Spinoza a-t-il lu les "Regulae"?

Ce qui touche de façon indissociable à différents domaines de la philosophie spinozienne comme des comparaisons avec d'autres auteurs, ou à des informations d'ordre purement historiques ou biographiques.
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Miam
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Messagepar Miam » 11 déc. 2006, 16:22

C'est une ecellente nouvelle ! Cela fait longtemps que j'attendais la réédition de cet ouvrage excellement documenté qui devenait introuvable et que j'ai découvert par miracle dans une bilbliothèque communale (municipale). Je vais l'offrir à mon neveu pour Noël. Il sera me sera ainsi toujours à portée de main...

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FabriceZ
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Messagepar FabriceZ » 16 déc. 2006, 04:33

Bonjour Miam,

Afin de répondre à tes deux questions j’ai consulté le livre de Madeleine Francès, Spinoza dans les pays néerlandais de la seconde moitié du XVIIe siècle (Félix Alcan, 1937).

Elle affirme bien page 279 : “Des visiteurs envoyés par Rieuwertsz au Paviljoensgracht, Georg Hermann Schuller et Ehrenfried Walther von Tschirnhaus furent mis en contact, à dater de 1674, avec le philosophe”. Tu as donc raison, Spinoza n'aurait pu avoir accès au texte des Regulae avant 1674.

Spinoza écrit en 1661 à Oldenburg qu’il est en train d’achever le texte du TIE, mais qu’il n’a pas encore décidé de l’éditer. On peut donc aussi conclure que Spinoza n’avait pas connaissance des Regulae lorsqu’il a rédigé le TIE.


En ce qui concerne la deuxième question, nous trouvons dans le cercle spinoziste des quakers, des sociniens, des mennonites, des congrégationalistes, des cartésiens, des remontrants, des calvinistes, des catholiques romains, mais point de néoplatoniciens.


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Messagepar Miam » 18 déc. 2006, 12:14

Cette absence de coloration néoplatonicienne du "cercle" n'est-elle pas sinon étonnante du moins significative quant au type d'auditoire, lorsqu'on a lu que, selon Negri, le néoplatonisme renaissant constituait alors la pensée commune populaire aux Pays-bas (cf. L'Anomalie sauvage) ?

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Messagepar FabriceZ » 28 déc. 2006, 21:06

Bonjour Miam,

Voici la position de Dunin Borkowski concernant le lien de dépendance qui existerait entre les Regulae et le Traité de la Réforme de l’Entendement.

Tous mes remerciements à Augustin Dercrois pour cette belle traduction de la page 292 du livre de Dunin Borkowski, Der junge de Spinoza.

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Dunin Borkowski, le jeune de Spinoza

Mais cette affirmation échoue sur la chronologie. Comme on le suppose à bon droit, de manière habituelle et certaine, Descartes écrivit ces Règles (Ndt Regulae ad directionem ingenii sui) avant 1629. Mais elles furent imprimées longtemps après sa mort. De Spinoza n’a pas vécu leur parution. Peut – être lui étaient – elles cependant familières sous la forme de transcription ; en tous cas, les thèses générales qui y étaient soutenues n’étaient pas inconnues des cercles cartésianistes. Dans la deuxième édition de la logique de Port Royal (1664), on trouve deux des règles, et Leibniz reçut comme cadeau un manuscrit de l’œuvre de Descartes par l’entremise de Schuller, l’ami de de Spinoza. Les indications contenues ici sur la scientificité de la mathématique fondent, quand on les rapproche avec la « Géométrie » de Descartes parue en 1638, un pont si praticable qui mène au plan d’une méthode géométrique générale, méthode qui a été appliquée par de Spinoza, que l’on ne peut guère aisément remettre en question le lien de dépendance. Il est remarquable de considérer combien les « Règles » font penser avec saisissement au Traité de la Réforme de l’Entendement spinoziste. Plus Descartes, dans ses œuvres plus tardives, relierait la connaissance avec la métaphysique, la certitude avec l’évidence du « cogito ergo sum » et avec l’existence d’un être parfait, plus il s’éloignerait de son élève de Spinoza. On a remarqué à bon droit que le Descartes des œuvres de jeunesse cherchait une méthode sans métaphysique. La connaissance doit être expliquée selon des lois mathématiques. Les Regulae « nous offrent le modèle infiniment audacieux et bâti de manière systématique d’une méthode universelle, qui est purement scientifiquement et essentiellement mathématique. » Et de Spinoza ne devrait pas avoir puisé dans cette source ?
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