j’essaie de vous répondre concisément non pour suivre un fil qui toujours se perd , mais pour ne pas accentuer l’effet de dilution dans le système en général )


Chez Spinoza, tout a une âme et donc tout perçoit. Le point de vue fini est donc aussi bien présent chez la plante que chez le philosophe, avec des écarts qui valent différence de nature, bien entendu.


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