Spinoza a-t-il lu les "Regulae"?

Ce qui touche de façon indissociable à différents domaines de la philosophie spinozienne comme des comparaisons avec d'autres auteurs, ou à des informations d'ordre purement historiques ou biographiques.
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Spinoza a-t-il lu les "Regulae"?

Messagepar Miam » 20 nov. 2006, 17:48

J'ai lu quelque part que Spinoza aurait reçu une copie des "Regulae ad directionem ingenii" de Tchirnhaus ou d'un autre de ses correspondants. L'ouvrage en effet ne circulait alors que sous la forme de copies manuscrites ou de courts extraits (comme dans la "Logique" de Port-Royal), du moins jusqu'à l'édition flamande de 1684. Malheureusement je ne sais plus où j'ai lu cela, ni sur quel document l'auteur se fonde pour affirmer que Spinoza détenait une de ces copies. Quelqu'un pourrait-il m'éclairer ?

Miam.

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Messagepar hokousai » 22 nov. 2006, 00:12

MALINOWSKI-CHARLES, SYLIANE



Descartes aux sources du traité de la méthode de Spinoza

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Les Regulae ad directionem ingenii de Descartes n'ont pas été publiées avant le début du XVIIIe siècle. Il a toujours semblé improbable, par conséquent, que Spinoza ait pu y avoir accès à l'époque où il rédigeait son propre traité (inachevé) sur la méthode pour atteindre la vérité, le Tractatus de Intellectus Emendatione. Cette communication part d'une image sous la plume de Spinoza qui ne semble pouvoir provenir que de Descartes pour réviser cette interprétation et montrer la possibilité chronologique d'une influence des Regulae sur Spinoza avant 1661."""""""""""""""""

communication que je n'ai pas trouvé sur le net vous pouvez toujours écrire à :

scharles@temple.edu

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Messagepar FabriceZ » 22 nov. 2006, 01:16

Salut Miam,

Sur la connaissance que Spinoza pourrait avoir eue des Regulae, il faut consulter Dunin Borkowski, Der junge de Spinoza (1910), page 292.

L'histoire du manuscrit se trouve dans Oeuvres de Descartes, Adam et Tannery, Paris (1897-1910), volume X, page 351-357. Une des copies du manuscrit appartenait a Schuller.

Tu peux aussi consulter la note de la page 143 du livre de Pierre Lachièze-Rey, Les origines cartésiennes du Dieu de Spinoza (1932).

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Messagepar Miam » 23 nov. 2006, 13:19

Merci beaucoup Fabrice. :D C'est bien cela. C'est dans la seconde note de la page 43 de Lachièze-Ray que j'avais lu cela. Et il s'agissait bien de Schuller, pas de Tchirnhaus. Si Schuller possédait une copie, il me paraît probable qu'il l'ait fait parvenir à Spinoza. Toutefois, malgré les analogies que relève Lachièze-Ray entre certains textes spinoziens et les Regulae, il semble que rien ne prouve qu'il l'a fait. N'y a-t-il pas de position déterminée des commentateurs de Spinoza en cette matière ?

Miam

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Messagepar FabriceZ » 01 déc. 2006, 08:18

Bonjour Miam,

Comme tu le sais Schuller était un ami très proche de Spinoza, surtout lors des dernières années. Il faut lire la correspondance de Schuller et de Liebniz pour s’en convaincre :
"Je crains que M. Benedictus De Spinoza ne nous quitte d'ici peu de temps, car la phtisie, maladie héréditaire dans sa famille, semble empirer de jour en jour".
De plus, c’est Schuller qui a donné à l’imprimeur Rieuwertsz les manuscrits de Spinoza.

Devant de tels liens d’amitié, on peut logiquement affirmer que Schuller ait fait parvenir son manuscrit à Spinoza, surtout lorsque l’on sait l’intérêt que ce dernier portait à Descartes, le contraire semble peu vraisemblable.

Par ailleurs, j’ai consulté à la bibliothèque l’ouvrage de Dunin Borkowski, Der junge de Spinoza. La page 292 traite bien du sujet mais je ne comprends pas l’allemand...

