On pourra consulter Extraits sur la connaissance, Sur le lien deuxième genre / troisième genre, Fil sur les trois modes de connaissances, Autre fil sur le sujet, Fil sur la connaissance du troisième genre, Autre fil sur le sujet, Article de Miam.
hokousai a écrit :
… je me suis concentré sur trois propositions symptomatique du voisinage de la rationalité et de l’intuitif . (21/22/23 partie 5) …
C’est la question du passage qui m’intéresse.
Je ne vois pas bien le passage alors que Spinoza prétend qu’il y en a un ( l'effort de connaître les choses par le troisième genre de connaissance ne peut naître du premier genre , mais le peut assurément du deuxième .prop28/5"""
Je reformule plus précisément ma critique .
Quel est le rôle de l'explication du comment ( du par quelles causes ) nous sentons que l'esprit est éternel ?
Cette explication ( alambiquée*** et qui court sur plusieurs proposition 21/22/23 partie 5) va- t-elle nous donner ce sentiment ou cette conviction si nous ne l’avons pas précédemment.
Nous donne- t-elle la certitude intellectuelle ,celle issue des démonstrations bien menées .
A mon avis non.
L’ explication n’est pas opératoire , elle n’est pas efficiente .
1) Cela même si nous acceptons l'idée d’une certaine nécessité éternelle de l’essence du corps laquelle pensée par l’esprit confèrerait à l’esprit l’éternité . Que l’essence soit éternelle soit (admettons ) mais que l’idée d éternité de l’essence soit éternelle , c’est là une question .
2) L’explication suppose dévoiler les causes d’ un sentiment .
Nonobstant le dévoilement , étant données les causes supposées être ,et celles- si non dévoilée , ce sentiment devrait être nécessairement induit chez tout un chacun . Ce qui n’est pourtant pas le cas universel .
On est obligé de conclure que ces causes invoquées ne sont pas les bonnes causes .
Il faut donc chercher les causes du sentiment d’éternité d’une partie de l’esprit humain ailleurs .
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***au sens de finement distillée , élixir du raisonnement spinoziste et sa plus haute envolée car il ne s’agit ni plus ni moins que de démontrer l’éternité si ce n’est de l’âme du moins de l’esprit .Tentative qui à vrai dire sera accueilli encore plus chaleureusement que celle de démontrer l’existence de Dieu .
Spinoza (hors Ethique) a écrit :TRE : 22. On perçoit une chose par la seule vertu de son essence quand, par cela seul que l'on connaît cette chose, on sait ce que c'est que de connaître quelque chose, ou bien quand, par exemple, de cela seul que l'on connaît l'essence de l'âme, on sait qu'elle est unie au corps. C'est par le même mode de connaissance que nous savons que deux plus trois font cinq, et que, étant données deux lignes parallèles à une troisième, elles sont parallèles entre elles, etc. Toutefois les choses que j'ai pu saisir jusqu'ici par ce mode de connaissance sont en bien petit nombre.
28. Troisième mode [deuxième genre de l’Éthique ; « foi vraie » dans le CT]. Il faut reconnaître qu'il nous donne l'idée de la chose, et qu'il nous permet de conclure sans risque de nous tromper ; néanmoins il n'a pas en soi la vertu de nous mettre en possession de la perfection à laquelle nous aspirons.
29. Le quatrième mode [troisième genre de l’Éthique ; « claire connaissance » dans le CT] seul saisit l'essence adéquate de la chose, et d'une manière infaillible ; c'est donc celui dont nous devrons faire principalement usage. ...
CT2Ch2 : Nous appelons le second la foi vraie, parce que les choses aperçues seulement par la raison ne sont pas vues en elles-mêmes, et qu'il ne se produit dans notre esprit qu'une persuasion que les choses sont ainsi et ne sont pas autrement.
Enfin nous appelons claire connaissance celle que nous obtenons, non par une conviction fondée sur le raisonnement, mais par le sentiment et la jouissance de la chose elle-même.
CT2Ch22 : (1) Puisque donc la raison (le raisonnement) n'a pas la puissance de nous conduire à la béatitude, il nous reste à chercher si, par le quatrième et dernier mode de connaissance, nous pouvons y arriver. Nous avons dit que cette espèce de connaissance ne nous est fournie par aucun intermédiaire, mais vient de la manifestation immédiate de l’objet à l'intelligence. Que si cet objet est magnifique et bon, l'âme s'unit nécessairement avec lui, comme nous l'avons dit de notre propre corps …
(3) Ce quatrième mode de connaissance, qui est la connaissance de Dieu, ne vient pas, comme nous l'avons dit, d'un objet intermédiaire : elle est immédiate ; c'est ce qui résulte de ce que nous avons dit antérieurement ; à savoir :
1° Qu'il est la cause de toute connaissance ;
2° Que Dieu est connu par lui-même et non par autre chose ;
3° Enfin que, par cette raison, la nature nous unit à lui, de manière que nous ne pouvons ni exister ni être conçus sans lui.
