volonté et entendement: un problème logique

Questions et débats touchant à la doctrine spinoziste de la nature humaine, de ses limites et de sa puissance.
Enegoid
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Messagepar Enegoid » 18 août 2008, 22:57

Durtal a écrit :je distinguais (c'était là le but de cet exemple) la "chose" l'objet, "olive" et la propriété "être préparé avec une olive" en relation avec cet objet (l'olive)


Ok. Intéressant. Mais pas totalement convaincant. Rv éventuellement plus tard (si je suis encore vivant!) sur un autre fil plus adapté, une fois démêlé le "souk" en cours...si c'est possible

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Louisa
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Messagepar Louisa » 19 août 2008, 23:55

Julien_T a écrit :Cette expérience de la certitude et de la cohérence de nos idées entre elles (soit de la cohérence de nos affirmations avec le contenu des idées que nous jugeons) que tu appelles de tes vœux pour « prouver la vérité de la thèse spinoziste » ne reste précisément qu'une expérience. Ton interlocuteur peut non seulement ne pas faire cette expérience, soit, si tu dis vrai, interpréter différemment celle qu’il a sous les yeux, mais il peut en outre, s’il reconnaît la même expérience que toi, refuser la portée épistémique de ce qui apparaît à sa conscience tel que tu le décrit. Le sentiment de certitude n’est malheureusement qu’un sentiment, bien présent à l’endroit de nos erreurs les plus grossières. Décrire ce qui apparaît à une conscience lorsque quelque chose comme une « affirmation » se constitue reste sujet à des descriptions et interprétations très diverses. Le rêve, l’hallucination, le mensonge à soi sont des expériences dont l’interprétation phénoménologique ne vérifie pas pour tout le monde la vérité de la thèse spinoziste. De même, il est naïf de croire résoudre le problème d’une certaine imagination créatrice affirmant des énoncés sans y croire par la seule force de l’expérience que chacun devrait faire de ce qu’on ne peut qu’affirmer une idée qu’on tient pour vraie. Il est difficile aussi de penser la diversité des types d’actes de croyances et celle de leurs degrés d’intensité lorsqu’on réduit tout à la simple opposition entre une affirmation/adhésion certaine du vrai qu’elle affirme et l’affirmation formelle ou nominale qui n’est qu'un jeu de langage vide d’expérience intérieure de sentiment de certitude référençant intrinsèquement à la portée véritative de l’énoncé. Donc ici, le problème n’est pas d’établir la vérité d’une interprétation du spinozisme (ce n’est que la première étape) mais d’interpréter le fonctionnement de la conscience elle-même, y compris à travers ses opérations dites « logiques ».


Bonjour Julien_T,

certes, tu peux tout à fait "élargir" le débat, et essayer de décrire par le biais de la méthode propre à la phénoménologie le fonctionnement de la conscience elle-même. Mais je ne vois pas en quoi ce serait nécessaire pour vérifier la thèse spinoziste concernant l'affirmation, du moins pas cette partie de la thèse qui ne fait que référer à une expérience quotidienne, commune à tous les hommes. Certaines expériences me semblent simplement faire partie de la vie ordinaire, et n'ont rien à voir avec les fondements d'une conscience, non?

Par exemple: personne ne niera qu'un homme doit se nourrir s'il ne veut pas mourrir. Il y a un tas de vérités comme ça. Ce ne sont certes pas des vérités "scientifiques", au sens où on ne pourra pas les démontrer à l'aide de dispositifs expérimentaux (quoique ... dans le cas de mon exemple ce serait éventuellement possible, seulement on peut s'attendre à ce que les "comités bioéthiques" s'y opposent ... :D ). Mais je ne vois pas pourquoi leur refuser le statut de vérité.

La façon dont Spinoza définit, à la suite de Descartes, l'affirmation, me semble toucher à une telle "vérité d'expérience". Nous pouvons tous très facilement prendre une idée qu'on croit être vraie (qu'elle l'est véritablement ou non n'a aucune importance), par exemple: en lisant ce message, tu as l'idée vraie que ce n'est pas toi-même qui l'as écrit. Pourras-tu nier cette idée, pourras-tu réellement croire que tu l'as écrit toi-même? Non. Spinoza ne réfère à rien d'autre, quand il dit que toute idée enveloppe affirmation.

