Je suis avec intérêt les interventions.
Sur le Bouddhisme tibétain (tantrique, donc, qui englobe la version originelle Théravada (amendement de soi : intrépidité), puis en sur-ensemble la version Mahayana (compassion : générosité ; méditation de la vacuité d'existence propre des modes), puis en sur-ensemble ultime la version tantrique, Vajrayana.) Je me suis pour ma part interdit de me frotter à la dernière. Elle consiste à libérer totalement mais dans l'ordre sain toute la force vitale, y compris sexuelle (mais évidemment pas dans la débauche, qui est le strict contraire de l'ordre sain)... Je n'ai clairement pas le niveau... Réservé à des Maîtres accomplis... A mon état correspond la première et je perçois assez clairement la démarche de la seconde, mais la troisième...
Bon, il y a les divinités issues d'un panthéon tantrique fourni (mais pour autant sans dieux), qui sont au fond des images des qualités psychiques, les moulins à prière, les drapeaux de prière, les actions, etc., etc. Ce sont certes des rituels et donc des supports pour les esprits non accomplis ; par ailleurs la superstition se mêle toujours, sur le nombre, à ce type de recherche. Mais il suffit de lire le Dalaï Lama (qui peut aller du même pas serein dans un discours très simple sur la compassion ou dans l'exégèse complète des textes les plus ardus) pour constater qu'il sait parfaitement de quoi il retourne...
Sur la pression sociale, je dirais qu'à partir du moment où nous évoluons (et éventuellement progressons) par les pressions extérieures (éventuellement mémorisées), il est bien clair que plus le milieu est pervers, plus la probabilité de régresser est élevée, et inversement. L'argent, les règlements, la morale, etc. sont neutres ou presque en eux-mêmes ; c'est bien parce que nous péchons nous-mêmes qu'il y a problème. Heureusement qu'il y a les livres et autres media de culture qui permettent d'avoir pour "pression" les plus grands esprits du passé (mais encore faut-il les identifier comme tels et aller les chercher...)
Pour le sage, il y a peu de problème : sa puissance est dans la connaissance claire et distincte de la puissance naturelle dans toutes ces manifestations. Le fait est le fait. Dans ce cadre, peu a prise sur lui (en particulier en Démocratie.) Il se plie à ce qui permet la meilleure concorde et évite autant que possible (car le sage absolu n'existe pas) le contact des esprits grossiers, sans pour autant blesser le sens mondain, ce qui est cause de discorde. La Raison demande cela ; il la suit sans véritable contrainte.
Amicalement
Serge
P.S. : En passant, je ne vois aucune différence entre la Nécessité et le Destin, à partir du moment où tout sans exception se produit suivant les décrets de Dieu (Lois de la Nature), et que celui-ci ne peut les changer. Ce n'est que le fruit de notre difficulté egotique à assimiler cette vérité, je pense :
Spinoza, Ethique, a écrit :E1P33 : Les choses qui ont été produites par Dieu n’ont pu l’être d’une autre façon, ni dans un autre ordre.
Démonstration : La nature de Dieu étant donnée, toute choses en découlent nécessairement (en vertu de la Propos. l6), et c’est par la nécessité de cette même nature qu’elles sont déterminées à exister et à agir de telle ou telle façon (par la Propos. 29). Si donc les choses pouvaient être autres qu’elles ne sont ou être déterminées à agir d’une autre façon, de telle sorte que l’ordre de la nature fût différent, il faudrait aussi que la nature de Dieu pût être autre qu’elle n’est ; d’où il résulterait que cette autre nature divine (par la Propos. 11) devrait aussi exister, et il y aurait deux ou plusieurs dieux, ce qui est absurde (par le Coroll. 1 de la Propos. 14). Par conséquent, les choses n’ont pu être produites d’une autre façon, etc. C. Q. F. D.
Cicéron, De la nature des Dieux, a écrit :I, 39 : [Chrysippe] dit en effet que le pouvoir divin réside dans la raison et dans l’esprit et l’intellect de la nature universelle ; il dit que le Dieu est le monde lui-même, et la diffusion universelle de son esprit ; il est aussi la partie directrice du monde lui-même, puisqu’il réside dans l’intellect et dans la raison, et qu’il est la nature commune des choses, universelle et contenant en elle toutes choses, et encore, la force du destin et la nécessité des choses à venir. En outre, il est feu, il est cet éther dont j’ai parlé auparavant ; il est toutes ces choses qui sont par nature en état de flux et d’écoulement, comme l’eau, la terre, l’air, le soleil, la lune, les astres, la totalité des choses qui embrasse toutes choses ; il est jusqu’à ces hommes qui ont atteint l’immortalité.
Plutarque, Des contradictions des stoïciens, a écrit :1050C-D : Chrysippe accorde au vice une franche licence quand il en fait non seulement un produit de la nécessité et un effet conforme au destin, mais encore une réalité en accord avec la raison de Dieu et avec la nature toute bonne. On le voit encore lorsqu’il dit en propres termes : « Car puisque la nature universelle s’étend partout, il doit falloir que tout ce qui se produit d’une façon ou d’une autre dans le tout, comme dans n’importe laquelle de ses parties, se produise en accord avec elle et avec sa raison, selon une succession inévitable, du fait qu’il n’y a rien à l’extérieur qui puisse faire obstacle à son gouvernement, ni aucun moyen pour aucune de ses parties de subir un changement ou d’être en un état qui soient autres que conformes à la nature universelle ». Quels sont donc ces états et ces changements des parties ? Il est clair que les états, ce sont les vices, les états pathologiques, l’amour de l’argent, des plaisirs, de la gloire, les lâchetés, les injustices ; et que les changements, ce sont les adultères, les vols, les trahisons, les meurtres, les parricides. Selon Chrysippe, rien de tout cela, petit ou grand, n’est contraire à la raison de Zeus, à sa loi, à sa justice, à sa providence.
Connais-toi toi-même.