D'où il suit que nous ne pouvons le connaître qu'immédiatement.
(5) Maintenant, toute la nature n'étant qu'une seule substance, dont l'essence est infinie, toutes les choses sont unies par la nature et sont unies en un seul être qui est Dieu. Et comme le corps est la première chose que notre âme perçoit (puisque, comme nous l'avons dit, aucun objet ne peut être dans la nature dont l'idée ne soit dans la chose pensante elle-même, laquelle idée est l'âme de cet objet), il s'ensuit que cet objet doit être la première cause de l'idée. Mais, comme aucune idée ne peut se reposer dans la connaissance du corps, sans passer aussitôt à la connaissance de celui sans lequel ni le corps ni son idée ne pourraient ni exister ni être connus, une fois cette connaissance acquise, elle se trouve unie avec lui par l'amour.
CT2Ch24 : (11) … nous jugeons inutile de supposer pour cette connaissance autre chose que l'essence de Dieu et l'entendement de l'homme : car ce qui, en nous, doit connaître Dieu, étant l'entendement, qui est uni si immédiatement à lui, qu'il ne peut exister ni être cause sans lui, il est indubitable qu'aucun objet ne peut être lié à l'entendement d'une manière plus intime que Dieu lui-même …
CT2Ch26 : (2) Nous avons démontré antérieurement comment la quatrième espèce de connaissance nous conduit au bonheur et détruit nos passions ; non pas, comme on a coutume de le dire, que la passion doive être précédemment supprimée avant de pouvoir parvenir à la connaissance et à l'amour de Dieu, comme si l'on disait que l'ignorant doit commencer par renoncer à son ignorance, avant de pouvoir parvenir à la science. Mais, puisque la seule connaissance est la vraie cause de leur destruction, comme nous l'avons assez fait voir, il résulte de là clairement que sans la vertu, c'est-à-dire sans une bonne direction de l'entendement, tout est perdu ; nous ne pouvons vivre en paix avec nous-mêmes ; et nous sommes en dehors de notre élément.
(6) Enfin, nous voyons encore que la connaissance par raisonnement n'est pas en nous ce qu'il y a de meilleur, mais seulement un degré par lequel nous nous élevons au terme désiré, ou une sorte d'esprit bienfaisant qui, en dehors de toute erreur et de toute fraude, nous apporte la nouvelle du souverain bien et nous invite à le chercher et à nous unir à lui, laquelle union est notre salut véritable et notre béatitude.
(9) De tout ce qui précède il est facile de conclure ce que c'est que la liberté humaine. Je la définis un acte constant que notre intellect acquiert par son union immédiate avec Dieu, pour produire en soi des idées et en dehors de soi des actes qui soient d’accord avec sa nature (la nature de l'entendement), de telle sorte que ni ces idées ni ces actions ne soient soumises à des causes externes qui pourraient les changer ou les transformer. On voit par là et par ce qui a été dit précédemment quelles sont les choses qui sont en notre pouvoir et qui ne dépendent pas des causes extérieures. Par là est démontrée encore, d'une autre manière que plus haut, la durée éternelle de notre entendement, et quelles sont les actions qu’il faut estimer par-dessus tout.
