Positionnement (géographie intellectuelle)

Questions et débats d'ordre théorique sur les principes de l'éthique et de la politique spinozistes. On pourra aborder ici aussi les questions possibles sur une esthétique spinozienne.
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Positionnement (géographie intellectuelle)

Messagepar 8 » 03 sept. 2007, 18:24

Y-a-t'il chez Spinoza une théorie du positionnement, pas dans le sens de la posture ,dans le sens du repérage que l'on pourrait étudier en analogie avec la theorie quantique?

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Henrique
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Messagepar Henrique » 30 sept. 2007, 14:44

Peut-être, il faudrait préciser ce que vous entendez par "repérage"... A priori, on trouve chez lui comme chez la plupart des philosophesla proposition d'une série de repères permettant de s'orienter dans la connaissance et l'existence (idée adéquates ou inadéquates, affects passifs ou actifs...). Mais une telle démarche est surtout éthique. Sur le plan strictement ontologique, il n'y a pas d'orientation à proprement parler puisqu'il n'y a pas d'orient à atteindre, seulement un orient dans lequel nous sommes déjà pleinement.

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Messagepar 8 » 01 oct. 2007, 10:54

henrique,merci pour ta reponse. Depuis le temps que j'avais laissé cette question pour laquelle je n'avais pas de reponse j'en avais fini par penser qu'elle etait idiote jusqu'a que je trouve sur le forum quelques elements de reponses.
Par repérage j'entends quelque chose du genre GPS,je sais c'est pas tres élégant.Ou suis-je? voir dans une problématique plus pratique Ou en suis-je? pour le cas ou il y aurait une direction a prendre? un absolu ou un choix? voir l'absolu d'un choix ou le choix d'un absolu?
Merci d'avance pour ta réponse, j'avais jusque la des preocupations plus pratiques qu'ontologiques ,j'essaye de recoller les parties entres-elles et comme tu as pu le constater il me reste beaucoup de travail.

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Messagepar Henrique » 01 oct. 2007, 16:14

Je pense en effet qu'il est plus facile d'obtenir ici une réponse à une question quand elle est assez précise pour que tes lecteurs puissent voir où tu veux en venir.

Pour répondre donc à ta question, je dirai que l'on peut considérer toute l'Ethique comme une sorte de carte de l'existence humaine. Il s'agit de partir de la substance pour aller vers une compréhension intuitive et ainsi une jouissance de sa place comme mode de cette substance, en passant par un certain nombre d'étapes, relevant de la détermination des propriétés de la substance - ce qui en découle - notamment la possibilité des idées adéquates, leur aptitude à générer des affects actifs puis la béatitude ou amour intellectuel. Il s'agit aussi d'apprendre comment éviter certaines impasses, ou voies vers la confusion que sont les idées inadéquates, les affects passifs qui en découlent, autrement dit les passions partiellement joyeuses et finalement toujours plus ou moins tristes.

Il s'agit en quelque sorte de voir, par les yeux de l'esprit que sont les démonstrations, quelles sont les destinations les plus élevées pour le mental humain, à quoi il peut aspirer effectivement tout en indiquant par où il faut passer pour y parvenir. Une fois la carte d'ensemble des possibilités et impossibilités humaines clairement comprise, chacun pourra effectivement déterminer où il en est : quelles sont les idées adéquates qui sont déjà en moi, quelle part d'obscurité et de confusion demeure, quelles sont les passions joyeuses ou tristes qui me caractérisent, sur quels affects actifs je peux m'appuyer pour avancer.

Dans ce cadre, chacun peut, s'il s'en donne les moyens intellectuels et affectifs, voir à quelle distance il se trouve du but ; comme avec une carte, je peux voir qu'étant parti de Poitiers, je me suis éloigné du Mont Blanc en allant vers Bordeaux, et dès lors par où il faudra que je passe pour m'en rapprocher. Il est aussi possible d'effectuer certains détours, quitte à passer plus de temps sur la route, parce qu'on estime avoir quelque chose d'important à y vivre. Ainsi, je peux très bien passer par des passions joyeuses et même tristes, par exemple la jalousie, tout en voyant comment je peux à partir de là revenir vers la voie de la béatitude, en passant en l'occurrence par une compréhension approfondie de la nécessité de cette passion et de ses propriétés pour éprouver sur la base de cette passion mieux comprise l'énergie affective nécessaire pour repartir dans le bon sens.

Comme avec une carte routière, la connaissance de la destination suprême comme des moyens d'y parvenir ne remplace pas le voyage lui-même : lire l'Ethique ne suffit pas en soi à parvenir au but, pas plus que consulter une carte ne suffit à se rendre concrètement à sa destination. Il faut prendre la route (intérieure), c'est-à-dire examiner son esprit, ses idées, les passions et actions qui en découlent. Sur ce cheminement, il peut y avoir des accidents, comme sur une route : des événements peuvent, selon l'état d'avancement du voyageur, survenir au mauvais moment et engendrer des passions qui empêcheront le calme dont son mental a besoin pour continuer sur sa voie (E5P10). Il peut ainsi arriver qu'on abandonne définitivement le voyage, happé par les événements d'une existence, parfois détruit dans cette âme du voyage que constitue le désir de retrouver le lieu de la béatitude. Mais si cette énergie n'est pas totalement éteinte c'est-à-dire étouffée par les passions contraires, la carte de l'existence humaine reste toujours à disposition pour reprendre le voyage.

Mais si toute cette comparaison est possible, cela ne concerne en fait que la connaissance de soi, du monde et de Dieu, la connaissance de ce que c'est qu'être, non cet être en tant que tel. Car de ce point de vue, nous sommes déjà, de toute éternité et irréversiblement pleinement dans l'être et la béatitude qui s'en suit. Il n'y a pas à cet égard de cheminement, pas d'autre position possible que l'être même. C'est la conscience de cet être qui peut varier entre l'obscurité et la clarté, la confusion et la distinction, la mutilation et la complétude et ainsi se perdre, se trouver ou se retrouver. C'est pour cette conscience et à vrai dire par elle qu'a été tracée cette carte de l'être ou plutôt donc de la conscience d'être que constitue l'Ethique.

Tout cela étant dit, je ne vois trop le rapport qu'il pourrait y avoir avec la physique quantique... Peut-être qu'ici la physique quantique correspondrait à l'être où il n'y a ni ici, ni ailleurs et la macro-physique à la conscience de l'être où l'ici et l'ailleurs peuvent structurer le champs des possibles...

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Messagepar 8 » 09 oct. 2007, 18:22

La reponse a été longue a venir, j'etais en voyage la semaine derniere et sans ordi.
Pour ce qui est de la question quantique je pensait au probleme du photon,qui se comporte quand on l'observe tantôt comme une onde,tantôt comme une particule et ou tout depend du positionnement de l'obsevateur.
En tous cas merci pour ta reponse et désolé si mon aproche de Spinoza te parrait quelque peu loufoque .
Neanmoins mon intuition me dit que si Spinoza avait eu acces aux questions quantiques cela l'aurait certainement interressé.


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