Avicenne et Spinoza

Ce qui touche de façon indissociable à différents domaines de la philosophie spinozienne comme des comparaisons avec d'autres auteurs, ou à des informations d'ordre purement historiques ou biographiques.
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Avicenne et Spinoza

Messagepar Miam » 23 févr. 2006, 12:56

Salut à tous.

Sans vouloir vous embêter plus longtemps avec mes chemins de traverse, et suivant le même thème que mes messages précédents (sorte d'introduction à la critique du "Logos" traditionnel), il est quand-même remarquable qu'Avicenne, en particulier dans sa lecture de la Poétique d'Aristote, s'éloigne de ce dernier pour alléguer une théorie de l'imagination fort proche de celle de Spinoza.

C'est ainsi que, selon Avicenne, les énoncés poétiques possèdent une valeur cognitive indépendante des énoncés considérés comme rationnels (i.e. chez Aristote, des syllogismes analytiques et dialectiques).

Le langage poétique, comme tout langage du reste chez Aristote, est certes fondé sur la "mimésis". On traduit le plus souvent "mimésis" par "imitation" mais le terme dépasse de loin le champs sémantique du vocable français. Si on veut le traduire convenablement, il faudrait inventer un mot qui allie les notions d''imitation, de copie, de double, de mimétique et (surtout) de production. Le terme arabe est "muhakâ". Je ne saurais le traduire avant de faire appel à mon beauf. Mais si un Arabe d'origine pouvait dès à présent nous aider, ce ne serait pas plus mal. De même quant au "takhyil" = représentation de l'imagination et au "muffakir" (imagination rationnelle ou délibérative), opposé au "mutakhayyil" (imagination sensitive): voir infra.

L'intéressant, c'est qu'Avicenne détache la "mimésis" poétique de sa référence à la chose imitée. Corrélativement, il insiste sur la relation au sujet de l'énonciation et à son plaisir - d'un plaisir rationnel justement et comportant sa propre logique - ainsi que sur le plaisir de l'auditeur. En effet, contrairement aux animaux, l'homme est doté d'une imagination rationelle. Qui plus est, cette imagination est immédiatement délibérative, c'est-à-dire affirmative. Elle est immédiatement un jugement, de sorte à permettre à Avicenne l'allégation de syllogismes et de prémisses poétiques.

Comme elle ne tient pas compte de la chose "imitée", l'imagination poétique travaille sur les seules images ou représentations sans référence à l'objet imité. On reconnaît là l'imagination de II 16 et corollaire, d'autant qu'elle est rapportée au sujet de même que l'idée de l'affection-image indique plutôt la "constitutio" - "seu affectus" - du Corps humain (c'est à dire du "sujet"). La mimésis poétique est plaisante par elle-même, sans référence à l'objet imité, par une "délectation de la forme elle-même". On doit comprendre les produits de l'imagination en termes de composition et selon le sujet qui compose et ordonne les mots plutôt qu'en termes de source de la perception. On reconnaît là les notions spinoziennes d'ordre, d'enchaînement des images et des mots et surtout de ces "rationes verborum" par lesquels, dans le TTP, advient le sens. Chez Avicenne, cet ordre et cet enchaînement concerne bien entendu également les sons, les rythmes, les cadences, mais aussi (explicitement dans l'introduction à son commentaire de la Poétique) le sens de l'expression poétique ainsi que quelque chose entre le son et le sens. Bref: il y a une logique de l'imagination poético-rationnelle qui se rapporte aux seuls affects.

Cela conduit bien sûr, chez Avicenne lui-même, à d'intéressantes conséquences dont l'une des plus importantes concerne le Politique, puisque selon Aristote lui-même le langage est celui de la cité, les barbares étant "eulogou" comme les femmes, les enfants et les esclaves.
J'arrête ici la description de la poétique avicénienne, faute de place et de temps.

