Pouvoir d'etre affecté.

Questions et débats touchant à la doctrine spinoziste de la nature humaine, de ses limites et de sa puissance.
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gismo
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Pouvoir d'etre affecté.

Messagepar gismo » 13 nov. 2005, 20:12

bonjour à tous

Tout mélange de corps est nommé affection( corps affectant et corps affecté)
Nous existons au hasard des rencontres et des actions des autres corps sur nous même
2 idées affection -idée ou effet qui favorise et idée ou effet qui compromet ou détruit.
A ces deux types d'idées affection on retrouve les deux pôles affectus : joie et tristesse.
Deleuze (cours Vincennes): Rien n'est bon pour quelqu'un qui dépasse son pouvoir d'etre affecté.Un pouvoir d'etre affecté, c'est réellement une intensité ou un seuil d'intensité.Ce que veut Spinoza, c'est définir l'essence de quelqu'un d'une facon intensive comme une quantité intensive.Tant que vous ne connaissez pas vos intensités, vous risquez la mauvaise rencontre.

Quelle est cette notion d'intensité ?

Gismo de Toulon

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Messagepar Miam » 14 nov. 2005, 16:54

C'est le degré de la puissance infinie qu'exprime chaque mode en fonction de sa perfection ou réalité. D'une manière générale. Pour ce qui est de l'origine bergsonienne du concept d'intensité chez Deleuze, c'est une autre affaire.

Pourquoipas
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Re: Pouvoir d'etre affecté.

Messagepar Pourquoipas » 15 nov. 2005, 01:33

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l'intensité chez deleuze, lyotard etc en rapport avec spinoz

Messagepar riseohms » 15 nov. 2005, 15:15

bonjour

Et bien moi, si vous le permettez j'ai envie de parler de l'intensité chez Deleuze ,véritable réincarnation de Spinoza pour moi ..( c'est mon premier post sur ce forum.. )
d'abord parce que j'ai suivi les seminaires tres ''intenses'' de deleuze sur l'anti-oedipe où cette notion était tres utilisée.
et j'ai même eu l'occasion de lui poser directement la question dans un entretien privé: il m'a rèpondu par une image: '' l'intensité, c'est quand vous êtes dans un manège de fête foraine ''
ce n'était pas une réponse exhaustive mais c'était juste pour me faire ''sentir'' l'idée d'intensité.

Puis , dans un séminaire de Lyotard sur '' l'économie libidinale '' qui se situait dans le même courant de pensée ''désirante '' que Deleuze, on lui avait posé la même question et la réponse avait été: tout peut être intensité.
le monde des intensités ou libidinal ( au sens freudien ou au sens deleuzien de l'époque :inconscient machinique ) est sous-jacent aux mondes des intentions et formes mais ce n'est pas un autre monde mais le même monde vu sous un autre angle

Ll'intention est le domaine de la pensée. l'intensité est le domaine de la non-pensée, du sentir et de l'intuition directe.
la pensée fonctionne à l'aide de disjonctions ou les termes binaires ( ceci et cela ) sont séparés par une barre que Lyotard nomme barre libidinale " imaginons que cette barre se mette à tourner à toute vitesse alors la pensée définie par les 2 termes de la disjonction disparait.
Reste la barre qui remplit tout le cercle: on est dans l'intensité, on est passé sur un autre plan et pourtant rien n'a vraiment disparu, les termes de la disjonction sont toujours là mais indiscernables '' en fusion '' en quelque sorte.
La pensée peut continuer à penser mais sous un autre mode d'où l'utilisation de pensées paradoxales qui n'obeissent plus au principe de non-contradiction.
On a quitté sans vraiment le quitter le monde de la pensée cad celui des objets et des intentions dirigées vers eux.

L'intensité se situe donc au sein même de la pensée, au niveau de la barre séparatrice de la disjonction, qui en tournant cesse d'être barre de séparation pour devenir trait d'union des contraires dans une vie 'intensive '.

L'intensité est donc la vie en elle-même dans son activité à l'intérieur même de la pensée.
la pensée est intention dont l'intensité est l'intérieur.

