17 premiers paragraphes du TRE résumés

Lecture pas à pas du Traité de la Réforme de l'Entendement. Utilisez s.v.p. la numérotation caillois pour indiquer le paragraphe que vous souhaitez discuter.
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Metiss
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17 premiers paragraphes du TRE résumés

Messagepar Metiss » 06 juil. 2005, 07:14

Bonjour,
Eléonore 17ans, bachelière et au rattrapage avec 9.23 de moyenne soit 29 pts à rattraper... j'ai eu 7 en philo, coeff 7 car je suis en L et je repasse cette matiere...DEMAIN!
Escusez moi si ce que je cherche à savoir à deja etait demandé ou expliqué ds les autres sujets mais je n'ai pas pris le temps de tout lire car j'ai peur que ce soit une perte de temps deja qu'il ne m'en reste plus beaucoups! Je préfére demander directement et personnellement sur ce qui m'interesse précisement.
Ce que j'espere en venant ici c'est que quelqu'un puisse me "résumer" la pensée de Spinoza dans son TRE...hum...(c précis ca non? lol)
J'ai en fait les 17 premiers chapitres du TRE au programme et l'examinateur choisira surement un "au hasard" et je ne m'en suis pas du tout occupé jusqu'a maintenant car j'ai dû reviser aussi des textes de Rousseau...enfin bref JE VEUX DES EXPLICATIONS! Des choses que je pourrais dire à l'examinateur prouvant que j'ai bien compris la pensée de Spino...il me faut un 11 c'est pas sorcier quand meme!!! ffff

snif merci.

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Henrique
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Messagepar Henrique » 06 juil. 2005, 12:03

Hum, c'est un peu court en effet pour s'y mettre :? Mais on va dire que mieux vaut tard que jamais :)
Pourriez vous nous préciser ce que vous entendez par les "17 premiers chapitres" du TRE ? Voulez vous dire les "paragraphes" et selon quelle édition ? (Regardez ici : http://www.spinozaetnous.org/tre.htm : est-ce l'édition Appuhn ou Caillois ?) Votre prof ne vous a pas fait de cours ?

Pour un aperçu de la philosophie de la connaissance de Spinoza, vous avez déjà cela :
http://www.yrub.com/philo/spinozaconnaissance.htm

Il me semble a priori que vous avez seulement le prologue du TRE (édition Caillois, jusqu'à la question des régles de vie), dans lequel il ne présente pas encore la méthode qui lui permettra de construire avec rigueur sa philosophie de la vie. Dans ce prologue il est question de ce qui justifie le travail que demandera la construction de cette philosophie. Pourquoi donc faire l'effort de faire de la philosophie ?

Dans les 10 premiers paragraphes, il montre que les biens que cherchent les hommes ordinairement, et qui les détournent de la philosophie, ne sont pas des biens absolus mais très relatifs, qui ne peuvent donc fonder une action durablement valable. Ces faux biens sont principalement la volupté (le plaisir sensuel) qui apporte beaucoup de fatigue et de déception ; la réputation (la recherche des honneurs) qui conduit à se rendre esclave du jugement des autres ; la richesse enfin qui s'assortit nécessairement de la crainte permanente de perdre des biens matériels accumulés avec difficulté. (A noter que "faux bien" ne signifie pas "mal" : si ces biens ne sont pris que comme des moyens - de conserver la santé, d'être en bon terme avec les autres ou d'acheter de quoi vivre - alors on saura les laisser à leur juste place, ne pas en faire des "fins en soi").

Au lieu de s'attacher à des objets extérieurs que l'on ne peut partager avec autrui, soumis au temps et que l'on peut perdre facilement, Spinoza préconise alors la recherche d'un bien éternel.

Ainsi les paragraphes 11 à 16 définissent quel est ce bien absolu, universel et suprême. D'abord ce bien a un rapport avec l'activité même de penser : les précédent paragraphes ont démontré que l'exercice même de la pensée a permis une première libération à l'égard des passions ordinaires. Le bien suprême est alors la connaissance (à la fois rationnelle et intuitive) que l'homme a de son unité avec la nature. Il s'en suit un certain nombre de valeurs à la fois morales et politiques visant à "réformer" l'entendement ou plutôt le purifier des idées fausses qui habituellement le détournent de la vérité et du bien suprême : l'éducation, la connaissance de la médecine...