Par ailleurs : comme Spinoza est un Juif hibérique (sépharade) et qu'il connaît fort bien St Thomas, il ne fait aucun doute qu'il devait également avoir de profondes connaissances des écrits de Ibn Sinâ (Avicenne). Je voudrais insister sur ces sources arabes souvent négligées. Je voudrais également insister sur ce que l'on doit aux Arabes dans le domaine poétique : ainsi la rime française, par l'intermédiaire de l'Espagne et du Provencal (troubadours etc...). La poétique aristotélicienne trouvait déjà en pays arabe une tradition poétique tribale, à valeur communautaire, déjà pré-islamique, et fondée sur la grammaire arabe. Le modèle sera bien entendu ensuite le Coran (cf. Al Sirafi. L'assez connu Al Faradi est beaucoup plus "européen" qu'Avicenne dans sa lecture d'Aristote.)

Il ne fait aucun doute que ce message doit aussi être mis en relation avec l'actualité. Il semble que la philosophie officielle soit hélas profondément européocentriste (voyez Husserl et Heidegger). Aussi n'est-il pas inutile aujourd'hui de combattre le provincialisme du "bon Européen" (comme disait Nietzsche). Il y va de l'avenir de nos enfants en ce monde de plus en plus déplorable et, je le répète, régressif...

Bien à tous
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Messagepar Miam » 23 févr. 2006, 18:22

Bon: résultat des courses.

"muffakir" c'est celui qui pense par l'imagination (et pas l'imagination rationelle elle-même évidemment: la termisaison "-ir" aurait dû m'alerter) de même que "mutakhayyil" c'est ce qui sent par l'imagination.

"Muhakâ" qui traduit sans doute "mimésis" c'est, au sens littéral le fait de gratter (sic). Au sens figuré, c'est le fait de soumettre à la véracité dans une communication à autrui. On peut légitimement se demander comment on passe de l'un à l'autre, mais le génie d'une langue étrangère doit nécessairement nous dépasser.

C'est dire si l'interprétation d'un texte dépend de sa traduction dans une langue donnée. On peut remarquer d'ailleurs que, dans le TTP, Spinoza traduit de l'hébreu en latin (que nous traduisons nous-mêmes en français). Or cette traduction, dans son exposé même, est fort complexe. Ce n'est pas seulement une relation bijective. Elle se passe comme en deux temps (dont l'un emploie les guillemets ou plutôt les italiques). Elle met en jeu la différence entre la désignation (la "vocation" pourrait-on dire lorsque Spinoza dit : on appelle (vocat) ceci (hébreu) cela (latin)) et la signification (après le "c'est à dire" (hoc est) il n'y a pas d'italiques-guillemets). Autrement dit, dans le TTP, la traduction met en oeuvre toute la structure de la signification elle-même, telle qu'elle est exposée en II 18s et II 40s2. Au cas où cela intéresserait quelqu'un etc... (vous connaissez la suite).

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Re: Avicenne et Spinoza

Messagepar bardamu » 23 févr. 2006, 21:28

Miam a écrit :(...) Par ailleurs : comme Spinoza est un Juif hibérique (sépharade) et qu'il connaît fort bien St Thomas, il ne fait aucun doute qu'il devait également avoir de profondes connaissances des écrits de Ibn Sinâ (Avicenne). Je voudrais insister sur ces sources arabes souvent négligées. (...)

Bien à tous
Miam

Salut,
il y a quelques temps je m'étais interrogé sur l'éventuel rapport de Spinoza à la pensée islamique notamment à Ibn Arabî qui fut régulièrement la cible de théologiens plus orthodoxes n'appréciant guère son monisme limite panthéiste. Ibn Arabi était andalou et je me demandais si il n'y avait pas une filiation entre une pensée islamique et juive dans cette région.
Je n'ai jamais pu approfondir la question mais d'après un conférencier (conférence de Armand Abecassis, si je me souviens bien : http://www.fsju.org/fsju/gen/Pvideotheq ... 6312911417 ) Maïmonide et la pensée juive espagnole avait effectivement hérité de concepts arabes.

