Spinoza et descartes, Nietzche et Hegel, ??? et Axel Honneth

Ce qui touche de façon indissociable à différents domaines de la philosophie spinozienne comme des comparaisons avec d'autres auteurs, ou à des informations d'ordre purement historiques ou biographiques.
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Panache
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Spinoza et descartes, Nietzche et Hegel, ??? et Axel Honneth

Messagepar Panache » 30 déc. 2005, 15:29

J'ai posté ici
http://www.spinozaetnous.org/ftopict-462.html
Mais en fait j'aurai pu et peut être du le faire là.
Je cherche à savoir si dans les cercles Spinozistes, quelqu'un serait au courant de textes critiquant l'excès de rationalisme chez Axel Honneth.

J'ai lu les posts ici sur nietzsche et spinoza, je connais un peu ces deux auteurs (j'ai lu l'éthique, ainsi parlait zarathoustra, l'interprétation de nietzsche par deleuze, deci delà) et via Deleuze notamment j'ai donc bien vu les critiques radicales anti hegel de Nietzche. Il me semble qu'il y a à ce sujet un parallèle dans certaines critiques adressées à descartes par Spinoza. Spinoza et Nietzche dénoncent l'excès de rationalisme et l'excès de pouvoir accordé au mental rationnel et l'idée que tout est finalité pensée par le conscient. Cf Ruse de la raison pour hegel. Ou l'ame qui meut le corps pour descartes. Cf aussi la charge de Spinoza contre les explications finalistes ...
Bref.
Dans le cadre de travaux qui sont orientés en sciences sociales, ce qui m'intéresse c'est de commenter Axel HOnneth; Axel Honneth, en gros reprend le flambeau rawls, Habermas ... Sauf qu'on sort de leur référence implicite à Kant et hop on passe à Hegel. Donc Axel HOnneth écrit tout un livre sur la lutte pour la reconnaissance.
Et je voudrais savoir si il y a eu des commentaires d'inspiration spinoziste (ou nietzschenne d'ailleurs) à l'oeuvre d'Axel Honneth.

Accessoirement s'il existe des textes qui mettent en relation affirmation de soi et lutte pour la reconnaissance. Ca m'intéresse.

En gros en dehors de mon besoin de textes sur Honneth, la question de fond c'est celle ci, SPinoza est une philosphie de l'affirmation, soit, mais alors qu'a-t-il à dire à ceux qui ne parlent que de lutte pour la reconnaissance ?

S'affirmer (affirmer son être propre), est ce la même chose que lutter pour être reconnu ?
S'affirmer est-ce nécessairement reconnaître les autres et être reconnu par eux ? Ou non ?
Lutter pour être reconnu (et que tous les soit), est-ce nécessairement affirmer son être à l'occasion ?

Ou bien est ce que s'affirmer, c'est poser son être de façon subjective, alors qu'être reconnu, c'est toujours par l'autre, dans ses grilles à lui (ou dans des grilles objectives, objectivantes)...

Et je suis sur que d'autres pistes peuvent être creusées autour de cette question.

S'affirmer est

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Faun
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Re: Spinoza et descartes, Nietzche et Hegel, ??? et Axel Hon

Messagepar Faun » 31 déc. 2005, 06:31

Panache a écrit :En gros en dehors de mon besoin de textes sur Honneth, la question de fond c'est celle ci, SPinoza est une philosphie de l'affirmation, soit, mais alors qu'a-t-il à dire à ceux qui ne parlent que de lutte pour la reconnaissance ?


L'affirmation dont il est question chez Spinoza concerne principalement l'activité de l'intellect qui affirme et qui nie, cela n'a que peu à voir avec une attitude sociale. Mais on peut néanmoins penser que l'attitude politique de Spinoza a quelque rapport avec l'affirmation de certaines idées, comme celles de démocratie absolue et d'égalité de tous les membres d'une société.

S'affirmer (affirmer son être propre), est ce la même chose que lutter pour être reconnu ?


Non, les êtres dans la philosophie de Spinoza s'affirment naturellement puisque c'est leur essence qui s'affirme, spontanément en quelque sorte. Ensuite c'est une question de rapport entre le mode individuel et la société dans laquelle il se trouve, entre la partie et le tout. Mais en tant que les deux sont contenus dans la nature, ils s'affirment tous les deux de la même manière, à savoir qu'ils s'efforcent de persévérer dans leur état propre, dans leur existence. Et toute société si elle est un tout pour les individues n'est qu'une partie de l'Etant absolument infini, partie infiniment petite sous ce rapport et en cela égale à tout individu.

S'affirmer est-ce nécessairement reconnaître les autres et être reconnu par eux ? Ou non ?


Non. l'affirmation dans le sens de conatus c'est l'effort de l'être en soi, quant à la relation de l'être avec les autres c'est, dans le troisième genre de connaissance, une relation également de soi à soi, puisque tout est Dieu, voir la proposition 15 partie 1. Ensuite l'amour dont l'homme s'aime lui même et tous les autres hommes est une partie de l'amour infini dont dieu s'aime lui même, comme il est dit dans la proposition 36 partie 5 dont on verra également le corrolaire et le scolie.

