Spinoza et l'expérience

Ce qui touche de façon indissociable à différents domaines de la philosophie spinozienne comme des comparaisons avec d'autres auteurs, ou à des informations d'ordre purement historiques ou biographiques.
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Messagepar alcore » 24 mai 2009, 00:15

J a écrit :"D'un côté il y a l'expérience, de l'autre l'idée qui révèle la source a priori de cette expérience."


Expliquez moi donc, et sur le champ, ce que peut bien signifier une expérience sans idées!!!!! c'est un non sens

)


Je n'ai pas dit qu'il y avait une expérience sans idée, puisque je dis (et Spinoza aussi) le contraire !

du fait même que vous faites l'expérience de votre corps propre, vous formez en vous meme l'idée de cette expérience; et c'est au niveau de cette idée, de cette réflexion que la vérité de l'expérience de votre corps propre peut être développée, explicitée etc et c'est cela l'Ethique.

L'expérience a son corrélat immédiat dans une idée qui, seule, peut révéler, sans le secours d'aucune CHOSE, les révélations immédiates qui sont les formes de notre expérience.

Ce dont on fait l'expérience ce sont des choses.
Les attributs, étant hors expérience, ne sont pas des choses.
On ne les atteint donc pas de la même façon.
Je ne vois pas les attributs. Et je n'ai pas besoin d'une chose pour m'apprendre ce que je suis: l'expérience propre suffit, et cette expérience n'est pas celle d'une chose justement
voilà pourquoi la réflexion sur l'expérience de nous memes conduit à la pensée d'un Etre qui n'est pas une chose, d'attributs qui ne sont pas des choses.
toute l'Ethique navigue ainsi entre le plan factuel de l'expérience, et sa réflexion dans la source de l'expérience: Dieu.

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Messagepar J » 24 mai 2009, 00:17

Mon expérience me révèle immédiatement que je suis un corps et que je pense.

je vous rappelle quand meme l'axiome II du livre deux, que Spinoza dit quelque proposition après ne renfermer rien d'autre qui ne soit admis par l'experience, qui dit, surement pas "je pense" mais : "l'homme pense / homo cogitat" l différence est d'importance!!!

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Messagepar alcore » 24 mai 2009, 00:20

J a écrit :"

"Voici la réponse que donne Spinoza dans le Court traité."
donnez moi les passages, s'il vous plait que j'aille lire de près

)


chapitre I

Il est d'autres idées qui sont possibles, sans que leur existence soit nécessaire, mais dont l'essence néanmoins est nécessaire, quelle que soit d’ailleurs la réalité de leur objet : par exemple, l'idée du triangle, l'idée de l’amour dans l'âme sans le corps ; ces idées sont telles que, tout en admettant que c’est moi qui les ai créées, je suis forcé de dire qu'elles sont et seraient toujours les mêmes, lors même que ni moi, ni aucun homme n’y eût jamais pensé. Or, cela même prouve qu'elles n'ont point été créées par moi, et qu'elles doivent avoir, en dehors de moi, un sujet qui n’est pas moi et sans lequel elles ne peuvent être. En outre, il est une troisième idée, et celle-là est unique. Elle porte la nécessité d'existence avec elle, et non pas seulement, comme les précédentes, une existence possible ; car, pour celles-ci, leur essence était bien nécessaire, mais non leur existence ; au contraire, pour celle dont je parle, l'existence est aussi nécessaire que l’essence, et rien n'est sans elle. Je vois donc qu'aucune chose ne tient de moi vérité, essence ou existence. Car, comme nous l’avons montré pour les idées de la seconde classe, elles sont ce qu'elles sont sans moi, soit seulement quant à l'essence, soit quant à l’essence et à l'existence tout ensemble. Il en est de même et à plus forte raison de la troisième idée, qui est seule de son espèce. Et non-seulement elle ne dépend pas de moi, mais encore, au contraire, Dieu seul peut être le sujet (réel) de ce que j’affirme de lui, de telle sorte que, s'il n'était pas, je ne pourrais affirmer de lui absolument rien, tandis que je puis toujours affirmer quelque chose des autres objets, même quand ils n'existent pas réellement ; bien plus, il doit être le sujet de toutes choses. En outre, quoiqu’il soit évident, par ce que nous venons de dire jusqu'ici, que l'idée d'attributs infinis dans un être parfait n'est pas une fiction, nous pouvons encore ajouter ce qui suit. En réfléchissant sur la nature, nous n'avons trouvé jusqu'à présent que deux propriétés qui puissent convenir à cet être infiniment parfait. Mais ces deux propriétés sont loin de nous suffire pour nous donner à elles seules l’idée de l’être parfait ; au contraire nous trouvons en nous quelque chose qui nous annonce non-seulement plusieurs autres attributs, mais un nombre infini d'attributs infinis, qui doivent appartenir à l’être parfait, afin qu'il puisse être dit parfait. D'où vient donc cette idée de perfection ? Elle ne peut être formée à l'aide des deux idées mentionnées, car deux ne donnent que deux, et non un nombre infini. D'où donc ? Non pas de moi certainement ; je devrais donner ce que je n'ai pas. D'où enfin, si ce n'est des infinies perfections elles-mêmes, qui nous disent qu'elles sont, sans nous dire ce qu'elles sont ? car de deux seulement nous savons ce qu'elles sont.