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Messagepar Miam » 01 déc. 2006, 12:54

Ouaip! C'est le même Schuller qui a vendu le manuscrit à Leibniz pour le compte du Hanovre. Mais je suppose aussi qu'il a bien voulu le faire parvenir gratuitement à Spinoza (qui n'avait certainement pas assez de sous pour l'acheter). Cela permet de supposer dans le chef de Spinoza une connaissance approfondie de l'évolution de la pensée de Descartes et, partant, de l'origine de la notion cartésienne de "nature" en tant qu'elle s'oppose à la "phusis" aristotélicienne.

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Messagepar AUgustindercrois » 06 déc. 2006, 12:23

Salut Fabrice,

SI tu veux m'envoyer la page par le net, je pourrai la traduire pour Miam; je lui dois bien cela.

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Messagepar Miam » 06 déc. 2006, 13:28

Ah bon ?!
C'est gentil mais ce n'est pas vraiment nécessaire. Enfin, fais comme tu le sens...

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Messagepar Miam » 07 déc. 2006, 20:28

Dites-moi si je me trompe car en biographie spinozienne je suis nul.

Spinoza aurait rencontré Schuller vers 1674 ? Dans ce cas il n'aurait pu avoir accès au texte des Regulae avant cette date ?

Une autre question ayant quelque rapport avec le "cercle spinoziste". Bien qu'on allègue a raison une filiation néo-platonicienne d'importantes notions spinoziennes, je ne pense pas que l'on trouve dans ce "cercle" aucun néoplatoniciens. Des cartésiens, certainement, et aussi rompus au suarézisme réformé que distillait l'université de Leyden. Mais pas de néoplatoniciens. Ou que je me tromperais-je ? (comme dirait Patrick)

Miam

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Messagepar FabriceZ » 09 déc. 2006, 01:47

Bonjour Miam,

Je vais essayé de te répondre d'ici quelques jours.

J'en profite cependant pour signaler la réédition de l'étude magistrale de Koenraad Oege Meinsma, Spinoza et son cercle. Étude critique historique sur les hétérodoxes hollandais, chez Vrin. La première édition tirée à très peu d'exemplaires en 1983 était devenue introuvable.

Voici la présentation Vrin :

Koenraad Oege Meinsma
Spinoza et son cercle
Vrin, « Histoire des idées et des doctrines ». 416 p., 16 × 24 cm. ISBN : 2-7116-8246-3

Spinoza n’est pas un penseur solitaire. Il est difficile de comprendre son œuvre sans la replacer dans l’arrière-fond historique, les interrogations et les controverses de la Hollande du XVIIe siècle.
L’étude de Meinsma fait revivre tous les personnages qui entourèrent le philosophe : Van den Enden, son professeur de latin, exécuté par Louis XIV pour avoir voulu instaurer la république en France; ses amis collégiants Louis Meyer et Jarig Jelles; Koerbagh, mort en prison pour avoir défendu le spinozisme.
On découvre avec Meinsma la multiplicités des sectes religieuses qui débattent des problèmes fondamentaux : interprétation de l’Écriture, immortalité de l’âme, libre arbitre, liberté de conscience.
Grâce à cette biographie intellectuelle, de nombreuses allusions de la correspondance s’éclairent, l’Éthique et les Traités prennent un nouveau sens, chargé de références aux évènements et aux débats contemporains.
Le travail exceptionel de Meinsma n’avait jamais été traduit en français. Le voici désormais disponible, enrichi de plus de cent pages de notes, par une équipe de spécialistes qui font, sur chaque problème et chaque personnage, le point des recherches les plus récentes.

Koenraad Oege Meinsma (1865-1929) fut professeur de lycée. Il n’avait pas fini ses études qu’il faisait paraître en 1896 cet ouvrage. Études historiques et critiques sur des libres penseurs hollandais, Meinsma, pour ce livre, toujours d’actualité, reçut la médaille d’or de l’Académie des Sciences du Royaume néerlandais
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