Lutter pour être reconnu (et que tous les soit), est-ce nécessairement affirmer son être à l'occasion ?


Encore une fois l'être n'a pas besoin du jugement d'autrui pour exister, il existe parce qu'il est une partie de Dieu ou de la Nature, égale en cela avec tous les autres êtres, l'infinité des autres êtres qui s'affirment ou font effort pour exister d'une infinité de manières différentes. Je soupçonne d'ailleurs ceux qui font cet effort d'affirmer leur propre existence au sein d'une société quelconque de ne rechercher au fond rien d'autre que le pouvoir, c'est à dire d'être ambitieux, voir le scolie de la proposition 37 partie 4 :

"Qui est mû seulement par l'affect dans son effort pour faire que tous les autres aiment ce qu'il aime lui même et vivent d'après son propre tempérament, agit seulement par impulsion, et de ce fait est odieux, surtout à ceux qui ,ayant d'autres goûts, s'emploient eux aussi, et du même effort impulsif, à faire que tous les autres vivent, au contraire, selon leur tempérament à eux." etc.

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Messagepar Miam » 01 janv. 2006, 16:34

Je suis d'accord avec Faun. Mais cela ne veut évidemment pas dire que l'on peut s'affirmer sans les autres, puisque l'idée de Dieu est un souverain bien commun. Dans tous les cas l'affirmation, bien que nécessairement commune, n'est pas une reconnaissance. Pour qu'il y ait reconnaissance, encore faut-il que quelque chose soit déjà connu, de même que pour représenter, il faut que quelque chose soit déjà présent. Or chez Spinoza ce n'est pas la chose présente qui est représentée mais la représentation qui est rendue présente (cf Ethique II 17). De même, ce n'est pas le déjà connu (dans le ciel des idées) qui est reconnu, mais la "reconnaissance" comme activité commune qui est peu à peu conduite à la connaissance, c'est à dire à la conscience. Ni le monde, ni la conscience ne sont un livre dont on reconnaît les signes. Il n' y a donc aucune raison pour que mon en-soi puisse être reconnu par autrui, m'obligeant à l'opposition dialectique. Il n'y a aucune raison pour que ma relation à autrui converge vers un point d'équilibre comme si moi et lui consistions chacun en une des deux parties d'un "sumbolon". Ce n'est que par une activité commune que se constitue la synthèse chez Spinoza, c'est à dire par un concours de conatus, non par la reconnaissance d'une universalité idéale.

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En résumé

Messagepar Panache » 04 janv. 2006, 23:44

Bon j'ai lu en travers les commentaires ... Je ferai mieux demain dans la journée.
Merci à vous deux. Bonne année à tous.
Pour résumer cependant... Vous êtes donc tous deux d'accord que l'affirmation Spinozienne n'est pas la même chose que la lutte pour la reconnaissance hégélienne et même est une position opposée philosophiquement ... Et que donc a priori sa remise au gout du jour par Axel Honneth descendant de Habermas devrait être combattue par les tenants de Spinoza (comme par ceux de Nietzsche) pour les mêmes raison..;

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Messagepar pat-dx » 14 nov. 2007, 10:18

en ce qui concerne la recherche de texte, je viens de trouver un article peut être pertinent par rapport à l'objet de recherche :

La reconnaissance aujourd’hui. Enjeux théoriques, éthiques et politiques du concept / Christian Lazzeri [1], Alain Caillé [1]
in De la reconnaissance : Don, identité et estime de soi
revue : Recherche, revue du M.A.U.S.S.
no 23 –2004/1


Spinoza y est cité, dans une mise en perspective globale de la théorie honnethienne de la lutte pour la reconnaissance. Je n'ai pas encore lu l'article en question, j'y reviendrai certainement car la question m'intéresse...

Si l'on veut considérer la "lutte pour la reconnaissance" (et la dialectique hégélienne du maitre et de l'esclave") dans une perspective spinoziste, j'ai l'intuition (à confirmer par l'analyse raisonnée du problème) qu'il faille se plonger dans l'analyse des passions (E3 et E4 sans doute) résultant d'interactions sociales génératrices de souffrance (de tristesse et haine, consécutives à la diminution de la puissance d'être résultant de la privation de l'amour d'autrui) pour y construire un modèle spinozien du désir de reconnaissance.

Peut-être trouverait-on bénéfice à voir l'ouvrage de Macherey sur les rapports entre Hegel et Spinoza

Hegel ou Spinoza [Texte imprimé] / Pierre Macherey. - Paris : la Découverte, 1990 (58-Clamecy : Impr. Laballery). - 260 p. ; 22 cm. - (Armillaire).- ISBN 2-7071-1961-X (br.) : 135 F

cordialement,


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