deuxième dialogue :

(12) Théophile. – Il est vrai, Érasme, que les choses qui n'ont besoin, pour leur propre existence, de rien autre que des attributs de Dieu, ont été créées immédiatement par lui de toute éternité ; mais il importe de remarquer que, quoiqu’il puisse être nécessaire qu’une modification particulière (et par conséquent quelque chose d'autre que les attributs de Dieu) soit exigée pour l'existence d'une chose, cependant Dieu ne cesse pas pour cela de pouvoir produire immédiatement une telle chose. Car, entre les conditions diverses qui sont exigées pour faire qu'une chose soit, les unes sont nécessaires pour produire la chose elle-même, les autres pour qu'elle soit possible. Je veux, par exemple, avoir de la lumière dans une certaine chambre ; j’allume cette lumière, et aussitôt cette lumière par elle-même éclaire la chambre ; j'ouvre une fenêtre, ce qui par soi-même ne fait pas la lumière ; mais cela fait que la lumière puisse pénétrer dans la chambre. C'est ainsi encore que, pour le mouvement d'un corps, un autre corps est nécessaire, lequel doit avoir tout le mouvement qui doit passer dans le premier. Mais, pour produire en nous une idée de Dieu, il n'est pas besoin d'aucune chose singulière qui ait déjà en elle ce qui se produit en nous ; il est seulement besoin d'un corps, dont l’idée est nécessaire pour nous montrer Dieu immédiatement : ce que tu aurais pu conclure immédiatement de mes paroles, lorsque j'ai dit que Dieu est connu par lui-même et non par aucune autre chose.

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Messagepar alcore » 24 mai 2009, 00:22

J a écrit :Mon expérience me révèle immédiatement que je suis un corps et que je pense.

je vous rappelle quand meme l'axiome II du livre deux, que Spinoza dit quelque proposition après ne renfermer rien d'autre qui ne soit admis par l'experience, qui dit, surement pas "je pense" mais : "l'homme pense / homo cogitat" l différence est d'importance!!!


oui si vous voulez; cela ne change rien à l'argumentation.
Le tour cartésien a une allure plus pédagogique.
J ai partout employé ame et corps, idée et objet. Cela suffit me semble t il

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Messagepar alcore » 24 mai 2009, 00:28

J a écrit :"

"Si l'étendue était intelligible, SPinoza serait idéaliste et son Dieu ne serait qu'un Dieu pensé, pensée, pensant"

ah bon? ça veut dire que l'étendue est inintelligible? alors pourquoi parler d'une "vraie distance" entre le soleil et la terre (E, II, XXXV, scolie)


Ca veut dire que l'Etendue est d'une nature qui n'est pas celle de la pensée; ce qui n'empêche que nous en ayons l'idée, de même que nous avons l'idée des corps et du nôtre et que, cependant, un corps n'est par soi pas une pensée.
Le propre de la pensée, c'est justement qu'elle pense...ce qui n'est pas de l'ordre de la pensée.
Le propre de l'Etendue, c'est justement qu'elle est objet de la pensée, cad qu'elle peut être conçue, mais que son essence ne réside pas dans la pensée.

Ramener l'Etendue à une dimension de la pensée, je veux bien, ce n'est plus Spinoza, c'est Berkeley ou qui vous voulez, mais alors Spinoza vous dirait: très bien , mais alors Dieu n'existe pas !
C'est d'ailleurs ainsi que les accusateurs de Fichte raisonnaient quand ils lui reprochaient d'être athées.

