Spinoza, la persévérance dans l'être et l'Advaïta Védanta

Questions et débats touchant à la doctrine spinoziste de la nature humaine, de ses limites et de sa puissance.
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Avinash
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Spinoza, la persévérance dans l'être et l'Advaïta Védanta

Messagepar Avinash » 16 juin 2004, 13:45

"Chaque chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être."

Je m'efforce,autant que faire se peut, de comprendre les phénomènes que je vois ou les témoignages historiques . Lorsque de nombreux témoignages à travers l'histoire vont dans le même sens ils m'interpellent.
On peut admettre alors l'honnêteté des témoins oculaires. Bien entendu on n' est pas dans le registre de la preuve scientifique.

Donc entrons cependant dans le vif du sujet :

L'adolescent Ramana Maharshi découvrit à l'improviste qu'il était immortalité pure. L'éclat de cette révélation ne devait plus l'abandonner. Un appel intérieur lui enjoignit de se rendre à Tiruvannamalai, petite ville que domine une montagne âpre et mystique.
Dans les premiers temps il perdit la conscience de son corps. Il était plongé dans la béatitude. Les besoins élémentaires n'étant plus assurés, il serait mort si certains témoins touchés par la joie qui émanait de sa personne ne s'en étaient préoccupés.
Aucune pulsion de mort n'était à l'oeuvre chez le sage adolescent.

" Les choses singulières en effet sont des modes par où les attributs de Dieu s'expriment...des choses qui expriment la puissance de Dieu, par laquelle ll est et est agit...et aucune chose n'a rien en elle par quoi elle puisse être détruite,c'est à dire qui ôte son existence; mais au contraire, elle est opposée à tout ce qui peut ôter son existence; et ainsi, autant qu'elle peut et qu'il est en elle, elle s'efforce de persévérer dans son être." Spinoza ( démontration de la proposition 6 de la troisième partie de l'Ethique)

Le sage adolescent Ramana ne persévérait pas dans son être. Il n'était pas non plus suicidaire. La doctrine qu'il énonca par la suite était celle de l'advaîta qui est pur monisme.
Spinoza et Ramana ont une chose en commun: Le monisme.
Logiquement l'état d'indifférence aux besoins élémentaires du corps chez Ramana était la conséquence d'un attribut de Dieu: la béatitude.

Je me demande comment un Spinoziste confirmé peut appréhender ce genre de phénomène. Il y a là pour moi l'expression de quelque chose de proprement vertigineux.

Bien à vous !

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Re: Spinoza, la persévérance dans l'être et l'Advaïta Védant

Messagepar bardamu » 16 juin 2004, 20:05

Avinash a écrit :(...)
Spinoza et Ramana ont une chose en commun: Le monisme.
Logiquement l'état d'indifférence aux besoins élémentaires du corps chez Ramana était la conséquence d'un attribut de Dieu: la béatitude.

Je me demande comment un Spinoziste confirmé peut appréhender ce genre de phénomène. Il y a là pour moi l'expression de quelque chose de proprement vertigineux.

Bien à vous !

Avinash

Salut,
chez Spinoza, une indifférence aux besoins élémentaires du corps est un état qui ne peut pas être la béatitude. Un être est corps-esprit et si l'esprit ne se préoccupe pas du corps, cela signifie qu'il ne se préoccupe pas de lui-même.
Ramana a fini par passer à autre chose et, selon moi, c'est dans cet autre chose qu'était la vraie béatitude.

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Spinoza, la persévérance dans l'être et l'Advaïta Védanta

Messagepar Avinash » 16 juin 2004, 23:21

Bardamu,
J'ai lu attentivement ton texte et la nuance que tu introduis.
J'y réfléchis.

Un biographe écrit:"Lors de l'arrivée de Bhagavan à Tiruvannamalai il ne fut pas question de disciples ou d'enseignement. Il écarta même l'intérêt apparent pour le monde manifesté, se tenant immergé dans cette expérience de l'être qui est la Connaissance intégrale et la béatitude ineffable, au delà de la vie et de la mort. Que le corps continuât de vivre lui était indifférent, et il ne fit aucun effort pour le sustenter. D'autres le sustentèrent en lui apportant quotidiennement la coupe de nourriture requise pour le nourrir; et lorsque graduellement il se remit à participer aux occupations de la vie, ce fut pour la sustentation spirituelle de ceux qui s'étaient rassemblés autour de lui.
Il en va de même pour son étude de la philosopphie. Il n'avait pas besoin que la raison lui confirmât la réalité resplendissante dans laquelle il était établi; seuls ses disciples requéraient des explications."

La biographie de Ramana témoigne du fait qu'il était établi dans un autre état. " Ramana a finit par passer à autre chose . C'est dans cet autre chose qu'était la vraie béatitude."
Cet" autre chose", bien entendu, ne saurait introduire une dualité puisque il y a au moins un point de convergence entre l'advaïta et Spinoza: le monisme.

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Re: Spinoza, la persévérance dans l'être et l'Advaïta Védant

Messagepar bardamu » 17 juin 2004, 23:23

Avinash a écrit :il y a au moins un point de convergence entre l'advaïta et Spinoza: le monisme.

Salut,
Je ne connaissais pas l'Advaita aussi je suis allé voir sur Google. Si je pars de ce qui est dit ici, http://www.sv.uit.no/student/dinteo/adva-franc.htm , il semble qu'il y ait plusieurs convergences avec Spinoza.

La première réponse, par exemple, indique que le Bien est le Bien du corps pour celui qui vit dans le monde. En cela, se laisser mourir en ne mangeant plus est mauvais.

Plus loin, il dit "l'individu, l'ensemble corps-mental", est cela correspond aussi à Spinoza.

Ramana a écrit :"Toutefois, nous ne devons jamais oublier qu'il n'y a absolument rien à faire de particulier pour "expérimenter le SOI" puisqu'IL est toujours, à chaque instant, "Expérimenté". (...)
Il n'existe rien de plus terrible pour un chercheur que d'être "tiède", c'est-à-dire, uniquement cérébral, un intellectuel qui ne serait qu'une "boite à raisonnements", aussi beaux soient-ils.
L'Ame est comme un instrument de musique, il faut donc la faire vibrer afin qu'elle s'anime, danse, sorte de l'apathie dans laquelle elle se complaît trop facilement.

Tout ça me rend ce monsieur éminemment sympathique. Je crains que son biographe n'ai donné de lui une image "ascetico-magique" qui ne corresponde pas vraiment à ses propos. Peut-être que sa voie était dans l'ascèse mais cela ne semble pas une doctrine pour lui.

En fait, il faudrait surtout voir les divergences avec Spinoza.
Je n'ai fait que survoler le texte et à l'occasion, je lirais ça plus en détail.

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Messagepar Avinash » 05 juil. 2004, 23:59

Si vous êtes interressé par Ramana Maharshi je pense que la meilleure solution est d'aller sur son site officiel (www.ramana-maharshi.org).

J'ai le sentiment qu'il n'était pas un ascète au sens où il n'y avait pas une part de lui même contrôlant. Pour qualifier son état je pense à ces quelques lignes qui sonnent tellement juste de Spinoza :"La béatitude n'est pas le prix de la vertu, mais la vertu elle-même;et cet épanouissement n'est pas obtenu par la réduction de nos appétits sensuels,mais c'est au contraire cet épanouissement qui rend possible la réduction de nos appétits sensuels."


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