Bien sûr, il développe pas mal d'idées supplémentaires par rapport à ce phénomène bien connu, thèses qui relèvent déjà davantage de choix philosophiques, donc qu'on ne peut pas vraiment "réfuter" ou "vérifier". Le fait de décider d'identifier affirmation et volonté, par exemple, peut nous sembler étrange, mais il faudra donner d'autres définitions à ces deux mots que ceux qu'en donnent Descartes et Spinoza pour contester cette identification, et non pas référer à une expérience quotidienne.

Bref, si tu pourras sans doute donner beaucoup d'autres définitions possibles du mot "affirmation", je ne vois pas comment tu réussirais à nier l'expérience quotidienne à laquelle réfère Spinoza. On peut la décrire en d'autres mots, certes. On pourrait par exemple dire avec Austin que toute locution est toujours déjà une illocution. C'est-à-dire tout énonciation d'un contenu propositionnel P implique nécessairement que celui qui l'énonce a l'intention d'affirmer P. Cela revient à reformuler le constat spinoziste en les termes d'une théorie contemporaine des actes de langage. Mais il me semble être clair que les deux réfèrent à la même expérience, et donc aussi à autre chose qu'à l'assertion purement formelle, abstraite de tout contexte d'énonciation particulier. Tandis que Joseph référait dès le début à l'assertion purement formelle. Jamais il n'a donné un exemple concret de la règle formelle (c'est-à-dire une application à un cas particulier). Et il ne le pourra pas, précisément parce que Spinoza parle bel et bien de l'affirmation concrète particulière, et non pas d'une affirmation abstraite. On aurait donc pu répondre à Joseph ce qu'Austin a répondu à Frege (qu'une logique formelle est incapable de rendre compte entièrement du sens d'une énonciation). Il s'agit à mon sens d'une expérience quotidienne que non seulement tout le monde PEUT faire, mais que tout le monde à déjà mille fois faite.
L

PS à Durtal: Austin a donc démontré ce que tu crois - si je t'ai bien compris - être impossible: que ce qui vaut dans l'abstrait ne vaut pas toujours dans le monde concret. Autrement dit: une énonciation a d'autres caractéristiques que le même contenu propositionnel non énoncé par quelqu'un.

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Messagepar Durtal » 20 août 2008, 10:32

Louisa a écrit :PS à Durtal: Austin a donc démontré ce que tu crois - si je t'ai bien compris - être impossible: que ce qui vaut dans l'abstrait ne vaut pas toujours dans le monde concret. Autrement dit: une énonciation a d'autres caractéristiques que le même contenu propositionnel non énoncé par quelqu'un.



Je n'ai pas le temps de répondre en ce moment donc je te servirai ici une manière d'aphorisme:

"un cri n'est pas une proposition".


D.

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Messagepar sescho » 20 août 2008, 23:40

Un petit retour sur divers autres sujets d’actualité, sur la base (telle que la vois, avec assez de clarté me semble-t-il) des extraits étendus mis en référence plus haut :

Sur l’essence :

Le texte, par ses appositions, montre clairement que « essence », « forme » et « nature » sont synonymes chez Spinoza. L’essence d’une chose c’est simplement ce qu’elle est.

Une essence est donnée par une définition, si celle-ci est complète, c’est-à-dire contient bien explicitement ou en puissance (propriétés) tout ce qui fait sa nature. Si la chose définie existe en dehors de l’entendement, alors la définition doit y être entièrement conforme (du moins dans la limite de la perception claire de l’esprit humain.)

Spinoza a écrit :Lettre 9 à Simon de Vries : … ou la définition explique la chose définie, telle qu’elle est hors de l’entendement, et alors elle doit être vraie et ne diffère d’une proposition ou d’un axiome qu’en tant qu’elle regarde seulement l’essence des choses ou celle de leurs affections, au lieu qu’un axiome a une portée plus grande et s’étend jusqu’aux vérités éternelles. …

Il n’y a pas lieu de fantasmer sur la définition E2D2 (avec ajouté le « et qui, sans la chose, etc. »). Spinoza explique tout à fait clairement dans E2P10S sa motivation, et elle est très simple : comme toute chose ne peut être conçue sans Dieu mais que pour autant Dieu n’appartient pas à son essence, cet ajout devait être fait. C’est tout.

