Quelques réflexions sur la distinction entre SPinoza et Kant

Ce qui touche de façon indissociable à différents domaines de la philosophie spinozienne comme des comparaisons avec d'autres auteurs, ou à des informations d'ordre purement historiques ou biographiques.
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AUgustindercrois
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Quelques réflexions sur la distinction entre SPinoza et Kant

Messagepar AUgustindercrois » 20 mars 2006, 00:43

Je discutais avec une élève sur la distinction fondamentale entre Kant et Spinoza (à propos du thème au bac de la la liberté...)
Kant, c'est l'abjection du moralisme (qui peut d'ailleurs aboutir à la légitimation de la guerre comme "facteur de civilisation", tout un programe!)
Or, à quoi aboutit Kant? A la judiciarisation de la morale, à la limitation des facultés de la raison moralisante.

Au contraire, Spinoza c'est l'affirmation de l'éthique a- moraliste mais morale (c'est à dire des conséquences morales très pratiques; il me semble ici que la lecture de Deleuze est sujette à caution). Il est rationnel de se déprendre des passions, parce qu'elles sont négatrices, mortifères. C'est l'idée de l'utile bien compris qui doit nous guider chez SPin'...

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Messagepar Miam » 20 mars 2006, 19:30

8-) Cela me semble évident. L'éthique spinoziste n'a rien à voir avec une loi morale formelle. Je vois mal comment on pourrait te contredire.

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Messagepar Krishnamurti » 21 nov. 2006, 01:53

Pour SPin'... pas de problème.

Par contre, j'ai du mal à comprendre ces phrases :

Kant, c'est l'abjection du moralisme (qui peut d'ailleurs aboutir à la légitimation de la guerre comme "facteur de civilisation", tout un programme !)
Or, à quoi aboutit Kant? A la judiciarisation de la morale, à la limitation des facultés de la raison moralisante.


Si quelqu'un pouvait développer ou m'orienter?

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Messagepar Pej » 21 nov. 2006, 09:55

C'est peut-être condamner le pauvre Kant un peu vite (même si je n'adhère pas à la morale kantienne).
Pour ne reprendre que votre exemple : l'idée d'une guerre civilisatrice (sujet d'actualité s'il en est), que penser de la guerre contre le nazisme ? Si on considère que l'entreprise nazie était une entreprise qui allait contre la civilisation, alors faire la guerre contre le nazisme était une entreprise qui avait pour but de sauver la civilisation, donc une guerre "civilisatrice" ?

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Messagepar Miam » 21 nov. 2006, 16:26

Tout dépend de ce que signifie "civilisation". Ce n'est pas une notion spinozienne. C'est pourquoi sans doute Augustindercrois l'attribue à Kant.

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Messagepar Pej » 21 nov. 2006, 20:38

Rappelons aussi que chez Kant, la morale révèle la liberté humaine, puisqu'en obéissant à la loi morale, la volonté fait preuve de son autonomie. Par ailleurs, l'universalité de la loi morale est l'universalité de la raison. Autrement dit, je suis libre parce que j'obéis à la raison.
On n'est pas si loin que ça de la démarche spinoziste.
Il est vrai que l'aperçu que j'en avais eu en terminale, m'avait dégoûté de la morale kantienne. Mais en approfodissant par la suite la question, on ne peut nier à celle-ci une véritable force.

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Messagepar platoche » 30 nov. 2006, 14:16

Bonjour,

Le scolie de EIVP72 me surprend de la part de Spinoza, car je l'interprète comme assez proche de l'absolutisme de la morale kantienne :

L'homme libre n'emploie jamais de mauvaises ruses dans sa conduite : il agit toujours avec bonne foi.

Scholie : On me demandera peut-être si un homme qui peut se délivrer, par une perfidie, d'un péril qui menace présentement sa vie, ne trouve point le droit d'être perfide dans celui de conserver son être ? Je réponds que si la raison conseillait dans ce cas la perfidie, elle la conseillerait à tous les hommes : d'où il résulte que la raison conseillerait à tous les hommes de ne convenir que par perfidie d'unir leurs forces et de vivre sous le droit commun, c'est-à-dire à ne pas avoir de droit commun, ce qui est absurde.


Ainsi, si les nazis interrogent un résistant sur la validité des papiers qu'il leur présente, alors la raison doit conseiller au résistant de répondre qu'il s'agit de faux papiers....

On retrouve, me semble-t-il, l'impératif kantien. Je ne vois pas d'ailleurs comment articuler cette proposition avec le désir primordial de perséverer dans son être.


Qu'en pensez-vous ? Avez-vous une interprétation différente de la mienne, plus en accord avec l'esprit spinoziste, de cette proposition ?

Merci

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Messagepar Miam » 30 nov. 2006, 18:38

On a déjà parlé de cela voici peu en prenant exactement le même exemple sous le sujet "la loyauté (Ethique IV 72 scolie)" sous la rubrique frorum > la connaissance. Ma réponse y est contenue.

Miam


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