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Messagepar J » 24 mai 2009, 00:31

je ne veux pas avoir l'air de pianiller, mais j'ai la nouvelle edition des premiers ecrits de Spinoza (puf epiméthée) qui n'a rien avoir avec le texte que vous me donnez là. Il s'agit d'une note que vous me citez qui concerne "d'autres idées". Ces idées existent ou n'existent pas, selon l'existence ou la non existence de l'objet auquel elle répondent ce qui renvoit exactement à la différence de l'idée existant en acte ou seulement contenues dans les attributs divins, selon l'existance en acte u corps
votre texte n'st pas assez précis

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Messagepar alcore » 24 mai 2009, 00:33

J a écrit :je ne veux pas avoir l'air de pianiller, mais j'ai la nouvelle edition des premiers ecrits de Spinoza (puf epiméthée) qui n'a rien avoir avec le texte que vous me donnez là. Il s'agit d'une note que vous me citez qui concerne "d'autres idées". Ces idées existent ou n'existent pas, selon l'existence ou la non existence de l'objet auquel elle répondent ce qui renvoit exactement à la différence de l'idée existant en acte ou seulement contenues dans les attributs divins, selon l'existance en acte u corps
votre texte n'st pas assez précis


J'ai une autre traduction, à peu près semblable.

Le texte que je donne est celui qu'on trouve sur ce site.

Pour le reste, je ne voisaucune imprécision dans ce texte.

imprécision sur quoi ?

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Messagepar J » 24 mai 2009, 01:01

Le propre de la pensée, c'est justement qu'elle pense...ce qui n'est pas de l'ordre de la pensée.
Le propre de l'Etendue, c'est justement qu'elle est objet de la pensée, cad qu'elle peut être conçue, mais que son essence ne réside pas dans la pensée.

Ramener l'Etendue à une dimension de la pensée, je veux bien, ce n'est plus Spinoza, c'est Berkeley ou qui vous voulez, mais alors Spinoza vous dirait: très bien , mais alors Dieu n'existe pas !


chez spinoza la pensée est l'etendue sont une seule est meme chose, et c'est pour ça que l'etendue est intelligible

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Messagepar hokousai » 24 mai 2009, 01:13

à Alcore

Désolé que mon explication de texte ne provoque rien chez vous

"""" l'expérience unique de notre âme uni à ce corps,""""""

je n'ai pas cette expérience .Il peut m'arriver de jouer un jeu de langage impliquant les mots corps , esprit , âme ...

j'ai l'expérience de la fugacité des choses .
L'idée de stabilité est certainement adéquate à elle même mais elle n'a pas d'objet réel .Cette idée n'est pas stable non plus .

D 'où voulez vous que je parte ,il faudrait un point fixe ( une ligne de départ ) il n'y en a pas .

Cela dit j' ai comme tout le monde des certitudes empiriques ayant des objets (visibles et palpables )

Vous voulez m installer dans l' éternité alors que je ne vois d'éternel que l' impermanence .

J' accepte chez Spinoza tout ce qui a trait aux modifications, à l'actuel, aux degrés de réalité , à l'infinitude , à l'indivisibilité , mais rien de ce qui touche à la permanence .

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Messagepar alcore » 24 mai 2009, 01:13

J a écrit :

chez spinoza la pensée est l'etendue sont une seule est meme chose, et c'est pour ça que l'etendue est intelligible


Votre insistance sur cette histoire d'étendue intelligible signifie t elle que le texte du CT a perdu ses imprécisions ?

Si vous voulez à tt prix d'une étendue intelligible je n y vois aucun inconvénient.
Spinoza trouverait ça bizarre étant qu'il n'emploie jamais l'expression.

Toutefois, l'argument que vous donnez à de quoi surprendre: la pensée est la même "chose" que l'Etendue.

Pensée et Etendue en effet, cessent en Dieu, non de se distinguer, mais de se distinguer comme une chose et une autre chose.
Pensée et Etendue ne sont plus du tout des "choses" en Dieu; ce sont les révélations immédiates de son agir.
Bien entendu ils conservent leur spécificité: chacun est concevable par soi, et c'est d'ailleurs la condition de l'incorporation; sans quoi comment comprendre que Dieu ne pense que par notre âme en tant que mode de l'Etendue ?
Quand Dieu pense il ne pense que dans la Pensée, non dans l'Etendue. L'Etendue, même en Dieu, ne pense pas.

Or si l'on retourne votre argument, on devrait dire: l'Etendue est la même chose que la pensée, donc la matière est pensante !
Et là je ne vois pas quel texte vous pouvez trouver pour soutenir ça.

En fait: la pensée pense, et l'Etendue se meut, même en Dieu, même dans l'absolue unité de tous les attributs.

La distinction ne disparaît pas en Dieu, elle change seulement de forme et de nature. Pour nous, les attributs ont l'air d etre des substances séparées; en Dieu, ils sont des attributs différents mais inséparés.


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