Donc, en passant, dans ces conditions, le fait d’être étendu ne fait pas partie de l’essence des corps. L’essence des corps c’est d’être des modes finis dans la dimension de l’existence qu’est l’Etendue. C’est exactement ce que dit aussi CTApp2(8) au sujet de la Pensée.

Dans le même ordre d’idée, le repos-mouvement, premier mode infini de l’Etendue (et donc entendu comme cause même des corps), ne devrait pas non plus faire partie de l’essence des corps.


Sur les propriétés (je passe sur le CT qui appelle « propriétés » les « attributs ») :

Les propriétés sont ce qui se déduit d’une essence : une fois l’essence posée par une définition qui décrit entièrement la chose, toutes ses propriétés (identifiables par l’homme) doivent pouvoir en être déduites.

Il est on ne peut plus clairement exprimé dans tout le texte (et en particulier au sujet de la Raison : E2P40S2, E2P7Dm, E5P12Dm) que les lois que sont les propositions (ou théorèmes) – E4P57S –, donc chez Spinoza des idées adéquates, font partie des propriétés des modes singuliers, qu’elles recouvrent en général sur une part commune de leur essence. Elles s’associent donc bien aux notions communes ou plus généralement aux axiomes, qui sont aussi des lois (ce que dit clairement E2P40S2.)

Les propriétés sont-elles contenues dans l’essence ? Nominalement non : elles sont toujours distinguées : l’essence ET les propriétés d’une chose. Mais c’est une distinction de raison à mon sens : E1P16S dit : « … ces propriétés sont d’autant plus nombreuses qu’une réalité plus grande est exprimée par la définition, ou, ce qui revient au même, est contenue dans l’essence de la chose définie. … » et E2D4Expl met en équivalence propriétés et dénominations intrinsèques (d’une idée vraie) et de même E4P62Dm parle des propriétés de l’idée adéquate : propriétés intrinsèques d’une idée vraie (je ne vois dans ces propriétés que la certitude - ou la clarté et la distinction -, qui n’est pas une loi.) E3D22Expl met en équivalence « propriété » et « effet. » Ceci correspond à TTP4 : « … connaître l’effet par sa cause, ce n’est autre chose que connaître une des propriétés de cette cause … »

Par ailleurs, une telle « part commune de l’essence d’un groupe de choses singulières » est-elle elle-même une propriété commune chez Spinoza ? Rien ne l’indique et les notions générales font en première instance partie du premier genre de connaissance. Je dirais donc : non, selon Spinoza.

Mais encore une fois c’est plutôt une distinction de raison de la même manière que précédemment. Car ce qui reste c’est que les propriétés communes sont indissociables de la « communauté d’essence » sur laquelle elles portent… et le tout doit être clair.

Il est par ailleurs, par de très nombreux passages (et cela va de pair avec cela, et toute la démarche de Spinoza, sans qu’il puisse en être autrement) plus qu’évident qu’il admet la clarté de ces « communautés d’essence » (« essence de genre », « essence commune », « nature commune », on appelle cela comme l’on veut…) « Essence de l’homme » (l’homme ayant été clairement désigné par ailleurs comme notion générale) n’est pas la moindre, mais il y a aussi les « propriétés de l’entendement » (autre notion générale) qui sont connues clairement, des formules comme PM1Ch5 : « … si nous voulons les considérer comme des choses posées hors de la pensée, nous rendons ainsi confus le concept clair que nous avons d’elles d’autre part… », PM2Ch7 : « … [les] choses générales qui ne sont pas et n'ont aucune essence en dehors des singulières. », etc., etc. (j'ai déjà donné une liste de tels passages plus haut.)

Sur l’affirmation que contient chaque idée (qui est une « essence commune » et pas un être réel), ce qui est gênant – pas sur le fond mais sur la forme - c’est que Spinoza définit l’idée par le concept, ce qui ne nous avance pas beaucoup… Il ne peut pas la définir comme mode de la Pensée, puisqu’il y a aussi le désir et la joie-tristesse (émotion). « Concept » et « affirmation » cela ne doit pas être très différent (visualiser un cheval ailé – et non pas concaténer « cheval » et « aile » abstraitement, ce qui est non pas une mais plusieurs idées - c’est affirmer d’un cheval des ailes…)


Sur d’autres sujets abordés récemment :

Il est clair par une grande quantité de passages (et toute la partie 2 de l’Ethique) que pour Spinoza (et de fait) l’entendement humain n’a pas grand chose à voir avec le divin. Je ne mets pas d’extraits, ce serait trop long.

