spinoza et leibniz par jean cavaillès

Ce qui touche de façon indissociable à différents domaines de la philosophie spinozienne comme des comparaisons avec d'autres auteurs, ou à des informations d'ordre purement historiques ou biographiques.
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nicoG
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spinoza et leibniz par jean cavaillès

Messagepar nicoG » 30 déc. 2006, 20:17

Apparemment le philosophe avait étudié la correspondance entre leibniz et spinoza. Est-elle disponible actuellement en librairie?
Sinon l'un de vous a-t-il lu les ouvrages de jean cavaillès sur les mathématiques? et ne pensez vous pas qu'il est assez étonnant qu'il se soit affirmé spinoziste alors que l' arithmétique ne semble pas être le fort de spinoza? (cf son usage de l infini dans sa partie 1 de l éthique)

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Henrique
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Messagepar Henrique » 31 déc. 2006, 01:29

Nous n'avons à ma connaissance que deux lettres, l'une de Leibniz à Spinoza, et sa réponse, où ils parlent essentiellement d'optique. Les biographes rapportent qu'ils ont dû se rencontrer, mais sans que cela laisse de trace claire. Alors que l'accusation de spinozisme était pour un intellectuel européen une des pires qui soit au XVIIème s. j'ai lu que Leibniz aurait prétendu ne jamais avoir rencontré Spinoza. Spinoza qu'il s'est employé à "réfuter" dans différents ouvrages (Les nouveaux essais, la Théodicée et une réfutation spéciale), comme c'était la mode, sans qu'il mentionne l'influence que Spinoza a pu avoir sur son Système nouveau de la Nature, notamment l'hylozoïsme et le panpsychisme. S'il y a beaucoup de belles choses dans la philosophie de Leibniz, cela reste pour moi la philosophie d'un mondain pour qui être aimé, voire admiré, de ses contemporains comptait un peu plus que la connaissance du vrai. Spinoza a pu échapper à cela parce qu'il a connu autre chose que la reconnaissance comme but ultime du philosophe.

Quant à Cavaillès, il y a un beau texte de Comte-Sponville qui lui rend hommage, je crois que c'est dans "Une éducation philosophique", il y est question un peu de sa philosophie, de celle de Spinoza et de son engagement dans la résistance.

J'aimerais bien savoir en quoi l'arithmétique n'est pas le fort de Spinoza, est-ce que tu penses à un passages particulier ? Il est clair qu'il propose une compréhension de l'infini qui va bien au delà de l'approche arithmétique, les nombres n'étant au final que des auxiliaires de l'imagination, récusant ainsi toute valeur proprement rationnelle à l'idée d'infini potentiel. Ce n'est donc pas par faiblesse mais par force qu'il dépasse l'approche arithmétique. Ici la lettre XII et le scolie de la prop. 15 sont des lectures utiles.

Pourquoipas
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Messagepar Pourquoipas » 02 janv. 2007, 21:07

Sur Spinoza et les mathématiques, je me permets de signaler deux ouvrages :
— Fabrice Audié, Spinoza et les mathématiques, PUPS, 2005. (L'ouvrage semble épuisé. L'auteur est précis et bien documenté. Un style concis, ce qui n'est pas déplaisant. Il faut s'accrocher, mais avec un peu d'attention, et le crayon à la main, on y arrive.)
— Françoise Barbaras, un ouvrage sur le même sujet, au titre non encore déterminé, à paraître bientôt aux Editions du CNRS.

