Aurinko a écrit :Il semble qu'il y ait un mécanisme, présent en tous, qui fait que le corps, suite à son travail constant de renouvellement, vieillit. Le vieillissement semble bien être comme le dit Hokousai de l'essence de l'homme.
Pour ma part, je dirais que le travail de renouvèlement cellulaire, avec la possibilité de cancer que cela induit, peut déjà être compris comme une réponse du conatus à l'usure occasionnée par les corps extérieurs : donc si par miracle, il n'y avait pas de corps extérieurs, il n'y aurait pas d'usure et donc pas de renouvèlement cellulaire - mais en même temps, s'il n'y avait pas de conatus, il n'y aurait pas non plus de renouvèlement cellulaire : le vieillissement peut donc se comprendre comme une résultante du conatus, mais pas suffisante : le corps pluricellulaire n'est pas cause adéquate de ce renouvèlement, pas plus que du dérèglement de ce renouvèlement, tant dans le cancer que dans le vieillissement.
Etant à mes débuts dans la découverte de l'Ethique, je n'en maîtrise pas encore le vocabulaire et n'ai que des connaissances partielles de son contenu, aussi je ne me sens pas encore à la hauteur pour participer plus activement aux débats.
Au contraire, les questions et remarques "naïves" sont toujours une occasion pour les "experts" de renouveler et ainsi d'amplifier leur compréhension des sujets qu'ils s'efforcent de bien connaître. En l'occurrence, on oppose souvent à la théorie du conatus le fait suicidaire, mais le vieillissement beaucoup moins souvent alors que la question est tout à fait pertinente. Pour ma part, ta question m'aura permis de commencer à mettre un peu d'ordre dans ce que je pensais savoir de ce problème. Je ne suis pas pleinement satisfait des éléments de clarification qu'on a trouvé, si on approfondit un peu, mais le travail de formulation, de mise en forme des idées en jeu, est déjà une augmentation. C'est ainsi pour moi une façon de vérifier
E5P38 et même E5P39 comme j'ai pu le suggérer tout à l'heure en parlant de béatitude.
Voilà ce qui me paraît clair : si les cellules de notre corps n'étaient pas complètement renouvelées tous les 7 ans environ, elles s'useraient très vite. Ce mécanisme de renouvèlement cependant finit par commencer à se dérégler vers 21 ans, c'est le vieillissement.
Les partisans du finalisme voient dans ce dérèglement programmé une sorte de garde-fou que la nature ou Dieu aurait conçu pour éviter que les organismes vivants ne s'autodétruisent par explosion démographique et pour permettre un renouvèlement, non plus des cellules d'un corps mais du génome d'une espèce, pour permettre l'évolution, donc. Mais on se demande alors à quoi "servent" les maladies génétiques ou touchant au génome et pourquoi une nature si humainement prévoyante n'aurait pas pu trouver des moyens moins brutaux de réguler la démographie et d'enrichir le génome des espèces...
Nous avons donc envisagé l'hypothèse que le dérèglement de ce renouvèlement était programmé génétiquement, non en raison de considérations sur le bien final d'une espèce, mais comme résultante de la sélection des individus les plus aptes : les premiers organismes qui étaient "aptes" au vieillissement auraient été plus aptes à survivre durablement face au phénomène de division cellulaire anarchique que représente le cancer et auraient naturellement transmis leur génome sexuellement sans qu'il faille ici faire intervenir une providence transcendant les individus. Mais c'est un peu reculer pour mieux sauter : le cancer n'est-il pas lui-même une forme d'autodestruction ? J'ai essayé de donner quelques éléments d'explication pouvant permettre de maintenir cette hypothèse non-finaliste.
Mais ce dérèglement du renouvèlement cellulaire pourrait aussi bien valoir pour le vieillissement que pour le cancer. Il s'agirait alors de deux formes non opposées mais "soeurs" de ce dérèglement. Et ce dérèglement lui-même pourrait se comprendre comme résultant en général de l'usure et de l'intoxication occasionnée par la coexistence avec les autres corps, y compris ceux qui nous renforcent et nous alimentent, au cours de l'existence individuelle comme au cours de l'existence de l'espèce à laquelle il appartient génétiquement, à des degrés divers. En aucun cas par une sorte de mécanisme d'autodestruction préprogrammé comme dans Mission Impossible.
Encore un mot pour dire combien j'apprécie ce site de référence.
Amitiés.
Merci de tes encouragements et au fait, bienvenue à toi ici !