Celui, donc, qui peut me démontrer – en toute logique, par le menu, en s’en tenant aux termes et en s’appuyant de même sur le reste du texte de Spinoza lui-même – de l’assez mystérieux E5P40S (je me souviens d’une thèse assez musclée sur Spinoza, où l’auteur disait pourtant en conclusion à son sujet : « encore faut-il comprendre ce que cela veut dire… ») que l’entendement divin est la somme des entendements humains, je jure de lui tirer mon chapeau.

L’exemple des proportions tel que présenté dans le TRE (et aussi dans le CT) est encore plus clair que dans l’Ethique (tout en disant la même chose) : il s’agit bien dans le troisième genre de voir la même chose que selon la démonstration donnée par le deuxième, mais directement, intuitivement, sans mot ni démonstration. Je ne vois pas comment on peut lire autre chose, si ce n’est avec d’énormes préjugés. On ne lit plus en fait, on invente… Il me faudrait des lunettes de soudeur et deux litres de whisky (dont je ne suis pas amateur ; vive le jus de treille fermenté rouge ;-)) pour peut-être m’en approcher…

Spinoza a écrit :TRE 28. Troisième mode. Il faut reconnaître qu'il nous donne l'idée de la chose, et qu'il nous permet de conclure sans risque de nous tromper ; néanmoins il n'a pas en soi la vertu de nous mettre en possession de la perfection à laquelle nous aspirons.

29. Le quatrième mode seul saisit l'essence adéquate de la chose, et d'une manière infaillible ; c'est donc celui dont nous devrons faire principalement usage. ...

TTP5 : … il faut observer, quand on se sert de preuves fondées sur l’expérience, que si elles ne sont point accompagnées d’une intelligence claire et distincte des faits, on pourra bien alors convaincre les esprits, mais il sera impossible, surtout en matière de choses spirituelles et qui ne tombent pas sous les sens, de porter dans l’entendement cette lumière parfaite qui entoure les axiomes, lumière qui dissipe tous les nuages, parce qu’elle a sa source dans la force même de l’entendement et dans l’ordre de ses perceptions. D’un autre côté, comme il faut le plus souvent, pour déduire les choses des seules notions intellectuelles, un long enchaînement de perceptions, et en outre une prudence, une pénétration d’esprit et une sagesse fort rares, les hommes aiment mieux s’instruire par l’expérience que déduire toutes leurs perceptions, en les enchaînant l’une à l’autre, d’un petit nombre de principes. …

… quand nous savons que toutes choses sont déterminées et réglées par la main divine, que les opérations de la nature résultent de l’essence de Dieu, et que les lois de l’univers sont ses décrets et ses volontés éternelles, nous connaissons alors d’autant mieux Dieu et sa volonté que nous pénétrons plus avant dans la connaissance des choses naturelles, que nous les voyons dépendre plus étroitement de leur première cause, et se développer suivant les éternelles lois qu’elle a données à la nature. Il suit de là qu’au regard de notre intelligence, les phénomènes que nous comprenons clairement et distinctement méritent bien plutôt qu’on les appelle ouvrages de Dieu et qu’on les rapporte à la volonté divine que ces miracles qui nous laissent dans une ignorance absolue, bien qu’ils occupent fortement l’imagination des hommes et les frappent d’étonnement et d’admiration ; car enfin, il n’y a dans la nature que les choses dont nous avons une connaissance claire et distincte qui nous élèvent à une connaissance plus sublime de Dieu, et nous manifestent en traits éclatants sa volonté et ses décrets. …

TTP13 : … si l’on prétend qu’il n’y a pas besoin à la vérité de connaître les attributs de Dieu, mais de croire tout simplement et sans démonstration, c’est là une véritable plaisanterie. Car les choses invisibles et tout ce qui est l’objet propre de l’entendement ne peuvent être aperçus autrement que par les yeux de la démonstration ; ceux donc à qui manquent ces démonstrations n’ont aucune connaissance de ces choses …