Avant de parvenir à la pleine possession de ces valeurs, il faut se donner des règles de vie immédiatement accessibles qui conduiront progressivement au bien suprême : paragraphe 17. (On notera les différences avec la morale provisoire de Descartes).

Vous avez aussi un forum spécifiquement consacré au TRE http://www.spinozaetnous.org/forum-5.html où vous pouvez poser des questions sur des paragraphes précis.

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Messagepar Metiss » 06 juil. 2005, 13:11

ah oui pardon ce sont les 17 PARAGRAPHES dont je parlais! Je te remercie c'est beaucoups plus clair
seulement a t'il trouvé au moins comment acceder a son bien suprême??
Et est-ce que je me trompe quand je dis que Spinoza fait en quelque sorte comme Epicure qui cherche la béatitude en s'imposant des régles de vie?? en se privant des biens que cherchent "ordinairement" les hommes et se construisant un mode de vie trés particulier voir strict? Parce que bien que leur méthode soit differente il utilise la philosophie pour la meme fin >>trouver le bonheur absolu...non??

Et puis je bloque sur l'histoire des biens qu'il faut renoncer car ils ne sont pas absolus et ne ménent donc pas au bonheur total et eternel...bein on en fait quoi alors dla richesse, la gloire, la volupté?? On les supprime completement de nos desirs? Pour les remplacer par quoi??
Et puis ces biens sont tout de meme certains (dans l'obtention) contrairement au souverain bien que spinoza defend...qui un bien incertain... alors est-ce que ca vaut le coup??

Enfin bon ca m'etonnerais que tu comprenne ce charabia mais fallait que ca sorte!! Jpense que c'est de la masturbation intellectuelle moi tout ca... Mais ca m'interesse de savoir comment il compte trouver le souverain bien.. et avec quoi? Si c'est finir seul, avec un minimum pour vivre et un bouquin de philo sous le bras jpréfére encore jouer au loto!! lol

En tout cas merci pour cette reponse rapide,je vais lire les liens que tu m'as proposé...

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Messagepar Metiss » 06 juil. 2005, 13:32

oh mais non suis je bete, je viens de comprendre pour l'histoire des Biens, en fait ce ne sont pas des biens mais des moyens donc ce n'est pas de s'en priver totalement...comme tu disais ne pas faire des "fins en soi"...ralala j'ai toujours cru qu'on pouvais comprendre une idée philosophique en une lecture seulement...j'ai bien fait de relire! lol

Alors si je comprend bien, ce n'est pas de finir "seule,avec le minimum et un boukin de filo" mais au contraire vivre ces faux bien, ce qui importe c'est de savoir au fond de soi les veritables valeurs?? Et ca suffit !!?

corrigez moi si je me trompe!!
....corrigez moi.

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Messagepar Faun » 06 juil. 2005, 14:46

Etant donné que pour Spinoza aucun amour, à part l'amour intellectuel, n'est éternel, et que tout notre bonheur dépend de l'objet que nous aimons, il suit de là que la béatitude consiste seulement à comprendre, car l'intelligence est la seule chose que nous possédons réellement, et que la tristesse, si présente dans le monde des hommes, vient de ce qu'ils s'attachent à des objets périssables, incertains quant leur obtention, et que nul ne peut possèder éternellement, comme sont l'argent, les biens matériels, la célébrité, l'amour passioné, etc.
Modifié en dernier par Faun le 06 juil. 2005, 19:49, modifié 1 fois.

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Messagepar bardamu » 06 juil. 2005, 15:29

Metiss a écrit :(...)

Alors si je comprend bien, ce n'est pas de finir "seule,avec le minimum et un boukin de filo" mais au contraire vivre ces faux bien, ce qui importe c'est de savoir au fond de soi les veritables valeurs?? Et ca suffit !!?

corrigez moi si je me trompe!!
....corrigez moi.


Quelques mots du philosophe Alain au sujet du philosophe Spinoza, qui donne une idée des véritables valeurs pour Spinoza (j'ai mis en gras ce qui me semble le plus important) :