Mais je n'ai pas souvenir de mention d'auteurs arabes dans l'oeuvre de Spinoza et si les convergences étaient plus ou moins nécessaire au vu des problématiques communes (par exemple, importance du tawhid, unicité de Dieu), je ne sais pas si on peut légitimement invoquer une inspiration par des auteurs islamiques.

J'ai remarqué aussi au détour d'une lettre (je ne les ai pas sous la main, je donnerais la référence plus tard) que son avis sur l'Islam était relativement modéré mais sans rien qui laisse paraître clairement l'étendue de ses connaissances sur le sujet.

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Messagepar Miam » 23 févr. 2006, 22:56

Salut Bardamu.

D'accord. Spinoza ne cite pas explicitement des auteurs arabes. Mais outre qu'il faut distinguer la philosophie arabe de l'Islam, Spinoza cite des auteurs aristotéliciens juifs comme Crescas, Maïmonide et Ezra, et possédait de nombreux ouvrages d'autres Juifs. Or, via l'âge d'or espagnol, les pensées juives et arabes étaient alors si proches que l'on parle encore aujourd'hui d'une "pensée judéo-arabe".

Par ailleurs, on rapporte fort souvent Spinoza à des auteurs stoïciens qui, eux non plus, ne sont pas explicitement cités. Deleuze rapporte Spinoza à Scot qui, lui non plus, n'est pas cité.

Enfin, il aurait été malvenu de la part de notre ami de s'affilier à des pensées aritotéliciennes arabes qui avaient été explicitement combattues par la tradition thomiste. D'autant que, encore en guerre de religion et menacée par les Turcs, la chrétienté était certaine de sa supériorité sur la pensée musulmane qu'elle méprisait pour des motifs purement théologiques.

POur toutes ces raisons, il me semble plus légitime d'alléguer une filiation arabe qu'une influence de Scot ou de tout autre auteur non cité.

Merci pour le lien.
A+
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Messagepar hokousai » 24 févr. 2006, 00:31

à miam


Wolfson fait des parallèles intéressants . Si vous n’avez pas son livre, dommage . Vous pourriez changer d' avis sur Wolfson .(lequel me fait parfois douter de mes opinions (sur l’ idée de Dieu par exemple)) .
Avicenne est néo platonicien ..aristotélicien tendance platonisante
On pourrait peut être mieux dire en disant qu’il est persan …..il écrit d’ailleurs en persan certains de ses textes , pour ce qu’on en sait ,et on n'en sait pas tout .
Relations assez difficile à établir entre Spinoza et Avicenne , je dis relation de système, parce que relation d’influence(directe ) c’est aussi douteux que de l’ influence de Scott ..je veux dire qu’ il ne semble pas qu ‘on ait des preuves de la lecture ni de l’un ni de l’autre par Spinoza .. à vérifier/ pour le moment je n’ai pas de renseignements positifs .

hokousai

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Messagepar Miam » 24 févr. 2006, 01:16

Cher Hokusai.

Wolfson aligne Spinoza sur St Thomas en spéculant sur ce qu'aurait dit Spinoza s'il avait été un scolastique juif parce qu'il ne voit dans la scolastique juive que Saint Thomas mâtiné de néoplatonisme. Par exemple : dire comme il le fait que la notion spinozienne de "l'âme, idée du corps" est thomiste, c'est oublier que, précisément, chez Spinoza l'"âme" n'est pas la forme du corps comme chez Saint Thomas. Je ne change donc pas d'avis sur Wolfson.

Ensuite, que je sache, c'est Saint Thomas qui concilie Platon avec les oeuvres dangereuses d'Aristote livrées par les Arabes Avéroës et Avicenne, et non l'inverse. S'il est un aristotélicien à tendances platoniciennes, c'est plutôt Saint Thomas. Le commentaire de la Poétique par Avicenne indique bien qu'il ne s'agit pas d'un retour à Platon, mais d'une lecture originale d'Aristote, parce que perçue à travers la tradition arabe. Et même d'un dépassement d'Aristote. Car dans ce commentaire, Avicenne donne sa propre opinion, contre Aristote mais certainement pas pour Platon. Depuis quand la poétique intéresse-t-elle Platon, lui qui exclut les poètes de la cité ?

