Quelques réflexions phénoménologiques sur la liberté humaine

Ce qui touche de façon indissociable à différents domaines de la philosophie spinozienne comme des comparaisons avec d'autres auteurs, ou à des informations d'ordre purement historiques ou biographiques.
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philodingue
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Quelques réflexions phénoménologiques sur la liberté humaine

Messagepar philodingue » 31 août 2011, 20:12

E1D7 : Une chose est libre quand elle existe par la seule nécessité de sa nature et n’est déterminée à agir que par soi-même ; une chose est nécessaire ou plutôt contrainte quand elle est déterminée par une autre chose à exister et à agir suivant une certaine loi déterminée.


Nous avons ici une définition formelle de la Liberté en Soi .Appliquée à l'homme ,qui n'est pas seulement un être biologique ou un robot spirituel , mais encore bien autre chose comme le découvre l'herméneutique existentiale, cette définition est très superficielle . On obtient aucun approfondissement supplémentaire en usant du terme d'origine morale et religieuse , de "libre-arbitre"

Toute la tradition philosophique convient que l'homme ne peut accéder à l'état "d'être-libre" que tout autant qu'il est en mesure de respecter la loi qu'il se donne à lui-même en vertu de sa propre essence .Dans cette formulation les questions fondamentales de la philosophie sont immédiatement convoquées, essence de l'homme, le soi-même, la volonté, la loi conforme à la nature ou essence.

On note que cette thèse élimine d'emblée une première conception de la liberté qui s'exprimerait par la possibilité d'un choix indifférent tout aussi bien que par le choix libre entre des intérêts à court terme ou dictés par la passion .Pour qu'un choix atteste de la liberté humaine il faut que ce choix soit conforme à la loi.

L'indépendance qu'il s'agit donc d'acquérir est une indépendance envers tout ce qui pourrait empêcher l'exercice de ce choix et non pas une indépendance toute extérieure et capricieuse .

L'approfondissement de l'essence de cette liberté propre à l'homme exige, au préalable ,que soit explicité dans toute sa profondeur, l'essence de l'homme , puisqu'il s'il s'agit d'obéir à une loi conforme à sa nature, de plus comme le précise Spinoza une telle loi tournée vers le soi-même et issue du "soi même" demande à ce que soit aussi explicité l'origine et la consistance de ce "moi" dans son existence, qui doit se donner sa loi et se mouvoir par lui-même .

Ce Moi , qui n'est pas un simple égo, pas un simple "je" pensant cartésien, mais un existant complexe , dans sa constitution auto-centrée et extatique fait problème depuis l'origine de la philosophie .Lui seul , s'il est trouvé et justifié, parce qu'il a la capacité existentielle à se détacher de l'étant en entier, autre que lui , à se positionner au dehors comme un observateur métaphysique hors sol , peut accéder, de fait à la dimension du LIBRE.

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Henrique
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Messagepar Henrique » 01 sept. 2011, 20:00

Bien sûr, la définition que donne Spinoza de la liberté au début de l'Ethique n'a pas pour vocation de rendre compte de toute la profondeur de l'expérience de la liberté chez l'homme, mais simplement de poser un premier jalon. On est ici dans l'application de la méthode du Traité de la réforme : on part d'idées grossières mais cohérentes et fécondes par elles-mêmes et on affine ensuite l'instrument pour produire des instruments de plus en plus complexes.

D'ailleurs la définition rousseauiste que vous semblez adopter pour l'homme, être "en mesure de respecter la loi qu'il se donne à lui-même en vertu de sa propre essence ", n'est qu'une application d'E1D6 : n'être déterminé que par soi-même à agir car celui qui ne respecte pas la loi qu'il s'est donné agit à l'évidence sous la contrainte de passions qui le mènent de ci de là. L'ivrogne qui promet d'arrêter la boisson ou même qui affirme ne vouloir obéir qu'à lui-même ne fait précisément des promesses d'ivrogne que parce qu'il s'est donné des règles sans en comprendre complètement la nécessité pour lui-même.

Mais s'il vient à comprendre ce qui lui convient vraiment, ce n'est qu'en considérant son inscription dans le monde de la vie, qui j'en conviens ne saurait se réduire aux phénomènes biologiques qui par eux-mêmes ne disent rien du pouvoir d'autoaffection du Vivant, certainement pas en se prenant pour une bulle qui pourrait s'extraire de la nature naturante elle-même qui n'est comme chacun sait pas transcendante à la nature naturée.


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