Spinoza dit que l'homme n'a nullement besoin de la perfection du cheval.
Cette remarque, qui peint si bien le rude penseur, signifie à tout homme qu'il n'a nullement besoin de la perfection de son voisin. D'où chacun serait guéri d'envier, et détourné d'imiter. Et certainement le principe de la vertu est de se prendre comme on est, et de s'efforcer de persévérer dans son propre être. Si un escrimeur est de petite taille, qu'il se sauve par la vitesse et le bond. Peut-être n'est-on jamais mécontent de soi que lorsqu'on essaie d'imiter les autres.
Mais c'est qu'aussi on veut exister pour les autres, et tout au moins trouver en soi des raisons d'être approuvé par les autres, si l'on en était connu. D'où on glisse à se dessiner à soi-même pour les autres, ce qui est vanité.
Cet étrange travers suppose une peur de soi, et même un dégoût de soi. A étudier l'égoïsme dans les hommes, on trouve que les hommes ne s'aiment guère. Se sacrifier, a dit un auteur, à des passions qu'on n'a point, quelle folie !
Il faut donc se chercher et se trouver. Mais la difficulté vient de ce qu'il y a de l'universel dans la pensée de soi. L'universel, c'est la pensée même. Une preuve vaut pour tous, ou bien elle ne vaut même pas pour moi. Voilà par où on prend le mauvais chemin de vouloir être comme les autres. On suit une opinion comme une mode. On se forme à juger comme le voisin ; mais aussi l'humeur est redoutable en ces gens si polis ; c'est que l'humeur n'est point civilisée du tout par les opinions d'emprunt. On peut remarquer qu'il y a aisément de la violence dans les passions feintes, et dans les jugements dont on n'est pas tout à fait assuré. Il faudrait être comme tout le monde en restant soi. Balzac a écrit là-dessus cette pensée étonnante : « Le génie a cela de bon qu'il ressemble à tout le monde et que personne ne lui ressemble. » Il est hors
de doute que le génie fait la preuve, non pas éclairante, mais convaincante.
Car ce qui me soutient et me sert, c'est l'homme qui est énergiquement soi.
Mais d'où vient la difficulté de comprendre ce que je nomme les natures crocodiliennes, si bien armées et réfugiées, comme sont Descartes, Spinoza, Goethe, Stendhal ? Ce n'est qu'une très ancienne méprise, et proprement scolastique, qui nous fait prendre le général pour l'universel. Une science d'école voudrait saisir plusieurs choses par une même idée ; ceux qui s'égarent par là n'en reviennent pas facilement. Combien croient que, lorsqu'ils ont saisi des phénomènes variés comme chaleur et travail par l'idée commune d'énergie, ils sont au bout ! En réalité ils sont au commencement. Le même Spinoza, toujours fort et énigmatique dans ses avertissements, nous dit que plus on connaît de choses particulières et mieux on connaît Dieu. Ce n'est pas grand chose d'avoir des idées, le tout est de les appliquer, c'est-à-dire de penser par elles les dernières différences. À celui pour qui les idées ne sont ainsi que des outils ou moyens, tout est neuf, tout est beau.
Revenant par ce chemin à la pensée de soi, je dis qu'il faut se penser soi-même universellement, et non pas comme une généralité ; universellement comme unique et inimitable ; ce qui est proprement se sauver.
Les grands esprits ne s'occupent qu'à vaincre les difficultés qui leur sont propres, et qu'ils trouvent dans le pli de leur humeur. Et seuls, par cela même, ils sont de bon secours. J'ai à sauver une certaine manière d'aimer, de haïr, de désirer, tout à fait animale, et qui m'est aussi adhérente que la couleur de mes yeux. J'ai à la sauver, non pas à la tuer. Dans l'avarice, qui est la moins généreuse des passions, il y a l'esprit d'ordre, qui est universel ; il y a le respect du travail, qui est universel ; la haine des heures perdues et des folles prodigalités, qui est universelle. Ces pensées, car ce sont des pensées, sauveront très bien l'avare s'il ose seulement être lui-même, et savoir ce qu'il veut.
(...)

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Messagepar Henrique » 06 juil. 2005, 15:51

Metiss a écrit :ah oui pardon ce sont les 17 PARAGRAPHES dont je parlais! Je te remercie c'est beaucoups plus clair
seulement a t'il trouvé au moins comment acceder a son bien suprême??


Oui : au moyen de la suite du Traité qui indique comment organiser les idées vraies et en tirer une connaissance certaine à partir d'une réflexion sur les propriétés de l'idée vraie, puis au moyen de son oeuvre majeure, l'Ethique qu'il appelle aussi "ma Philosophie", qui indique comment accéder à une joie de vivre éternelle (ce qui signifie non pas vivre cette joie dans une durée sans fin, Spinoza réfute l'immortalité du corps comme celle de l'âme, mais la vivre totalement dès à présent sans être soumis aux aléas du temps qui passe). Et il accède à cette joie sur la base d'une connaissance certaine (d'où l'utilité de la méthode) de la nature. Cette connaissance est essentielle en effet car connaître la nature c'est connaître comment nous sommes faits et donc être en mesure de faire ce qui peut nous satisfaire au mieux. Une connaissance du vrai est aussi essentielle pour qui recherche non pas un bonheur illusoire, donc au final peu satisfaisant, mais un vrai bonheur.

