L idee du corps

Questions et débats touchant à la doctrine spinoziste de la nature humaine, de ses limites et de sa puissance.
Avatar du membre
Miam
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 946
Enregistré le : 28 févr. 2004, 00:00

Messagepar Miam » 28 févr. 2004, 21:55

:o L'âme est l'idée du corps. N'est-ce pas la reprise de "l'âme est la forme du corps" de Thomas repris d'Aristote? Spinoza n'est évidemment pas thomiste mais connaissait fort bien Thomas. Reprendre de telles expressions pouvait lui permettre de "passer" à une lecture superficielle. Il y a certainement plusieurs niveaux de lecture dans l'Ethique comme l'a déclaré Deleuze. Ne peut-on cependant mettre cette expression en perspective avec l'hylémorphisme aristotélicien revisité par Spinoza? En fin de compte, Spinoza a revisité tout le monde. Il use d'un vocabulaire scolastique mais aussi cartésien alors que Descartes est plutôt platonicien via St Augustin. C'est là son intérêt: qu'il utilise les termes d'autrui pour leur faire dire tout autre chose. Ce n'est plus la matière informe et informée de Thomas. C'est : l'âme et le corps sont la même chose sous deux points de vue différents. J'ai encore lu dans ce forum que la pensée et l'étendue étaient totalement distincts chez Spinoza. On ne peut laisser passer cela. Je répète que selon moi, rabattre Spinoza sur Thomas ou sur Descartes sous prétexte qu'il use du vocabulaire de ces deux est une lecture facile. Misrahi fait la même erreur lorsque, sous couvert de la soi-disante réflexivité dans le Traité de la réforme de l'entendement il trouve une espèce de conscience réflexive spinoziste proche de l'interprétation du cogito cartésien (aujourd'hui remise en cause par des kantiens comme Marion). Il n'y a pas de sujet chez Spinoza. La substance elle-même n'est pas sujet de la pensée ou de l'étendue. Elle est la pensée et l'étendue. Cela suppose une remise en cause totale de la grammatologie de l'époque par Spinoza. Plus de fondation sur le rapport sujet-attribut, sinon dans la seule forme superficielle de ses énoncés. Mais c'est manière à dissimuler quelque chose de foncièrement original. La situation pour les libertins qui entouraient Spinoza était fort dangereuse à l'époque, même en Hollande. Ses copains, les frères Kerkinks (ou quelque chose comme ça) ont fait de la prison. L'un d'eux y est décédé. La condamnation de Gallilée a même effrayé Descartes. Si il y a conscience de soi chez Spinoza, elle est non au début mais à la fin se in Deo esse dans le troisième genre de connaissance. Sans cela, Spinoza n'a aucune importance philosophico-historique. N'oublions pas que Spinoza est de tradition aristotélicienne judéo-arabe avant tout. On oublie cela. On VEUT l'oublier. Et les français sont tellement cartésiens qu'ils ont peine à comprendre l'originalité de Spinoza.

Avatar du membre
Miam
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 946
Enregistré le : 28 févr. 2004, 00:00

Messagepar Miam » 17 juil. 2004, 10:42

:oops: Rectification : il y a bien un sujet, même dans l'Ethique, mais ce n'est qu'un sujet de l'énoncé qui dit "dico", "intelligo", etc... un sujet du langage de l'Ethique. Non pas un "sujet" au sens moderne issu de l'égo cartésien, cad réflexif ou du moins auto-affectif par l'écart entre le "je", opérateur verbal et l'égo qui pense.
Procédé rhétorique cartésien pour passer de l'un à l'autre: 1) Je doute (sujet de l'énonciation) 2) "Je doute" (sujet de l'énoncé) 3) J'affirme que je doute (auto-affection et réflexivité du langage) 4) Je pense (ego cogito) 5) Je suis (ego sum). Ainsi le je qui pense est mis sur le même plan que le je qui est, le je qui énonce et le je qui est le sujet de l'énonciation. Il me semble que Spinoza distingue ce que Descartes assimile ici grâce une homonymie. En ce sens donc seulement, il n'y a pas de sujet spinozien.[/u]

Avatar du membre
lumiel
passe par là...
passe par là...
Messages : 4
Enregistré le : 09 nov. 2005, 00:00

Messagepar lumiel » 30 oct. 2006, 01:01

Au bienveillant et très savant MIAM
Ai-je bien compris ton propos si je considère que Spinoza, dans les Principes de la philosophie de Descartes, lorsqu'il expose le cogito cartésien en écrivant "je suis pensant" (précisément, il n'écrit pas "je pense, je suis" comme le fait Descartes) ne signifie pas "je suis quelque chose qui pense" ("pensant" ne prédique pas "je") mais signifie exactement : "je suis, pensant", c'est à dire en fait "l'homme pense" ?
Mais peut-être déliré-je ?
Lumiel

Avatar du membre
Miam
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 946
Enregistré le : 28 févr. 2004, 00:00

Messagepar Miam » 30 oct. 2006, 11:48

Au très vénérable et parfait Lumiel.

Cela fait déjà un bail, ce message.
Je voulais dire que dans les PPD, Spinoza intervertit l'ordre des axiomes cartésiens et parvient au "je pense" à partir de "le néant n'a pas de propriété" (en substance) et non à la manière de Descartes comme elle est montrée plus haut d'un point de vue rhétorico-linguistique. Ce qui aboutit, dans l'Ethique au seul axiome "l'homme pense", si bien que le "je", sujet de la res cogitans disparaît.

Miam

Avatar du membre
volataire
a déjà pris quelques habitudes ici
a déjà pris quelques habitudes ici
Messages : 50
Enregistré le : 18 nov. 2010, 00:00

Messagepar volataire » 09 févr. 2011, 10:07

donc l'ame n e percoit qu'une seule dimension si j'ai bien compris vos remarques ?

desole je comprend pas


Retourner vers « Anthropologie »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 21 invités