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Koum
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Messagepar Koum » 06 janv. 2007, 23:16

Je partage tout à fait le sentiment d'henrique sur le sujet des relations voire des comparaisons entre Leibniz et Spinoza. En ce qui concerne les deux lettres qui nous sont restées, elles sont assez éloquentes me semble-t-il, en dépit de leur brièveté et de leur objet strictement dédié aux recherches en matière d'optique. Cela m'a donné plutôt l'impression que Leibniz n'est pas franchement préoccupé par le sujet sur lequel il interpelle Spinoza, en faisant mine de lui demander son avis. Cette "discussion" sur l'optique n'est à mes yeux qu'un pretexte pour établir un contact avec Spinoza, qui bien que peu "en vue" dans la société de l'époque, n'en jouissait pas moins d'une sérieuse réputation parmi les intellectuels. Comme le dit Henrique, Leibniz est un mondain, il aime les honneurs, il touche à tout et se montre partout. Je crois que faire valoir une correspondance avec Spinoza était pour lui comme un "colifichet" de plus. Personnelement je n'entends pas grand chose à l'optique, mais je crois deviner dans la réponse toujours si intelligente et si admirable de Spinoza que le pauvre Leibniz en prend plein les mirettes. Il faisait mine de demander un avis, et pour le coup il en a pour son argent ! C'est peut-être la raison pour laquelle cette correspondance ce borne à deux petites lettres...Leibniz ne semble pas avoir répondu aux questions (certainement trop opportunes - et dont il donne par avance les réponses) que lui pose à son tour Spinoza. Et franchement, il me semble que c'était bien le souhait presque affiché de ce dernier.
Leibniz était sans aucun doute un homme brillant et un authentique scientifique. Mais je ne suis vraiment pas convaincu par les concepts philosophiques qu'il forme. Le peu qui tient la route est emprunté entre autres à Spinoza, et tout le reste "prêterait volontiers à rire si cela n'inspirait le dégoût" comme dit Spinoza en d'autre occasion au sujet de Descartes. Sa Theodicée m'à fait sourire, puis je me suis demandé une fois de plus comment il se fait que des hommes parfois si intelligents puissent formuler des idées si peu sérieuses et en contradiction même avec les arguments sensés les étayer. On vois cela au quotidien mais souvent pour des questions de moins grande envergure bien sûr.
Même chose lorsque Leibniz explique sa théorie des monades. Tout est si mal ficelé. Prenons au contraire la lettre 32 de Spinoza à Oldemburg (puisque c'est un peu "des parties et du tout" qu'il s'agit dans la monadologie - bien que Leibniz n'identifie pas la monade à une partie). Cette lettre à Oldemburg est tout à fait limpide. Elle n'a pas pris une ride. Bien au contraire. Ce n'est qu'une lettre, et pourtant, presque tout y est ! N'importe qui me semble-t-il doit accrocher en lisant cette lettre. Chez Spinoza il n'y a pas de démonstration en chausse trappe, pas de pirouette finale avec réception scabreuse. Il ne bricole pas des concepts, il construit un système où tout s'articule parfaitement. Rien ne tourne à vide. C'est cela qui est convaicant.
Mais je le répète, cela n'enlève rien aux nombreux talents de Leibniz. Ses concepts ont tout de même trouvé en leur temps des esprits réceptifs qui s'en sont fort bien accomodés et qui ont peut-être assouvis des quêtes intellectuelles voire spirituelles.

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Messagepar Pourquoipas » 23 mars 2007, 12:00

Pourquoipas a écrit :Sur Spinoza et les mathématiques, je me permets de signaler deux ouvrages :
— Fabrice Audié, Spinoza et les mathématiques, PUPS, 2005. (L'ouvrage semble épuisé. L'auteur est précis et bien documenté. Un style concis, ce qui n'est pas déplaisant. Il faut s'accrocher, mais avec un peu d'attention, et le crayon à la main, on y arrive.)
— Françoise Barbaras, un ouvrage sur le même sujet, au titre non encore déterminé, à paraître bientôt aux Editions du CNRS.


Actualisation :
– L'ouvrage d'Audié a été réimprimé, avec corrections, en février 2007. 18 €.
– L'ouvrage de Barbaras vient de paraître (mars 2007). Titre : Spinoza. La science mathématique du salut. 30 €.


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