Et est-ce que je me trompe quand je dis que Spinoza fait en quelque sorte comme Epicure qui cherche la béatitude en s'imposant des régles de vie?? en se privant des biens que cherchent "ordinairement" les hommes et se construisant un mode de vie trés particulier voir strict? Parce que bien que leur méthode soit differente il utilise la philosophie pour la meme fin >>trouver le bonheur absolu...non??


D'abord le "bonheur" qu'établira Spinoza dans son Ethique est une joie positive : il s'agit du sentiment qui naît de l'augmentation de sa puissance d'exister (pouvoir faire de nombreuses choses, être affecté de façon riche et diversifiée) et ce bonheur devient plus précisément "béatitude" quand l'augmentation de sa puissance d'exister ne dépend pas d'abord du monde extérieur, mais de soi-même, ce qui rend cette joie beaucoup plus sûre et solide. En revanche, le bonheur tel que le conçoit Epicure est plutôt dans l'absence de trouble, de souffrance, donc quelque chose d'essentiellement négatif et finalement assez triste d'un point de vue spinoziste. Pour y parvenir, il s'impose de ne désirer que ce qui est "naturel et nécessaire", donc des objets matériels tout de même, extérieurs à soi, mais assez simples à obtenir (comme du pain et de l'eau).

Au contraire, chez Spinoza, il ne s'agit pas de jouer les ascètes (voir la citation sur l'ascétisme dans la rubrique consacrée aux citations, cf. menu à gauche - va faire un tour aussi du côté des définitions). Pour parvenir au bien suprême, il s'agit surtout de comprendre que ce que nous désirons fondamentalement, c'est exister ici et maintenant, s'affirmer dans l'existence tels que nous sommes, car au fond l'erreur qui nous rend malheureux, c'est de croire que la perfection est ailleurs, inaccessible ou très difficile à atteindre alors qu'elle est déjà là : le réel même, c'est la perfection (mais bien sûr pour bien comprendre cela il faut lire l'Ethique).

Spinoza se rapproche plutôt des stoïciens que des épicuriens : chercher ce qui dépend de nous plutôt que ce qui dépend de causes extérieures et hors de notre portée. Encore que Spinoza ne croit pas comme les stoïciens qu'un simple acte de volonté suffise à mettre en oeuvre efficacement cette recherche. Il faut d'abord connaître comment fonctionnent nos passions ordinaires, celles qui nous poussent à chercher des objets qui ne dépendent pas de nous, pour que sur la base de cette connaissance, nous puissions former des affects positifs capables de vaincre les passions tristes ou porteuses de tristesse.

Enfin, il faut voir que les règles définies au paragraphe 17 ne suffisent pas à connaître la béatitude, elles permettent de vivre au mieux en attendant d'avoir développé une connaissance suffisamment solide de la nature et de soi-même. En les consultant de près (il faut lire le texte tout de même !), on voit qu'elles sont à l'opposé de l'ascétisme épicurien : 1) non pas le "pour vivre heureux, vivons cachés" des épicuriens mais au contraire communiquer simplement avec les hommes car c'est à leur contact qu'on développera le mieux ce qui fait notre puissance proprement humaine, le pouvoir de penser, l'entendement. 2) Non pas renoncer à tous les plaisirs sensuels (bien manger, relations sexuelles) mais en profiter dans la mesure où cela entretient notre santé et notre rayonnement, au lieu d'en faire des biens en soi, qu'on rechercherait à tout prix, car ce n'est pas être heureux que d'avoir la nausée après avoir trop mangé ou encore de s'épuiser à multiplier les conquêtes sexuelles en se rendant ainsi incapable de développer une relation approfondie avec une personne à la fois sensible et intelligente. 3) Non pas renoncer à l'argent ou faire tout pour déplaire à nos contemporains en méprisant toute bonne réputation, mais se contenter de ce qu'il faut pour entretenir la vie sociale et la santé individuelle, comprendre que ce ne sont que des moyens et non des fins en soi.