On peut aussi aller voir du coté de la phénomènologie et de son idée d'intentionnalité qui est acte de visée d'un objet.. l'intensité se situe dans l'acte même de la visée cad dans le mode d'apparaitre des phénomenes du monde. l'intentionnalité est en elle même intensité.
L'acte intentionnel est l'équivalent de la barre libidinale ou intensive de Lyotard.
cet acte telle la perception visuelle est en quelque sorte le mileu entre les 2 pôles que sont le sujet voyant est l'objet vu.Mais fascinés que nous sommes par le pôle objet par rapport auquel nous reagissons en tant que pôle sujet, nous quittons le milieu cad l'acte vivant de la vision et à cause de cet oubli le sujet et l'objet en sont comme dévitalisés.

Nous avons quitté le monde intensif pour rentrer dans le monde de la tiedeur, choses parmi les choses.
Le sujet est devenu réactif, prisonnier de sa mémoire et de sa pensée bloquée sur elle même.
Le monde s'obscurçit, n'est plus réellement vu , senti mais réifié, interprété .
La vie est oubliée, le modes ne sont plus compris comme modes de la substance mais comme des substances cad isolés et autonomes.. la substance est ' voilée '
D'ou résulte la scission sujet/objet: Adam a été expulsé de l'Eden.
la vie ,d'active est devenue réactive. baisse de la vitalité et de l'intensité. des affects de tristesse ont remplacés nos affects de joie.
de " machine désirante, on est devenu outil au service d'une machine sociale "

On l'a compris , l'intensité est la vie vraiment vécue cad le pur vécu où les pôles sujet/objet ne sont plus vécus comme séparés

Deleuze disait :''toujours commencer par le milieu,se situer dans l'entre- deux , au niveau des verbes infinitifs ( marcher, voir , baiser etc le premier d'entre eux n'est il pas le verbe Etre ?)
sans se soucier donc du 'je' et des objets.
car là est la vie, l'intensité ,l'avant de la pensée, l'air frais et régénerant du dehors.

ET quand je lui ai demandé , toujours dans cet entretien:
- mais comment parvenir à cette vie intensive?
- il m'a répondu: en construisant son corps sans organe
- comment ?
-c'est un art d'eliminer les tensions ''

Et on voit bien que tension c'est la même chose que l'intention. tension vers quelque chose, visée, se tendre, être tendu, stressé.
et dans cet 'art' on se détend jusqu'à atteindre ce degré zero qu'est le corps sans organe.

Le corps sans organe est le champs d'immanence du désir où celui çi repose en lui même, immobile et calme. C'est aussi le plan de composition du désir sur lequel tout va étre produit: les modes.
Un corps sans organe, ce n'est plus un corps composé donc individuel. c'est un corps sans limite et ce qui est sans limite au niveau corporel , c'est pas un mode mais l'étendue elle même cad la substance spinoziste.
sur ce corps sans organe vont se produire les intensités: sensations , perceptions devenirs, experiences limites, mystiques' etc .. cad le pur vécu.
Le corps sans organe est le degré zero d'intensité, moteur immobile,matrice et source de tous les degrés infinis d'intensité qui le parcourent tel un oeuf cosmique avec ses regions gradiants et potentiels.
ses multiplicités qui le peuplent , les singularites pre-personnelles,
les àmes-corps sur le plan de la durée extensive et les essences
d'âmes-corps sur le plan intensif de l'eternité dans l'entendement divin.
Ces multiplicités et singularités individuelles en sont comme les vibrations; expressions et modifications , modes de la substance.

Pour conclure, je dirais que la vie 'intensive ' est le vécu totalement présent à lui même et attentif au monde, dans un 'pur voir ' ( cf la reduction phenomenogique ) cad non objectivant et qui ne fixe ni ne chosifie le flux du reel.

Alors la moindre perception, le moindre évènement devient une intensité

et l'ordinaire devient extraordinaire. tout devient 'manège' dans cette immense fête foraine qu'est le monde.
prendre le rer fait l'effet du train fantome de la foire du trone.

l'intensité ,c'est la perception directe dans laquelle la pensée n'intervient plus. le penser ne se confond plus avec le percevoir. quand on pense ,on pense et quans on voit, on voit. cette perception ou intuition est surement ce dont voulait parler Spinoza avec son 3 eme degré de connaissance.