CTApp2 : (17) Ayant expliqué ce que c'est que la sensation, il est facile de comprendre comment naît de là l'idée réflexive ou la connaissance de nous-mêmes, l'expérience et la raison. Enfin notre âme étant unie à Dieu et étant une partie de l'infinie pensée, et étant issue immédiatement de Dieu, on voit encore aisément par là l'origine de la vraie connaissance et de l'immortalité de l'âme. …
TTP1 : … Ainsi donc, puisque notre âme, par cela seul qu’elle contient en soi objectivement la nature de Dieu et en participe, est capable de former certaines notions qui lui expliquent la nature des choses et lui enseignent l’usage qu’elle doit faire de la vie, nous pouvons dire que l’âme humaine considérée en elle-même est la première cause de la révélation divine ; car, ainsi que nous l’avons déjà remarqué, tout ce que nous concevons clairement et distinctement, c’est l’idée de Dieu, c’est la nature qui nous le révèle et nous le dicte, non par des paroles, mais d’une façon bien plus excellente et parfaitement convenable à la nature de notre âme : j’en appelle sur ce point à l’expérience de tous ceux qui ont goûté la certitude de l’entendement. …
… cette connaissance, nous la puisons dans les notions universelles qui se révèlent par elles-mêmes et emportent une certitude immédiate …
TTP6 : … l’existence de Dieu n’étant pas évidente d’elle-même, il faut nécessairement qu’on la déduise de certaines notions dont la vérité soit si ferme et si inébranlable qu’il n’y ait aucune puissance capable de les changer. Tout au moins faut-il que ces notions nous apparaissent avec ce caractère de certitude absolue, au moment où nous en inférons l’existence de Dieu …
… à moins qu’on ne veuille douter des notions premières, et par conséquent de l’existence de Dieu et de toutes choses, de quelque façon que nous les percevions. Il s’en faut donc infiniment que les miracles, si l’on entend par ce mot un événement contraire à l’ordre de la nature, nous découvrent l’existence de Dieu ; loin de là, ils nous en feraient douter, puisque nous pourrions être absolument certains qu’il existe un Dieu en supprimant tous les miracles ; je veux dire en étant convaincus que toutes choses suivent l’ordre déterminé et immuable de la nature. …
… il n’y a dans la nature que les choses dont nous avons une connaissance claire et distincte qui nous élèvent à une connaissance plus sublime de Dieu, et nous manifestent en traits éclatants sa volonté et ses décrets. …
… les preuves tirées de la révélation, ne se fondent pas sur les notions universelles et communes à tous les hommes, …
Note 7 : … pour concevoir la nature de Dieu d’une manière claire et distincte, il est nécessaire de se rendre attentif à un certain nombre de notions très-simples qu’on appelle notions communes, et d’enchaîner par leur secours les conceptions que nous nous formons des attributs de la nature divine.
TTP7 : … dans l’étude de la nature on commence par les choses les plus générales et qui sont communes à tous les objets de l’univers, c’est à savoir, le mouvement et le repos, leurs lois et leurs règles universelles que la nature observe toujours et par qui se manifeste sa perpétuelle action, descendant ensuite par degrés aux choses moins générales …
… les principes de la véritable piété, étant communs à tous, s’expriment dans les termes les plus familiers à tous, et il n’est rien de plus simple ni de plus facile à comprendre ; d’ailleurs, en quoi consiste le salut et la vraie béatitude, sinon dans la paix de l’âme ? Or l’âme ne trouve la paix que dans la claire intelligence des choses. Il suit donc de là de la façon la plus évidente que nous pouvons atteindre avec certitude le sens de l’Écriture sainte en tout ce qui touche à la béatitude et au salut. Et s’il en est ainsi, pourquoi nous mettre en peine du reste ? Comme il faut beaucoup d’intelligence et un grand effort de raison pour pénétrer jusqu’à ces matières, c’est un signe assuré qu’elles sont plus faites pour satisfaire la curiosité que pour procurer une utilité véritable.
TTP13 : … si l’on prétend qu’il n’y a pas besoin à la vérité de connaître les attributs de Dieu, mais de croire tout simplement et sans démonstration, c’est là une véritable plaisanterie. Car les choses invisibles et tout ce qui est l’objet propre de l’entendement ne peuvent être aperçus autrement que par les yeux de la démonstration ; ceux donc à qui manquent ces démonstrations n’ont aucune connaissance de ces choses, et tout ce qu’ils en entendent dire ne frappe pas plus leur esprit ou ne contient pas plus de sens que les vains sons prononcés sans jugement et sans aucune intelligence par un automate ou un perroquet. …
Note 9 : … - Pour les choses que l’entendement peut atteindre d’une vue claire et distincte, et qui sont concevables par elles-mêmes.
Par choses concevables, je n’entends pas seulement celles qui se démontrent d’une façon rigoureuse, mais aussi celles que notre esprit peut embrasser avec une certitude morale, et que nous concevons sans étonnement, bien qu’il doit impossible de les démontrer. Tout le monde conçoit les propositions d’Euclide avant d’en avoir la démonstration. De même, les récits historiques, soit qu’ils se rapportent au passé ou à l’avenir, pourvu qu’ils soient croyables, les institutions des peuples, leur législation, leurs mœurs, voilà des choses que j’appelle concevables et claires, quoiqu’on ne puisse en donner une démonstration mathématique. J’appelle inconcevables les hiéroglyphes et les récits historiques auxquels on ne peut absolument pas ajouter foi ; on remarquera cependant qu’il y a un grand nombre de ces récits où notre méthode permet de pousser l’investigation de la critique, afin d’y découvrir l’intention de l’auteur.
Serge