Et puis je bloque sur l'histoire des biens qu'il faut renoncer car ils ne sont pas absolus et ne ménent donc pas au bonheur total et eternel...bein on en fait quoi alors dla richesse, la gloire, la volupté?? On les supprime completement de nos desirs? Pour les remplacer par quoi??
Et puis ces biens sont tout de meme certains (dans l'obtention) contrairement au souverain bien que spinoza defend...qui un bien incertain... alors est-ce que ca vaut le coup??


Pour les premières questions, j'ai déjà répondu précédemment. Pour la dernière, Spinoza répond lui-même à cette objection dès le 3ème paragraphe : l'erreur habituelle n'est pas de faire de ces biens relatifs des biens, mais d'en faire le bien suprême. Le cupide ou l'avare considèrent que l'argent peut tout acheter, y compris le bonheur, c'est pourquoi ils finissent par en faire le bonheur même : amasser de l'argent indéfiniment suffira, croient-ils, à être heureux. Spinoza considère qu'il faut suffisamment d'argent pour assurer sa santé et sa subsistance, mais ni l'une ni l'autre ne suffisent à constituer le bonheur, même si elles y sont utiles. Mais ce n'est qu'un moyen, ce n'est pas le but. La joie de comprendre quelque chose, à la suite par exemple d'une discussion avec un ami, cela ne s'achète pas, cela dépend d'un effort personnel dont l'argent ne peut nous dispenser.

Quand on n'est pas cupide ou avare (ce sont des passions plutôt pour vieilles personnes), on est plutôt "volupteux", glouton, lubrique, ça c'est une passion de jeune mais là encore, on ignore que les biens qu'on recherche, les satisfactions charnelles, quand on les recherche comme des fins en soi n'apportent finalement que bien des déceptions (cf. § 4 - d'aileurs, c'est pourquoi on ne reste pas lubrique bien longtemps, on passe ensuite à la recherche de la réputation (moins fatigante que la précédente), puis à la recherche de la richesse (moins incertaine que la précédente), croyant à chaque fois qu'on a enfin trouvé le bien suprême pour ne connaître au final qu'un vague sentiment d'insatisfaction, une sorte de dépression où on ne sait plus trop quoi désirer que Spinoza évoque dès le premier paragraphe). On ignore donc de cette façon qu'on crée soi-même les conditions de son propre malheur.

Enfin bon ca m'etonnerais que tu comprenne ce charabia mais fallait que ca sorte!! Jpense que c'est de la masturbation intellectuelle moi tout ca...

Si ton propos manifeste peu d'effort sur la forme pour être facilement compris, il est tout de même facile à saisir tant tu ne fais que répéter de vulgaires banalités prises pour des évidences par la foule. Petit conseil : montre à ton examinateur que tu es capable d'un peu plus de recul vis-à-vis de l'opinion bassement matérialiste du commun. Je te rappelle que tu es en L, c'est peut-être un peu tard pour bien s'en rendre compte, mais a priori cela signifie "littéraire", donc capable de tirer une joie de cette activité intellectuelle qui consiste à relier ensemble des mots, des concepts, voire des symboles, qui consiste autrement dit à être intelligent.

En outre, la masturbation est une activité solitaire et stérile. Ici, en tenant de tels propos, c'est toi qui te coupes des autres : car comment peut-on être solidement relié aux autres si ce n'est sur la base d'une compréhension et donc de connaissances communicables et mutuellement enrichissantes ? En préférant la jouissance physique, la réputation ou l'argent, tu penses rien qu'à ta gueule pour parler comme toi. Pour un spinoziste comme moi, c'est très bien si tu arrives à être heureux comme ça mais a priori c'est une joie bien pauvre et bien stérile, donc tant pis pour toi. Au contraire, développer sa compréhension de la nature, de soi et des autres, c'est une joie qui peut se partager avec tout le monde, et qui peut enrichir tout le monde sans que cela prive qui que ce soit. Quand tu jouis de ton morceau de viande, les autres ne peuvent pas en profiter à ta place, ce n'est pas très fécond, productif et généreux de faire de cela, finalement, le summum de la vie.