La vie est vecue dans ' l'étonnement ':

-On sort du cineme où on vu pendanr 2 h une image en 2d et quand on sort , on est emerveillé par la 3d de la rue, tout semble neuf et on se dit la vie c'est quand meme mieux que le cinema: c'est une intensité.

On remarque que la vie est couleur alors qu"elle pourrait être en noir et blanc: c'est une intensité

- on se dit: ' pourquoi y a- il quelque chose plutôt que rien ? comment se fait il qu'un monde nous apparait et qu'on puisse connaitre quelque chose ? cogito cartesien etc : c'est une intensité et le début de la vie philosophique
--
enfin, avoir construit son corps sans organe, connaitre l'amour intellectuel de dieu, réaliser le salut spinoziste ( on essaie, on essaie )
c'est être tout simplement soi-même mais bien-sur dans un sens bien précis sans dehors , immanent, uni et identifié à la vie et donc en ayant dépassé son moi empirique
’ ‘être soi- même et plus que soi-même: condition pour commencer à vivre c-a-d- à sentir ce que l'on vit et pouvoir agir véritablement dans le monde au lieu de réagir car on est à la source. .

voilà
j'espere avoir fait 'sentir' ce qu'est l'intensité.
désolé si j'ai été trop long
amitiés à tous
joel
Modifié en dernier par riseohms le 10 déc. 2005, 10:24, modifié 3 fois.

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Re: l'intensité chez deleuze, lyotard etc en rapport avec sp

Messagepar Pourquoipas » 15 nov. 2005, 21:35

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Messagepar hokousai » 15 nov. 2005, 22:55

Woody Allen l'a bien compris, lui qui souhaiterait être réincarné en éponge.

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Messagepar gismo » 16 nov. 2005, 18:11

Bonjour Joel

l'écho qu'a provoqué en vous ma question ne me laisse pas indifférent et prouve que Deleuze est un des meilleurs relais pour la compréhension de l'oeuvre de Spinoza.

Gismo

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Messagepar Miam » 16 nov. 2005, 19:00

Sorry, c'est une erreur... :oops: Mais bon : tant que je suis là, je dirai simplement que c'est sans doute dans "spinoza et le problème de l'expression" que Deleuze est le moins deleuzien...

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Messagepar hokousai » 16 nov. 2005, 20:07

Voila bien le clou enfoncé le corps de Spinoza qui n’avait que peu d’ organes mentionables n’ en a tout simplement plus du tout . Le désir est un ange . Deleuze est angélique et Duns Scott réinvestit la place par où on ne l'attendait pas .

Si on veut comprendre Deleuze le mieux semble t-il est de lire Deleuze encore que l’aperçu qu’on me donne de cette pensée me laisse douter d’une lisibilité en première intention . Il est un espace de la pensée très productif d’image et dont participe la sphère estimable du poétique . Chez Spinoza on ne mélange pas les genres , il semblerait que chez Deleuze oui .

Mais si on veut comprendre Spinoza , c’est Spinoza qu il faut lire et ceux qui le précèdent .
N’a t il pas fais assez d"efforts pour se rendre compréhensible ?. L ' idée de conatus suffit bien dans le spinozisme pour ne pas avoir à surajouter l'intensité .
Le conatus est une idée assez claire bien définie l’intensité se sent , mais le ressentir en Spinozisme est de l’ordre des idées confuses .

Alors se refuser à faire l’effort sur Spinoza en se reportant vers un auteur largement postérieur qui n’a donc pas influencé Spinoza et qui de plus semble plus difficile à comprendre quand il ne jargonne pas à l’esbroufe , ce passage par Deleuze me parait non seulement inutile mais dangereux . Feu Spinoza n ‘en a cure , mais dommage pour le Spinoza de son propre texte lequel n’en demandait pas tant .

Hokousai

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Messagepar Pourquoipas » 16 nov. 2005, 20:19

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