Galilée et Spinoza

Ce qui touche de façon indissociable à différents domaines de la philosophie spinozienne comme des comparaisons avec d'autres auteurs, ou à des informations d'ordre purement historiques ou biographiques.
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Pej
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Galilée et Spinoza

Messagepar Pej » 23 mai 2007, 16:26

Que sait-on des liens entre Spinoza et Galilée ? La lecture de certains passages du Traité théologico-politique notamment font penser de manière assez frappante aux idées défendues par Galilée.
Ces idées étaient-elles dans "l'air du temps" (ce qui signifierait qu'elles ne seraient pas dues à l'originalité de Galilée) ou bien Spinoza a-t-il directement été influencé par la pensée de Galilée ?

Pourquoipas
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Re: Galilée et Spinoza

Messagepar Pourquoipas » 24 mai 2007, 13:33

Pej a écrit :Que sait-on des liens entre Spinoza et Galilée ? La lecture de certains passages du Traité théologico-politique notamment font penser de manière assez frappante aux idées défendues par Galilée.
Ces idées étaient-elles dans "l'air du temps" (ce qui signifierait qu'elles ne seraient pas dues à l'originalité de Galilée) ou bien Spinoza a-t-il directement été influencé par la pensée de Galilée ?


Peut-être pourrais-tu t'adresser au tenancier du site de l'Association des amis de Spinoza, "Spinozae Opera", qui a de bonnes qualités d'archiviste (il présente pas mal d'ouvrages scientifiques). Si l'individu est bien luné, sans doute consentira-t-il à te répondre.
C'est ici : http://www.spinozaeopera.net/ (Tout en bas de la page d'accueil, il y a un lien "Contact".)

Porte-toi bien.

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Louisa
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Messagepar Louisa » 24 mai 2007, 14:08

Un petit livre fort intéressant, qui pourrait peut-être indiquer quelques liens entre Galilée et Spinoza, est 'La causalité de Galilée à Kant', d'Elhanan Yakira (PUF, collection Philosophies, 1994).

Yakira y commente notamment la façon dont Descartes a étudié et intégré certains aspects des 'Discorsi' de Galilée. Il réfère pe à la lettre du 11 octobre 1638 de Descartes à Mersenne, dont presque la moitié est consacrée à cet ouvrage de Galilée, qui venait d'être publié à Amsterdam.
Il traite ensuite de Spinoza dans son chapitre qui porte le titre 'Les dissidences' (dissidences par rapport au mécanisme classique), où il ne s'agit pas tellement de l'influence de Galilée sur Spinoza, mais plutôt de Spinoza vs. Descartes. Or, vu que le chapitre sur Descartes examine certains liens entre Descartes et Galilée, je suppose qu'on peut tout de même déjà en tirer quelques conclusions par rapport à Spinoza et Galilée, du moins concernant la notion de cause.
louisa

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Messagepar Pej » 24 mai 2007, 16:45

Merci pour ces informations, je vais continuer mes recherches.
En fait, je ne pensais pas au domaine de la physique, mais bel et bien aux réflexions sur la place de la religion.

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Messagepar Pourquoipas » 24 mai 2007, 23:08

Pej a écrit :Merci pour ces informations, je vais continuer mes recherches.
En fait, je ne pensais pas au domaine de la physique, mais bel et bien aux réflexions sur la place de la religion.


Il y a des pages très intéressantes dans l'ouvrage de Jacqueline Lagrée, Spinoza et le débat religieux (Presses universitaires de Rennes, 2004), chap. 2 : « Une lecture méthodique de l'Ecriture », p. 35 sqq.
J'en extrais ceci : « Tenu de se défendre contre l'accusation d'hérésie portée à l'encontre de ses explications des mouvements des corps célestes, Galilée fut amené à préciser la façon dont il concevait le rapport entre les enseignements bibliques et les vérités scientifiques, et du même coup à reprendre la comparaison entre le langage de la Nature que déchiffre la science nouvelle, et celui de l'Ecriture Sainte. » Etc.

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Messagepar Pej » 30 mai 2007, 16:52

Merci pour cette dernière référence. Je vais essayer d'aller y jeter un oeil. :)

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Re: Galilée et Spinoza

Messagepar CHARLIE » 28 oct. 2007, 13:03

Pej a écrit :Que sait-on des liens entre Spinoza et Galilée ? La lecture de certains passages du Traité théologico-politique notamment font penser de manière assez frappante aux idées défendues par Galilée.
Ces idées étaient-elles dans "l'air du temps" (ce qui signifierait qu'elles ne seraient pas dues à l'originalité de Galilée) ou bien Spinoza a-t-il directement été influencé par la pensée de Galilée ?



Bonjour,

Moi, je fais un doctorat sur le rapport entre
Spinoza et Galilée.

J'ai lu vos questions et je me demande ce que vous voulez savoir présisément.