Mais ca m'interesse de savoir comment il compte trouver le souverain bien.. et avec quoi? Si c'est finir seul, avec un minimum pour vivre et un bouquin de philo sous le bras jpréfére encore jouer au loto!! lol

Pour ce qui est de jouer au loto, tu risques jouer longtemps avant d'être satisfait. Spinoza propose de jouir de la félicité dès maintenant : il suffit de commencer à réfléchir et de se rendre compte qu'en progressant avec méthode (d'où l'utilité de la suite du traité) tu peux éprouver tout de suite une joie qui ne dépend que de toi et qui peut être partagée - sans que cela te prive, au contraire - avec tous ceux qui savent un tant soit peu tirer du plaisir de l'acte de réfléchir.

Mais il est vrai que pour bien réfléchir, il est mieux d'être en bonne santé, de ne pas être inquiété par la crainte de ne pas avoir à manger demain. A cet égard, Spinoza rejoint avec certaines nuances Aristote qui disait que le bonheur pour un être, c'est de réaliser tout son potentiel ; or le potentiel humain, c'est de pouvoir jouir de choses sensibles mais aussi intellectuelles. Donc le bonheur, c'est non seulement de pouvoir voir quand on n'est pas aveugle, toucher, sentir, goûter, entendre et avoir déjà assuré ses besoins physiques fondamentaux mais nous avons ces capacités en commun avec les animaux, elles ne suffisent pas à définir le bonheur proprement humain : il s'agit aussi de développer son intellect et même de lier sensibilité et intellect (le sens esthétique en art notamment est le résultat de la liaison de ces deux capacités). Si tu n'es finalement capable que de vivre comme une bête, en restant incapable de jouissances plus subtiles et intellectuelles, tu vis tout simplement moins intensément qu'un philosophe. C'est pourquoi Jankélévitch disait "On peut très bien vivre sans philosopher, mais on vit beaucoup moins bien"

En tout cas merci pour cette reponse rapide,je vais lire les liens que tu m'as proposé...


De rien et n'oublie pas de lire le texte lui-même, et autant que possible ce qui suit les 17 paragraphes. Ensuite, ce serait sympa que tu nous dises quelle note tu as eu finalement. Bon courage !

Henrique

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Messagepar Metiss » 06 juil. 2005, 16:30

Si ton propos manifeste peu d'effort sur la forme pour être facilement compris, il est tout de même facile à saisir tant tu ne fais que . Petit conseil : montre à ton examinateur que tu es capable d'un peu plus de recul vis-à-vis de l'opinion bassement matérialiste du commun. Je te rappelle que tu es en L, c'est peut-être un peu tard pour bien s'en rendre compte, mais a priori cela signifie "littéraire", donc capable de tirer une joie de cette activité intellectuelle qui consiste à relier ensemble des mots, des concepts, voire des symboles, qui consiste autrement dit à être intelligent.


Oui oui "masturbation intellectuelle" je l'avoue ca vient de ma prof de philo et je te remercie parce que grâce à toi j'ai mieux compris ce qu'elle voulait dire ce jour là! alala je ne fais que "répéter de vulgaires banalités prises pour des évidences par la foule"... pauvre femme perdue dans la multitude que je suis!! je rigole bien sûr... hum

Pour le Rappel de "L" merci je m'en souviendrais.Et puis plus de recul aussi...avec joie! :lol:

Je préfére tout de meme passer sur les passages de rousseau sur l'origine et fondement de l'inégalité, je suis sûr que j'apprendrais à mieux apprécier Spinoza mais pour ca il me faut du calme (et non du stress) du temps... je sais c ma faute! S'y prendre la veille c'est pas recommandé mais je ne manquerais pas de vous informer de ma note...je ne le saurais que Lundi.

Merci à tous.

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Messagepar Henrique » 06 juil. 2005, 18:57

alala je ne fais que "répéter de vulgaires banalités prises pour des évidences par la foule"... pauvre femme perdue dans la multitude que je suis!! je rigole bien sûr... hum


"Le rire est une joie pure" nous dit Spinoza 8-)

je suis sûr que j'apprendrais à mieux apprécier Spinoza mais pour ca il me faut du calme (et non du stress) du temps...


ça c'est bien vu !

je sais c ma faute! S'y prendre la veille c'est pas recommandé

Bah le sentiment de culpabilité est inutile, si ton passage sur ce site a été l'occasion d'une découverte de ce fameux inconnu qu'était Spinoza pour toi, ainsi que de quelques étincelles de réflexion pré-jubilatoires, cela aura été une bonne chose.

Merci de te rappeler à notre bon souvenir pour la suite.

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Messagepar Krishnamurti » 21 juil. 2005, 10:41

Déjà à Ibiza :?:


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