Ensuite être un néo-platonicien, ce n'est pas être un aristotélicien platonisant mais s'affilier à Plotin. Le néoplatonisme est certes plus "poètisant" que Platon, mais ne travaille pas a priori les textes d'Aristote comme le fait Avicenne.

Enfin, si Avicenne est persan, il écrit ici en arabe et, partant, à partir de la culture arabe. Peut-être dans d'autres textes écrit-il en persan et à partir de la culture persanne, mais ce n'est pas le cas ici. Car la culture, c'est aussi et surtout la langue. Du reste, les textes aristotélo-avicéniens ont été véhiculés via la péninsule hibérique et non parachutés de Perse. C'est donc que les Arabes le reconnaissaient comme relevant de la culture arabe. L'originalité principale de l'aristotélisme arabe, c'est précisément d'introduire la Rhétorique et la POétique dans l'Organon et, par suite, de créer, contre Aristote et encore plus loin de Platon une véritable "logique poétique", comme le dit explicitement Avicenne lui-même. L'Organon chrétien n'a que six livres. L'Organon arabe en a huit.

Je comprends bien que certains chrétiens s'opposent à ma démarche, mais ce n'est là selon moi qu'une crispation sur des thèmes religieux qui n'intéressent pas mon sujet. Il y a assez de crispations religieuses comme cela. Et que le provincialisme européen se radicalise en crispation religieuse, cela me paraît plutôt effrayant...

Bien à vous
Miam

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Messagepar bardamu » 24 févr. 2006, 01:56

Miam a écrit :(...)
POur toutes ces raisons, il me semble plus légitime d'alléguer une filiation arabe qu'une influence de Scot ou de tout autre auteur non cité.

Tu parles par rapport à Deleuze ?
Il me semble qu'il parle plutôt de relations conceptuelles, de cadres conceptuels menant à un rapprochement entre Scott et Spinoza plutôt que d'influence.
Mais du peu que j'en connais la pensée arabe me semble aussi avoir tourné autour des questions qui concernent Spinoza.
Dans le lien qui suit on trouve quelques extraits de l'Emir Abd El-kader, qui était dans la lignée d'Ibn Arabi et sous le style religieux on voit bien qu'il y a une riche pensée sur la relation à la symbolique, aux modes de connaissance, à la relation transcendance-immanence etc.
http://www.archipress.org/batin/emir/index.html
Extrait :
Emir Abd El-Kader a écrit :Autrement dit: sans Dieu, la créature ne serait pas existenciée (khalqun bi-la haqqin la yujad) et sans la créature, Dieu ne serait pas manifesté (haqqun bi-la khalqin layazhar). Sache cependant que Dieu, pour Se manifester par Son essence à Son essence, n'a nul besoin des créatures puisque sous le rapport de l`Essence, il est absolument indépendant à l'égard des mondes et même de Ses propres noms: car, de ce point de vue, à qui se nommerait-il? à qui pourrait-il être décrit? A ce degré, il n'y a que l`Essence une et absolue! En revanche, lorsqu'il se manifeste avec Ses noms et Ses attributs- ce qui implique la manifestation de leurs effets- Il a besoin (huwa muftaqir) des créatures.
http://www.archipress.org/batin/emir/mawqif103.htm

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Messagepar Miam » 24 févr. 2006, 10:02

Merci.

Tu es très fort pour trouver des liens. Je n'ai malheureusement pas encore pu les faire apparaître, sans doute à cause d'une machine déficiente (pour l'instant je suis à la campagne). Cela sera résolu ce week-end et j'attends avec impatience de pouvoir les lire.

