Les actions dans la définition générale des sentiments

Questions et débats touchant à la doctrine spinoziste de la nature humaine, de ses limites et de sa puissance.
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zerioughfe
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Les actions dans la définition générale des sentiments

Messagepar zerioughfe » 05 déc. 2003, 21:46

Dans la partie III de l'Ethique, il y a un truc qui m'intrigue...

Les "actions" dont parle Spinoza sont des sentiments (affectus) qui résultent d'idées adéquates (ainsi qu'il le dit lui même dans ses définitions).

Dans ce cas, pourquoi écrit-il dans la définition générale des sentiments que les sentiments sont des pensées confuses qui résultent d'idées inadéquates ? Autrement dit, pourquoi oublie-t-il les actions ??

Merci :wink:

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Henrique
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Messagepar Henrique » 08 déc. 2003, 02:03

Le texte en dessous du titre dit "l'affect, qu'on dit passion de l'âme, est une idée confuse..." : il précise donc que l'affect qu'il définit généralement ici est l'affect passif (général en tant qu'il enveloppe le désir, la joie, la tristesse etc.")

Il est vrai cependant que le terme de "général" prête tout de même à confusion. Misrahi dit à propos de ce passage : "affectuum seu passionem animi Spinoza se propose explicitement de définir l'affect en tant que passion (ou pathème) : c'est pourquoi il utilise le seu pour identifier passio et affectus, c'est-à-dire, on s'en souvient : passion et affect PASSIF. L'attention se porte ici sur PASSION (et non sur le problème du rapport entre affect actif et affect passif). Cela est possible quant au sens, puisque Spinoza étudie principalement les affects actifs avant d'étudier la libération qui les transformera et les rendra actif ; cela est également possible quant au lexique et aux concepts, puisque affectus et passio ont été nettement distingués par Spinoza et par notre traduction".

Possible, mais cela aurait probablement été plus clair si Spinoza avait dit "Définition générale des passions" pour éviter la confusion des affects passifs et actifs.

Henrique

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Messagepar zerioughfe » 08 déc. 2003, 11:12

D'accord. Merci de ton explication.

Mais ce n'est vraiment pas logique de la part de Spinoza : à la fin d'une partie qui traite des affects, il en propose une définition générale qui se restreint aux passions...! :wink:

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Messagepar Henrique » 09 déc. 2003, 13:48

En fait il y aurait une autre façon de comprendre cela : même si un affect peut être actif dans la mesure où des idées adéquates le soutiennent, il est toujours en partie passif dans la mesure où il repose sur l'idée qu'il y a du perfectionnement possible. La béatitude, qui est la satisfaction de notre perfection même, n'est plus un affect au sens où saisir la perfection qu'il y a à se perfectionner, c'est sortir de l'idée confuse qu'il y a un manque possible à combler. L'homme qui connaît sa béatitude saisit la pleine positivité de l'existence et ne voit plus d'augmentation ou de diminution dans sa perfection même puisqu'il se comprend et comprend toute chose sub speci aeternitatis. Cela n'annule pas le mouvement et l'affectivité mais cela la comprend à l'intérieur d'une totalité qui elle-même immuable...

C'est une hypothèse qu'il conviendrait de détailler davantage sans doute, mais qui expliquerait qu'en fin de parcours, Spinoza définisse tous les affects comme finalement passifs.

Henrique

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Messagepar Miam » 28 févr. 2004, 20:37

Henrique,

Je te répond ici car je ne sais plus où tu a écrit que chez Spinoza, "le moi était intuitionné". Je ne vois cela nulle part chez Spinoza. N'est-ce pas l'interprétation misrahiste qui te fait écrire cela? Si c'était vrai, ne serait-ce pas faire de Spinoza un cartésien comme un autre? Et alors, quelle serait encore l'originalité de Spinoza?

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Messagepar Miam » 28 févr. 2004, 23:45

:oops: Je n'avais pas ton texte sous les yeux. Voir pour plus de précision ma bafouille dans le sujet "Spinoza fait-ilde la métaphysique?" (en substance) dans "La vérité du spinozisme".


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