Et je me demande aussi d'où est né votre intérêt?

cordialement,
F. Buyse

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Messagepar Pej » 28 oct. 2007, 13:35

En fait, j'avais eu un cours sur les révolutions scientifiques. Une partie consacrée à Galilée avait débordé sur la conception galiléenne de la religion (le statut qu'il confère aux textes sacrés notamment). En lisant par la suite le Traité théologico-politique, j'ai été frappé par les similitudes de points de vue entre Spinoza et Galilée. D'où ma question : le second a-t-il lu le premier ; s'en est-il inspiré ?

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Messagepar hokousai » 28 oct. 2007, 22:32

F Buyse devrait se fendre d'un petit texte , tel qu'il annonce la couleur il me parait le mieux placé .
A moins qu 'il n'en soit qu'au début de ses recherches .

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Messagepar Pej » 01 déc. 2007, 13:20

Sans être spécialiste ni de Spinoza, ni de Galilée, j'avais été frappé par plusieurs passages du TTP, qui m'avaient fait penser à Galilée.
Le premier :

"Tout ce, en effet, que nous connaissons clairement et distinctement, doit nous être connu ou par soi ou par quelque autre chose qui est connue clairement et distinctement par elle-même. Nous ne pouvons donc par un miracle, c’est-à-dire par un ouvrage qui passe notre compréhension, connaître ni l’essence de Dieu ni son existence, ni quoi que ce soit absolument de Dieu et de la Nature. Au contraire, quand nous savons que tout est déterminé et établi par Dieu et que les opérations qui se font dans la Nature, sont des conséquences de l’essence de Dieu, que les lois de la Nature sont des décrets éternels et des volitions de Dieu, il en faut conclure absolument que nous connaissons Dieu et la volonté de Dieu d’autant mieux que nous connaissons mieux les choses naturelles et concevons plus clairement en quelle manière elles dépendent de leur première cause et comment elles opèrent suivant les lois éternelles de la Nature." (TTP, Chapitre VI, § 7).

Qui peut être rapproché de ce texte de Galilée (Lettre à Don Benedetto Castelli du 21décembre 1613) :

"Etant donné que l'Ecriture, en de nombreux passages, non seulement se prête à des interprétations éloignées du sens apparent des termes mais les exige, il me semble que dans tout débat sur des questions naturelles, on ne devrait l'alléguer qu'en dernière instance. En effet, l'Ecriture Sainte et la nature procédant pareillement du Verbe divin, celle-là en tant que révélation du Saint Esprit et celle-ci en tant que très fidèle exécutrice des ordres de Dieu ; étant d'autre part accordé que l'Ecriture Sainte, pour s'adapter à l'intelligence universelle, dit souvent des choses qui, à première vue et quant au sens des mots, sont très éloignés de la vérité absolue, tandis qu'au contraire la nature - inexorable, immuable, indifférente à ce que le secret de ses raisons et de ses modes d'action soient ou ne soient pas à la portée de la compréhension des hommes - ne transgresse jamais les limites des lois qui lui sont imposées ; il apparaît que, des effets naturels, ce que l'expérience sensible nous fait voir ou ce qu'une démonstration nécessaire nous oblige à conclure, ne doit absolument pas être révoqué en doute au nom de tel passage de l'Ecriture qui, pris à la lettre, semblerait dire autre chose, puisque chaque mot de l'Ecriture Sainte n'est pas déterminé par des contraintes aussi rigoureuses que chaque effet de la nature."

Le deuxième :

"La divinité de l'Ecriture sainte doit donc se conclure de cela seule qu'elle enseigne la vertu véritable". (TTP, chapitre VII)
Alors que Galilée écrit :
"Je croirais volontiers que l'autorité des lettres sacrées n'eut pas d'autre intention que d'enseigner aux hommes les articles et les propositions qui, nécessaires à leur salut et dépassant toute raison humaine, ne pouvaient être enseignés et rendus croyables sinon par la bouche même de l'Esprit Saint." (Même lettre à Benedetto Castelli).

Et l'insistance de Spinoza sur la distinction entre le sens littéral des Ecritures et le sens rationnel, se retrouve aussi chez Galilée, qui écrit :

"C'est aussi très sagement qu'il a été accordé et établi par V.P. que jamais l'Ecriture Sainte ne peut mentir ou errer, mais que ses décrets sont d'une vérité absolue et inviolable. J'aurais seulement ajouté que si l'Ecriture ne peut errer, certains de ses interprètes et commentateurs le peuvent, et de plusieurs façons, dont une des plus communes et des plus graves serait de s'en tenir toujours au sens littéral, où l'on risquerait de tirer non seulement des contradictions mais des hérésies, voire des blasphèmes".

(Ce qui amène Galilée a insister lui aussi sur la nécessité de l'interprétation).


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