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Messagepar sescho » 21 août 2008, 21:36

A la réflexion, une conclusion s'est imposée à moi. Si l'on compare E2P40S2 (et E2P38 et C) et les démonstrations - surtout E5P12Dm - qui y font référence :

Spinoza a écrit : E2P40S2 : … 3° enfin, des notions communes et des idées adéquates que nous avons des propriétés des choses (voir le Corollaire de la Propos. 38, la Propos. 39 et son Corollaire, et la Propos. 40, part. 2). J’appellerai cette manière d’apercevoir les choses, raison ou connaissance du second genre. …

E5P7Dm : … toute passion qui provient de la raison se rapporte nécessairement aux propriétés communes des choses (voyez la Déf. de la raison dans le Schol. 2 de la propos. 40, part. 2), lesquelles sont toujours considérées comme présentes, rien ne pouvant exclure leur présente existence, et imaginées de la même manière (par la Propos. 38, part. 2). …

E5P12Dm : Les objets que nous concevons clairement et distinctement, ce sont les propriétés générales des choses, ou ce qui se déduit de ces propriétés (voyez la Défin. de la raison dans le Schol. 2 de la Propos. 40, part. 2)

On est conduit logiquement, me semble-t-il, à identifier "propriétés générales (ou communes) des choses" à "notions communes."

Ou plutôt, puisqu'encore une fois "notion commune" n'est pas un terme de Spinoza, mais un terme usité à l'époque (pour les axiomes acceptés par tout le monde ou presque) et ce depuis des temps reculés, dans lequel "commune" sous-entend "à tous les hommes" - ce qui n'est qu'une circonstance pour Spinoza, qui considère tous ses axiomes (prémisses uniques du raisonnement) comme vrais selon la lumière naturelle immédiate :

Les "propriétés générales (ou communes) des choses" sont les axiomes mêmes.

Ceci est en outre parfaitement cohérent avec les "propriétés" tout court (particulières à une essence commune, ou dites "générales" mais en référence à une certaines classe, comme les passions), les axiomes étant des expressions de lois comme elles.

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Messagepar hokousai » 30 août 2008, 00:04

.
Donc ici, le problème n’est pas d’établir la vérité d’une interprétation du spinozisme (ce n’est que la première étape) mais d’interpréter le fonctionnement de la conscience elle-même, y compris à travers ses opérations dites « logiques »
(Julien T)

J 'ai bien du mal à poser les termes de ce problème .
Mais peut -être pourriez vous m'aider .

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Messagepar hokousai » 30 août 2008, 01:31

et puis aussi m 'expliquer ça :

Le holisme spinoziste, je te le rappelle, est celui qui ouvrira la voie aux idéalismes allemands : tu ne pourras démontrer la vérité de ces définitions qu’en démontrant la validité du système dans sa totalité.


Parce qu'enfin il ne s'agit pas de démontrer la vérité d'une définition .Tout au plus montrerait on qu'une définition est plus claire et distincte qu'une autre, ainsi que sa génèse en est bien évidente comparée à d'autres plus obscures, sinon que ces définitions sont bien opératoires/ productives d’une intelligence des choses dont on parle .

Si tout se tient chez Spinoza ,certes il a fait l'effort de ne pas trop se contredire , il reste que surgissent des définitions plus ou moins bien fondés dans le système ,ce qui n’en fait justement pas un système si systématique . Quand Spinoza entend par corps ce qui… . ou par cercle ou par cheval ailé ou par volonté, ou par haine ... etc …il n’ y a pas lieu de montrer la validité du système entier pour admettre les définitions proposées .
A cet effet certaines sont améliorables et Spinoza ne pensait certainement pas avoir dit le fin mot de l’ histoire en tout domaine .On a pu en revanche le reprocher à Hegel autant qu' à Kant , voire à Schopenhauer, pas plus tolérant que les autres .

Le texte de Spinoza ne peut être considéré comme une doctrine qui s’apprend et se récite ensuite , il s’agit plus d’un laboratoire incitant à l’élaboration des définitions et pourquoi pas ( et certainement )à la permanente reconsidération des définitions qu’il construit lui-même .

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Messagepar hokousai » 31 août 2008, 00:29

Je répondais donc avec un temps d' avance à Korto .


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