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Messagepar hokousai » 24 févr. 2006, 13:46

à miam

Je ne sais pas à quel texte d' Avicenne vous vous référé ( ou à quel commentaire de quel texte ) Bref je ne vois ni les tenants ni les aboutissants ..

Ce que je sais d' Avicenne concerne sa métaphysique et elle est émanentiste-( analogue au Plotinisme ) c’est clairement dit par tous les commentateurs d' Avicenne que j'ai pu lire .On dit de Scott qu’il est Avicennien on ne le dit certainement pas de Thomas .( ce serait en tout cas a montrer et ce n’est pas si facile .Essayez de le faire sur de ente et essentia puis sur la somme théologique. Faites le ,et après je jugerai de la pertinence de vos propos . )

Vous expédiez Wolfson en trois mots , un peu court pour un ouvrage dense et très documenté de quelques 700 pages . Vous avez des préjugés tenaces .Un peu court et très présomptueux, je n’ai pas changé d’avis sur vous .

Avicenne était de culture persane originairement , son oeuvre ,sa pensée ,sa métaphysique semble orientale ( j'ignore si vous connaissez les textes de Corbin, mais il insiste là dessus ).L’islam est ramifié en sunnisme et chiismes on le sait bien actuellement , cette césure est originée très probablement en la césure originale des deux mondes , le sémite et l indo-européen persan .( la perse est indo européenne dans sa langue d’ abord puisque vous parlez de langue )

Je ne vois pas clairement votre démarche. Vous avez des textes de références qui me sont inconnus , vous embarquez Avicenne à contre emploi dans votre affaire .N allez pas essayer de comprendre ce que des chrétiens pourraient vous opposer, il faudrait d’ abord qu 'ils y aient compris quelque chose . Si c’est moi que vous visez ,je ne suis pas chrétien ( je me suis expliqué là dessus )

hokousai
[/b]

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Messagepar Miam » 24 févr. 2006, 15:37

Je pense que cela dépend des interprétations. Je n'ai jamais lu qu'Avicenne était néo-platonicien. Gilson et d'autres relient bien Avicenne au platonistes latins tels Boèce, Denys et Augustin sans pour cela nier son aristotélisme. Mais cela est une interprétation latine d'Avicenne. Cela correspond peut-être à l'avicennisme latin, mais pour l'appliquer à Avicenne lui-même, il faudrait montrer que celui-ci cite effectivement Boèce, Denys et Augustin. Pour d'autres, Avicenne concilie simplement Aristote à la pensée orientale. Et je suis de ceux-là. Car je pense que la première interprétation demeure dépendante d'une lecture thomiste. Sans quoi il est trop facile de confondre la hiérarchie des intelligences aristotéliciennes, présente chez Avicenne, avec les hypostases néo-platoniciennes. Evidemment aucune scolastique n'est purement aristotélicienne, à moins de considérer que le thomisme soit la seule lecture valable d'Aristote car, évidemment, Saint Thomas n'était pas avicénien.

Du reste, cela n'intéresse pas mon sujet qui est axé sur le commentaire avicénien de la Poétique d'Aristote. Avicenne y part du texte d'Aristote, non pas de Plotin ou de Platon.

Certes Avicenne était shiite et non sunnite. Mais cela n'a pas d'importance, d'autant que la Perse était alors envahie par les Arabes et que la plupart des textes avicéniens sont écrits en arabes.

Quant à votre non-christianisme, je remarque seulement que vous vous employez depuis des années à tirer Spinoza soit vers Saint Thomas, soit vers une théologie négative. Votre confession personnelle que j'ignore n'y changera rien.

Enfin: mon dessein n'est pas de proposer une critique approfondie de Wolfson. J'ai donné un exemple parmi d'autres et j'ai montré quelle était sa méthode, à savoir réécrire lui-même le texte de Spinoza à partir de l'allégation sans fondement selon laquelle Spinoza serait un scolastique juif parmi tant d'autres. Je trouve cette méthode totalement invalide, et cela devrait suffire pour ce forum.

Miam


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